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Enquête
LE MONDE | 19.06.09 | 15h19  •  Mis à jour le 19.06.09 | 19h44

ls sont arrivés sagement dans le prétoire avec leurs ordinateurs portables. Ils se sont assis sur les bancs de la presse, durs comme des stalles d’église, à côté de leurs confrères qui sortaient cahiers et stylos. Et ils ont commencé à envoyer par Internet tout ce qui se disait à l’audience. “Mardi 9 juin. Première journée du procès de Véronique Courjault devant la cour d’assises de Tours. 14 h 34. La cour prend place. Le président, Georges Domergue, fait sortir les caméras avant que l’accusée rentre dans le box. 14 h 35. Véronique Courjault arrive et sourit à son mari.” Les phrases s’affichaient aussitôt sur le site de La Nouvelle République. Le procès était vécu en direct par les internautes, minute par minute.
L'ouverture du procès de Véronique Courjault à Tours, le 9 juin 2009.

REUTERS/STEPHANE MAHE

L’ouverture du procès de Véronique Courjault à Tours, le 9 juin 2009.

Les deux journalistes se nomment Jean-Christophe Solon et Chantal Pétillat. Ils appartiennent la rédaction multimédia de La Nouvelle République. Deux autres journalistes de la rédaction “papier” ont couvert l’audience. L’idée leur est venue lors du procès de trois Tourangeaux anti-OGM jugés devant le tribunal correctionnel de Strasbourg. Le quotidien Les Dernières Nouvelles d’Alsace (DNA) avaient alors fait un “live” du procès sur son site Internet. “Les DNA nous ont indiqué Covertlive, un logiciel pour l’instant gratuit, explique Chantal Pétillat. Les seules expériences qu’on avait jusqu’à présent étaient les matches de football que couvre la rédaction de Tours en live. Dans le cas du procès Courjault, c’était le plongeon dans l’inconnu. Nous avons proposé une couverture en direct parce que notre rôle est de faire de l’expérimentation dans un esprit de complémentarité entre le papier et Internet.”

Un journaliste de radio présent à Tours a alerté de cette initiative peu orthodoxe le ministère de la justice à Paris. Lequel a demandé à son service juridique d’étudier le cas. Le verdict est tombé : le code de procédure pénale ne l’interdit pas. Donc, c’est permis. CQFD. “Nous sommes dans le cadre d’une prise de notes avec transmission par Internet, explique Guillaume Didier, porte-parole du ministère. Ce n’est pas très éloigné de ce que ferait un journaliste de France Info qui quitterait l’audience tous les quarts d’heure pour faire un direct. En outre, les audiences sont publiques. Ce qui est interdit, ce sont les micros, les appareils photo et les caméras.”

Les journalistes chroniqueurs judiciaires de la presse écrite sont moins indulgents que la chancellerie sur ce suivi en direct. Il est vrai que, jusqu’à présent, les prétoires étaient un peu leur chasse gardée, l’audiovisuel étant banni de l’audience. Mais leurs objections soulèvent des questions de fond. Stéphane Durand-Souffland, président de l’Association de la presse judiciaire et journaliste au Figaro, pointe l’absence de recul et d’analyse. “Dans le compte rendu en live, il manque forcément les soupirs, les silences, les cris, les sanglots qui constituent la richesse des chroniques judiciaires, dit-il. Seule la chronique “classique” permet de trier entre le capital, l’intéressant et l’accessoire, les vrais rebondissements et les faux coups de théâtre.”

Pascale Robert-Diard, chroniqueuse judiciaire au Monde, met en garde contre un récit trop linéaire de l’audience, qui pourrait livrer une vision faussée des débats. “L’oralité des débats en cour d’assises donne aux mots un pouvoir absolu, note-t-elle. Mais très souvent ce pouvoir, qui va emporter l’intime conviction, vient de la confrontation entre plusieurs récits. L’intérêt du compte rendu de presse classique est de faire ressortir ces confrontations, ces contradictions s’il y en a et pas de livrer un récit strictement chronologique.”

