Enquête. Deux femmes vont être jugées par les assises de la Haute-Garonne pour homicide sur mineur.
Véronique Courjault vient d’être condamnée par la cour d’assises à huit ans de prison pour la mort de trois de ses bébés. A Toulouse, deux mères attendent de comparaître devant la juridiction criminelle. La première, aujourd’hui libre, a accouché chez elle d’un petit garçon de 3 kg mort par étouffement en mars 2004. Elle est accusée « d’homicide sur mineur ». La deuxième, toujours détenue, a perdu son fils âgé de 7 mois, victime de mauvais traitements. Elle est accusée de « coups et blessures ayant entraîné la mort sans intention de la donner ».
Déni de grossesse
Face aux médecins de garde, à la maternité Paul-de-Viguier, le 23 mars 2004, une femme qui souffre d’une importante hémorragie vaginale. Le premier diagnostic évoque un accouchement. Pourtant la patiente et son époux nient toute éventualité de grossesse.
Les policiers sont alertés et dans la maison du couple où ils débarquent au milieu de la nuit, ils découvrent beaucoup de linges souillés de sang et, dans le tambour de la machine à laver, un nouveau né sans vie…
Face à cette réalité, les enquêteurs de la brigade des mineurs de la sûreté et les magistrats vont se heurter au déni total de la mère de l’enfant. Si sur son lit d’hôpital, elle a reconnu et raconté son accouchement seule dans sa maison, elle refuse d’admettre sa grossesse. Son mari, professionnel de la santé, affirme lui aussi qu’il n’a rien vu… Les amis de ce couple « amoureux » confirment cette grossesse invisible… Pourtant d’anciens collègues de travail de la maman disent avoir remarqué ses rondeurs. Elle leur aurait même confirmé son état… Qui dit vrai ?
Placée en détention pendant six mois, la mère n’a pas évolué. Les experts psychiatres et psychologue s’accordent sur un déni de grossesse. En revanche, beaucoup s’interrogent sur le rôle du père. Aujourd’hui ce dentiste est poursuivi pour « non-assistance à personne en danger ». Un délit curieux, a minima. Comme si la justice, sans élément pour démontrer le rôle supposé de cet homme dans ce drame à huis clos, avait choisi de se contenter de l’accessoire. « La responsabilité du père est clairement contestée. Elle n’est pas sérieuse, prévient Me Marie Hélène Pibouleau, avocate du couple avec Me Simon Cohen. La responsabilité de la mère est également sujette à débat. Elle n’a pas réussi à prendre conscience de la réalité de son état, et donc de son bébé. Si dans sa tête elle n’est pas enceinte, dans son corps elle ne peut pas l’être. La justice doit le comprendre et l’admettre ». La date du procès n’est pas encore fixée.
La misère d’une fille mère
Quand son fils de 7 mois est mort à l’hôpital Purpan le 27 avril 2007, l’enquête a vite désigné cette mère célibataire, battue par son père et sa mère, trop tôt orpheline, placée à 13 ans, victime d’un viol collectif à 15 ans… parmi les suspects. Mise en examen, toujours incarcérée, elle hurle toujours son innocence du fond de sa cellule. Avant le drame, cette femme était très suivie : médecin, services sociaux et même la police. Personne n’avait rien remarqué chez l’enfant, né d’un père inconnu. L’enquête a écarté toute intervention d’un tiers. La mère est donc renvoyée devant les assises. Elle devrait être jugée à la rentrée
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