Le tribunal, une tribune politique

Deux Gwenn ha du, le drapeau breton, flottent au vent sur la passerelle Victor-Schoelcher. Un autre est accroché aux grilles des portes du palais de justice. Hier après-midi, les six militants de la réunification de la Bretagne jugés au tribunal correctionnel de Nantes pouvaient se sentir en terrain conquis. Tous y étaient poursuivis pour avoir barbouillé l’hôtel de région des Pays de la Loire et cinq TER aux couleurs de la région, à l’aide de goudron liquide et de bombes de peinture indélébile, dans la nuit du 29 au 30 décembre. Des tags « politiques », pour rappeler au président (PS), Jacques Auxiette, l’existence de ce « débat occulté ».

« Aucun des prétendus débats participatifs des Assises régionales ne portait sur la réunification de la Bretagne et de toute manière, personne ne nous y a laissé rentrer », cite en exemple Kevin Laquaine, 20 ans, l’un des six prévenus, avant de rentrer dans la salle d’audience. Il n’a pas encore fini sa phrase que Luce, 84 ans, lui tend une part de gâteau aux pommes en forme de triskell, un symbole celtique. « Quand j’avais leur âge, on peignait “Nantes en Bretagne” sur les murs », raconte cette Nantaise d’origine, qui habite aujourd’hui Lanester (Morbihan), venue comme une centaine d’autres personnes soutenir les six jeunes. « On peignait aussi des “Ni Français, ni Allemands, Bretons seulement” », se rappelle Luce.

A l’intérieur du palais de justice, la salle d’audience – archi-comble – est également acquise à la cause des prévenus. « En quoi la dégradation de biens publics fait-elle avancer votre cause ? », s’interroge toutefois l’avocate de la SNCF. « La région Pays de la Loire nie notre identité et notre culture. C’est un moyen de laisser la marque de nos revendications », répond Kevin. ■

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