Pour sa part, Julien Bénéteau, journaliste au Républicain lorrain, craint que ce système, s’il devait se généraliser, n’ait une influence sur le comportement des acteurs du procès. “Les avocats sont déjà très friands de contacts avec la presse, constate-t-il. Lorsqu’ils vont savoir que les débats sont retransmis en direct, ils vont vouloir en profiter pour se faire de la publicité. Il y a aussi le risque que les magistrats soient tétanisés. Dans un procès, l’avocat général doit parfois secouer verbalement l’accusé pour faire éclater la vérité judiciaire. Retransmis bruts de décoffrage, ses propos pourront le faire paraître méchant. Or, un parquetier est tellement soumis à sa hiérarchie qu’il peut être tenté de se montrer prudent.”

Les deux journalistes Web de La Nouvelle République mettent en avant les précautions qu’ils prennent, en particulier pour ne pas relater les détails les plus scabreux du procès. Dès qu’on tape une phrase, elle est en ligne. On n’est pas dans l’analyse, c’est du brut, mais on filtre tout de même comme on le ferait sur le papier, souligne Jean-Christophe Solon. Par exemple, lorsque c’est trop intime, que ça touche les enfants, ou que l’on décrit l’hystérectomie subie par Véronique Courjault, parce que ça n’apporte rien au débat. On met seulement les temps forts.”

Curieusement, certains magistrats sont plus indulgents que les journalistes sur cette nouvelle manière de couvrir les procès d’assises. C’est le cas de Laurent Le Mesle, procureur général de Paris. “La justice est rendue au nom du peuple français, devant le peuple français, insiste-t-il. C’est pourquoi les audiences sont publiques. La justice est beaucoup mieux rendue en France qu’on ne le dit souvent et je pense que cette initiative peut aider les Français à s’en rendre compte. En outre, je suis persuadé que ceux qui auront suivi le récit en direct sur Internet auront envie de lire la chronique judiciaire classique dans le journal.”

L’initiative a valu un certain succès d’audience au site de La NR. Le premier jour, 800 personnes suivaient en ligne, le lendemain 1 600 personnes et lundi 15 juin 3 000 personnes. Les deux journalistes comptent maintenant couvrir de la sorte des séances de conseils municipaux.

Patricia Jolly et Xavier Ternisien
Article paru dans l’édition du 20.06.09
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La justice comme le football…

Rédigé par Jack D Le 22 – juin – 2009AJOUTER COMMENTAIRES

Le procès Courjault a été l’occasion pour les journalistes multimédia de la «Nouvelle République» de faire, comme pour les rencontres de football, de la retransmission «live» des audiences sur le site de leur journal.

Munis d’ordinateurs portables connectés à Internet, avec l’aide du logiciel «COVERITLIVE», ils ont fait vivre, minute par minute, aux internautes les débats de cette affaire de bébés congelés à Séoul (Corée du Sud) qui posait, notamment, la question du déni de grossesse.

Extrait Procès Courjault (5° journée) :

10h39
Le président demande à Véronique Courjault de réagir aux questions des experts.
« C’est difficile, je ne suis pas psychologue» , se contente-t-elle de répondre.
10h41
Me Didier Leick, représentant l’association « L’enfant bleu – enfance maltraitée» , qui s’est constituée partie civile, interroge les experts.
10h42
Fulbert Jadech explique que le congélateur est souvent un mode utilisé, puis on ne change pas les corps de place, car on diffère, on diffère…

Cette «première» dans une Cour d’assises, comme toute nouveauté, a suscité des inquiétudes, des interrogations : c’est ainsi qu’un autre journaliste a alerté le ministère de la justice sur cette initiative.

Le ministère, après consultation de son service juridique, a fait savoir par la voie de son porte-parole que rien ne s’y opposait, que cette démarche s’inscrivait «dans le cadre d’une prise de notes avec transmission par Internet» en ajoutant «que les audiences sont publiques, ce qui est interdit, ce sont les micros, les appareils photos et les caméras».

