LEMONDE.FR avec Reuters | 29.07.09 | 22h27

ne journaliste soudanaise travaillant pour l’Onu a comparu mercredi 29 juillet devant un tribunal de Khartoum pour avoir porté un pantalon. Cette “tenue indécente”, qu’elle portait lors de son interpellation début juillet à une réception dans un restaurant de Khartoum, l’expose à 40 coups de fouets, selon la loi.

Loubna Hussein, qui a décidé de faire de son procès une bataille médiatique contre des restrictions imposées aux femmes dans la capitale, s’est présentée au tribunal dans la tenue même qui lui vaut de comparaître : en pantalon. Son apparition ainsi vêtue a provoqué une belle cohue dans le prétoire, plein à craquer en raison de la publicité donnée par l’intéressée à son cas.

Une journaliste soudanaise travaillant pour l'Onu a comparu mercredi 29 juillet devant un tribunal de Khartoum pour avoir porté un pantalon.

AFP/ASHRAF SHAZLY
Une journaliste soudanaise travaillant pour l’Onu a comparu mercredi 29 juillet devant un tribunal de Khartoum pour avoir porté un pantalon.

“COUPS DE FOUET”

L’audience a été ajournée après un débat entre avocats sur l’éventuelle immunité de l’accusée en tant qu’employée des Nations unies, un statut dont Hussein a décidé de ne pas se prévaloir pour laisser l’affaire être jugée au fond. “Elle veut avant tout démontrer sa totale innocence et invoquer son immunité ne le permettrait pas. Ensuite, elle veut combattre la loi, qui est trop lâche et doit être réformée”, a fait valoir l’avocat de la défense Nabil Adib Abdalla.

“Des milliers de femmes sont châtiées à coups de fouet mais elles restent silencieuses. La loi est utilisée pour harceler les femmes et je veux dénoncer cela”, avait confié l’accusée avant l’audience. Dix autres femmes arrêtées en même temps qu’elle avaient été fouettées dix jours plus tard. Parmi elles figurent des Soudanaises du sud semi-autonome, majoritairement chrétien ou animiste, où la charia (loi islamique) n’est pas en vigueur.

Des observateurs des ambassades de France, de Suède, du Canada et d’Espagne, des personnalités politiques et des dizaines de militantes féministes en pantalon et en jeans ont assisté à la première audience. A New York, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a fait part de sa “profonde préoccupation” et déclaré aux journalistes : “L’usage du fouet est contraires aux normes internationales. J’invite tous les protagonistes à respecter leurs devoirs conformément à l’ensemble des textes internationaux pertinents”.

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