Malgré l’indignation de différentes associations, le caractère antisémite de l’agression n’a pas été retenu.
Cinq jeunes hommes comparaissent mardi et mercredi devant le tribunal correctionnel de Nanterre pour la violente séquestration en 2008, à Bagneux, d’un jeune du quartier dont ils auraient voulu se venger.
La victime, alors âgée de 19 ans, avait été attirée en fin de matinée dans l’appartement de l’un des mis en cause, cité Pablo-Picasso à Bagneux, pour s’expliquer sur un vol dont ses agresseurs présumés l’accusaient.
Menotté, frappé, le garçon avait également subi des sévices et des actes humiliants à caractère homophobe, avant d’être emmené dans le box d’un parking. Il avait ensuite été relâché en début de soirée et avait pu rentrer chez ses parents, le visage ensanglanté et marqué par les blessures.
La confession juive de la victime et des soupçons d’antisémitisme avaient déclenché l’indignation de plusieurs associations lorsque l’affaire avait été révélée. D’autant que les faits s’étaient déroulés à Bagneux, où Ilan Halimi avait été séquestré deux ans plus tôt.
Mais ni le parquet de Nanterre, ni la juge d’instruction n’ont finalement retenu cette circonstance aggravante. Le doute provoqué par les incertitudes de la victime sur les insultes proférées et les dénégations de ses agresseurs présumés avait profité à ces derniers.
Les faits qualifiés au départ “d’actes de torture et de barbarie”, et donc passibles de la cour d’assises, n’ont pas non plus été retenus lors du renvoi au tribunal correctionnel. Agés aujourd’hui de 21 à 26 ans, les cinq prévenus, dont deux sont toujours en détention provisoire, devront répondre de violences aggravées et de séquestration, à l’exception de l’un d’entre eux, qui comparaît pour complicité de séquestration. Un sixième mis en cause, mineur au moment des faits, a lui été renvoyé devant le tribunal pour enfants.
Cinq jeunes au tribunal pour un règlement de comptes qui dégénère
De Andréa BAMBINO (AFP) –
NANTERRE — Evoquant un règlement de comptes qui a “dérapé”, cinq jeunes hommes ont tenté de s’expliquer mardi devant le tribunal de Nanterre sur la violente séquestration à Bagneux (Hauts-de-Seine), en février 2008, d’une de leurs connaissances de quartier dont ils auraient voulu se venger.
Le procès, qui doit durer deux jours, a commencé mardi matin sans la victime, qui avait déposé plainte au lendemain des faits, mais qui n’a pas souhaité être présente à l’audience.
Cette absence, jugée “très regrettable” par les avocats de la défense et par la présidente de la 18e chambre correctionnelle, n’a pas aidé le tribunal à éclaircir les circonstances dans lesquelles était née l’expédition punitive. D’autant que les cinq prévenus sont restés assez flous et parfois contradictoires entre eux.
“C’est minable ce qu’on a fait (…) C’est minable cette histoire”, a fini par lâcher l’un des deux mis en cause encore détenus dans cette affaire, prénommé Seydou et âgé de 23 ans.
A les croire, c’est parce qu’ils soupçonnaient Matthieu, 19 ans, d’avoir dérobé deux barrettes de résine de cannabis à l’un d’entre eux qu’ils étaient allés le chercher chez lui, en fin de matinée, dans la cité Pablo-Picasso de Bagneux.
La séquestration avait réellement démarré au domicile de l’un des agresseurs présumés, qui vivait chez ses parents dans le même quartier. Une fois la mère partie au travail, les gifles, puis les coups de pied et de poing avaient commencé à pleuvoir sur le jeune homme, rendu fragile par des problèmes d’alcoolisme.
Parlant tour à tour d’un “coup de sang”, d’une “mauvaise plaisanterie”, ou admettant simplement avoir “dérapé”, les cinq prévenus, qui travaillaient pour la plupart au moment des faits malgré des scolarités difficiles, ont paru pour certains dépassés par la gravité des faits reprochés. Deux d’entre eux n’avaient pas de casier judiciaire avant l’affaire.
Menottée, la victime avait été forcée à boire de fortes doses de vodka et de whisky et avait subi plusieurs actes humiliants à caractère homophobe. Son calvaire avait duré environ cinq heures, dans l’appartement puis dans le box de parking d’un des prévenus.
Matthieu avait été relâché en début de soirée et avait pu rentrer chez ses parents, le visage ensanglanté et marqué par des insultes homophobes inscrites au tipex.
La présidente du tribunal et la procureure ont cherché à savoir si le jeune homme, dont le père est juif, mais qui lui-même ne se considère pas comme pratiquant dans une de ses auditions, avait pu essuyer des insultes antisémites.
Sur cet aspect, les prévenus ont nié en bloc, tandis que leurs avocats ont rappelé qu’aucun caractère antisémite n’avait finalement été retenu dans cette affaire, ni par le parquet de Nanterre ni par la juge d’instruction en charge du dossier.
Pendant la séquestration, certains mis en cause avaient pourtant fait référence à l’affaire du “gang des barbares”, qui s’était soldée au terme de trois semaines d’enlèvement par la mort d’Ilan Halimi, un jeune juif de 23 ans attiré lui aussi dans une cité de Bagneux, deux ans plus tôt.
“On a dit justement qu’on ne ferait pas comme Youssouf Fofana”, a expliqué l’un des prévenus, prénommé Kevin, et âgé de 23 ans.
Le procès se termine mercredi.
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De 6 mois à 4 ans pour les séquestreurs de Bagneux
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Cinq jeunes hommes poursuivis pour la violente séquestration d’une de leurs connaissances ont été condamnés mercredi à des peines allant de 6 mois à 4 ans de prison.
Les condamnations sont tombées dans l’affaire de la violente séquestration en février 2008 à Bagneux dans les Hauts-de-Seine. Cinq jeunes hommes poursuivis pour la séquestration d’une de leurs connaissances de quartier dont ils auraient voulu se venger, ont été condamnés mercredi à des peines allant de 6 mois à 4 ans de prison par le tribunal de Nanterre.
Les deux prévenus considérés comme les “leaders” du groupe, Karim et Seydou, ont écopé de la peine la plus lourde, soit 4 ans de prison et leur maintien en détention, pour “séquestration“ et “violences aggravées”. Deux autres jeunes hommes, Kevin et Julien, qui n’avaient pas de casier judiciaire et avaient été remis en liberté après 15 mois de détention provisoire, ont été condamnés à 3 ans de prison dont un avec sursis. Ils n’ont pas fait l’objet d’un mandat de dépôt à l’audience.
Six mois de prison ont enfin été prononcés contre le cinquième mis en cause, Stanislas, qui aura effectué neuf mois de détention provisoire dans cette affaire, avant d’être finalement poursuivi pour “complicité de séquestration“ mais pas pour “violences aggravées”. Le parquet de Nanterre avait requis entre 3 et 6 ans ans de prison.
(D’après agence
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