Pour la seconde fois en deux ans, Mehmet Kahraman, 37 ans, se trouve dans le box d’une cour d’assises. Son passé sexuel jouera forcément contre lui dans cette affaire de viol, commis à Landerneau, en 2004.
D‘un côté, un accusé d’origine turque passant par un traducteur pour répondre à la cour. De l’autre, une victime âgée de 52ans au phrasé lent, confuse et assommée par les médicaments. Pour les explications franches et claires, les jurés repasseront.
Un juré débarqué au bout d’une journée
L’un d’eux s’est d’ailleurs délesté de la charge. Débarqué, fait rare, à l’issue de la première journée pour avoir ouvertement affiché son opinion. «Faites attention à vos questions», a rappelé la présidente Marie-Angel Carmen. Des questions qui n’ont pas manqué. Car tout n’est pas clair dans ce viol dénoncé en novembre2004 par cette Brestoise aujourd’hui sous curatelle renforcée. Selon elle, cet homme rencontré le 19 dans un restaurant brestois lui aurait proposé de se rendre à Quimper pour chercher une copine. Le lendemain soir, il se serait arrêté vers Landerneau et l’aurait violée dans la voiture. Le rapport médical confirme des pénétrations violentes. «Je lui ai fait confiance. Il était méchant, il me retenait, j’avais peur. Je me souviendrai du viol toute ma vie, il a déchiré mes vêtements. Cette violence en lui, c’était atroce», assure la victime aux souvenirs approximatifs. Le présumé violeur évoque, lui, un rapport consenti. À l’entendre, cette femme l’aurait aguiché. Les marques de violence? «C’était dans l’action, je l’ai mordue aux seins et au sexe, un plaisir sauvage». Ses larmes dans la voiture? «Je pensais qu’elle pleurait de plaisir». «C’était une relation normale. Si je l’avais enlevée, elle aurait pu crier, s’enfuir».
Tentative de viol en 2006
Alors qui croire? Le passé de l’accusé ne plaide pas en sa faveur. En juin dernier, il comparaissait devant cette même juridiction et écopait de huit ans de réclusion pour une tentative de viol, à Morlaix, sur une femme soi-disant d’accord pour enlever ses vêtements. Mehmet Kahraman a fait appel. Il est actuellement incarcéré pour une autre affaire de viol et d’autres affaires seraient en cours. Chaque fois, le cocktail est le même: alcool et victimes accostées dans la rue, à la sortie d’un bar ou d’une boîte de nuit. «Je suis seul, c’est pour faire connaissance». En France depuis 1994, il a divorcé en 2001. Son ex-femme a stigmatisé son comportement «injurieux et violent», ses anciens employeurs, son côté «nerveux dès qu’il est contrarié». Les experts penchent pour une possible «réitération des faits» en cas d’alcoolisation.
«Elle fait confiance à tout le monde»
Reste que son casier ne doit pas faire oublier certains détails dérangeants, à l’image de cadeaux reçus par la victime, des sous-vêtements et du parfum, ou encore d’un repas ou de boissons achetés ensemble. Et cette interrogation: pourquoi a-t-elle accepté de suivre son présumé violeur alors qu’elle dînait au même moment avec celui qui partageait alors sa vie depuis plusieurs années? «Sans être invité, il est venu à notre table et j’ai remarqué qu’il posait sa main sur ses jambes, témoigne ce dernier. Nous nous sommes battus et après, elle n’a pas voulu repartir avec moi. Elle a demandé la carte bleue pour une chambre d’hôtel. Elle est fragile, influençable. Elle fait confiance à tout le monde, c’est son problème. Cela m’arrivait de ne pas la trouver quand je rentrais à la maison».
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