Il y a des audiences qui démarrent mal. Hier, le tribunal correctionnel de Meaux, présidé par Catherine Morin, s’apprêtait à juger en comparution immédiate une affaire d’une banalité affligeante. L’histoire : quatre policiers du commissariat de Noisiel outragés le 13 juin à Torcy par deux hommes, qui avaient eu de surcroît la mauvaise idée de se rebeller.
C’est devenu intéressant lorsque la présidente a commencé à lire la prévention. Elle s’est aperçue qu’il ne s’agissait ni de la bonne date, ni de la bonne ville, ni de la bonne qualification des victimes… Il manquait l’estimation des blessures d’une victime, les infractions étaient redondantes. Et, cerise sur le gâteau, deux des policiers parties civiles escortaient les prévenus dans le box ! L’un d’eux affichait un sourire qui n’a échappé à personne dans la salle.
Deux policiers parties civiles escortent les prévenus dans le box
Steve, 21 ans, un des prévenus, au casier judiciaire vierge, avait voulu se mêler de l’interpellation de son beau-frère, qu’il trouvait trop musclée. Il s’était retrouvé plaqué au sol « dans les buissons ». A son encontre, la substitute du procureur a requis des heures d’intérêt général. Il a écopé d’une amende de 300 € . Quant à Sidi, 28 ans, au profil judiciaire plus lourd, il refusait de répondre aux questions des magistrats, persuadé qu’on ne l’écouterait pas. Un juge assesseur a insisté pour avoir sa version. C’est son avocat qui a le mieux expliqué son point de vue : « Mon client a été invité à montrer ses papiers. Le temps qu’il les sorte de son sac banane, quatre policiers lui ont sauté dessus. C’était disproportionné. »
Les policiers, dans le box, pouvaient difficilement donner leur version ! Selon la substitute, ils avaient eu affaire à un jeune très excité. Elle a requis six mois de prison, dont trois ferme, avec mandat de dépôt à l’audience. Le tribunal a opté pour… cent jours-amendes.
Le Parisien
Une comparution immédiate + un dossier manifestement presque vide + des erreurs dans tous les sens + les mêmes policiers à la fois en parties civiles et escortant les prévenus + des réquisitions complètement disproportionnées + une décision mi-figue mi-raisain = du grand n’importe quoi au Tribunal