Publié le 17/12/2009 08:36 | Jérôme Schrepf

M. D.i a été reconnu coupable du meurtre de son cousin Abdelkader Bellabes le 11 décembre 2007.

La fenêtre du rez-de-chaussée de l'immeuble, maculée de sang au matin du drame.  Photo DDM, Archives, Jean-Michel Mazet.

La fenêtre du rez-de-chaussée de l'immeuble, maculée de sang au matin du drame.  Photo DDM, Archives, Jean-Michel Mazet.

La cour d’assises du Lot-et-Garonne a condamné hier après-midi M. D., 40 ans, à 12 ans de réclusion criminelle pour le meurtre de son cousin Abdelkader Bellabes, le 11 décembre 2007. Une peine assortie de deux ans de prison avec sursis au cas où D. ne respecterait pas le suivi sociojudiciaire et l’obligation de soins pendant les 5 ans qui suivront sa sortie de prison.

« mains tendues »

« Un verdict juste » ont estimé à l’issue de l’audience, à la fois les avocats de la défense, Me Briat, et des parties civiles, Me Martial, et conforme aux réquisitions de l’avocate générale Carbonnier.

Plaidoiries et réquisitions sont revenues abondamment sur le nœud de l’affaire, cette fameuse nuit du 11 décembre 2007, où, ivres, les deux cousins en viennent aux mains avant qu’une fulgurante violence ne pousse M. D., armé d’un couteau de cuisine à lame de 19 cm, à « frapper, frapper » son presque frère Kader.

Pour Me Édouard Martial, défendant les intérêts de la famille de la victime, « D. ne nous a pas tout dit ». « Comme il ne nous a pas tout dit de ses souffrances, de ses échecs, de ces mains tendues qu’il n’a pas su saisir. J’ai entendu moi, ses frères et sœurs, dire combien c’était « usant » d’essayer d’aider Mohamed. Vous jurés, contre sa volonté, vous allez le contraindre à avoir un avenir. Et à sa sortie, dans quelques années, s’il ne veut pas le comprendre cette fois-ci encore, vous baisserez les bras à votre tour ». L’avocat s’est aussi interrogé sur la nécessité qu’avait M. D.i de frapper de 6 coups de couteaux, dont trois dans le cou et un dans le dos, alors qu’il venait de mettre hors d’état de nuire Kader Bellabes, en lui luxant l’épaule : « Il le saigne au nom de sa souffrance ? Ne peut-il pas arrêter cette vague de violence après lui avoir déboîté l’épaule ? »

En défense, Me Briat relève l’implacable vérité de ce procès : « M. est seul. Un contre tous, tous contre lui. »

Solitude extrême

Et sans rien enlever de la responsabilité de son client, ni chercher à plaider une légitime défense irrationnelle, il replace les choses dans leur contexte, celui de l’alcool : « Kader, ce sont les voisins qui le disent, n’était pas facile quand il avait bu. Ce soir-là, il se retrouve avec un couteau en main et menace M. Mais ce sont deux ivrognes qui se font face, imbibés respectivement à hauteur de 3 et 2,22 g par litre de sang. Et là, entre alcooliques, on n’a pas un discernement terrible… »

Me Briat, qui mettait en avant la terrible enfance de son client, pointait également l’isolement dans lequel il se trouvait déjà au moment du drame : « Séparé de la mère de son fils, éloigné de sa famille, sans travail, plongé dans l’alcool et les médicaments, M. a la tête au fond du seau fin 2007. Il est dans une solitude extrême qui vous fait désespérer de tout, sans espoir, sans envie. Une solitude qui amène à toutes les extrémités ». La dernière supplique de l’avocat de la défense, demandant aux jurés de laisser « la porte entrouverte » à M. D., aura finalement été entendue.

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