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AP |Des chevaux de course dans les prisons. Aux Etats-Unis, plusieurs établissements pénitentiaires ont mis en oeuvre des programmes permettant aux détenus de s’occuper de pur-sangs, retraités des courses.

Cette méthode présente un double intérêt: permettre aux personnes incarcérées d’apprendre un nouveau métier, tout en offrant aux équidés une reconversion après leur première carrière.

Les anciens chevaux de courses, souvent menés à l’abattoir lorsqu’ils ne sont pas destinés à l’élevage, reçoivent dans les prisons les soins nécessaires et sont dressés jusqu’à ce qu’ils trouvent de nouveaux propriétaires.

Pete Luce, 35 ans, était une véritable boule de nerfs lorsqu’il a approché pour la première fois un pur-sang, conscient qu’il pouvait être sérieusement blessé d’un simple coup de pied.

Plusieurs mois plus tard, le même homme se déplaçait avec aisance au milieu de ces animaux imposants, dans une prison de Virginie qui a mis sur pied un programme de ce type. Pete Luce espère aujourd’hui mettre ses nouvelles capacités à profit pour décrocher un travail sur un champ de course à sa libération du centre pénitentiaire James River, après avoir purgé une peine de 23 mois pour possession de drogue.

A travers les Etats-Unis, les établissements pénitentiaires possédant des terrains sont très nombreux, souligne Diana Pikulski, directrice de la Fondation pour la retraite des pur-sangs, désireuse d’étendre ce type de méthodes. “Nous ne sommes pas à court de détenus à qui enseigner ni de chevaux de course à offrir”, lance-t-elle.

L’organisation a lancé sa première ferme “Secondes chances” il y a 25 ans, dans l’établissement pénitentiaire de Wallkill (Etat de New York). Des programmes similaires ont ensuite été développés au Kentucky, en Floride, en Caroline du Sud, dans l’Indiana, en Virginie et au Maryland. Le Massachusetts et l’Illinois envisagent à leur tour d’en créer.

“Il y a quelque chose dans l’animal, en particulier le cheval, qui donne à ces types une occasion, peut-être pour la première fois de leur vie, d’éprouver de l’empathie”, souligne Ron Stephens, élu républicain de l’Illinois favorable à ce que l’Etat adopte un tel programme. Pour cela, le centre pénitentiaire de Vandalia constituerait un bon choix, avec 1.500 détenus et plus de 525 hectares de terrain, selon Lanny Brooks, entraîneur de chevaux de course.

Dans d’autres prisons, au Kansas et au Colorado, les détenus travaillent avec des centaines de chevaux ayant grandi en liberté dans les plaines de l’Ouest, les dressant avant de les mettre à l’adoption. Ils s’occupent de tout, du nettoyage des stalles aux soins des sabots, et certains peuvent apprendre à devenir dresseurs.

Selon Brian Hardin, en charge du programme au sein de l’administration pénitentiaire du Colorado, le taux de récidive pour les détenus participants est inférieur de moitié au taux national de 68%. “Les animaux prennent la place de l’unité familiale pendant qu’ils sont incarcérés”, explique-t-il.

En Virginie, le directeur du centre pénitentiaire James River, Layton Lester, estime que le programme oblige le détenu à comprendre qu'”il y a une autre vie qui dépend de lui”. “Il y a beaucoup de développement personnel et cognitif grâce à cela”, poursuit-il. “C’est probablement le plus important”. AP

COPENHAGUE (AFP) — Une journaliste de la télévision publique danoise, DR1, a été traînée en justice pour le meurtre de douze petits poissons d’aquarium et pour avoir ainsi enfreint la loi sur la protection des animaux, a-t-on appris de source judiciaire.

Lisbeth Koelster, de l’émission “Kontant” de défense des consommateurs, avait démontré en novembre 2004 qu’un shampooing anti-pelliculaire, Terva, était si toxique qu’il pouvait tuer des poissons.

“J’avais versé un liquide extrêmement dilué (de ce shampooing) dans l’aquarium, et au bout de quatre jours tous les poissons étaient morts, à l’exception d’un seul”, a-t-elle expliqué à l’AFP.

Mais un téléspectateur, un vétérinaire, a porté plainte à l’époque contre la journaliste pour avoir fait subir des souffrances inutiles aux poissons et pour violation des lois sur la protection et sur l’expérimentation des animaux.

Le ministère public a décidé après quatre ans de réflexion d’inculper en octobre dernier la tueuse de poissons, estimant que sa méthode brutale n’était pas nécessaire pour prouver la toxicité de ce shampooing.

Le shampooing a été depuis retiré de la vente du marché danois, selon Mme Koelster.

