Sonia Lyes

Dix-sept militants du Front des forces socialistes (FFS), dont le Dr. Kamel Eddine Fekhar, responsable fédéral, membre du conseil national du parti et militant de la ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH), comparaitront une nouvelle fois jeudi devant le tribunal de Ghardaïa, a indiqué lundi le premier secrétaire national du parti, Karim Tabbou, lors d’un point de presse organisé au siège du parti à Alger. Ces militants, dont la plupart ont purgé une peine de prison en 2004, sont poursuivis pour les chefs d’inculpation suivants : attroupement illicite, obstruction de la voie publique, destruction de biens de l’Etat, utilisation d’armes blanches et incendie volontaire.

Les faits remontent au dimanche 10 octobre 2004. Deux jours avant le Ramadhan, des brigades composées du service des douanes, des fraudes et de la concurrence du commerce, organisent une descente inopinée dans la ville de Ghardaïa pour un contrôle de factures. Une opération qui suscite l’indignation des commerçants qui déplorent le caractère sélectif et les dessous inavoués d’une telle opération. Ils dénoncent cette descente « punitive » qui épargne les innombrables acteurs du marché parallèle qui, eux, sévissent sans la crainte d’être appréhendés et n’obéissent à aucun contrôle des services de la concurrence, selon le FFS. Le lendemain, toutes les échoppes de la ville ont baissé leur rideau répondant au mot d’ordre de grève. Des centaines de personnes ont ensuite répondu à l’appel des commerçants à un sit-in organisé sur la place centrale de la ville. C’est alors, en dépit du caractère pacifique de la protestation, que les autorités procèdent aux arrestations.

25 parmi les 36 personnes interpellées pour attroupement lors de la manifestation des commerçants ont été jugées au tribunal de Ghardaïa. Le verdict prononcé par la chambre correctionnelle est la condamnation de 11 prévenus à 4 mois de prison ferme, 10 autres à une peine de 08 mois avec sursis et 4 acquittements. Après ce verdict, les avocats décident d’introduire un pourvoi en cassation à la cour suprême. « Nos militants subissent une vraie cabale judiciaire », a commenté Tabbou. « Le fait de programmer de cette manière les procès, c’est pour faire renoncer la population à la politique. Ils veulent la soumettre par la menacer et veulent substituer aux représentations politiques des représentations archaïques », a t-il dit. « Le pouvoir veut casser Ghardaïa car il a peur de la contamination aux autres villes du sud », a t-il ajouté.

Selon lui, le FFS a pris attache avec certaines chancelleries européennes et d’autres régions du monde pour les alerter sur les condamnations qu’encourent leurs militants. « Ils ont été attentifs à nos préoccupations et nous ont assurés de transmettre à leurs gouvernements respectifs », a t-il affirmé. Le FFS, qui veut mettre de la pression sur les autorités, a décidé outre la lettre adressée par Hocine Ait Ahmed au Haut commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme et la saisine des chancelleries étrangères, de tenir son conseil national vendredi à Ghardaïa même. « Sous réserve de la tenue du procès », précise Tabbou. Fekhar risque 20 ans de prison.

14/12/2009 | 19:56 | réactions 10
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