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Le lundi 16 novembre en première partie de soirée, Canal+ proposera à ses abonnés un documentaire inédit, Justice sous tutelle. Un film de Thierry de Lestrade et Brigitte Vital-Durand.

Srlon Christine Cauquelin, directrice des documentaires de Caanl, le documentariste Thierry de Lestrade s’est intéressé à l’état de la justice en France. “Une justice dont la représentation est pleine de paradoxes puisqu’on la dit “trop lente et trop expéditive“, “sans moyen et coûteuse“, “débordée et nonchalante“, “implacable et laxiste“, “souveraine et dépendante“. Le malaise de l’institution n’est pas nouveau. Chaque garde des Sceaux, chaque ministre de la Justice envisage sa réforme, l’affaire d ’Outreau ayant été l’expression paroxystique de ce malaise, créant une rupture profonde entre les Français et leur justice. Trois ans après, les choses ont-elles changé ? Thierry de Lestrade nous plonge au coeur d ’une machine judiciaire en pleine ébullition dont il révèle les zones de tension”.

Ce documentaire est le portrait d’une justice en déroute, dressé par ceux qui la rendent. De l’auditeur de justice, encore à l’école, au président de chambre en passant par le représentant du parquet ou le juge d ’instruction – menacé de disparition –, cette mosaïque de destins dessine, de l’intérieur, le vrai visage de la justice en France.

Mais le malaise est encore plus profond : une double tutelle pèse sur les 8 000 magistrats de France, qui immobilise durablement la justice. Tutelle qui relie les procureurs à la chancellerie par un cordon ombilical institutionnel, avec les célèbres “affaires signalées“. Et, plus insidieuse, la tutelle s’imposant à tous, d ’une hiérarchie ancestrale, inamovible, qui mesure et sanctionne, avec notes et appréciations, le moindre de leurs gestes. Car rien n’est égalitaire dans le monde de la justice, l’organisation est ainsi faite que l’on a envie de monter.

Double culture de la soumission et de l’avancement qui pèse, use et tire l’idéal de justice vers le plan de carrière. Les magistrats se débattent sous les pressions et revendiquent malgré tout leur indépendance. L’un d ’entre eux a claqué la porte. Il ne supportait plus l’arrogance, la soumission, l’indifférence. Les autres ont gardé leur robe : dans le secret de leur cabinet, ou en train de rendre la justice, ils montrent leurs blessures et leurs obligations. Parfois, lors d’une fête syndicale, rare espace de liberté, ils s’amusent d ’eux-mêmes. Ce film est un portrait sans concession de tout un système.

Quelques chiffres :

• Le Conseil de l’Europe attribue à la France la 35e place sur 45 pays membres, selon la part du produit intérieur brut (PIB) octroyée à la justice.

• Avec 6,6 milliards d ’euros en 2009, l’État français consacre 0,8 % de son budget à la justice ; l’Allemagne, deux fois plus.

• La France débourse 53 euros par habitant et par an pour la justice ; l ’Allemagne, 102 euros ; la Grande- Bretagne, 80,5 euros ; l’Italie, 68,1 euros.

• La France est 35e sur 47 si on compare le nombre de magistrats pour 100 000 habitants. Et 38e sur 41 pour le nombre de greffiers par juge.

• Avec 8 140 magistrats, la France compte 12 magistrats pour 100 000 habitants. Pour l’Allemagne, c’est le double, avec 23 000 magistrats.

• Avec 255 condamnations par la CDEH pour violation de l’article 6 de la Convention européenne des droits de l ’homme, sur le respect du “délai raisonnable” de jugement, la France est à l’avant-dernière place sur 45 pays. C’est l’Italie la dernière.

• 82 000 peines de prison ferme n’étaient pas exécutées en 2009.

• Un juge du siège rend en moyenne sur l’année 447 décisions civiles ou 221 décisions correctionnelles.

• Un juge de l’application des peines suit 113 condamnés détenus et 351 personnes en milieu ouvert.

• Un juge d ’instruction a dans son cabinet 94 affaires en cours, il reçoit 54 affaires nouvelles par an.

