La juge Geneviève Denisty avait à se prononcer sur le dossier d’un homme d’affaires. Les autorités régionales lui réclament le versement de primes octroyées en 1998 pour réhabiliter une maison bourgeoise à Ransart, près de Charleroi. L’intéressé n’aurait pas respecté l’obligation de résidence qui lui était imposée en échange de la prime et était invité à rembourser quelque 6 000 euros.
Le banquier et assureur avait été agressé une première fois en 2001 et sa BMW lui avait été volée. Retrouvé, le véhicule lui fut volé une deuxième fois après une intrusion d’hommes armés à son domicile.
En 2006, nouvelle agression : l’épouse et les enfants du banquier sont menacés par des individus armés. Il est, lui, emmené en pyjama et abandonné dans une zone industrielle alors que les agresseurs disparaissent avec sa Jaguar. Il décide alors de quitter Charleroi.
TRABANT, SURVÊTEMENT, MAISON DÉLABRÉE
Dans son jugement, Mme Denisty a estimé qu’il n’est « pas raisonnable » d’attirer l’attention « en affichant ostensiblement sa prospérité, ou une certaine prospérité, dans une région économiquement pauvre et sinistrée ».
Les violences commises ne seraient pas « imprévisibles et exceptionnelles », a estimé le tribunal. Il a donc rejeté l’idée que l’intéressé puisse invoquer la « force majeure » pour justifier son déménagement.
L’avocat de l’homme d’affaires s’est demandé, dans le journal Le Soir, s’il fallait « rouler en Trabant, se promener en survêtement et habiter une maison délabrée » pour être en sécurité à Charleroi. Il va interjeter appel.
Sur les sites des journaux flamands, l’affaire suscite de nombreux commentaires : des internautes y voient ce que l’un d’eux appelle la « maffiaïsation » de la Wallonie.
Contacté par Le Monde, le président du tribunal de première instance de Charleroi indiquait, mardi matin, que l’affaire ne susciterait aucun commentaire de sa part.