La Voix du Nord
Le tribunal correctionnel avait à juger, mardi un Arquois de 34 ans, impliqué dans une sordide affaire de séquestration. Parmi les faits qui lui sont reprochés, il nie les plus atroces.

Cette histoire aurait pu rester sous silence. C’est seulement dix-huit mois après les faits que la victime, un homme qui vit dans l’Audomarois, a parlé, alors qu’il était en garde à vue dans le cadre d’une autre affaire. Le lieutenant qui l’interrogeait en a profité pour éclaircir une rumeur selon laquelle il aurait été victime de violences. Il a fini par confirmer ces faits et décrit la nuit qu’il a passée dans le sous-sol de la maison d’un Arquois. En l’occurrence, un de ses compagnons de consommation d’héroïne.

La victime est arrivée trop tard à l’audience pour raconter les sévices. C’est la présidente du tribunal qui a rappelé les déclarations de l’homme. Il aurait été affaibli avec de l’alcool et des somnifères, aurait été ligoté, frappé avec un bâton clouté, aurait reçu des parpaings sur la tête, après qu’on lui a mis un casque. Il se serait réveillé avec des excréments d’animaux dans la bouche et aurait subi des violences sexuelles.

En garde à vue, le prévenu a admis simplement avoir menacé le jeune homme de sévices sexuels et l’avoir frappé à deux reprises avec le bâton clouté. À l’audience, rien de plus : «  On s’est expliqué dans le sous-sol. Je lui ai donné un coup de bâton à la tête et à la jambe, c’est tout. Après la soirée a continué. » Pourquoi ces violences ? À cause d’un comportement déplacé du prévenu devant sa concubine.

En outre, l’Arquois devait répondre d’escroquerie sur le père de sa victime, en récidive. Le père a indiqué, au cours de l’enquête, que le prévenu lui avait assuré que son fils avait volé la carte bancaire de sa concubine et dérobé 700 euros. Argument du prévenu : «  Il me devait de l’argent.

» «  Pourtant, on dit que vous aviez tendance à le racketter », lance la présidente. «  C’est faux . »
À un pas des assises

Un certain nombre d’éléments laissent planer le doute sur les dénégations du prévenu. Notamment sur la durée de la séquestration. Lui parle de deux heures maximum passées au sous-sol. Les témoignages de sa concubine et d’un proche évoquent un temps plus long : «  Ils disent que le deuxième jour où il était chez vous, vous l’avez gardé dans le sous-sol du soir au lendemain midi ». Réponse : «  Je ne l’ai pas empêché de partir ». Dans l’entourage du prévenu, on le décrit pourtant comme «  fou, violent, qu’il ne faut pas s’y frotter ».

Autre point sombre : la victime présentait des traces physiques plusieurs mois après les faits décrits. Et encore, cette fameuse rumeur… « V ous vous seriez plus ou moins vanté. Certains parlent même d’un viol. » Pour Me Croenen, «  le prévenu reconnaît juste ce qu’il faut pour ne pas être aux assises. La victime n’a pas porté plainte par vengeance. Il n’y aurait rien eu si le lieutenant ne l’avait pas poussé à parler ». Est-ce une preuve pour autant ? Pour Me Richez, non.« Doit-on condamner un homme sur la base d’une rumeur ?

» Il fait remarquer qu’en dix-huit mois, il a pu se passer beaucoup de choses pour la victime sans lien avec son client.

Le procureur a requis cinq ans de prison ferme et un mandat de dépôt. «  Personne ne peut mériter ce que cet homme a subi. » Il a souligné la constance des déclarations de la victime et l’importance des mots de la concubine du prévenu qui a assuré que le jeune homme n’avait pas quitté la maison dans un état physique normal. «  Il a été réduit à l’état de bête. » Pour lui la culpabilité de l’homme, dans le box, est réelle. Le délibéré sera rendu mardi. • GW. L.

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