23/03/2010 à 15h19
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par Arnaud Gaillard, sociologue, Coordinateur du 4e Congrès mondial contre la peine de mort – ECPM

Il sera minuit heure française mercredi, quand la justice américaine va se rendre coupable d’un nouvel assassinat. 18 heures au Texas, c’est l’instant choisi par la prison de Huntsville pour accomplir impunément un simulacre de justice. A cette heure, sa femme, une française, Sandrine Ageorges, va devenir la veuve d’un homme qu’elle n’a pas été autorisée à voir pendant deux ans, un homme dont le décès va être techniquement mis en scène, 16 années après les frais reprochés.

Au cours des longues minutes pendant lesquelles les seringues électriques vont inoculer la mort dans les veines d’un homme bien portant de 48 ans, d’autres seringues électriques, partout dans les services anti cancéreux des hôpitaux du monde, propulsent minutieusement leur chimiothérapie pour sauver des vies. A l’instant où des sauveteurs risquent leur propre existence pour ramener à la vie des femmes, des hommes, des enfants, toujours animés par l’idée majeure que le seul véritable ennemi sur cette terre, c’est la mort, la fin implacable, le deuil insupportable, des hommes de justice vont revêtir leur sombre costume de justicier fatal. Cette ironie quant au prix de la vie nous rappelle la survivance des bourreaux, au service d’une justice qui persiste à tuer pour satisfaire le désir de vengeance d’une triste majorité de « bien-pensants ».

Devons-nous nous accoutumer à cette dangereuse absurdité? Qu’on ne s’y trompe pas. Ce ne sont pas tant les proches de victimes de meurtre qui invoquent la peine capitale. Se rappelant la violence de la perte d’un être cher, ceux-là sont suffisamment sages pour reconnaitre qu’en aucun cas la mort des uns ne répare la mort des autres. Les défenseurs de la peine capitale sont davantage les esclaves de la peur, ceux qui trop facilement voient dans leurs semblables une éventuelle hypothèque de leur propre existence, ceux qui persistent à brandir, pensant être modérés, la justification d’une justice radicale pour les crimes les plus graves, tels que les viols d’enfants, les meurtres en série ou les rapts. Cet état d’esprit conduit à ne trouver de l’apaisement que dans la neutralisation irréversible de nos semblables. Une telle certitude constitue pourtant un mépris de la rationalité, comme la foi dans un illusoire pouvoir dissuasif que personne, nulle part, n’a jamais été en mesure de démontrer. L’obscurantisme persiste décidemment au 21e siècle à nourrir les conceptions les plus folles de la justice pénale.

Coupable ou innocent, pendant 16 ans, Hank Skinner va implorer les tribunaux pour que soient pris en compte les tests ADN susceptibles de le disculper. En vain, il va s’éteindre, le sang empoisonné par les trop fameuses injections chimiques de la justice texane.

Cette violence souligne toute la perversion de la politique quand il s’agit de séduire des votants à partir d’un clivage manichéen séparant les bons de ceux que des esprits trop simples qualifient de «dangereux définitifs». Cette sévérité extrême, se fonde sur un cocktail de certitudes que confère l’oubli de quelques dimensions pourtant essentielles: rien n’a jamais rendu le respect des autres obligatoire, d’une part, et la violence fait partie intégrante de notre espèce, d’autre part. C’est pour cela que se rendent coupables tous ceux qui font de la mort un outil de justice.

N’oublions jamais qu’en démocratie, le vote peut se nourrir d’intentions barbares. Se reconnaitront tous les promoteurs du sécuritaire, tous les inconséquents qui instrumentalisent la victimisation au profit de l’ordre, tous les inconscients qui brandissent la peur de façon démagogique, comme un étendard de séduction, tous ceux qui n’ont pas encore saisi que la magie du pouvoir consiste justement à décider à l’encontre des instincts vengeurs toujours stériles et parfois meurtriers.

Au Texas, les juges sont élus. Là-bas comme ici, il semble plus facile de gagner des voix en promettant une impunité et une sévérité sans égale. Là-bas comme ici, les électeurs se fédèrent autour de l’idée que «l’Autre» est un ennemi. Cette façon éculée de penser la politique, d’organiser la société, et de rendre la justice, a déjà fait onze morts cette année aux Etats-Unis. Des exécutions dont on espère comme bénéfice qu’elles permettent un jour d’éliminer le crime. Finalement, n’en déplaise à tous ces naïfs adeptes de la réparation radicale et dissuasive, en 2010, dans 58 pays, la criminalité, qu’elle soit organisée par la loi ou punie par ces mêmes juges, continue à faire des victimes. Et il faudrait être fou pour s’en rassurer.

