Une Justice non indépendante serait insultante. Pourtant, le « patron » de la Justice Française s’appelle désormais Nicolas Sarkozy. Président de leur Conseil Supérieur, le Président de la République est en capacité de faire la leçon aux magistrats. Et aucun président de la Cour de Cassation tout Vincent Lamanda qu’il soit, n’est en mesure de lui répondre sur les sujets qui fâchent, comme celui de l’absolue confusion entre le Siège -qui juge- et le Parquet -qui poursuit et accuse. Seul le premier est indépendant. Mais il est profondément influencé par le second, lui savamment, structurellement dépendant, avec le Chef de l’Etat au sommet d’une hiérarchie sensée à l’origine garantir l’efficacité du système et l’égalité des citoyens devant la Loi mais qui permet plus souvent de « faire le ménage ».

Articles

Reuters

Un nouvel affrontement s’annonce entre le ministère de la Justice et la magistrature à propos de la mutation forcée d’un procureur, au surlendemain de la nomination de Michèle Alliot-Marie comme garde des Sceaux.

Le déplacement contre son gré du procureur général de Riom (Puy-de-Dôme) à la Cour de cassation, sans motif disciplinaire mais de la seule initiative du ministère, a été officialisé par un décret publié mercredi au Journal officiel.

Il mentionne un avis du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) mais les deux principaux syndicats de magistrats assurent que cet avis n’existe pas et menacent le ministère de procédures judiciaires, parlant de “crise institutionnelle”.

Lors d’une réunion tenue le 4 juin au CSM, Rachida Dati, qui a cédé sa place de ministre de la Justice mardi à Michèle Alliot-Marie, avait annoncé que le projet de mutation de Marc Robert était retiré de l’ordre du jour, racontent l’Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire) et le Syndicat de la magistrature (gauche).

Les deux syndicats, qui disposent de représentants au CSM, ont donc demandé à Michèle Alliot-Marie la communication sous 48 heures du procès-verbal de la réunion, disant espérer qu’il “mentionne la réalité des débats”.

“Si tel n’était pas le cas, cela conduirait à une grave crise institutionnelle qui refléterait un parquet totalement asservi à la volonté de l’exécutif et un CSM bafoué dans son fonctionnement constitutionnel”, disent les deux syndicats dans un communiqué.

Selon eux, Marc Robert fait l’objet d’une vindicte politique car il s’est disputé en septembre 2008 avec Rachida Dati lors d’une réunion et a manifesté publiquement son opposition au projet de suppression du juge d’instruction.

Le ministère n’a fait aucun commentaire.

Thierry Lévêque, édité par Yves Clarisse

L’ultime ordonnance de Rachida Dati a eu lieu lors de son dernier jour au ministère. Elle a décidé de muter, contre son gré, le procureur général de Riom après son opposition ouverte à la réforme de la carte judiciaire.

Marc Robert (Sipa)

Marc Robert (Sipa)

La mutation controversée du procureur général de Riom (Puy-de-Dôme) Marc Robert à la Cour de cassation a été officialisée, mercredi 24 mai, avec la parution d’un décret au Journal officiel.
Marc Robert, 58 ans, à la tête du parquet général de Riom depuis février 2000, est nommé avocat général à la Cour de cassation, selon le décret. L’annonce de cette mutation, ordonnée par Rachida Dati contre le gré de Marc Robert, a provoqué la colère des syndicats de magistrats, qui dénonce une volonté de “mise au pas”, y voyant une sanction contre l’opposition affichée du procureur général à la refonte de la carte judiciaire.
La mutation est officialisée le jour même où doit prendre ses fonctions le successeur de Rachida Dati au ministère de la Justice, Michèle Alliot-Marie.
(nouvelobs.com)
NOUVELOBS.COM | 24.06.2009 | 12:10

Réagissez à l'article 4réactions

L’USM et le SM contestent la légalité du décret

NOUVELOBS.COM | 24.06.2009 | 16:33

Pour deux syndicats de la magistrature, le décret n’est pas légal.

L’USM et le SM rappellent que selon la procédure légale, le décret doit recevoir l’avis du Conseil supérieur de la magistrature (CSM). “Or, lors de la séance du CSM du 4 juin 2009, le garde des Sceaux a procédé à un retrait de l’ordre du jour de ce projet de nomination de sorte que l’avis du conseil n’a pas été émis”, affirment les deux syndicats.

