50 ans au barreau, Me Gaston Mesnard raconte « sa vie au tribunal »
Entre deux audiences, Maître Mesnard s’octroie une petite pause. Photo Maël Fabre
De la cour d’assises au simple délit de vol, Maître Mesnard est l’un des ténors du barreau nazairien.
Gaston Mesnard, 50 ans au barreau du tribunal nazairien, dispose d’une sorte d’immunité complice. Pas un mot à son client, pas un sourire à l’huissier : il commence sa plaidoirie : « Monsieur le président, oui, le jeune père ici présent a fait une bêtise et il le reconnaît… ». Une partition connue sur le bout des doigts. Il faut dire que Me Mesnard est un peu chez lui ici : « J’ai prêté serment en 1960. J’étais alors le 10e avocat à rentrer au barreau de St-Nazaire », raconte-t-il.
La plaidoirie, sa vie sociale
Né dans la cité industrielle, d’une famille modeste, il a toujours refusé d’apprendre à « parler la plaidoirie. Je plaide comme je parle. Un jour, un magistrat m’a dit qu’il aimait lire mes conclusions car elles sont charpentées ». Mais depuis des années, Me Mesnard a constaté un fort changement dans la relation entre avocats et magistrats : « On nous prend de haut. Jadis, c’était plus d’égalité à égalité. Depuis la création de l’École de la magistrature, les relations ne sont plus très bonnes… », explique le spécialiste, tout en ajoutant : « Il ne faut pas se plaindre de la justice nazairienne ».
Rompre avec le quotidien
De son client ce jour-là, il a à peine retenu le prénom. Il a juste fait le job. Le job, c’est quoi ? « Défendre un client, mais qu’il n’accepte pas la tape dans le dos. Je n’ai jamais sympathisé. Une fois, j’ai donné 100 F à l’un d’eux qui sortait de prison et qui est venu me voir à mon cabinet. Il avait faim. Depuis ce jour où je lui ai donné ce billet, je ne l’ai jamais revu ».
Les histoires de famille, les secrets cachés sous les matelas et les conduites sous l’emprise de l’alcool sont le quotidien de Gaston Mesnard : « J’adore ce que je fais mais je déteste y penser en sortant de mon cabinet. C’est pour cela que, contrairement à certains confrères, je n’ai jamais habité au même endroit ».
Et, dans une vie d’avocat, il y a toujours une affaire qui marque : « J’ai défendu un homme à la cour d’Assises de Nantes il y a de nombreuses années. Il a été condamné à mort. L’avocat doit obligatoirement assister à l’exécution. Moi, je n’ai jamais pu ».
Pas envie de raccrocher
Ce métier, il lui « doit tout ». « C’est ma vie sociale, ma passion ». Jamais il n’a pensé à remiser sa robe, encore moins à montrer quelques signes de faiblesses devant le tribunal. « Il faudra bien penser un jour à la retraite. Mais, tant que ma santé me le permet, je reste ! ».
Il plaide comme il parle : cinq décennies au barreau du tribunal
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