Alain Chaffard, fiché au grand banditisme, est jugé à Marseille, ainsi que son comparse perpignanais Franck Colls, pour un trafic organisé en février 2007 entre l’Espagne, Montpellier et Marseille.
Alors qui c’est, celui que vous appelez Virenque, Bicyclette ou le banquier ?” , demande Jacqueline Faglin, la présidente du tribunal correctionnel. Dans le box, Alain Chaffard écarte les bras et soupire : “Madame ! J’ai eu toute ma vie un comportement stérile, où je me suis retranché dans des dénégations. Aujourd’hui, je vais prendre mes responsabilités. Mais Madame… vous voulez quand même pas que je file un blaze ?” .
A 49 ans, Alain Chaffard, figure du banditisme méridional, a assuré le spectacle hier à Marseille, où il comparaît comme organisateur récidiviste d’un trafic international de stupéfiants. Avec lui, une dizaine de comparses, impliqués dans cette vente de cocaïne entre l’Espagne, Montpellier et Marseille, en février 2007. Presque tous ont des surnoms : “Le Cancéreux”, “Marquise”, “Cage à Lapin”, “Saucisse”. “Reconnaissez-vous l’association de malfaiteurs ?” . “Oui” , se marre Chaffard. “Déjà, me fréquenter, c’est un délit” .
Les policiers l’ont repéré à Empuriabrava, près de Rosas, en Catalogne, en juillet 2006, dans une luxueuse maison donnant sur la lagune, avec un ponton et un puissant hors-bord. C’est de là qu’Alain Chaffard mène ses affaires. Comme ce trafic de cocaïne qui entraînera sa chute et dont il raconte, chose rare, le processus. “Ça se passe en Espagne, où je rencontre un individu qui est en demande et recherche du produit. J’enregistre. Je me renseigne de savoir qui c’est, j’apprends que c’est quelqu’un de crédible dans le milieu qui m’intéresse. Quelques temps plus tard, je croise quelqu’un qui a du matériel, je lui dis si tu le poses là-bas, je connais des gens crédibles”. Crédible ? “Ça veut dire pour la livraison, le paiement, la sécurité. Aujourd’hui, pour trois francs six sous, on se tire dessus. Moi, je n’ai jamais volé ni trahi personne” .
“Ma commission c’était 150 000” Un premier rendez-vous se tient peu après à Marseille avec Chaffard, Franck Colls, son copain perpignanais qu’il appelle son “chargé de mission” , Jean-Joseph Donsimoni, dit “Saucisse”, et le fournisseur, le fameux “Virenque”. “Saucisse” doit stocker la drogue quelques jours, avant qu’elle ne soit revendue. “C’est comme ça que ça se passe, en phase de finalisation. Le fournisseur veut s’assurer de connaître le stockeur. Sinon, qu’est-ce qui se passe, si je me fais écraser dans la rue avant la transaction ?” , poursuit Alain Chaffard.
A la mi-février, nouveau rendez-vous, au restaurant Courtepaille de Montpellier, avec les acheteurs. Les frères Magnoli sont des Italiens vivant sur la Côte d’Azur et membres de la N’Drangheta, la mafia calabraise.
“Le deal portait sur 50 kg. La cocaïne, c’est un marché et le prix, ça dépend où on est. Là, j’achetais à 26 000 le kilo, je revendais à 29 000. Ma commission, c’était 150 000” .
Une première vente, portant sur une quinzaine de kilos, est organisée dans un hôtel de Marseille le 15 février. Chaffard est resté chez lui et gère l’affaire à distance. Colls ramène l’argent vers l’Espagne, après l ‘avoir compté. “A peu près 200 000” , se souvient-il. La police écoute leurs conversations téléphoniques, en chemin : “Tu vas être content, il y a plein de billets violets !” . Le 22 février, la PJ intervient à Marseille, sur la deuxième transaction, et boucle toute l’équipe, avec 33,5 kg de cocaïne. Chaffard part en cavale. Quand il est arrêté deux mois plus tard près de Marbella, il est aux abois. “J’avais 6 000, 7 000 à moi, j’avais vendu la montre que j’avais au poignet” . “Ça devait être une belle montre ?” , note la présidente. “Oui, Madame. Une Rolex”.
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