21/07/09 Le Patriote Catégorie : On dit quoi au Pays Actualités

Tapé Do

Bien malin, celui qui pourra fixer la date du procès des dirigeants de la filière café-cacao. En effet, voilà plus d’une année que croupissent à la Maca (Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan) Henri Amouzou (Pca du Fdpcc), Angeline Kili (Pca du Frc), Placide Zoungrana (Pca de l’Arcc), Tapé Do (Pca de la Bcc) et plusieurs de leurs collaborateurs accusés de ‘‘détournement de fonds, d’abus de confiance, de biens sociaux, d’escroquerie, de faux et usage de faux en écriture de commerce ou de banque’’. Et depuis, leur procès n’a pas encore commencé. Entre-temps, les supputations vont bon train quant à la non comparution des barons de la filière café-cacao. Mais, selon des sources dignes de foi, l’arrestation des dirigeants de la filière ne s’est pas faite au hasard, tout comme leur détention prolongée.

Blanchiment d’argent

Tout est parti, d’après nos informations de l’achat de l’usine de Fulton aux Etats-Unis, rachetée par le FRC (Fonds de régulation et de contrôle de la fière café-cacao) à l’Etat américain. Il s’agit de l’achat de 80% des parts de New York Chocolate Confections Company (NY3C), propriété à 100 % de Lion Capital Management Group, une société qui gère un fonds de pensions de retraites américains. Plusieurs années après son achat, cette usine n`a produit aucune plaquette de chocolat. Les Américains découvrent alors la supercherie et sollicitent l’intervention du département d’Etat, de la Secrétaire d’Etat, Condolezza Rice, et de l’ancien ambassadeur des USA à Abidjan, Aubrey Hooks. Pour les Américains, c’est une affaire de blanchiment d’argent qu’il faut combattre. Pour mettre fin à cette vaste opération, les Américains entendent traduire en justice, tous ceux qui ont contribué à la spoliation des biens de leurs ressortissants. Surtout que le Frc avait outrepassé ses missions en rachetant en décembre 2003, cette usine pour un montant d’environ 41 milliards de FCFA. En 2005, l’usine était dirigée par Amon Jean-Claude, conseiller spécial du Président Laurent Gbagbo. Avant juin 2008 (date de l’ouverture de l’enquête), une commission rogatoire américaine avait séjourné en Côte d’Ivoire pour enclencher le processus d’arrestation de certains dirigeants de la filière. Toute chose qui a précipité la décision du Président Laurent Gbagbo de faire ouvrir une enquête même si ses proches devaient en pâtir. Occasion également rêvée de les mettre à l’abri de la justice américaine et surtout, ce qu’on ne dit pas, de les empêcher de parler. Les Etats-Unis mettent alors en veilleuse le projet et observent ce qui se fait en Côte d’Ivoire dans le cadre de cette affaire. Où pas moins de 100 milliards de Fcfa ont été injectés dans le ‘‘deal’’. Une affaire qui pue le blanchiment d’argent, considéré par les Américains comme du terrorisme économique.

La peur du grand déballage

Le régime Fpi (Front populaire ivoirien) a donc pu éviter la sanction américaine même si l’épée de Damoclès plane sur lui. Cependant, le pouvoir, conscient qu’il a ‘‘jeté’’ en prison de grosses pointures, veut faire traîner les choses car trop de personnes sont impliquées dans ce dossier. Un avocat qui a requis l’anonymat n’a pas manqué de révéler que ce procès n’aura jamais lieu. Puisque des autorités craignent le grand déballage. L’on veut éviter tout simplement que ces prisonniers ne parlent au risque de voir la république s’écrouler. « Ce procès n’aura jamais lieu. Tout le monde a joui de l’argent du cacao. C’est des chèques de centaines de milliards de Fcfa qui ont été encaissés à la présidence de la République », a ajouté cet avocat. Selon lui, les prisonniers du chocolat sont ‘‘comme des otages’’. Estimant donc que ‘‘si le procès doit avoir lieu, ça va mettre à nu les dessous de la République qui ne sont pas très propres”. Eviter que ces prisonniers ne se retournent contre ce pouvoir en faisant des révélations fracassantes, telle est la trouvaille pour museler ces prisonniers. Le président Laurent Gbagbo est aujourd’hui entre le marteau et l’enclume. D’un côté les Américains et de l’autre , les prisonniers du cacao qui sont prêts à faire le grand déballage pour sauver leur vie. C’est une véritable bombe qui se trouve entre les mains du chef de l’Etat. Autant de raisons qui concourent à leur incarcération, au prolongement de leur incarcération et à l’absence de procès. L’on veut éviter, du côté du pouvoir, que ces prisonniers sortent avant les élections et prononcent des discours hostiles à leur endroit.

Jean Eric ADINGRA

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