De Paul AUBRIAT (AFP) –
EPINAL — Jean-Jacques Robert, accusé d?avoir tué son fils de 4 mois en frappant sa tête contre un mur « parce qu’il pleurait trop fort », a été condamné vendredi à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une peine de sûreté de 22 ans, par la Cour d’assises des Vosges.
A l’énoncé du verdict, prononcé après à peine deux heures de délibéré, l’accusé a été pris de tremblements, sans manifester d’autres émotions.
Cette condamnation est strictement conforme aux réquisitions de l’avocat général qui avait réclamé la peine maximale à l’encontre de l’accusé, un homme d’origine malgache aujourd’hui âgé de 41 ans.
Jean-Jacques Robert a également été reconnu coupable de violences à l’encontre de ses quatre enfants et de sa compagne, ainsi que de l’exhumation du corps de son fils, qu’il a enterré ailleurs quelques jours plus tard pour des raisons semble-t-il rituelles.
Lors de ses trois jours de procès, l?accusé a persisté à nier le meurtre, évoquant « un accident » tout en reconnaissant un excès de violence avec le nourrisson.
A l?époque des faits, le 8 janvier 2007, Jean-Jacques Robert avait initialement expliqué aux enquêteurs que la mort de son fils Malik était due à une chute dans l?escalier de leur maison à Rambervillers (Vosges), alors que le nourrisson se trouvait dans les bras de sa mère.
Un mois plus tard, la compagne de l?accusé expliquait en garde à vue que le père de famille avait violemment frappé la tête du bébé contre le mur du salon, parce qu?il ne supportait plus les pleurs.
Elle avait alors décrit Jean-Jacques Robert comme un homme alcoolique et violent, qui n?hésitait pas à la frapper à coups de crosse de revolver ou à l?attacher à une chaise, en demandant à son fils de 6 ans de la frapper.
Jean-Jacques Robert s?était exprimé devant la cour, vendredi matin, en reconnaissant « des petites corrections sur ses enfants », mais pas le meurtre.
« Je n?ai jamais frappé mes enfants contre le mur, j?ai été plus doux avec mes enfants que (ma compagne) », avait-il assuré aux jurés.
C’est sans doute son mysticisme, dû à ses racines malgaches, qui a conduit l’accusé à voler la dépouille de son fils au cimetière, pour l?enterrer une seconde fois, sur un terrain dont il est propriétaire, à Clux (Saône-et-Loire), ou à s?automutiler lors de sa détention provisoire.
Deux experts psychiatres ont toutefois estimé devant la Cour d?assises que Jean-Jacques Robert ne présentait ni altération, ni abolition du discernement, et qu?il était accessible à une sanction pénale.
Devant les jurés de la Cour d’assises des Vosges, l’avocat général Morgane Robitaillie a expliqué que le petit Malik était « décédé suite à une violence d?une extrême gravité: Jean-Jacques Robert a été si violent que ça lui fendu le crâne sur 11 cm ».
« Il a commis ce geste en toute connaissance de cause. Monsieur Robert, c’est Dieu dans sa famille, c’est lui qui a pouvoir de vie et de mort », a ainsi estimé l?avocat général, vendredi après-midi, en réclamant « une peine pour écarter M. Robert de la société ».
L?avocat de la défense, Me Sébastien Bonnet, a en revanche fait valoir qu? »on n?avait pas de certitudes sur le geste: à aucun moment, il n?a exprimé l?intention de tuer Malik ».
Il a vainement demandé aux jurés de requalifier les faits en coups ayant entraîné la mort sans intention de la donner.
La défense n?a pas indiqué si elle envisageait d?interjeter appel.
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