“La loi est la loi et les journalistes doivent s’y plier aussi, et je n’avais nullement l’intention de la violer”, a-t-elle affirmé, reconnaissant que la rédaction de l’émission “avait beaucoup réfléchi” avant de donner son feu vert à cette expérience.

Mais “nous avons choisi de la faire, en nous appuyant entre autres sur un rapport indiquant que les poissons n’étaient pas capables de sentir la douleur”, a-t-elle souligné.

Le but de cette illustration est “de prouver comment les industriels utilisent dans les cosmétiques des substances nuisibles pour la santé, provoquant allergies et autres maladies graves”, selon cette journaliste.

Le procès aura lieu mardi au tribunal correctionnel de Glostrup (ouest de Copenhague), où l’accusée risque, lors du verdict attendu le même jour, deux amendes de 10.000 couronnes chacune (1.340 euros).

Copyright © 2009 AFP. Tous droits réservés

Les faits remontent au 3 avril, le jour des grandes manifestations organisées à Strasbourg contre le sommet de l’OTAN. Ce jour-là, après la dispersion d’un défilé, les jeunes d’un quartier de la capitale alsacienne affrontent la police.

L’un deux, mineur, juché à l’arrière d’un scooter, lance un pétard-mortier de gros calibre sur des gendarmes mobiles qui filment le face-à-face. L’un des policiers aura les jambes brûlées par le projectile. L’autre a subi une perte d’audition à la suite de la déflagration.

Mardi 12 mai, le conducteur du scooter, un jeune homme de 22 ans, était jugé pour “violences aggravées”. Jugé coupable de “complicité” dans le tir du pétard, il a été condamné à un an de prison ferme et deux avec sursis.

Selon des témoignages et des images prises sur place, le prévenu aurait embarqué le mineur qui tenait à la main le pétard. Puis, après s’être dissimulé le visage avec une casquette, il aurait foncé vers gendarmes avant de virer pour faciliter le tir du pétard.

Le prévenu a tenté de se défendre en assurant qu’il avait voulu ramener l’adolescent chez lui et qu’il ignorait qu’il allait tirer son pétard. Il s’était caché le visage parce qu’il n’avait pas de casque et craignait une contravention, a-t-il affirmé.

Le parquet avait requis une peine-plancher modulée de douze à dix-huit mois de prison contre le prévenu, qui a déjà six mentions à son casier judiciaire et se trouve en état de récidive légale. Son avocat a vainement demandé la relaxe au bénéfice du doute.

LE MONDE |

ela faisait longtemps déjà qu’Anne-Marie B. ne saluait plus sa voisine du rez-de-chaussée lorsque, après sa journée de travail d’infirmière, elle rejoignait son appartement au premier étage de la résidence de la Pommeraie, dans une petite ville tranquille du Val-de-Marne. Un dégât des eaux les avait irrémédiablement brouillées. “La vieille”, comme l’appelait Anne-Marie, vivait recluse derrière les rideaux de sa fenêtre, à regarder les allées et venues des uns et des autres.

Une première lettre était arrivée dans la boîte aux lettres d’Anne-Marie en mars 2003. Elle était adressée à son mari, que ses fonctions de directeur d’école tenaient éloigné toute la semaine du domicile. Anne-Marie l’avait ouverte et avait lu, en gros caractères imprimés : “Monsieur B., content de vous revoir. Un des amants de votre femme est flic. Je n’aime pas les flics. Ils ont passé la soirée ensemble mercredi 5 mars.”

Un mois plus tard, Anne-Marie trouve un autre mot, toujours anonyme, glissé sur le pare-brise de sa voiture : “Votre amant de flic est venu sans sa voiture. Dommage pour la vôtre.” Les quatre pneus sont crevés. En mai, elle intercepte une deuxième lettre, toujours envoyée à son mari, qui évoque les “ardeurs sexuelles de son épouse et ses sorties nocturnes”, en livrant dates et horaires précis.

Anne-Marie B. décide de s’en ouvrir au commissariat du quartier. C’est forcément “la vieille” d’en dessous, explique-t-elle, qui a repéré les visites que lui rend son “ami d’enfance”, un policier à la retraite. Sa plainte somnole dans les tiroirs, d’autant que pendant deux ans, le corbeau ne se manifeste plus. Mais il réapparaît en décembre 2005. Une longue lettre d’abord. “J’avais du mal à vous supporter, et maintenant je ne vois plus votre habitué du mardi qui avait toujours le sourire. C’était mon rayon de soleil et votre ange gardien, car il vous protégeait, j’en ai assez de vous, je vais vous éliminer.” Puis une autre, dans laquelle il est encore question du “rayon de soleil”. “Jeudi, vous lui avez fait perdre la tête, en repartant il a oublié de refermer la braguette de son pantalon, cela m’a fait sourire. Il n’y a rien de plus beau que faire l’amour, vous avez beaucoup de chance, quelqu’un vous aime.”

