http://www.rsf.org/squelettes/img/fr/logo_rsf.pngPublié le 12 octobre 2009

Aujourd’hui 12 octobre 2009, s’ouvre à Casablanca le procès intenté par le ministère de l’Intérieur contre le caricaturiste Khalid Gueddar et le directeur de publication du quotidien arabophone Akhbar Al-Youm, Taoufiq Bouachrine, suite à la publication par le journal dans son édition du 26-27 septembre 2009, d’une caricature controversée d’un membre de la famille royale, Moulay Ismaïl, cousin de Mohammed VI. Les deux journalistes sont poursuivis pour “atteinte à l’emblème du royaume“.

Reporters sans frontières condamne le caractère disproportionné de la réaction des autorités marocaines suite à la publication de cette caricature. Le 28 septembre, la police marocaine a mis sous scellés les locaux du journal, interdisant également au personnel l’accès aux bureaux. Taoufiq Bouachrine et Khalid Gueddar ont été interrogés le 29 septembre par la police judiciaire de Casablanca pendant plus de quinze heures. En outre, les comptes du journal ont été gelés. A l’issue du procès qui s’ouvre aujourd’hui, Khalid Gueddar et Taoufiq Bouachrine encourent de six mois à trois ans de prison, et une amende de 10 à 10 000 dirhams (soit 885 euros).

« Depuis le 28 septembre, les autorités marocaines sont dans l’illégalité. Aucun article du code de la presse ne stipule qu’un média puisse être fermé sur décision du ministère de l’Intérieur avant que la justice ne se prononce. Même si l’on peut trouver la caricature de mauvais goût, les mesures prises, que ce soit la fermeture du journal, le gel des comptes et les convocations des deux journalistes sont totalement disproportionnées. Nous demandons la réouverture immédiate du journal et l’abandon des poursuites contre les deux journalistes », a déclaré l’organisation.

Le 23 octobre prochain s’ouvrira un second procès, intenté par Moulay Ismaïl lui-même pour “non-respect dû à un membre de la famille royale“, qui réclame trois millions de dirhams (soit 266 000 euros) de dommages et intérêts aux deux journalistes.

Contacté par Reporters sans frontières, le caricaturiste Khalid Gueddar trouve « aberrante et injuste » la décision des autorités marocaines de fermer le journal « sans aucune base juridique ». Il mentionne avoir été insulté et avoir reçu des menaces au cours de son interrogatoire dans les locaux de la police judiciaire.

Dans un communiqué de presse publié du 28 septembre, le ministère de l’Intérieur a annoncé son intention de poursuivre Akhbar Al-Youm pour « non-respect dû à un membre de la famille royale », pour une « caricature en relation avec la célébration par la famille royale d’un événement à caractère strictement privé ». Le communiqué dénonçait les « penchants d’antisémitisme flagrant » des auteurs. Le ministère a par la suite porté plainte pour « atteinte à l’emblème du royaume ».

« Il devient urgent que le gouvernement réforme le code de la presse, afin que les journalistes ne soient plus soumis à une obligation de respect à l’égard de tous les membres de la famille royale ». Les affaires liées à ce sujet se multiplient. Ainsi TelQuel, Nichane et Le Monde ont été censurés quand ils ont voulu publier un sondage sur la monarchie. Plus récemment, ce sont les articles traitant de la santé du roi dans Jarida Al-Oula qui ont suscité le courroux du palais », a ajouté Reporters sans frontières.

Le 2 octobre, 200 personnes se sont rassemblées à Casablanca pour exprimer leur soutien à Akhbar Al-Youm et à ses journalistes.

Voir les vidéos : 1- Expulsion des journalistes de la rédaction de Akhbar Al-Youm :

et la suite :

2- Journalistes privés de travailler :

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