• Le délai de traitement des affaires est de 7 mois devant la cour d’appel de Bourges. 12,8 mois pour la cour d ’appel d’Agen. 17 mois devant la cour d’appel de Paris. 20 mois devant la cour d’appel d ’Aix-en-Provence.

• Le tribunal de Limoges est en état de cessation de paiement, depuis le 10 juillet 2009.

• La cour d ‘appel de Versailles avait épuisé depuis le 28 mai 2009 les crédits annuels lui permettant d ‘honorer les frais de justice.

• Dans le ressort de la cour d’appel de Caen, il a été demandé aux présidents de moins solliciter les juges de proximité, faute de pouvoir les rétribuer, les budgets dédiés étant quasiment épuisés fin juin.

Crédit photo © MAHA PRODUCTIONS / Capture vidéo

Prise directe, le nouveau grand rendez-vous mensuel de Béatrice Schönberg. Une émission en prise avec la société. Une émission, en direct de lieux emblématiques, sur les sujets qui font la Une et passionnent les Français. Reportages, débats, révélations, polémique… L’Evénement, un mardi par mois, sur France 2.

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53 euros par an, c’est ce que dépensent les Français pour leur justice. Moins que les Moldaves et les Roumains. Elle est au trente-cinquième rang des pays européens. Ses records en matière de lenteur lui ont valu de se faire régulièrement condamner par la Cour européenne de Justice. Les Français sont sévères à l’égard de leur justice : 40 % d’entre eux se disent de plus en plus méfiants vis-à-vis d’une institution qu’ils jugent archaïque et injuste.
De quoi la justice souffre-t-elle ? Experts contestés, peines non exécutées, procédures obsolètes, erreurs judiciaires… Alors qu’une nouvelle réforme est engagée, enquête sur une institution dépassée.

– Erreurs judiciaires : les experts en cause

On les a portés aux nues, la télévision en a fait des héros et pourtant, les exemples ne manquent pas où les travaux des experts ont conduit à des erreurs judiciaires. Comme Pascal, accablé par une expertise dans une affaire de viol, avant d’être finalement innocenté. Comment les experts fabriquent-ils des coupables ? Francine, fausse experte mais vraie chauffeur de taxi, a pratiqué plus de cinq ans avant d’être démasquée… “Quand on paye des experts au tarif de femme de ménage, on a des expertises de femme de ménage !” disait l’un des experts d’Outreau. Comment sont-ils formés, qui les choisit, quel est leur rôle et leur réel pouvoir ?

– Justiciables au bord de la crise de nerf

douze ans pour un divorce, trente-sept ans pour une liquidation d’entreprise, des procédures pesantes, une informatique dépassée, des moyens insuffisants… Au tribunal d’Aix-en-Provence, la lenteur de la justice est chronique. Cela a même valu à la France plusieurs condamnations de la Cour européenne des Droits de l’Homme pour dépassement des “délais raisonnables” de l’instruction. La présidente se bat pour faire fonctionner son tribunal mais les procédures n’en finissent pas et les sanctions arrivent trop tard. Résultat : des victimes en mal de réparation et une justice qui perd son sens. Immersion dans le quotidien d’un Tribunal de grande instance au bord de la crise de nerfs.


– Des condamnés en liberté

C’est l’un des scandales du système français : 80 000 condamnés à de la prison ferme sont en liberté. Igor, toujours pas incarcéré, trois ans après sa condamnation pour trafic de fausse monnaie, espère échapper à sa peine. Corinne, elle, a vécu vingt ans à 100 km de son violeur, un homme condamné par défaut à quinze ans, recherché en vain par la police. Sentiment d’impunité des coupables, incompréhension des victimes, pourquoi les peines prononcées ne sont-elles pas appliquées ? Qui faut-il incriminer ? Entre une justice incapable de faire appliquer ses décisions et des condamnés qui savent habilement jouer des failles d’un système, comment fonctionne l’exécution des peines en France ?