Dans ce rapport entre Internet et justice, la Cour Européenne des Droits de l’Homme va encore beaucoup plus loin, puisqu’il y a un peu plus de deux ans, elle a autorisé l’introduction des caméras afin de retransmettre ses audiences publiques sur Internet pour permettre à chacun d’assister aux débats depuis son domicile ou son bureau.

La solution «Covert It Live» s’avère donc une voie médiane entre la décision de la Cour Européenne des Droits de l’Homme et le principe, posé par l’article 38 ter de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, de l’interdiction «dés l’ouverture de l’audience des juridictions administratives ou judiciaires» françaises, de l’emploi «de tout appareil permettant d’enregistrer, de fixer ou de transmettre la parole ou l’image».

Sur ce suivi en direct, si certains magistrats pensent que cette nouvelle manière de rendre compte des débats judiciaires va aider les français à mieux appréhender la qualité de la justice rendue en leur nom, au sein des chroniqueurs judiciaires, deux camps semblent se faire jour.

Les plutôt «contre» qui font valoir l’absence de recul et d’analyse, l’influence sur le comportement des acteurs – notamment des avocats qui feront des effets pour se faire de la publicité – et les plutôt «pour» qui pratiquent et affirment prendre des précautions notamment pour ne pas relater des détails scabreux ou qui n’apportent rien à la compréhension de l’affaire.

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NOUVELOBS.COM | 19.06.2009 | 07:48

Aux Etats-Unis, Jammie Thomas-Rasset a été condamnée pour avoir téléchargé illégalement 24 chansons, qui lui reviennent donc à 80.000 dollars chacune.

Illustration (Sipa)

Illustration (Sipa)

Après l’annulation d’un premier procès qui avait abouti à sa condamnation à 220.000 dollars d’amende, une mère célibataire de 32 ans a été condamnée jeudi 18 juin aux Etats-Unis à payer 1,92 million de dollars à l’industrie du disque pour avoir téléchargé illégalement 24 chansons.
Jammie Thomas-Rasset, mère de quatre enfants originaire du Minnesota (nord), a été reconnue coupable d’avoir utilisé le logiciel de partage de fichiers Kazaa pour télécharger les chansons sur internet.
Le jury, qui n’a eu besoin que de quelques heures pour parvenir à son verdict, l’a condamnée à payer 1,92 million de dollars, soit 80.000 dollars par chanson, à six maisons de disques: Capital Records, Sony BMG Music, Arista Records, Interscope Records, Warner Bros. Records et UMG Recordings.

Refus d’un accord à l’amiable

Jammie Thomas Rasset avait été condamnée en octobre 2007 à payer 220.000 dollars de dommages et intérêts à ces six compagnies. Le juge ayant présidé au procès avait ensuite annulé cette condamnation et ordonné la tenue d’un nouveau procès, jugeant le verdict “complètement disproportionné” et “accablant”.
La RIAA (Recording Industry Association of America), qui représente l’industrie du disque américaine, et les grandes maisons de disques ont déjà poursuivi des milliers de personnes pour téléchargement et partage illégal de musique, et la plupart d’entre elles ont accepté de payer entre 3.000 et 5.000 dollars.
Jammie Thomas-Rasset a été la première à refuser un accord à l’amiable, préférant aller au procès.
En décembre, la RIAA a annoncé qu’elle arrêterait d’assigner en justice les internautes qui téléchargent illégalement, préférant inciter les fournisseurs d’accès à prendre des mesures. Environ 35.000 personnes ont été poursuivies pour piratage aux Etats-Unis depuis 2003. (Nouvelobs.com)
Sur Internet

ElectronLibre
17 Juin 2009 08h24
Un tribunal romain a considéré que l’adresse IP d’un internaute accusé de téléchargement illégal sur les réseaux P2P ne constituait pas un moyen d’identification suffisant du contrevenant et a débouté la partie civile.

