Le procès de Christian Bîmes, 62 ans, ex-président de la fédération française de tennis (FFT), s’ouvre ce mercredi à 9 heures devant le tribunal correctionnel de Paris. Cet emblématique dirigeant sportif, qui a passé quinze ans à la tête de la FFT (1993-2008), comparaît pour «prise illégale d’intérêts» et «abus de confiance».
Deux autres personnes sont jugées à ses côtés : Caroline Bîmes, son épouse l’épouse âgée de 35 ans, et Jacques Dupré, 66 ans, ancien secrétaire général de la FFT, deuxième fédération sportive derrière celle du football.Cette affaire a débuté avec la plainte déposée par six licenciés de la FFT en décembre 2004. A l’époque, le président Bîmes a déjà déclaré sa candidature à sa propre succession pour les élections programmées en février 2005. La longue instruction, conduite par la juge du pôle financier Xavière Simeoni, a conduit au renvoi devant le tribunal correctionnel de Christian Bîmes, le 22 août 2008. Voici ce qui est reproché à l’ex-patron du tennis français.
Prise illégale d’intérêts. La justice soupçonne Christian Bîmes d’avoir entretenu la «confusion des genres» dans certaines de ses activités. De 2005 à 2007, le président de la FFT a négocié et cédé les droits de retransmission télé du tournoi de Roland-Garros à Eurosport, pour un montant inférieur de moitié à ce que cette filliale de TF1 payait dans le précédent contrat. Problème : Christian Bîmes était, à l’époque, numéro 3 de TF1. Dans le même esprit, le patron de la FFT a participé, entre 2001 et 2004, à la conclusion de conventions avec deux sociétés fournissant des prestations d’accueil et des hôtesses, notamment pour Roland-Garros. Nouveau problème : son épouse, Caroline, était salariée de ces entreprises retenues par la FFT. «M. Bîmes était très intéressé pour le choix des agences d’hôtesses, pour un tas de raisons qui lui étaient personnelles», a indiqué pendant l’enquête un ex-directeur de Roland Garros. Christian Bîmes conteste l’ensemble de ces faits. «La FFT n’a subi aucun préjudice financier et M. Bîmes ne s’est pas enrichi», précise Me Témime, avocat du prévenu.
Abus de confiance. Le président Bîmes aurait bénéficié de nombreux avantages indus. D’octobre 2001 à décembre 2003, il a ainsi perçu 155 000 € d’indemnités journalières. Cette aide au logement, certes autorisée par la FFT, repose, selon la juge, sur une «domiciliation fictive» de Christian Bîmes. Ce dernier aurait affirmé que sa résidence principale était à Saint-Tropez (Var), alors qu’il vivait depuis 1996 à Paris où se situe le siège de la FFT. Toujours selon l’instruction, la FFT a pris en charge une vingtaine de billets d’avions (8 750 €) ainsi que des frais d’hôtellerie (8 318 €) pour Christian Bîmes et son entourage. Par ailleurs, le président, qui bénéficiait de la mise à disposition gratuite de deux voitures par des sponsors, s’est fait rembourser entre 2002 et 2004 pour 8 890 € de frais kilomètriques sans pouvoir les justifier clairement. Reste l’affaire des pourboires. Chaque mois, les chauffeurs successifs du président lui remettaient environ 150 € en liquide, argent qui servait à «compenser» les pouboires distribués par le patron de la FFT lors de ses déjeuners. Un procédé «mesquin» et «opaque» selon la juge en notant à nouveau l’absence de justificatifs et l’impossibilité de prouver à quoi ont servi ces espèces. Face à ces soupçons, Me Temime est formel : «Il n’y a eu aucun détournement, cette affaire est une baudruche.»
Selon la juge Simeoni, les pratiques répétées de l’ex-président consacrent un «parti pris de tirer délibérément profit des fonds associatifs en entretenant une confusion permanente entre dépenses de la sphère personnelle et celles de la sphère professionnelle.» Défendant son honnêteté, Christian Bîmes estime qu’il était «président 365 jours par par an». Son procès et celui de ces co-prévenus s’achèvera le 17 juin.