La Voix du Nord
C’est une affaire atypique. Depuis hier et jusqu’à ce soir, la cour d’assises du Nord examine un dossier de viol commis sous la menace d’une arme. Des faits réputés gravissimes donc. Et pourtant. Une étrange sensation plane dans le prétoire de la petite salle d’audience B. du palais de justice de Douai, où la victime est aux abonnés absents tandis que son présumé agresseur nie ce qu’on lui reproche avec un sourire désarmant.

À l’époque, tout le quartier de Wazemmes avait bruissé de ce fait divers commencé dans un café proche de la place de la Solidarité. Le 2 juin 2007, Sophia (prénommons-la ainsi), 19 ans, dépose plainte au commissariat central. Elle accuse Mohamed Haddad, 36 ans, de l’avoir violée à deux reprises durant la nuit précédente. Les faits se seraient produits dans un appartement de la rue d’Arcole où l’homme, arrivé d’Algérie en 2003, est hébergé par un ami. « Il m’a frappée et il m’a menacée avec un couteau  », a assuré la jeune femme qui a rencontré son tourmenteur dans l’estaminet où il travaille et où il lui aurait fait miroiter un emploi de serveuse… Les conclusions du médecin légiste laissent apparaître des contusions confirmant les dires de l’intéressée.

Mis en examen, Mohamed Haddad est incarcéré. En dépit des nombreuses demandes de remise en liberté formulées par Me Gildas Brochen, son avocat, il est toujours derrière les barreaux. Jamais condamné, l’accusé conteste le viol. « Elle était consentante », affirme-t-il, tout en admettant cependant lui avoir donné quelques coups au cours d’une dispute. Sophia n’est hélas pas présente pour infirmer. Elle semble s’être évanouie dans la nature. Le juge d’instruction ne l’a vue qu’une seule fois. Elle n’a pas souhaité se constituer partie civile. Cela peut-il être un élément favorable pour Mohamed Haddad ? Toute la journée, le président Jean-Michel Faure l’a désignée comme plaignante et non comme victime. La psychologue qui a pu, elle, s’entretenir avec Sophia, au départ de l’enquête, évoque néanmoins une personne très affectée. « Elle vit cela comme un déshonneur.  » Est-ce suffisant pour expliquer sa disparition ? Réponse ce soir. •

FRÉDÉRICK LECLUYSE

1 réponse
  1. gilka
    gilka dit :

    Bravo pour la débrouillardisme de l’avocat sinon il serait médecin, psychologue mais cependant il doit savoir. Ce n’est pas une question de consentement mais c’est le respect de la personne humaine. Nous, les femmes si nous commencons à violer les hommes et les tabasser sans respect alors on vat-on…Le consentement se donne dans un esprit zen, sans contrainte physique, intellectuelle sinon c’est un vice de consentement (dol, erreur et menace..). Alors, il en va bien de la responsabilité de son auteur et non celui du plaignant. Certaines femmes le savent mieux que d’autres…certains hommes ignorent que l’on pourrait mieux les respecter aussi, cela va dans les deux sens.

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