Il pigeonne les hôteliers partout où il passe.
Carlos S.G. présente bien, parle comme un livre et ne se démonte jamais, bien qu’il soit dans le box, encadré par les gendarmes, détenu dans le cadre d’une autre affaire, beaucoup plus grave. La liste des faits qu’on lui reproche est impressionnante : une bonne dizaine au total, tous de la même veine ou presque. En clair, on lui reproche d’avoir piqué dans les caisses de ses employeurs ou d’avoir plumé ses collègues, quand il occupait des emplois en hôtellerie. Très beau parleur, Carlos a le génie d’embobiner le monde. Tout d’abord en se prévalant de diplômes de l’IRTH qu’il n’a pas : on lui reproche des faux et usage. Ensuite, on lui reproche des vols : il avait proposé à ses collègues de collecter l’ensemble des pourboires et de les redistribuer ensuite. Ils n’en verront jamais la couleur. Ensuite encore, on lui reproche d’avoir piqué chez différents employeurs, notamment à Lourdes, des documents confidentiels de gestion, pouvant être bien utiles pour diverses magouilles, notamment l’obtention de prêts très avantageux.
Partout où il passe, remarquera la présidente, il y a un bug. A Lourdes, à Tarbes, à Carcassonne… le scénario catastrophe se reproduit : vols de documents, vols d’argent, vols de clés, malversations informatiques, arnaques aux assurances, faux contrats de travail : Carlos est un virtuose de l’embrouille. Et tous ses employeurs se laissent piéger : il sait y faire et présente des compétences certaines en accueil, en gestion hôtelière. C’est une fois qu’il est dans la place que ça se gâte.
« À l’époque, avant mon divorce, je vivais avec ma femme et mon petit garçon. Je voulais qu’ils ne manquent de rien, qu’ils aient le meilleur, » déclare le Robin des Bois à l’accent espagnol. Dans la salle, son ex-femme hoche la tête et sourit : ni elle ni son enfant n’ont jamais vu la couleur de l’argent volé non plus… Robin des Bois peut-être, mais pour sa pomme. La présidente va lire le rapport des experts psychiatres : intelligence supérieure, très grande aisance. Carlos écoute, bien poliment, bien respectueusement. Le masque tombe pourtant quand la présidente lit la déclaration de son ex-épouse : « Il a un ego énorme, il est très manipulateur ». La jeune femme va recevoir un regard noir, menaçant, aussi engageant que les gueules de canons d’un fusil mal disposé.
Carlos restera en prison : il y est déjà pour violences aggravées. Il devra y passer en outre 8 mois, dont 4 avec sursis et rembourser quelque 7.400€.
Pas responsable de tous les faits qu’on lui reproche
Pour la défense, « Carlos n’est pas responsable de tous les faits qu’on lui reproche. Sur plus d’une dizaine de faits, il en conteste certains, et à juste titre. Certes, il a volé, mais c’était pour renflouer ses comptes. On ne peut pas dire qu’il a volé dans tous les hôtels où il a travaillé. On ne peut pas lui imputer des vols de données informatiques : il a simplement oublié de les effacer de sa clé USB. Mon client a une double personnalité : il a besoin de soins. S’il a volé aussi, c’est pour être à la hauteur des gens qu’il a côtoyés dans l’école réputée où ses parents l’avaient envoyé, lui, l’enfant pauvre ».
Système de délinquance astucieuse
La procureure Marie-Gabrielle Viché va rappeler ce qui vaut à Carlos S.G. d’être écroué : une affaire de vol dans un hôtel de Lourdes, où le veilleur de nuit avait été frappé violemment et saucissonné dans la nuit du 8 août 2008. En outre, Carlos est également recherché par la justice espagnole à laquelle il devra rendre des comptes.
« Cet homme est particulièrement intelligent et calculateur : il a réussi à mettre en place un système de délinquance astucieuse. Il sait parfaitement tromper la confiance de son entourage, de ses collègues, de ses employeurs.
Je demande une peine de 12 mois de prison, dont 2 avec sursis. Je demande également son maintien en détention. »
Ce sera chose faite.
L’avocat aurait dû demander la relaxe ! Apparemment il pouvait tout aussi bien s’agir de coïncidences, dire qu’il y a un bug partout où il passe n’est pas une preuve en soit !