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Par Aung Hla Tun

RANGOUN (Reuters) – La junte militaire birmane a ouvert le procès d’Aung San Suu Kyi à une poignée de journalistes et diplomates, pour tenter d’apaiser le tollé international face aux poursuites engagées contre l’opposante.

Les ambassades ont été informées qu’elles pourraient envoyer un diplomate à l’audience, qui se déroule à l’intérieur de la prison Insein de Rangoun. Suu Kyi, inculpée d’infraction aux conditions de son assignation à résidence, risque jusqu’à cinq ans de prison.

Plusieurs journalistes travaillant pour des médias locaux ou étrangers ont également été prévenus qu’ils pourraient suivre les débats à partir de la mi-journée, selon le secrétaire du club des correspondants étrangers de Birmanie.

“Ils semblent vouloir améliorer l’image du procès”, a déclaré un diplomate asiatique, après avoir été contacté par le ministère des Affaires étrangères.

Le procès d’Aung San Suu Kyi, icône de la lutte pour la démocratisation de la Birmanie, un pays aux mains des militaires depuis plus de quarante ans, a été largement condamné par les puissances occidentales qui menacent d’imposer de nouvelles sanctions.

Les diplomates étrangers étaient interdits d’accès à son procès depuis son ouverture lundi, une “provocation scandaleuse” selon les mots du chef de la diplomatie française Bernard Kouchner.

L’Association des pays d’Asie du Sud-Est (Asean), dérogeant à sa règle habituelle de non-ingérence, a souligné mardi que ce procès mettait en jeu “l’honneur et la crédibilité” de la Birmanie, qui est l’un de ses pays membres.

PRÉTEXTE

Le régime militaire a fait la sourde oreille aux appels de la communauté internationale qui voit dans ce procès un nouveau moyen de garder Suu Kyi, 63 ans, en détention alors que son assignation à résidence devait prendre fin le 27 mai.

La lauréate du Nobel de la paix 1991 est accusée d’avoir laissé un ressortissant américain de 53 ans, John Yettaw, pénétrer à son domicile le 3 mai dernier après avoir traversé à la nage le lac qui borde la résidence de l’opposante.

Les avocats de Suu Kyi arguent que cette dernière n’a violé aucune loi puisque Yettaw s’est invité chez elle de sa propre initiative.

La junte est soupçonnée de chercher un prétexte pour maintenir Suu Kyi en détention et l’empêcher de conduire son parti, la Ligue nationale pour la démocratie, lors des élections générales de l’année prochaine.

L’opposante, qui est âgée de 63 ans, a passé 13 des 19 dernières années en détention et a récemment été soignée pour hypotension et déshydratation.

Nyan Win, membre de l’équipe d’avocats de Suu Kyi et responsable de la LND, a déclaré mardi que le régime accélérait les auditions des 22 témoins présentés par l’accusation et pourrait achever le procès la semaine prochaine.

Version française Jean-Stéphane Brosse

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