Le juge a estimé que le fait d’être titulaire d’une connexion à Internet par l’intermédiaire de laquelle un délit ou une infraction ont été commis ne suffit pas à établir sa responsabilité, puisque d’autres personnes peuvent avoir commis ce délit ou cette infraction. C’est la première fois qu’un tribunal italien se prononce dans ce sens. La jurisprudence italienne était jusque là plus conservatrice.

Dans le cadre des procédures accélérées que veut mettre en place le gouvernement français pour juger les affaires de téléchargement illégal, cette question de la recevabilité de l’adresse IP collectée comme preuve va se poser indubitablement. Le délit constitué ne sera plus en effet l’absence de sécurisation de sa ligne Internet. Les jurisprudences contradictoires risquent de se multiplier.

Par : Cyril Fussy

La seule victoire de la RIAA (Recording Industry Association of America) en justice contre un individu devra être re-jugée malgré tous les efforts qu’ils ont déployé.

La RIAA avait gagné un procès contre Jammie Thomas, mais pas dans des conditions très justes apparemment.

Un jury avait décrété Jammie Thomas coupable de violation de propriété intellectuelle suite au partage de 1700 chansons et devait payer 220′000$ à six des plus grands labels de l’industrie musicale.

Mais le juge en charge du dossier, Michael Davis, a ordonné un nouveau procès pour le mois de mars après avoir remarqué que le jury avait été floué sur la marchandise.

La RIAA ne veut pas entendre parler d’un nouveau procès, surtout si le juge veut apprendre au jury que rendre un fichier disponible en partage n’est pas une violation de propriété intellectuelle. La RIAA a déjà admis que prouver que des services tels que Kazaa ont été utilisés pour télécharger des morceaux est quasiment mission impossible.

On s’attend à ce que l’industrie du disque perde des tas d’autres procès si celui-ci fait jurisprudence.

La RIAA a donc fait appel de la décision du juge, sans succès. Le juge Michael Davis a juste souri en coin sans autre commentaire.

L’Inq
CNet

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Crédit Photo : TF1/LCI

Image d’archive.

  • Un universitaire a été condamné mardi à 18 mois de prison dont 6 ferme pour incitation au viol sur une jeune femme dont il avait donné les coordonnées sur internet.

– le 10/06/2009 –

Le tribunal correctionnel de Troyes a condamné mardi à 18 mois de prison dont six ferme un universitaire de 39 ans pour incitation au viol sur une jeune femme dont il avait donné les coordonnées sur internet, a-t-on appris mercredi de source judiciaire. Cet enseignant-chercheur en génie informatique aux IUT de Troyes et de Reims se connectait régulièrement sur un site de discussion en “annonçant être une femme dont le fantasme était de se faire battre et violer“, a expliqué le substitut du procureur de Troyes, Arnaud Laraize. Lors des échanges électroniques, il indiquait aux internautes les coordonnées (nom, numéros de téléphone, plaque d’immatriculation, adresses  personnelle et professionnelle) d’une femme âgée d’une trentaine d’année, commerçante à Troyes.

“En février, l’un des tchateurs a téléphoné à la victime sur son lieu de travail sans que l’on sache si c’était un appel malveillant, cette dernière s’est ensuite connectée sur le site et a pu imprimer la conversation où l’enseignant réitérait sa demande de viol“, a précisé M. Laraize. L’enquête de police a permis de remonter aux ordinateurs de l’IUT de Reims et de Troyes et par recoupement d’identifier l’homme, qui était client du magasin où travaille la victime.

Selon le substitut, l’enseignant, qui vit en couple sans enfant, est suivi par des psychiatres depuis des années et a déjà été condamné en 2005 pour avoir recherché sur internet des photos d’enfants violentés en se faisant passer pour  une petite fille violée. Le tribunal de Troyes, en prononçant de la prison ferme, a été au-delà des  réquisitions du parquet qui demandait un an d’emprisonnement avec sursis et une obligation de soins.

Image d'archives. TF1/LCI

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Crédit Photo : TF1/LCI

Image d’archives

  • Le tribunal de police de Bordeaux a condamné Orange et son directeur de la clientèle à 500 euros d’amende et 8000 euros de dommages-intérêts.