“Parquet totalement asservi”

Ils expliquent d’ailleurs, que le retrait du jour a provoqué une violente altercation entre “Rachida Dati et le conseiller justice de l’Elysée”.
Expliquant craindre une “grave crise institutionnelle“, l’USM et le SM “exigent la communication, sous 48 heures, du procès verbal de la séance du 4 juin”, afin que celui-ci “mentionne la réalité des échanges” et “le retrait de l’ordre du jour”. Les syndicats estiment que si le procès verbal n’est pas communiqué, cela “refléterait” la position d’un “parquet totalement asservi à la volonté de l’exécutif et un Conseil supérieur de la magistrature bafoué dans son fonctionnement constitutionnel”.
D’autres syndicats
L’annonce de cette mutation, ordonnée par Rachida Dati contre le gré de Marc Robert, a provoqué la colère des autres syndicats de magistrats, qui dénoncent une volonté de “mise au pas”, y voyant une sanction contre l’opposition affichée du procureur général à la refonte de la carte judiciaire.
Cette mutation est officialisée le jour même où doit prendre ses fonctions le successeur de Rachida Dati au ministère de la Justice, Michèle Alliot-Marie.
(nouvelobs.com)

Eric Woerth arriverait à la Justice, il laisserait le budget à Luc Chatel, l’actuel secrétaire d’Etat à l’Industrie dont on ignore s’il conserverait le porte-parolat.

Michèle Alliot-Marie aurait finalement accepté le poste, selon Le Monde.fr.

Xavier Darcos est aussi cité.

http://syndicat-magistrature.org/_includes/_images/logo-SM-180.jpg
Communiqué commun des sections de la CFDT, CGT, fo-magistrats, le Syndicat de la magistrature, l’USM et l’USAJ

Dans un communiqué de presse du 18 juin 2009

“Depuis le 31 mars 2009, sous l’impulsion de son Premier Président Jean-Claude MAGENDIE, la Cour d’Appel de Paris a réformé son organisation en créant 8 pôles de contentieux, définis par des critères matériels ou juridiques (procédure et droit international, personnes, famille, biens immobilier environnement et consommation, vie économique, social, chambre de l’instruction, grande criminalité organisée).Le Garde des Sceaux, Ministre de la justice, se félicite de cette réorganisation qui vient accompagner la réforme de la carte judiciaire, dont les objectifs sont une organisation judiciaire plus compréhensible, des juridictions spécialisées, des délais de traitement améliorés et un accès à la Justice plus facile pour l’ensemble de nos concitoyens.”

Mme Rachida DATI, 4 jours avant de quitter la place Vendôme, a entendu associer à son bilan d’autosatisfaction, la réforme de la Cour d’appel de Paris à laquelle elle vient de décerner le label “carte judiciaire”.

Comment, sans analyse sérieuse, après à peine trois mois de mise en place chaotique pour les justiciables et les personnels, peut-on prétendre que cette réforme est de nature à améliorer la qualité de la justice ?

Où est la priorité donnée à la spécialisation quand on se prive, sous couvert de réforme, de la compétence de professionnels reconnus notamment de présidents des assises brutalement écartés de leurs fonctions ?

Rares sont ceux qui, au sein de la Cour d’appel de Paris, peuvent comme madame la Ministre, se féliciter de cette réorganisation !

Le label « carte judiciaire » pour la réforme de la Cour d’appel de Paris
(PDF – 384.1 ko)

Liens:
[1] http://www.rue89.com/tag/carte-judiciaire
[2] http://www.rue89.com/2009/03/20/methode-sarkozy-un-fait-divers-une-loi
[3] http://www.rue89.com/derriere-le-barreau/2009/01/08/suppression-du-juge-dinstruction-la-fin-de-l-independance
[4] http://www.rue89.com/matouk/2009/06/03/sarkozy-repasse-le-plat-de-la-securite-et-bafoue-la-democratie
[5] http://www.liberation.fr/societe/0101573756-dati-s-en-va-sarkozy-reste
[6] http://www.rue89.com/tag/carte-judiciaire
[7] http://www.rue89.com/2009/03/20/methode-sarkozy-un-fait-divers-une-loi
[8] http://www.rue89.com/derriere-le-barreau/2009/01/08/suppression-du-juge-dinstruction-la-fin-de-l-independance
[9] http://www.rue89.com/matouk/2009/06/03/sarkozy-repasse-le-plat-de-la-securite-et-bafoue-la-democratie
[10] http://www.liberation.fr/societe/0101573756-dati-s-en-va-sarkozy-reste

La mutation d’office du procureur général d’Auvergne a du plomb dans l’aile. Et c’est la ministre elle-même qui désamorce son projet.