Le “rayon de soleil”, explique Anne-Marie aux policiers, ça ne peut être que Roger, un autre ami d’enfance dont la mère habite l’immeuble voisin et qui vient régulièrement la dépanner. Comme il est chef d’atelier dans un garage, c’est d’ailleurs à lui qu’elle confie le soin de changer la portière de sa voiture, sur laquelle une main anonyme a gravé le mot “cocu”. A lui encore qu’un jour, folle de rage, elle demande d’aller rayer l’oeilleton de “la vieille” du rez-de-chaussée.

Dans la boîte aux lettres d’Anne-Marie B., les courriers se font de plus en plus menaçants. Ils évoquent le recours “à un vrai pro, chargé de vous éliminer”. En partant travailler, elle découvre un matin qu’une roue de sa voiture a été déboulonnée. Au commissariat, l’affaire commence à être prise au sérieux. Mais Anne-Marie B. a d’autres soucis.

Depuis quelques mois, elle fatigue beaucoup, elle a mal partout, elle ressent parfois une paralysie aux jambes, elle s’essouffle. Elle a du mal à assurer son travail d’infirmière et multiplie les arrêts-maladie. A l’hôpital, les médecins cherchent et ne trouvent rien. Jusqu’au jour où l’un d’entre eux remarque que ses ongles présentent d’étranges stries blanches. Un signe, avance le médecin incrédule, qui pourrait révéler un empoisonnement à l’arsenic. Les examens confirment.

L’affaire change de dimension. Le parquet est saisi et ouvre une information judiciaire. Les enquêteurs viennent frapper à la porte de la voisine du rez-de-chaussée, qui n’apprécie pas. Elle s’indigne des questions qu’ils lui posent et dément être l’auteur d’une quelconque lettre anonyme. Sur Anne-Marie, l’octogénaire se répand en méchanceté : “Elle doit être jalouse de mon niveau intellectuel, leur dit-elle. Moi, j’ai fait des études secondaires, cela se voit ! J’ai été pendant des années la secrétaire particulière de Léopold Sédar Senghor !”

Quelques jours après leur visite, une nouvelle lettre échoue dans le courrier d’Anne-Marie B. Elle lit et s’affole : “Je savoure ma vengeance. Un petit peu d’anhydride arsénieux, vous voyez le résultat sur votre santé. Ne me créez plus de problème.” Une semaine plus tard, nouveau message : “Je vais vous donner un indice : le sang n’a pas la mémoire des cheveux ! A vous de chercher.” A la lettre était jointe la photocopie d’une étiquette très ancienne, sur laquelle on pouvait lire : “anhydride arsénieux”.

Un matin, sur le pare-brise de sa voiture, Anne-Marie découvre un minuscule flacon d’arsenic, avec ces mots : “Voilà un indice capital pour votre guérison.” Aussitôt saisi, il est expertisé. Le flacon date de… 1847. Les lettres affluent, mêlant recommandations de thérapie et nouvelles allusions à sa vie sentimentale. “Cela fait des années que vous m’agacez à changer d’amant comme de chemise. Je suis peut-être jalouse, je n’ai jamais eu d’amant, par contre vous, vous êtes la digne représentante d’une blonde n’ayant rien dans le cerveau.”

Les enquêteurs déboulent à nouveau chez “la vieille”, perquisitionnent son appartement. Pas la moindre trace d’ordinateur, pas la moindre inscription dans un club d’informatique, aucun retrait suspect sur son compte en banque qui puisse accréditer la thèse du paiement d’un tiers. Rien, vraiment rien, susceptible d’accuser l’ancienne secrétaire de Senghor. Et pas une empreinte à se mettre sous la dent. Tout l’environnement familial et amical d’Anne-Marie B. est alors interrogé. Les policiers commencent à la suspecter d’économiser un peu la vérité sur ses relations avec ses “amis” d’enfance.

Ils s’intéressent surtout à Roger Lacome, l’ami du garage, le fidèle des fidèles qui accourt chaque fois qu’Anne-Marie s’inquiète, la rassure, lui pose un verrou supplémentaire sur sa porte, lui apporte des pots de confiture lorsqu’il va déjeuner chez sa mère. Ils ont remarqué que la cabine utilisée pour des appels anonymes se trouve à mi-chemin du domicile de Roger et de celui d’Anne-Marie.