  • Le mot de passe incriminé avait été attribué en décembre 2007 à un garagiste de Pessac, qui avait contacté la hotline de son fournisseur d’accès après des problèmes de connexion.

– le 28/05/2009 – 15h23

Pour avoir attribué “salearabe” comme mot de passe à un client girondin, Orange et son directeur de la clientèle ont été condamnés jeudi par le tribunal de police de Bordeaux à 500 euros d’amende et 8000 euros de dommages-intérêts.

C’est en décembre 2007 que Mohamed Zaïdi, un garagiste de Pessac, dans l’agglomération bordelaise, avait reçu par courrier son nouveau mot de passe après avoir rencontré des problèmes de connexion internet. Il avait contacté à ce sujet à plusieurs reprises la hotline de son fournisseur d’accès, Orange. Choqué, l’homme d’une quarantaine d’années avait immédiatement porté plainte.

Blessant, insultant et même diffamatoire

Cela a été un énorme choc. J’ai appelé la hotline quand j’ai eu des problèmes de connexion, mais je ne me suis jamais énervé. C’est plutôt choquant de la part d’une entreprise comme celle-ci“, avait-il alors indiqué.

Lors de l’audience, le représentant du ministère public, Jean-Louis Rey, a qualifié ce mot de passe de “blessant, insultant et même diffamatoire“. “Il était très important pour mon client que son préjudice soit reconnu et réparé“, a affirmé pour sa part Me Grégory Bellocq, l’avocat du garagiste.

D’après agence

Ce n’était qu’une question de temps. Twitter, le dernier réseau social planétaire à avoir explosé sur le net, est en train de connaître son premier procès en diffamation. Courtney Love, la chanteuse américaine à la vie privée tumultueuse, n’était pas la dernière sur laquelle on aurait parié pour être au centre de cette première.

L’ex-épouse de Kurt Cobain est poursuivie en justice par la styliste Dawn Simorangkir pour des propos «menaçants et perturbants» tenus sur Twitter et sa page MySpace. Love y traitait notamment Simorangkir de «voleuse» et de «sale menteuse». Elle l’accuse aussi d’être une droguée et une femme de petite vertu. «La styliste visée affirme que ces propos lui auraient causé un très grand stress émotionnel», rapporte 20 Minutes.

Le Post

Un an de prison avec sursis et 130.000 euros d’amende : c’est la condamnation de Sébastien Budin, 26 ans. Sa faute ? “On me reproche d’avoir télécharger pour ma consommation personnelle et surtout d’avoir fait un site pour trouver des films sur eMule”, explique le jeune homme au Post.fr.

Créé en 2006, station-divx.com, qui recevait 20.000 à 30.000 visiteurs par jour, proposait des fiches sur des films et indiquait les mots clés à taper sur le site de peer-to-peer pour accéder aux fichiers. “Je ne mettais pas directement les films à disposition des internautes”, précise Sébastien Budin.

Le tribunal correctionnel de Lyon a jugé Sébastien Budin coupable de complicité de contrefaçon, le 5 mars dernier. Face à ce jeune facteur, des poids lourds de l’industrie cinématographique : 20th Century Fox, Buena Vista, Paramount etc…

Contacté par LePost.fr, Sébastien Budin estime que cette sanction, tombée en plein débat sur la loi Hadopi, a un but : “passer un message fort aux internautes”.

Vous vous rendiez compte à l’époque que vous preniez un risque ?

“Non, je n’ai d’ailleurs pas caché mon identité. C’est pour ça que la police m’a retrouvé facilement. Pour moi, je ne risquais rien car il y a des sites où l’on trouve directement des films et ils n’ont pas de problème.”

Vous allez faire appel. Vous n’avez pas l’impression que votre procès, c’est David contre Goliath ?

“Si, mais j’ai contacté des médias et ça a pris petit à petit. J’ai aussi créé le site de soutien pour raconter mon histoire. Ce n’est pas parce que ce sont des géants qu’il faut que je me taise.”