C’est en soutien à Hank Skinner et pour lutter contre cette idée de justice meurtrière, que nous, la société civile, appelons à un rassemblement mercredi 24 à 17 heures place de la Concorde.

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Paris demande au Texas la grâce d’un condamné à mort

NOUVELOBS.COM | 24.03.2010 | 14:17

La cour d’appel du Texas a refusé d’accorder un sursis à Hank Skinner, marié à une Française, et qui réclame pour prouver son innocence des tests ADN qui lui ont toujours été refusés.

Hank Skinner  (AFP)

Hank Skinner (AFP)

La France est intervenue auprès du Texas pour demander la grâce du condamné à mort Hank Skinner, qui doit être exécuté mercredi 24 mars au Texas, et pour qu’un complément d’enquête soit autorisé comme il le demande, a annoncé le porte-parole du Quai d’Orsay.
“Le président de la République (Nicolas Sarkozy) et le ministre (des Affaires étrangères Bernard Kouchner) ont fait connaître” à son épouse française Sandrine Ageorges-Skinner “le soutien de la France”, a dit Bernard Valero, lors d’un point-presse régulier.
“Notre ambassadeur à Washington est intervenu auprès du gouverneur du Texas pour demander la grâce de M. Skinner et pour que soit fait droit à sa demande d’un complément d’enquête”, a précisé le porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

Moratoire

Bernard Valero, qui répondait à une question sur une démarche de la France, dans la mesure notamment où Hank Skinner est marié à une Française, a rappelé que “des recours devant la justice sont toujours pendants”.
La Cour suprême des Etats-Unis doit en effet avoir le dernier mot dans cette affaire, tant sur le fond que sur la suspension de l’exécution.
La cour d’appel du Texas a refusé d’accorder un sursis à Hank Skinner, 47 ans, qui réclame pour prouver son innocence des tests ADN qui lui ont toujours été refusés.
“Nous sommes en relation avec son épouse, notamment par l’intermédiaire de notre consulat général à Houston qui lui assure toute son assistance”, a ajouté Bernard Valero.
Il a rappelé que la France était “fortement engagée en faveur de l’abolition de la peine de mort” et que, à titre bilatéral comme européen, elle encourageait les États-Unis, au niveau fédéral comme à celui des États fédérés, à “mettre en place un moratoire sur les exécutions capitales, comme premier pas vers l’abolition de la peine de mort”.

Compagne battue, fils poignardés

Hank Skinner a été condamné à la peine capitale pour les meurtres le soir du Nouvel An 1993 de sa compagne, battue à mort, et des deux fils de celle-ci, poignardés. Il a toujours clamé son innocence, assurant qu’il était inconscient au moment des faits car il avait ingéré anxiolytiques et anti-douleurs accompagnés d’alcool.
Il a en revanche désigné un oncle de sa compagne, au passé violent, qui avait harcelé sa nièce durant la fête de réveillon où elle s’était du coup rendue seule, laissant son compagnon endormi. Cet oncle “n’a jamais été interrogé”.
Lundi, le comité des grâces texan a unanimement refusé de lui donner un délai supplémentaire, laissant la Cour suprême des Etats-Unis, saisie en février, et le gouverneur du Texas Dick Perry, peu connu pour sa mansuétude, seuls arbitres de son sort.
Cette affaire intervient alors que la Cour suprême a refusé l’année dernière d’obliger les Etats américains réticents à pratiquer des tests ADN après procès.
Dans une décision, elle assurait: “les tests ADN ne suffisent pas toujours à résoudre seuls un crime. Là où il y a suffisamment d’autres preuves à charge (…), la science seule ne peut pas prouver qu’un prisonnier est innocent”.
Dix-sept condamnés sont sortis des couloirs de la mort américains grâce aux tests ADN ces dernières années.

(Nouvelobs.com)

1 réponse
  1. un breton
    un breton dit :

    le refus des testes ADN est aberrant la femme tuée avait de la peau et du sang sous les ongles des cheveux dans les mains alors des analyses sont nécessaires
    un labo veux le faire gratuitement un témoins c’est rétracté (il avait menti). drôle de justice dans ce pays

    Répondre

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