L’infirmière est placée sur écoutes. Les enquêteurs comprennent alors que leurs relations sont nettement plus intimes qu’elle ne le leur dit et que celui-ci dispose des clés de son appartement. Toute l’enquête se concentre désormais sur cet homme. Roger Lacome est resté longtemps célibataire, consacrant ses loisirs aux maquettes d’aéromodélisme. “On pensait qu’il se marierait avec un moteur de voiture !”, dit un de ses amis. A 45 ans, il a fini par quitter le domicile de ses parents pour épouser une femme déjà mère de deux enfants lourdement handicapés. Elle travaillait au même garage que lui, Roger y est un employé modèle depuis trente-neuf ans. Il élève comme les siens les deux enfants de son épouse. Les avis sont unanimes, il n’y a pas plus chic type que Roger sur terre. Tout juste l’infirmière concède-t-elle qu’il est “un peu collant”.

Le 23 avril 2008, les policiers débarquent sur son lieu de travail pour l’interpeller. Roger Lacome leur tend immédiatement la boîte d’emballage d’une pellicule photo, qui contient, leur dit-il, le reste de l’arsenic. Il était tombé un jour sur le vieux flacon en rangeant l’atelier de son père et l’avait gardé. Il donne aussi aux enquêteurs une clé USB qu’il gardait sur lui et qui recèle les originaux de toutes les lettres du corbeau, ainsi que des dizaines de pages enflammées qu’il n’a jamais envoyées à Anne-Marie. Et surtout, il leur demande de l’appeler, elle, pour tout lui avouer en face : “Anne-Marie, regarde-moi. C’est moi qui ai mis l’arsenic dans la confiture d’abricot. Je voulais pas te perdre. Je sais que tu vas encore dire que je suis un couillon.”

Ils se sont revus pour la première fois mercredi 6 mai devant le tribunal correctionnel de Créteil, qui jugeait Roger Lacome pour “administration de substances nuisibles et menaces de mort”. Elle, la soixantaine, toute vêtue de noir, muette et tremblante au banc des parties civiles. Lui, dans le box, petit homme falot aux cheveux gris, la chemise bleue boutonnée jusqu’au col, les mains jointes. Il a raconté sa passion, depuis l’âge de 10 ans, pour celle qui vivait dans le même quartier que lui, et qu’il regardait sortir de l’école des filles voisine de la sienne. Toutes ces fois où il avait voulu lui dire qu’il l’aimait, sans jamais oser. Il s’était alors résolu à rester son “ami d’enfance” en trouvant tous les prétextes pour se rendre utile auprès d’elle.

Jusqu’à ce que, la cinquantaine venant, elle lui cède. Pendant un moment, il y avait cru, mais il avait vite senti qu’elle l’aimait “seulement bien”. Les lettres de corbeau, a-t-il raconté, ont commencé quand elle a tenté de mettre fin à leurs relations intimes et quand il a compris que l’autre “ami d’enfance” n’était pas que cela. L’arsenic ? “Je voulais juste qu’elle ait de la fièvre et qu’elle m’appelle”, dit-il.

Anne-Marie a eu bien plus que de la fièvre. Après une longue convalescence, elle a repris son travail, mais elle garde de multiples séquelles. “Je ne voulais pas lui faire de mal, a-t-il expliqué au tribunal. Mais je reconnais, je m’y suis mal pris.”

Roger Lacome a été condamné, dans la nuit du jeudi 7 au vendredi 8 mai, à cinq ans de prison, dont deux avec sursis.

Article paru dans l’édition du 13.05.09

Accusée d’exhibition sexuelle par un maton, une avocate nancéienne monte au créneau devant la cour d’appel.

NANCY.- Procès hors norme que celui qui s’est déroulé hier, pendant tout l’après-midi, devant la cour d’appel de Nancy. Il s’agissait de juger une avocate, relaxée en première instance, poursuivie pour « exhibition sexuelle » sur la foi des déclarations d’un surveillant du centre de détention d’Écrouves.
L’affaire remonte au 8 octobre 2007. Ce jour-là, le maton, alerté, selon ses dires, par un silence prolongé, prétend avoir été témoin d’un acte sexuel, entre une avocate et un détenu, lors d’un parloir. Il alerte ses supérieurs, accusant l’avocate d’avoir prodigué une fellation à son client. Pas banal, évidemment. Mais pas si simple. Car l’accusateur varie et rien ne vient corroborer ses déclarations.
Fort logiquement, le 28 octobre 2008, l’avocate est donc innocentée par le tribunal correctionnel d’Épinal. Pourquoi, dans ces conditions, le Ministère Public s’est-il entêté, au point de porter le dossier devant la cour d’appel ? Au vu du procès qui s’est déroulé hier à Nancy, on peut se poser la question…