Vous pensez que vous avez une chance de gagner ?

“Alors là, si je savais… Même en arrivant au verdict en première instance, je ne pensais pas me faire allumer comme ça. Les parties civiles ont estimé un préjudice de 4 millions d’euros. Dans ce cas, pourquoi ne me demandent-ils que 150.000 euros ? Pour eux, ce n’est rien. Ils ne veulent pas d’argent, ils veulent juste faire peur aux internautes. Pour moi, cette somme est exorbitante.”

Vous semblez assez serein. Vous n’êtes pas du tout inquiet ?

“J’ai été inquiet mais j’essaie de passer outre. Dans ma tête, je n’ai plus rien à perdre. Je me dis que je devrais tout payer donc je vais me battre pour moi, mais aussi pour tous les autres qui téléchargent.”

Votre procès a eu lieu en plein débat sur le projet de loi Hadopi. Pensez-vous que votre sanction est donnée à titre d’exemple ?

“Le but est de passer un message fort aux internautes. Je n’ai pas été condamné pour téléchargement illégal mais pour complicité de contrefaçon. Il y a une nuance. Mais les gens vont lire les mots téléchargement, divx, sanction… et vont faire le lien.”

Vous téléchargez encore ?

“Non, j’écoute la musique sur Deezer et je ne regarde plus du tout de film, je suis dégoûté du cinéma.”

Sébastien a créé un site de soutien où il raconte toute son histoire. Il a aussi monté un groupe de soutien sur Facebook, fort de plus de 1.200 membres.

EXCLUSIF
Rencontre avec Maître Eolas, un des blogueurs les plus célèbres et les plus mystérieux du Net. Ce jeune avocat du barreau de Paris, qui tient à garder l’anonymat, nous a raconté les dessous de la fabrication d’un site de poil à gratter du judiciaire, devenu à la fois un phénomène et une référence. Et qui est visité par 15 000 personnes chaque jour. Dans une autre vie, celle de sa profession, Maître Eloas assiste de nombreux prévenus en comparution immédiate. Il est un ardent défenseur de l’aide juridictionnelle. Propos recueillis :

La création du blog : « J’avais jusque-là l’habitude de poster des commentaires sur d’autres blogs. Je trouvais formidable ce lieu d’échange entre des gens qui n’ont aucune légitimité journalistique ou politique mais qui peuvent être de véritables experts en leur domaine. Début 2004, je me suis rendu compte que le projet de loi sur l’économie numérique soulevait une levée de boucliers sur Internet. Tout le monde se focalisait sur la LCEN, et, pendant ce temps, il n’y avait aucun échange d’ordre juridique sur le projet de loi Perben 2, alors en discussion. Un projet qui m’inquiétait beaucoup, notamment dans ses volets d’application sur la petite et moyenne délinquance et sur l’aide au séjour irrégulier d’un étranger en France. J’ai donc cessé mes commentaires sur différents blogs et créé le mien ».

Le pseudo Eolas : « C’est un prénom gothique irlandais que j’ai choisi parce qu’il n’existe dans aucune autre langue et qu’il n’avait jusque-là été emprunté par personne. Un an plus tard, lorsque que j’ai changé d’hébergeur, j’ai ajouté « maître » pour obtenir le nombre de lettres exigées par les normes de mon nouveau fournisseur d’accès ».

Les raisons d’un succès : « La progression des visites s’est faite par pics. Aujourd’hui, Maître Eolas reçoit en moyenne 15 000 visites par jour. Celles-ci sont montées jusqu’à 75 000 quand j’ai réagi à la chronique de Luc Besson, dans « Le Monde », qui dénonçait le téléchargement illégal de films et préparait ainsi le terrain à la loi Hadopi. Je ne sais jamais quel billet va avoir du succès. Parfois je crois que celui que je viens d’écrire, en y passant beaucoup de temps, va plaire. Mais je me trompe. Pour celui de Besson, que j’ai rédigé très rapidement, je ne m’attendais pas à une telle réaction. Idem pour mon billet sur la garde-à-vue de l’ancien directeur de Libération, Vittorio de Filipis, pour une simple affaire de diffamation, et qui a eu une grande répercussion.”