lexpress.fr

TOUS LES JOURS, TOUTE L’INFO

A la télé ce soir

Par Marion Festraëts, publié le 06/10/2009 07:00

C’est un peu l’équivalent des contes que l’on chuchotait autrefois à la veillée, histoires d’ogres et de monstres horrifiantes jusqu’à l’extase. L’écran plat a remplacé l’âtre de la cheminée, et c’est la télévision qui distille désormais ces faits divers où l’effroi le dispute au soulagement de se trouver au chaud sur son canapé plutôt que couché dans un tiroir de la morgue. Coupable, non coupable, présenté par l’étoile montante des infos sur M6, Nathalie Renoux, propose de relater un fait divers en suivant le procès du coupable présumé. Une voix off théâtrale comme il se doit retrace le fil de l’enquête pour inviter le spectateur à un jeu dangereux : se mettre dans la peau des jurés. Plus en amont des faits, la série Les 5 Sens de la police judiciaire, de la journaliste de Libération Patricia Tourancheau, plonge dans les arcanes de la police scientifique pour détailler à travers l’ouïe, la vue, le toucher, l’odorat et le goût les méthodes d’investigation de nos experts made in France, en exhumant quelques affaires emblématiques du demi-siècle écoulé. Passionnant. Tout comme les “confidences” des chroniqueurs judiciaires, juges d’instruction, médecins légistes et grands flics recueillies par Planète Justice pour une série documentaire où l’on pénètre au coeur du travail et des états d’âme des uns et des autres, parfois marqués à vie par leur métier au contact du crime.

Confidences, le mardi à partir du 6 octobre, 20h40 sur Planète Justice. NOTE: PAS MAL.

Les 5 sens de la police judiciaire, le mercredi à partir du 7 octobre, 22h35 sur 13e rue. NOTE: BON.

Coupable, non coupable. “L’affaire du berger de Castellar”, mercredi 7 octobre, 23h05 sur M6. NOTE: PAS MAL.

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Documentaire – Comprendre le métier de chroniqueur judiciaire

le mardi 6 octobre 2009 à 04:00

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Il y a des larmes qui ne s’oublient pas, des regards qui glacent le sang et des images insoutenables. Mais aussi, quelquefois, des éclats de rire, francs et complices, qui sont comme une fenêtre pour s’évader de l’horreur. « Nous sommes des yeux, nous regardons et nous écoutons. »

Ce « nous » qualifie les signatures de chroniqueurs judiciaires bien connus. Des journalistes qui se confient devant les caméras de Planète Justice, sur la manière dont ils exercent ce métier peu commun.

Pour amorcer sa deuxième saison, la collection Confidences de… est allée à la rencontre d’Isabelle Horlans (de France-Soir), Stéphane Durant-Soufflant (du Figaro), Dominique Simonnot (du Canard enchaîné), Michel Mary (du Nouveau Détective), Pascale Robert-Diard (du Monde) et de Paul Lefèvre (d’Antenne 2 à W9). Tous s’attachent à restituer l’ambiance des grands procès.

Car, si les micros et les caméras ne sont pas autorisés à pénétrer dans le prétoire, les blocs-notes y ont droit de cité. « Nous avons une place réservée dans chaque salle d’audience, renseignent-ils. Nous n’y sommes d’ailleurs pas très confortablement installés. »

Une posture « tendue » qui peut conduire « au lumbago et à la sciatique ». Ce qui est marquant, dans cette série de documentaires, ce sont justement ces récits truculents qui se succèdent, entre légèreté et gravité.

« Emotion en pleine figure »

« Ce métier, c’est se prendre des émotions en pleine figure et les retranscrire le mieux possible », s’accordent à dire les principaux intéressés.

Davantage confrères que concurrents, les journalistes avouent confronter leurs articles, tenter d’éviter « la pensée unique », et vivre certains procès dans une ambiance de « colonie de vacances ».

Au fil des trois semaines que peuvent durer les audiences, « nous prenons des kilos ensemble », sourit l’un d’eux. Et quand tout s’arrête, quand le verdict est rendu ? « Nous ressentons le blues. On se dit que c’est la fin d’une histoire. »

Evidemment, face à des crimes odieux, il peut être difficile de garder la distance nécessaire. « Il m’est arrivé de m’écrouler, se souvient Isabelle Horlans. Le procès Van Geloven a été un tel plongeon dans l’horreur… Je ne pouvais pas le regarder dans les yeux. »

Métier « qui ne laisse pas indifférent », chroniqueur est aussi une passion. Tous « s’y accrochent » et avouent ne pas penser à l’usure. Ces témoins du fonctionnement, bon ou mauvais, de la machine judiciaire sont terriblement humains.