Un placard à balais

Passons sur la présence grotesque de deux obscures parties civiles : l’association de défense des citoyens et l’association de promotion de la sécurité nationale. Le président de cette dernière participait au procès par visioconférence, depuis la prison de Poissy où il purge une lourde peine, alors même qu’il est totalement étranger à l’affaire !
Les débats ont commencé à devenir intéressants lorsque l’avocate mise en cause a expliqué pourquoi, selon elle, on lui fait ce mauvais procès. « Je suis la seule avocate à me déplacer régulièrement au centre de détention d’Écrouves où les conditions de parloir sont indignes et contraires à la loi », a-t-elle accusé. « Il est évident qu’ils étaient décidés à faire ce qu’il fallait pour que je ne revienne pas ».
Et de décrire une « ambiance insoutenable pour les détenus » et des conditions de détention « inadmissibles ».
Le parloir où l’avocate était cantonnée pour y recevoir ses clients, parfois pendant des heures, est un placard à balais d’un mètre trente-cinq sur un mètre dix-sept. Mesures confirmées par la présidente de la cour d’appel.
L’avocate accusée peut s’enorgueillir d’un passé professionnel honorable et sans tache, comme l’a confirmé le bâtonnier de l’Ordre des avocats en exercice en 2007. Mais, visiblement, c’est une « grande gueule », membre de l’Observatoire international des prisons.

Militante notoire


Aurait-on voulu faire taire cette militante du droit des détenus ? C’est ce que pense sa consœur Dominique Boh-Petit, citée comme témoin. Les avocats de la défense, Maîtres Saint-Pierre, Bouthier, Versini-Campinchi et Begel ont demandé la confirmation de la relaxe.
L’un d’eux a souligné à quel point sa cliente « fait l’objet de la vindicte de mouvements extrémistes, en raison de son activité militante notoire en faveur des droits des prisonniers ».
Quant à l’avocat général, il s’en est tenu à la ligne décidée par le Ministère Public.
Il a accordé foi aux déclarations du maton, contre l’avocate, réclamant 1.000 euros d’amende.
La décision sera rendue à une date ultérieure.

lbassand@estrepublicain.fr

Ludovic BASSAND
16/04/09

SOURCE


Quand l'opposition au nucléaire mène devant le tribunal militaireQuand l’opposition au nucléaire mène devant le tribunal militaire
Quand l’opposition au nucléaire mène devant le tribunal militaire. L’affaire Greenpeace et la centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire.

Vendredi 10 avril à 14h comparaissent devant un tribunal militaire à Bourges 12 militants de Greenpeace. Le 27 mars 2007, ils avaient pénétré sur la centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire et escaladé l’une des deux tours de refroidissement pour y peindre le slogan « EPR=Danger ». En pleine campagne présidentielle, cette action avait pour but d’interpeller l’opinion publique et les candidats sur l’EPR, le réacteur nucléaire le plus dangereux et l’un des plus coûteux du monde.

Une semaine après l’explosion du scandale d’espionnage de Greenpeace impliquant EDF, ce passage devant un tribunal militaire est un signe de plus de la volonté des autorités d’étouffer le débat sur la place du nucléaire en France.

« Parce que nous essayons de provoquer le débat, de jouer notre rôle de lanceur d’alerte, nous sommes espionnés ou amenés devant un tribunal militaire, s’indigne Frédéric Marillier, chargé de campagne nucléaire à Greenpeace. C’est inadmissible ! Le procureur nous reproche d’avoir porté atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation : la peine de prison encourue par les 12 militants est très lourde et totalement disproportionnée : ils n’ont fait qu’essayer d’entrouvrir la porte blindée du débat démocratique sur la place du nucléaire en France… Les intérêts de la nation ne sont pas ceux d’EDF et d’Areva ! »

Quand l'opposition au nucléaire mène devant le tribunal militaire Quand l’opposition au nucléaire mène devant le tribunal militaire. L’affaire Greenpeace et lacentrale nucléaire de Belleville-sur-Loire.

« La pénétration dans un site intéressant la défense nationale reprochée aux militants de Greenpeace est un délit politique, rappelle Maître Alexandre Faro, avocat de Greenpeace. La Cour d’appel de Bourges a déjà annulé un premier jugement du tribunal correctionnel qui avait condamné en juillet 2007 les militants à une peine de 3 mois de prison avec sursis car les poursuites avaient été mal engagées. Cette affaire revient aujourd’hui alors qu’EDF n’a toujours pas fait connaître le montant des dommages et intérêts qu’elle réclame et qui risquent d’être exorbitants ! »

Souvenons nous qu’au printemps 2007, en pleine période électorale, la plupart des candidats (Royal, Bayrou, Voynet, Bové, Besancenot…) s’étaient déclarés opposés à la signature dans la précipitation du décret autorisant la construction d’un réacteur EPR à Flamanville. Tous ces candidats appelaient par ailleurs de leur vœu un véritable débat démocratique sur une décision engageant l’avenir de la France et du monde. Or, onze jours avant le premier tour des élections, le 11 avril 2007, le gouvernement Villepin avait signé le décret en catimini. La messe était dite. Nucléaire et transparence démocratique semblent décidemment antinomiques.