Lieu d’écriture du blog : « Parfois chez moi, mais surtout à mon bureau d’avocat. Je consacre environ une 1H30 par jour à rédiger mon billet. Mon ordinateur reste en permanence allumé à mes côtés. De temps en temps, je regarde les commentaires. S’il le faut, je modère, mais il est rare que je supprime plus de cinq posts dans la journée. Cette lecture me prend environ une demie heure. L’avantage, quand on est avocat, c’est que l’on passe pas mal de temps au bureau. Cependant, la quantité des commentaires auxquels je dois répondre, souvent me dépasse. Lors de l’affaire du mariage annulé, à Lille, parce que la femme, n’était pas vierge, j’ai reçu 1500 posts. Lors de celle de la déclaration du pape sur le préservatif, j’ai éteint mon ordinateur au bout de 400 commentaires. Le problème, c’est que répondre à ces derniers prend beaucoup de temps si on ne charge pas une secrétaire ou un communiquant de le faire à sa place. Or, le succès de ce blog tient à ce que les gens peuvent discuter directement avec moi».

Un ou plusieurs Maître Eloas?: >« Je sous-traite à quelques « co-locataires », en l’occurrence, un procureur, deux juges d’instruction et une avocate. Cela me soulage un peu d’écrire et m’amuse lorsque je découvre un texte pertinent de ces auteurs sur mon blog. Le 23 octobre, dernier, jour d’action des magistrats contre la politique de Rachida Dati, j’ai ouvert Maître Eolas pendant trois jours à des magistrats en colère. Ces derniers ont ainsi eu la possibilité, sous pseudonyme, de s’adresser directement aux justiciables. Ces blogs ont suscité pas mal de contreverses et de critiques auxquelles les auteurs n’étaient toutefois pas obligés de répondre. Découvrir ainsi ce que les magistrats ont dans la tête, préoccupation continuelle des avocats, était vraiment intéressant ».

Qui sait qui se cache derrière Maître Eloas ?: « Hormis mon cercle d’amis, peu de gens dans le milieu judiciaire. Je tiens à garder l’anonymat car je ne veux pas que ce blog soit confondu avec des sites d’avocats qui, eux, dépendent de réglementations très strictes. Je tiens à ma libre parole. Pour autant, je ne crois pas que cette partie de mes activités soit un secret de Polichinelle. Cela me rend cependant un peu parano quand je tombe sur un procureur plutôt conciliant. Je me dis que, si celui-ci a rendu la bonne décision, c’est peut-être parce qu’il lit mon blog. Je n’ai, par ailleurs, reçu aucune réaction directe de l’ordre des avocats. On me fiche une paix royale ».

Ses têtes de turc : « On m’a souvent reproché de m’en prendre à Rachida Dati. C’était surtout au début, quand on la présentait comme une star, comme l’amie du couple présidentiel, bienvenue en tant que représentante de la diversité. J’avais cependant pourtant apprécié que Rachida Dati défende, pour protéger l’épouse rejetée par son conjoint, la décision du juge de Lille d’annuler le mariage. Là, Dati jouait son rôle de garde des Sceaux. Mais devant le tollé du monde politique qu’a entrainé ce jugement, il a suffit de 24 heures pour que le gouvernement reprenne la ministre en main. Elle a fait volte-face et m’a beaucoup déçu. Ensuite il y a eu la polémique autour de sa politique pénale. Aujourd’hui, son poste est quasiment vacant, je ne vais pas tirer sur une ambulance ! Pour tout dire, si je m’en prends à des magistrats ou à des journalistes, ma tête de turc préférée reste le garde des Sceaux en place, et toutes les personnes qui prennent des décisions juridiques aberrantes, si possible contradictoires, motivées par de seules considérations politiques ».
(SV)