Confidences de…, ce soir à 20 h 40 sur Planète Justice (câble et satellite). Les trois autres volets sont à découvrir les mardi 13, 20 et 27 octobre.


La collection

Réalisée par Sandrine Briclot (chroniqueuse judiciaire à France-Soir), Marie Capron et Marion Garnier, la collection Confidences de… s’est ouverte en novembre 2008, avec la diffusion d’un remarquable documentaire recueillant les témoignages de vingt ténors du barreau.

Pour sa deuxième saison, Planète Justice propose de découvrir, chaque mardi d’octobre, les souvenirs professionnels et intimes de barons de la police, de juges d’instruction et de médecins légistes. Une occasion inédite de percer les arcanes et les secrets de ces métiers auréolés de mystère.

Edition France Soir du mardi 6 octobre 2009 page 24

Chaque année, environ 3 000 procès d’assises se déroulent en France. À chaque fois, le destin de l’accusé est entre les mains de 3 juges et 9 jurés, hommes et femmes, qui jugent en leur âme et conscience.

Pour mieux comprendre comment le destin d’un homme se joue à l’occasion de son procès, « Coupable Non Coupable » suivra le déroulement des audiences sur plusieurs jours, en livrant aux téléspectateurs tous les éléments du dossier, comme cela se passe dans le prétoire.

L’objectif est de se placer dans la peau d’un des 9 jurés pour se forger son intime conviction.

Contact presse
Cindy de Oliveira
E-mail : cindy.deoliveira@m6.fr
Tél : 01 41 92 66 24

AFP

Relaxé en première instance, le rédacteur en chef de France 3 Corse, poursuivi pour avoir autorisé la diffusion d’images prises au prononcé du verdict au procès d’Yvan Colonna, sera fixé sur son sort en appel le 1er octobre.

Tout comme en première instance, le ministère public a requis une amende de 2.000 euros à l’encontre de Charles Frigara.

En décembre 2007, un journaliste de France 3 Corse avait filmé des images tournées par les services techniques du palais de justice de Paris et diffusées dans la salle de presse, montrant le président de la cour d’assises spéciale, Dominique Coujard, au prononcé de la condamnation à perpétuité d’Yvan Colonna pour l’assassinat du préfet Claude Erignac.

La séquence, d’une durée de 37 secondes, avait été diffusée le soir du verdict, le 13 décembre, au journal régional de France 3 Corse de 22H40 puis le lendemain à 19H00.

Le 18 décembre 2008, le tribunal correctionnel de Paris avait relaxé le prévenu, estimant que “la diffusion des images ne pouvait troubler la sérénité des débats qui étaient terminés, ni faire pression sur les témoins, ni avoir une influence quelconque sur l’issue du procès, le verdict étant en outre toujours rendu publiquement”.

Jeudi, devant la chambre 2-7 de la cour d’appel de Paris, M. Frigara a une nouvelle fois assumé la responsabilité de ces images.

Son avocat, Me Camille Romani, a plaidé que de telles images, illustrant la “sérénité de la justice”, avaient un “véritable but pédagogique” vis-à-vis des jeunes. La loi qui interdit l’enregistrement de son ou d’image dans un prétoire est “dépassée”, a-t-il martelé estimant ainsi que “quand une loi n’est plus adaptée, elle ne doit plus être appliquée”.

Dans un rapport rendu public l’automne dernier, le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) avait suggéré de permettre aux médias audiovisuels d’accéder aux salles d’audience, partant du constat d’un “déficit de confiance” des Français envers la justice.