Deux ans plus tard, le chantier de Flamanville s’avère, tout comme son grand frère finlandais, un véritable fiasco : budget explosé de 20%, retards considérables. La vérité saute aujourd’hui plus que jamais aux yeux. L’EPR est inutile d’un point de vue énergétique, puisque la France exporte déjà de l’électricité, il est très coûteux, il est très peu créateur d’emploi et il est très dangereux. Enfin, le recours au nucléaire étouffe la mise en œuvre de toute vraie solution face aux changements climatiques. Sans la moindre concertation, ni la moindre expertise économique, Nicolas Sarkozy vient pourtant d’annoncer le lancement d’un 2e EPR sur le site de Penly (Seine-Maritime).

« En France, toute puissance nucléaire qui cherche à exporter son savoir-faire partout dans le monde, on risque gros à dire la vérité ! » conclue Frédéric Marillier. Pourtant, la crise climatique est là…. Tout comme la crise économique est là. Face à ces deux urgences, il faut le dire et le répéter : le recours au nucléaire n’est pas une solution ! »

NOUVELOBS.COM
La jeune femme, qui avait accouché dans les toilettes d’un avion puis abandonné son bébé dans la poubelle, a été reconnue coupable mais laissée en liberté, au motif qu’elle était déprimée.
Un tribunal néo-zélandais a reconnue coupable mais laissée libre, mercredi 8 avril, une jeune femme qui avait accouché dans les toilettes d’un avion puis abandonné son bébé dans la poubelle.
La police a en effet retiré ses poursuites pour agression contre le nouveau-né à l’encontre de Karolaine Maika, une ressortissante des îles Samoa âgé de 29 ans. Celle-ci a donc été inculpée mais laissée libre.
Le bébé a survécu, et a été découvert le 19 mars par des femmes de ménage dans la poubelle des toilettes peu après l’atterrissage d’un vol reliant les Samoa et Auckland.

Expulsion probable

Déjà mère d’une fillette, Karolaine Maika était venue travailler comme saisonnière en Nouvelle-Zélande. Alors qu’elle affirmait avoir égaré son passeport, des tâches de sang sur ses vêtements avaient éveillé la curiosité des personnels de l’aéroport d’Auckland.
La juge Heather Simpson a justifié une remise en liberté au motif que la prévenue ne pensait pas accoucher à bord de l’avion et qu’elle était déprimée.
La jeune femme avait dissimulé sa grossesse parce que l’enfant avait été conçu hors mariage et qu’elle pensait être rejetée par sa famille et son village aux Samoa, a indiqué la juge.
La mère et l’enfant seront probablement expulsés de Nouvelle-Zélande.

L’opération escargot des pêcheurs du 3 octobre dernier leur a valu des poursuites.

Dix-sept navires en infraction, neuf inculpés, sept jugés, tous condamnés. Vendredi, au tribunal des affaires maritimes, les juges se sont penchés sur le mouvement des pêcheurs du 3 octobre 2008.

Une première au tribunal maritime de Boulogne : sept marins, des Étaplois, ont été condamnés pour avoir participé à un mouvement de protestation.

Le 3 octobre dernier, les pêcheurs étaplois ont bloqué le port de Calais. Leur motif de contestation : les quotas insuffisants imposés pour la pêche au cabillaud. Dans le début de la soirée, les chalutiers ont rejoint le port de Boulogne. Prenant le rail à contre-sens vers 18 h 30. C’est pour cette infraction que sept d’entre-eux (sur une vingtaine de chalutiers) ont été jugés au tribunal maritime de Boulogne, vendredi.

«  Il est difficile de séparer le contexte du mouvement, de l’infraction pour laquelle le tribunal est saisi », rappelle le président. L’action avait empêché le trafic des ferries SeaFrance et P &O, les obligeant à faire demi-tour.

Ce jour-là, l’hélicoptère de la police judiciaire identifie dix-sept chalutiers. Neuf sont inculpés, mais deux n’ont pas reçu leur citation à comparaître.

Aucun prévenu n’est présent dans la salle d’audience, Tous sont représentés par le même avocat. Même si le mouvement a débuté à Calais, le tribunal n’est saisi que pour la période allant de 18 h 30 à 21 h 20, moment où les marins naviguaient à contre-sens pour une opération escargot.

