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Par Luc Verdier-Korbel | cinéaste | 18/05/2009 | 10H16

Chaque jour, Rue89 et l’Association du cinéma indépendant pour sa diffusion (Acid) vous présentent un des films de la programmation de l’Acid à Cannes, le « off » du festival. Deux places sont à gagner chaque jour pour assister aux projections. (Voir au pied de l’article)



Nous restons stupéfaits lorsque nous découvrons de tels documents. Cet homme à la caméra nous donne à voir et à entendre, dans ce huis clos, une radiographie de ce qu’est aujourd’hui, en Grèce, une justice expéditive dans laquelle se débattent plaignants et coupables présumés.

Themis dessine des traces de vies qui se superposent les unes aux autres et s’inscrivent dans cette longue histoire de rendre justice. Parce qu’ils ont déjà été là, certains des personnages, que nous découvrons dans ce tribunal, semblent presque enjoués et malgré leur goût immodéré de la procédure ils perdent pied mais rien ne semble vraiment grave.

Cependant, ils doivent composer avec la rapidité avec laquelle chaque cas est traité par des professionnels inébranlables qui pressent le pas, tout en restant immobiles, derrière leurs feuilles de papier blanc qui leur servent de chambre de délibération. Nous restons alors sans voix devant les encoignures de l’âme humaine et les recoins de la vie civique du pays.

D’une certaine manière, le film est un petit précis de décomposition. Et nous nous demandons alors si ce mouvement est irréversible ? S’agit-il de la justice qui nous attend tous ?

Avec une économie de filmage élémentaire, sans effet de mise en scène, le cinéaste nous fait découvrir toute la rectitude séculaire de l’ordre qu’incarne la justice qui ne transige avec presque rien ni personne et son propre processus de déconstruction dont nous sommes désormais les observateurs. C’est tout le mérite de ce film de parvenir à faire cette distinction.

Themis Grèce 2008 – Réalisation et scénario : Marco Gastine.

Pour gagner 2×2 places pour les projections à 20 heures au cinéma Les Arcades du 14 au 22 mai 2009, téléphonez entre 10 heures et 13 heures au 04 93 99 68 42.

En partenariat avec :

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A partir du samedi 4 avril 2009 à 16h55, la collection documentaire Verdict s’intéresse à des affaires criminelles françaises peu médiatisées ; des histoires comme il s’en juge tous les jours par dizaines dans les cours d’assises…

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En plaçant le téléspectateur au cœur de la cour et en le rendant juré de fait du procès, chaque film lui permet de se faire progressivement son opinion sur l’innocence ou la culpabilité de l’accusé, mais aussi de saisir la difficulté des juges à prononcer un verdict.

Programmation :

L’affaire Laude-Sansuc Samedi 4 avril à 16h55 Mardi 14 avril à 21h40

L’affaire Brémand Boulvais Samedi 11 avril à 16h55 Mardi 21 avril à 21h40

L’affaire Lancel Samedi 18 avril à 16h55 Mardi 28 avril à 21h40

L’affaire Corne Samedi 25 avril à 16h55 Mardi 5 mai à 21h40

L’affaire Peillon Samedi 2 mai à 16h55 Mardi 12 mai à 21h40

L’affaire Parra Samedi 9 mai à 16h55 Mardi 19 mai à 21h40

L’affaire Boutolleau Samedi 16 mai à 16h55 Mardi 26 mai à 21h40

L’affaire Corrèges Samedi 23 mai à 16h55 Mardi 2 juin à 21h40

L’affaire Berst Samedi 30 mai à 16h55 Mardi 9 juin à 21h40.


Documentaire / 52 / FRANCE 2008
Réalisateur(s) : Marc Maouad et Roland Sicsic.
INEDIT
Plus de soixante ans après les faits, le doute plane encore sur l’affaire Mis et Thiennot. Graciés en 1954 par le président René Coty, les deux hommes ont depuis réclamé cinq révisions de leur procès… à chaque fois rejetées. Accompagnés d’experts, Me Collard réexamine l’enquête et l’instruction.

Le 31 décembre 1946, le corps du garde-chasse Lucien Boistard est retrouvé dans un étang de Mézières-en-Brenne, dans l’Indre. Les soupçons se portent rapidement sur Raymond Mis et Gabriel Thiennot. Au cours de leur garde à vue, les jeunes gens vont avouer le meurtre, avant de se rétracter devant le juge d’instruction et de clamer leur innocence. Ils sont condamnés à 15 ans de travaux forcés. Le 22 juillet 1954, les deux hommes sont graciés par le président René Coty. Libres, mais pas innocentés, Mis et Thiennot engagent alors une véritable bataille contre les tribunaux, réclamant la révision du procès. Au total, ils feront cinq demandes, qui échoueront, faute d’éléments nouveaux.