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Dix semaines d’audience, 400 journalistes accrédités, des débats retransmis par vidéo-projection, le procès Fourniret, au printemps 2008, a été ultra-médiatisé. Pourtant, parmi les acteurs réunis à la cour d’assises de Charleville-Mézières pour juger Fourniret, poursuivi pour le meurtre de sept jeunes femmes, « il y avait des protagonistes que personne ne voulait écouter : les avocats de la défense », estime le documentariste Olivier Meyrou. C’est pour « faire un film sur cet espace de la défense qui, contrairement à celui des victimes, est peu évoqué dans la presse », qu’Olivier Meyrou a tourné L’Avocat du diable. Le documentaire donne la parole aux avocats commis d’office de Fourniret et de sa compagne Monique Olivier. « Les journalistes n’ont pas toujours la distance nécessaire, poursuit Olivier Meyrou. L’accélération médiatique rend impossible, au coeur de l’émotion d’un procès, de parler de ceux qui défendent l’indéfendable ». C’est chose faite. W

Alice Coffin

Ce soir sur France 3, à 23 h

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Défendre l’indéfendable

Stéphane Durand-Souffland
22/06/2009 | Mise à jour : 11:06
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Me Pierre Blocquaux était le défenseur de Michel Fourniret lors de son procès devant la cour d'assises de Charleville-Mézières, en 2008.
Me Pierre Blocquaux était le défenseur de Michel Fourniret lors de son procès devant la cour d’assises de Charleville-Mézières, en 2008. Crédits photo : Hold up Films

«L’avocat du diable» – Olivier Meyrou a filmé les avocats du couple Fourniret pendant son procès.

Mars 2008. Il pleut sur Charleville-Mézières. La foule assiège le palais de justice où Michel Fourniret et Monique Olivier vont comparaître pendant trente-cinq jours, accusés d’une série de crimes abominables. Un des grands plaideurs du XXe siècle, Me Moro-Giafferi, avait eu cette saillie, rappelée en exergue de L’avocat du diable par une des figures actuelles du barreau, Paul Lombard : « L’opinion publique ? Chassez-la, cette intruse, cette prostituée qui tire le juge par la manche ! »

Olivier Meyrou a suivi tout au long du procès de Charleville, cadrés serrés, les conseils du couple Fourniret. Me Pierre Blocquaux assiste le mari, son confrère Richard Delgenès, l’épouse. Le premier connaît d’avance la peine – perpétuité réelle – qui frappera son odieux client. Le second caresse l’espoir d’arracher au jury, au profit de Monique Olivier, une once de clémence. Il sauvera deux ans de sûreté sur les trente requises.

Une solitude abyssale

La caméra nous entraîne dans l’abyssale solitude des avocats happés par l’horreur du dossier et la difficulté de la tâche. Quand on défend les Fourniret, on opère en apnée, dans la pénombre. À un moment, la sœur de Me Blocquaux, elle aussi avocate, lui demande : « Tu en as marre ? » Lui : « Oui, assez puissamment. » On le voit en président du club de basket local, perdu dans ses pensées en plein match. On découvre Me Delgenès tellement absorbé par la préparation de sa plaidoirie qu’il n’entend pas ses enfants.

Olivier Meyrou restitue, à travers les affres de ses deux protagonistes, le climat particulier de ces très grands procès d’assises qui avalent la vie alentour comme des trous noirs dévoreurs de galaxies. Il rend aussi justice aux avocats dont le rôle est souvent mal compris quand ils défendent ceux que l’opinion publique, leur ennemie jurée qui tire toutes les manches, a la triste habitude d’appeler des « monstres ».

France 3 – Ce soir à 23 heures.

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Enquête
LE MONDE | 19.06.09 | 15h19  •  Mis à jour le 19.06.09 | 19h44

ls sont arrivés sagement dans le prétoire avec leurs ordinateurs portables. Ils se sont assis sur les bancs de la presse, durs comme des stalles d’église, à côté de leurs confrères qui sortaient cahiers et stylos. Et ils ont commencé à envoyer par Internet tout ce qui se disait à l’audience. “Mardi 9 juin. Première journée du procès de Véronique Courjault devant la cour d’assises de Tours. 14 h 34. La cour prend place. Le président, Georges Domergue, fait sortir les caméras avant que l’accusée rentre dans le box. 14 h 35. Véronique Courjault arrive et sourit à son mari.” Les phrases s’affichaient aussitôt sur le site de La Nouvelle République. Le procès était vécu en direct par les internautes, minute par minute.
L'ouverture du procès de Véronique Courjault à Tours, le 9 juin 2009.

