(Document Archives départementales).
L’acte d’accusation extrait du dossier de procédure.

Cet été, Olivier Goudeau, ouvre à nouveau les archives judiciaires du département. Aujourd’hui, deux infanticides qui se soldent par deux acquittements.

Vingt-neuf décembre 1879. A Clessé, près de Parthenay, Joséphine Croizé marche à vive allure sur un petit chemin de campagne, un paquet à la main. Légèrement courbée, la jeune femme de 20 ans longe les murs en tournant la tête de temps à autres. Elle pénètre dans le jardin privé des religieuses, suit le sentier et s’approche d’un puits où elle lance son paquet avant de s’enfuir.
Trois semaines plus tard, le 17 janvier, Clessé est sous le choc. Le cadavre d’un nourrisson vient d’être découvert dans le puits du jardin des sœurs. Le lendemain, à 14 h 45, une cohorte de gendarmes pénètre dans le petit village deux-sévrien, avec à leur tête Frédéric Bordier, juge d’instruction. Tous se dirigent vers la mairie où la dépouille de la petite victime a été placée. Avant même d’ouvrir l’instruction, le magistrat s’est fait sa petite idée. Depuis son arrivée dans le village, la rumeur publique s’est chargée de lui faciliter la tâche.
A Clessé, beaucoup connaissaient la grossesse de Joséphine Croizé, à commencer par sa mère. Le médecin chargé de l’autopsie constate que l’enfant est né à terme et vivant. Il note dans son rapport. « L’enfant a succombé à une asphyxie par strangulation. »

Deux acquittements en deux jours

Face au juge, l’accusée reconnaît rapidement les faits. Elle a bien accouché seule chez elle, le dimanche 28 décembre, pendant que ses parents étaient à la messe. « J’ai eu le malheur de prendre mon mouchoir, de le rouler et de serrer le cou de mon enfant jusqu’à ce qu’il cessa de crier. Puis je l’ai monté dans ma chambre. C’est le lendemain, lundi seulement que j’étais toute seule que j’ai porté l’enfant dans le puits des bonnes sœurs. » Le 9 juin 1880, Joséphine répond de son crime devant la cour d’assises. Touchés par le destin tragique de la jeune femme, les jurés la déclarent non coupable.
Terrible coïncidence, le lendemain c’est au tour de Virginie Husseau, de s’asseoir sur le banc des accusés. Comme Joséphine, la jeune femme de 23 ans est soupçonnée d’avoir assassiné son bébé, à son domicile, du côté de Sainte-Radegonde. Le médecin chargé de l’autopsie explique que la victime a eu le crâne brisé, probablement par plusieurs coups de sabots. L’accusée nie en bloc : « L’enfant a pu se faire mal en tombant, se défend-elle. Je ne lui ai point fait mal exprès. » Il faut croire que les jurés ont été convaincus par ses arguments. Elle est déclarée non coupable. Comme Joséphine, Viriginie ressort libre du tribunal.

La semaine prochaine : l’affaire Jean Poupard à Viennay en 1886

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