Trois se sont quelque peu désolidarisés de l’action et ont nié les faits au moment de leurs auditions. Arguant qu’ils étaient soit en action de pêche, soit en repérage du poisson. «  Pour la pêche, il existe une tolérance, explique l’avocat. Si cela n’occasionne pas de gêne, il est admis que les pêcheurs soient dans le sens contraire ». Un argument qui a laissé le tribunal plus que perplexe… «  Quelque part, ces marins étaient dans l’exercice d’un droit, plaide encore maître Freddy Desplanque, celui de manifester . Il s’agissait d’un mouvement coordonné : ils étaient en contact radio en permanence avec le Cross Gris-Nez, leurs feux étaient allumés ».

L’exception de nullité (le manque de précision de l’infraction dans la citation qu’ont reçu les marins) a également été soulevée. Le tribunal l’a rejetée dans chaque dossier. «  Pour rendre sa décision, le tribunal a pris en compte le contexte de protestation, la reconnaissance ou non des faits par les prévenus et le casier judiciaire », a expliqué le président.

Deux des marins qui ont nié les faits ont été condamnés à une amende de 3 000 E, deux autres devront débourser 2 500 E, un à 3 000 E dont 1 200 assortis du sursis et les deux derniers à 2 500 E dont 1 200 assortis du sursis. L’affaire reste à suivre pour les dix autres pêcheurs. •

DELPHINE LACROIX

L’affaire de Mireille Millet rebondit encore une fois et cette fois, on frôle le Grand Guignol : condamnée pour la non-représentation de son petit-fils, sa peine a été confirmée en appel. Sauf que la grand-mère a été reconnue coupable de délits commis par sa fille !

La justice n’en a pas fini avec Mireille Millet. Cette grand-mère, accusée d’être trop aimante, a été condamnée le 6 mai 2008 par le tribunal correctionnel de Briey pour la non-représentation de son petit-fils. Les magistrats l’ont estimée trop «envahissante» ; elle avançait l’état de nécessité pour un gamin qu’elle avait commencé à élever avant qu’on ne lui en retire la garde au profit du père. Reconnue coupable, elle a fait appel.

Dans le même temps, elle a poursuivi la procédure qui l’oppose au procureur de la République de Briey en poste à l’époque des faits, en 2003. L’audience s’était tenue à Thionville le 27 janvier dernier ; le délibéré doit être rendu aujourd’hui même. Un dossier dans lequel c’est la grand-mère qui accuse. Selon elle, le parquet a dissimulé un rapport d’enquête sociale qui plaidait en faveur d’un retour de l’enfant chez elle et signalait une situation de danger auprès du père.

Si ce n’est elle c’est donc sa fille…

La dame pointe donc du doigt des lacunes dans le fonctionnement de la justice et voilà la justice qui tend le bâton pour se faire battre. Jeudi dernier, la chambre correctionnelle de la cour d’appel de Nancy a confirmé la condamnation prononcée par la juridiction briotine en première instance. L’arrêt vient d’être transmis aux parties : cinq feuilles et un joyeux mélange. Les prévenus, Mireille Millet et son époux Guy, sont les bons. Le rappel de la procédure est juste : tous deux ont été condamnés pour non-représentation d’enfant. Mais après, tout se gâte. Voilà Mme Millet tout à coup prévenue d’avoir trompé cinq magasins du Pays-Haut en falsifiant des bons de commande alimentaires de l’Udaf. «Mme Millet a fabriqué de faux bons à l’aide d’un photocopieur […] Elle a reconnu les faits de falsification qui lui sont reprochés. » Et soudain, son casier judiciaire «mentionne quatre condamnations, dont deux concernent des faits similaires ». Plus rien à voir avec l’affaire initiale, et pour cause : la justice s’est emmêlée les pinceaux et toute la deuxième partie de l’arrêt d’appel concerne Corinne Millet, la fille de Mireille. Une femme placée sous curatelle, qui compte effectivement plusieurs condamnations, contrairement à sa mère.

«Qui va payer ?»

Du coup, on ne sait plus s’il faut rire ou pleurer en lisant la suite : « Eu égard aux données existant sur la personnalité de Mme Millet, et compte tenu de la gravité et la nature de l’infraction dont elle s’est rendue coupable, le premier juge a exactement apprécié la peine qu’il convient de lui infliger. Le jugement déféré sera dans ces conditions confirmé en ses dispositions relatives à la peine. » Et la voilà condamnée en appel pour des délits commis par sa fille, au terme d’un arrêt de cinq pages signé du greffier et du président. «Vraiment, vraiment, je suis en colère !», fulmine Mireille Millet. Bien sûr, ses avocats, Mes Alexandre Bouthier et Olivier Corbras, vont introduire un pourvoi en cassation, « mais qui va payer ? Et si ça avait été une peine de prison, on m’aurait enfermée à la place de ma fille ? » Des questions, la grand-mère n’a pas fini d’en poser à la justice qui, après cette erreur, va avoir bien du mal à convaincre, aujourd’hui, de son extrême rigueur.
Emmanuelle DE ROSA.