REUTERS/STEPHANE MAHE

L’ouverture du procès de Véronique Courjault à Tours, le 9 juin 2009.

Les deux journalistes se nomment Jean-Christophe Solon et Chantal Pétillat. Ils appartiennent la rédaction multimédia de La Nouvelle République. Deux autres journalistes de la rédaction “papier” ont couvert l’audience. L’idée leur est venue lors du procès de trois Tourangeaux anti-OGM jugés devant le tribunal correctionnel de Strasbourg. Le quotidien Les Dernières Nouvelles d’Alsace (DNA) avaient alors fait un “live” du procès sur son site Internet. “Les DNA nous ont indiqué Covertlive, un logiciel pour l’instant gratuit, explique Chantal Pétillat. Les seules expériences qu’on avait jusqu’à présent étaient les matches de football que couvre la rédaction de Tours en live. Dans le cas du procès Courjault, c’était le plongeon dans l’inconnu. Nous avons proposé une couverture en direct parce que notre rôle est de faire de l’expérimentation dans un esprit de complémentarité entre le papier et Internet.”

Un journaliste de radio présent à Tours a alerté de cette initiative peu orthodoxe le ministère de la justice à Paris. Lequel a demandé à son service juridique d’étudier le cas. Le verdict est tombé : le code de procédure pénale ne l’interdit pas. Donc, c’est permis. CQFD. “Nous sommes dans le cadre d’une prise de notes avec transmission par Internet, explique Guillaume Didier, porte-parole du ministère. Ce n’est pas très éloigné de ce que ferait un journaliste de France Info qui quitterait l’audience tous les quarts d’heure pour faire un direct. En outre, les audiences sont publiques. Ce qui est interdit, ce sont les micros, les appareils photo et les caméras.”

Les journalistes chroniqueurs judiciaires de la presse écrite sont moins indulgents que la chancellerie sur ce suivi en direct. Il est vrai que, jusqu’à présent, les prétoires étaient un peu leur chasse gardée, l’audiovisuel étant banni de l’audience. Mais leurs objections soulèvent des questions de fond. Stéphane Durand-Souffland, président de l’Association de la presse judiciaire et journaliste au Figaro, pointe l’absence de recul et d’analyse. “Dans le compte rendu en live, il manque forcément les soupirs, les silences, les cris, les sanglots qui constituent la richesse des chroniques judiciaires, dit-il. Seule la chronique “classique” permet de trier entre le capital, l’intéressant et l’accessoire, les vrais rebondissements et les faux coups de théâtre.”

Pascale Robert-Diard, chroniqueuse judiciaire au Monde, met en garde contre un récit trop linéaire de l’audience, qui pourrait livrer une vision faussée des débats. “L’oralité des débats en cour d’assises donne aux mots un pouvoir absolu, note-t-elle. Mais très souvent ce pouvoir, qui va emporter l’intime conviction, vient de la confrontation entre plusieurs récits. L’intérêt du compte rendu de presse classique est de faire ressortir ces confrontations, ces contradictions s’il y en a et pas de livrer un récit strictement chronologique.”

Pour sa part, Julien Bénéteau, journaliste au Républicain lorrain, craint que ce système, s’il devait se généraliser, n’ait une influence sur le comportement des acteurs du procès. “Les avocats sont déjà très friands de contacts avec la presse, constate-t-il. Lorsqu’ils vont savoir que les débats sont retransmis en direct, ils vont vouloir en profiter pour se faire de la publicité. Il y a aussi le risque que les magistrats soient tétanisés. Dans un procès, l’avocat général doit parfois secouer verbalement l’accusé pour faire éclater la vérité judiciaire. Retransmis bruts de décoffrage, ses propos pourront le faire paraître méchant. Or, un parquetier est tellement soumis à sa hiérarchie qu’il peut être tenté de se montrer prudent.”

Les deux journalistes Web de La Nouvelle République mettent en avant les précautions qu’ils prennent, en particulier pour ne pas relater les détails les plus scabreux du procès. Dès qu’on tape une phrase, elle est en ligne. On n’est pas dans l’analyse, c’est du brut, mais on filtre tout de même comme on le ferait sur le papier, souligne Jean-Christophe Solon. Par exemple, lorsque c’est trop intime, que ça touche les enfants, ou que l’on décrit l’hystérectomie subie par Véronique Courjault, parce que ça n’apporte rien au débat. On met seulement les temps forts.”

