Hier après-midi, le ministère public a devancé la défense en recadrant les faits : Sabria a bien été tabassée mais s’est vraisemblablement noyée toute seule.

Compte rendu d’audience : Laurent Bertagnolio.

La mère de Sabria Moufoued qui élève les enfants de cette dernière, veut savoir pourquoi sa fille est morte et qui l’a tuée, le 1er septembre 2003, à Vierzon. Elle ne l’apprendra pas. Cette grand-mère digne sait bien que Sabria était alcoolique et toxicomane. « J’aurais jamais pensé qu’elle serait devenue comme ça… A la mort de son père, sa vie a basculé… »
Pour sa famille, Me Béatrice Bouillaguet évoque cette fin de vie chaotique en interrogeant : « Sabria est-elle morte pour un polo sale ? C’est dérisoire » (NR d’hier). Avant de conclure : « Je ne porte pas l’accusation mais la parole de la partie civile ». Elle lit un extrait d’un poème de Sabria : « Sur le quai, la vie glisse sans bruit ».
L’avocat général, Bernard Salvador, désarçonne un temps la défense de Boubker Erroussi et Djemel Zaoui. Oui, il y a eu rencontre entre Erroussi – que Zaoui n’a pas quitté – et Sabria pour récupérer le polo. Mais ça tourne mal et Erroussi cogne. « Elle s’est noyée toute seule parce qu’elle avait reçu des coups suivis de perte de connaissance et d’équilibre. Elle s’est noyée à leur insu. » Zaoui ? « Il est instrumenté par Erroussi qui le prend pour un couillon, ce qu’il est peut-être un peu. »

“ Ils n’ont
pas pu
se rencontrer ”

Instrumenté ? Au grand dam de son défenseur, Zaoui se dresse : « C’est pas vrai, M. le Président ! », tandis que l’avocat général demande son acquittement et sept-huit ans à l’encontre d’Erroussi.
Pour Zaoui, Me Wedrychowsky, s’il se dit alors « en parfait désaccord » avec le ministère public dont il démonte l’accusation, ne peut pourtant que rejoindre les mêmes conclusions pour l’acquittement de son client.
Me Bangoura a plus de grain à moudre pour défendre Erroussi. Il se demande, en préambule, pourquoi son client, pour l’accusation, « a été un meurtrier pendant six ans alors qu’aujourd’hui, il ne l’est qu’à moitié ». Surtout, il pointe imprécisions et incohérences du témoignage de Keo Phiaxay – « Un fieffé menteur » – qui aurait vu la scène et reconnu l’agresseur depuis le pont. « Erroussi n’a aucune raison de violenter » Sabria à qui il n’a jamais demandé de laver le polo. « C’est même pas un scénario de seconde zone », lance-t-il alors que selon son minutage, « ils n’ont pas pu se rencontrer ».
« Depuis six ans, la version comme quoi ils ne se sont pas vus, on ne veut pas l’entendre », dit Me Bangoura qui s’interroge « sur le monde que fréquentait Sabria », celui des toxicos, où elle avait « la réputation d’une balance ». Au vu de l’acquittement demandé par son confrère pour Zaoui, il dit aux jurés : « Vous ne pouvez pas offrir une solution bancale ».
La cour s’est retirée à 20 h 15 et, tard hier soir, le verdict n’était toujours pas rendu. On le lira demain dans La NR Dimanche.

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