COUPABLE HIER, COUPABLE AUJOURD\’HUI ?
Rediffusions :

* Dimanche 15 Mars 2009 – 14h00
* Jeudi 19 Mars 2009 – 17h25
* Samedi 21 Mars 2009 – 16h20
* Mardi 24 Mars 2009 – 17h05
* Lundi 30 Mars 2009 – 17h05
* Jeudi 02 Avril 2009 – 00h35

France 2
Cette semaine, France 2 diffuse en feuilleton un procès d’assises, qui se tient à Lyon, dans son journal de 13 heures. : France 2
La loi l’interdit, mais les exceptions sont de plus en plus nombreuses. Cette semaine,France 2 diffuse un reportage sur un procès d’assises tourné à Lyon.
Le déballage des pièces à conviction, le témoignage de la famille de la victime, la réunion des jurés juste avant le délibéré, l’accusé dans son « sas d’attente », poignets menottés… Habituellement, il n’est pas possible de voir ou d’entendre toutes ces étapes d’un procès d’assises. Depuis l’affaire Dominici, une loi de 1954 interdit les enregistrements audiovisuels, afin de préserver la sérénité des débats. La loi Badinter de 1985 a assoupli le principe en les autorisant pour les procès qui présentent un intérêt historique – comme celui de Maurice Papon, ou, actuellement, celui d’AZF à Toulouse.

Une approche pédagogique

Benoît Gadrey, correspondant pour France 2 à Lyon, a pourtant obtenu le droit de filmer, jusqu’au verdict, le procès de Jean-Marie Garcia, jugé pour meurtre en janvier. Cette semaine, la chaîne diffuse ce reportage en feuilleton dans son journal de 13 heures. Un cas de moins en moins isolé. De la série documentaire télévisée, Justice en France, de Daniel Karlin, diffusée au début des années 90, au film de Raymond Depardon, 10e chambre, des caméras se faufilent de plus en plus souvent dans les prétoires.

Justice spectacle

Les autorisations sont laissées à la discrétion des présidents de cour ou tribunal, sans forcément requérir l’aval de la Chancellerie. « Le président de la cour d’assises de Rhône-Alpes et le procureur m’ont dit oui très rapidement, témoigne Benoît Gadrey. À condition que j’obtienne l’accord de toutes les parties. Mon approche, volontairement pédagogique, a dû leur plaire. Ils n’ont même pas demandé à voir le résultat. »

Selon un sondage Ifop de mai 2008, commandé par le Conseil supérieur de la magistrature, 37 % des Français ne font « pas confiance » à la justice. Le CSM a suggéré, dans la foulée, un accès plus ouvert des micros et caméras aux salles d’audience, pour familiariser le public avec les rouages du système judiciaire. Mais pas à n’importe quelles conditions. Une commission, menée par la première présidente de la cour d’appel d’Angers, Élisabeth Linden, avait préconisé, en 2005, d’attendre le jugement définitif avant de diffuser et de proscrire les gros plans.

Le rapport est resté lettre morte. Aucun projet de loi n’est à l’ordre du jour, même si les demandes se font de plus en plus pressantes. Le ministère se contente de tolérer les libertés prises ponctuellement avec la loi, au nom de la « transparence de la justice ». « La seule limite reste l’enregistrement des délibérés en assises. Cela pourrait vraiment fausser le jugement des jurés », précise le porte-parole, Didier Guillaume.

Toutefois, avocats et magistrats ne crient pas tous de joie face à l’intrusion des caméras. « Nous restons assez réservés, témoigne Henri Ody, secrétaire national de l’Union syndicale des magistrats et président de chambre à la cour d’appel de Caen. Nous ne voulons pas d’une justice spectacle comme cela peut se voir aux États-Unis. Il ne faudrait pas non plus ne montrer que des bouts de procès, afin de respecter l’équilibre des parties. » En somme, pas d’extrait quotidien dans le journal télévisé, mais peut-être plus de documentaires…

Florence LE MÉHAUTÉ.

La cour d’appel d’Amiens a condamné mercredi à 2.500 euros d’amende un journaliste reporter d’images (JRI) de France 3 Nord-Pas-de-Calais/Picardie qui avait filmé en 2004 des jurés de la cour d’assises de la Somme délibérant à huis clos, a-t-on appris jeudi auprès de son avocat.

Le parquet, ainsi que la jurée qui s’était constituée partie civile, avaient fait appel du jugement en première instance du 27 mai 2008, par lequel le journaliste Mustapha Nezzari avait été relaxé.

Ce dernier avait réalisé des prises de vue en décembre 2004 de la délibération du jury dans un procès en appel à Amiens qui avait confirmé l’acquittement en première instance par la cour d’assises de l’Oise de deux jeunes gens poursuivis pour des coups ayant entraîné la mort d’un motard.

Diffusées au cours d’un journal régional, les images avaient été filmées dans le reflet d’une vitre d’un immeuble situé en face du palais de justice, provoquant la plainte de deux des jurés pour atteinte à la vie privée.

La cour d’appel a condamné à 2.500 euros d’amende le journaliste Mustapha Nezzari, et à 3.000 euros d’amende le directeur de la publication de l’époque et président de France-Télévisions Marc Tessier, ainsi que le rédacteur en chef régional.

En outre, “toutes ces personnes sont condamnées à payer 4.000 euros de dommages et intérêts à la jurée qui s’est reconnue”, a précisé l’avocat du journaliste, Me Christophe Bigot.

“Le texte utilisé par le parquet est un texte destiné à protéger la vie privée”, selon Me Bigot, qui s’interroge: “Je ne vois pas comment une personne qui participe à une fonction juridictionnelle peut se trouver en même temps dans le cadre de sa vie privée”.

“M. Nezzari a fait un pourvoi en cassation”, a ajouté l’avocat. Le journaliste a toujours soutenu par ailleurs qu’il avait décidé de ne pas exploiter les images permettant d’identifier les jurés mais qu’elles avaient été utilisées ultérieurement à son insu.