Curieusement, certains magistrats sont plus indulgents que les journalistes sur cette nouvelle manière de couvrir les procès d’assises. C’est le cas de Laurent Le Mesle, procureur général de Paris. “La justice est rendue au nom du peuple français, devant le peuple français, insiste-t-il. C’est pourquoi les audiences sont publiques. La justice est beaucoup mieux rendue en France qu’on ne le dit souvent et je pense que cette initiative peut aider les Français à s’en rendre compte. En outre, je suis persuadé que ceux qui auront suivi le récit en direct sur Internet auront envie de lire la chronique judiciaire classique dans le journal.”

L’initiative a valu un certain succès d’audience au site de La NR. Le premier jour, 800 personnes suivaient en ligne, le lendemain 1 600 personnes et lundi 15 juin 3 000 personnes. Les deux journalistes comptent maintenant couvrir de la sorte des séances de conseils municipaux.

Patricia Jolly et Xavier Ternisien
Article paru dans l’édition du 20.06.09
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La justice comme le football…

Rédigé par Jack D Le 22 – juin – 2009AJOUTER COMMENTAIRES

Le procès Courjault a été l’occasion pour les journalistes multimédia de la «Nouvelle République» de faire, comme pour les rencontres de football, de la retransmission «live» des audiences sur le site de leur journal.

Munis d’ordinateurs portables connectés à Internet, avec l’aide du logiciel «COVERITLIVE», ils ont fait vivre, minute par minute, aux internautes les débats de cette affaire de bébés congelés à Séoul (Corée du Sud) qui posait, notamment, la question du déni de grossesse.

Extrait Procès Courjault (5° journée) :

10h39
Le président demande à Véronique Courjault de réagir aux questions des experts.
« C’est difficile, je ne suis pas psychologue» , se contente-t-elle de répondre.
10h41
Me Didier Leick, représentant l’association « L’enfant bleu – enfance maltraitée» , qui s’est constituée partie civile, interroge les experts.
10h42
Fulbert Jadech explique que le congélateur est souvent un mode utilisé, puis on ne change pas les corps de place, car on diffère, on diffère…

Cette «première» dans une Cour d’assises, comme toute nouveauté, a suscité des inquiétudes, des interrogations : c’est ainsi qu’un autre journaliste a alerté le ministère de la justice sur cette initiative.

Le ministère, après consultation de son service juridique, a fait savoir par la voie de son porte-parole que rien ne s’y opposait, que cette démarche s’inscrivait «dans le cadre d’une prise de notes avec transmission par Internet» en ajoutant «que les audiences sont publiques, ce qui est interdit, ce sont les micros, les appareils photos et les caméras».

Dans ce rapport entre Internet et justice, la Cour Européenne des Droits de l’Homme va encore beaucoup plus loin, puisqu’il y a un peu plus de deux ans, elle a autorisé l’introduction des caméras afin de retransmettre ses audiences publiques sur Internet pour permettre à chacun d’assister aux débats depuis son domicile ou son bureau.

La solution «Covert It Live» s’avère donc une voie médiane entre la décision de la Cour Européenne des Droits de l’Homme et le principe, posé par l’article 38 ter de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, de l’interdiction «dés l’ouverture de l’audience des juridictions administratives ou judiciaires» françaises, de l’emploi «de tout appareil permettant d’enregistrer, de fixer ou de transmettre la parole ou l’image».

Sur ce suivi en direct, si certains magistrats pensent que cette nouvelle manière de rendre compte des débats judiciaires va aider les français à mieux appréhender la qualité de la justice rendue en leur nom, au sein des chroniqueurs judiciaires, deux camps semblent se faire jour.

Les plutôt «contre» qui font valoir l’absence de recul et d’analyse, l’influence sur le comportement des acteurs – notamment des avocats qui feront des effets pour se faire de la publicité – et les plutôt «pour» qui pratiquent et affirment prendre des précautions notamment pour ne pas relater des détails scabreux ou qui n’apportent rien à la compréhension de l’affaire.

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