Un film retrace le combat de Christian Laplanche pour porter la robe noire, en dépit de vieilles condamnations

“Cinq ans et demi à se battre pour exercer le métier qu’on veut exercer, c’est long et pénible”, confie Christian Laplanche.

Un documentaire diffusé samedi sur France3 Sud, un livre à paraître dans les mois prochains… Christian Laplanche avait un besoin impérieux de raconter son étonnant combat pour porter une robe d’avocat. Il l’endosse depuis que le barreau de Paris l’a accueilli dans ses rangs, en juillet dernier.

Le conseil de l’ordre n’a rien vu à redire au fait que, il y a vingt-cinq ans, Christian Laplanche avait commis des braquages dans les Bouches-du-Rhône, qui lui ont fait connaître la prison et les cours d’assises. Alors que les barreaux de Nîmes, d’Avignon et de Cayenne lui avaient singulièrement claqué la porte au nez, au motif d’un oubli et d’une réhabilitation impossibles.

En 2003, ce Nîmois décide de s’inscrire au barreau. Ses diplômes, sa carrière de professeur de droit puis de maître de conférences l’autorisent à exercer la profession d’avocat. La douche est glacée lorsque le barreau lui refuse son inscription au motif qu'”il ne remplit pas les conditions d’honneur et de probité indispensables à la profession d’avocat”. Son passé l’a rattrapé, en dépit d’une réinsertion exemplaire depuis une vingtaine d’années : ses condamnations sont non avenues, son casier judiciaire purgé et sa réhabilitation établie de droit.

Christian Laplanche riposte, saisit la cour d’appel qui lui donne raison et ordonne son inscription au barreau de Nîmes. Pour les juges, l’avocat a “donné des gages de réinsertion sociale plus que suffisants”. Prestation de serment, installation dans son cabinet de la rue du Mûrier d’Espagne, premiers clients, premières affaires… “Que ce soit devant un tribunal correctionnel ou une cour d’assises, je me sens à ma place. Je ressens très fort les enjeux. Peut-être parce que je suis déjà passé par la moulinette des juridictions répressives.” Dans les années 1980, le jeune Laplanche avait su gagner la confiance des magistrats.

D’abord, celle du juge d’instruction de Tarascon – il entrera par la suite dans les ordres – qui fait confiance au gamin qui a braqué La Poste de Barbentane. Il le libère sous contrôle judiciaire. Une liberté remplie par les études. Et devant la cour d’assises des Bouches-du-Rhône, le président d’alors, Bernard Fayolle, mais surtout les jurés, donnent sa chance à cet accusé sur le chemin de la rédemption, inscrit à la fac de droit. C’est sûrement pour cela que Christian Laplanche a la défense pénale dans les tripes.

En 2006, après quinze mois d’exercice, la Cour de cassation annule la décision ordonnant son inscription au barreau. “Dès le lendemain, je recevais un fax du bâtonnier m’indiquant que mon cabinet allait être liquidé, que je n’étais plus avocat.” La secrétaire licenciée, les clients évaporés en laissant une belle ardoise d’honoraires non payés et ce satané passé qui lui “revenait en pleine gueule”. Aucun droit à l’oubli, pas la moindre reconnaissance de vingt ans d’une vie sans tache.

Le barreau d’Avignon ne veut pas de lui non plus. Celui de Cayenne où il enseigne à la faculté de droit traîne des pieds… Ces refus successifs “laissent des traces. On sort brûlé d’une affaire comme celle-là”. Les caméras de Jarmila Buzkova ont suivi ce cheminement chaotique, depuis la première prestation de serment, à Nîmes en 2003, à celle de Paris, le 6juillet dernier. Le droit chemin, cinquante-deux minutes d’images, d’interview pour montrer le coeur d’une profession qui ne cesse de plaider face aux juges que lorsque la peine est purgée, il faut faire confiance.

Un peu l’histoire du cordonnier le plus mal chaussé… Dans son nouveau cabinet, ouvert au centre de Nîmes, Christian Laplanche redémarre son activité. Il sait gré au barreau de Paris non pas de lui avoir fait une fleur mais d’avoir appliqué la loi. “Pour le bâtonnier de Paris, le mot réhabilitation a un sens, un sens juridique et un sens moral.”

Quelques dossiers ouverts seulement mais une farouche envie de revanche. “Cinq ans et demi à se battre pour exercer le métier qu’on veut exercer, c’est long et pénible.” La page est tournée. Il ne reste plus qu’à devenir simplement Me Laplanche et non plus “le braqueur devenu avocat”. Encore un beau défi à relever…
Par Luc Leroux ( lleroux@laprovence-presse.fr )