« Rachida Dati avait fait le forcing il y a trois mois pour muter Marc Robert, aujourd’hui elle fait le forcing pour contrecarrer ce projet », constataient, hier soir, les représentants régionaux des syndicats de magistrats. Ils avaient lancé une pétition qui a recueilli près de 600 signatures pour soutenir son opposé à sa mutation : « Avocat général à la Cour de cassation, explique un juge, c’est théoriquement une promotion. Mais aussi un placard où ils sont déjà six en surnombre ».

Marc Robert n’aurait en fait pas été assez zélé. Trop réticent à fermer les tribunaux de grande instance de Moulins et Riom dans le cadre de la réforme de la carte judiciaire, et trop militant pour l’indépendance des procureurs. Les procureurs sont aujourd’hui nommés en Conseil des ministre avec un avis seulement consultatif du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), le garant de l’indépendance de la Justice. Marc Robert, en tant que président de la Conférence des procureurs généraux d’Europe, propose que leur nomination ne soit plus du seul pouvoir politique.

Le CSM avait d’ailleurs donné, dans un premier temps, un avis défavorable à sa mutation, réfutant la « nécessité de service » invoquée par la ministre.

Mais, surprise jeudi, il a de nouveau voté et cette fois donné son feu vert. Cependant, l’après-midi même, la ministre a retiré ce projet de mutation de l’ordre du jour de la réunion avec le CSM (voir notre édition de samedi).

Du coup, la mutation était de fait au moins retardée. Rachida Dati a temporisé encore plus en recevant Marc Robert, lundi soir, pour lui demander ses souhaits. Il lui a sans doute répété qu’il aimerait rester procureur général. Aucune décision n’a été prise, mais le fait de s’enquérir de ses souhaits apparaît comme une façon de reconnaître qu’il n’y a pas « nécessité de service ». D’autant qu’un poste de procureur général va bientôt se libérer, à Pau?

Autre constat de source syndicale, la ministre s’opposerait désormais à l’Élysée : « C’est elle qui, jeudi, a retiré le projet de l’ordre du jour en tant que présidente de la réunion. Ce rôle est normalement imparti au président de la République mais, absent, il n’était que représenté par son conseiller pour la Justice, Patrick Ouart. Or, lui voulait maintenir cette mutation? »

Marc Robert peut encore du jour au lendemain être nommé à la Cour de cassation par un décret cosigné du ministre et du président de la République : « Dati s’en va, rien ne dit que son successeur ne signera pas ce que lui demandera l’Élysée ».

Éric Moine
eric.moine@centrefrance.com

REUTERS | 20.05.2009 | 23:14
Le gouvernement italien a accusé les juges chargés d'une affaire de corruption impliquant Silvio Berlusconi d'avoir voulu délibérément nuire à son parti en vue des élections européennes du 6 et 7 juin. /Photo prise le 12 mai 2009/REUTERS/Amr Abdallah DalshROME (Reuters) – Le gouvernement italien a accusé les juges chargés d’une affaire de corruption impliquant Silvio Berlusconi d’avoir voulu délibérément nuire à son parti en vue des élections européennes du 6 et 7 juin.

Le tribunal de Milan a diffusé mardi un document justifiant la condamnation en février de l’avocat britannique David Mills. Le document indique que Mills, reconnu coupable d’avoir accepté un pot-de-vin de 600.000 dollars en 1997, a livré un faux témoignage pour protéger Berlusconi et le groupe qu’il dirige, Fininvest.

Berlusconi n’était pas président du Conseil à l’époque des faits, mais l’était durant le procès. Tout comme Mills, il rejette les accusations et a fait appel du premier verdict. Berlusconi, en outre, dit ne pas se souvenir d’avoir jamais rencontré Mills.

“A deux semaines des élections européennes, le président du Conseil est la cible d’une attaque politique bien minutée”, a accusé le porte-parole du gouvernement, Paolo Bonaiuti, sur le plateau d’une émission télévisée.

Les documents présentant les motivations d’une condamnation doivent être diffusés dans les trois mois en Italie, mais ce délai varie en fonction de la charge de travail des tribunaux et de la complexité de l’affaire.

Depuis mardi, plusieurs membres du Peuple de la liberté, le parti de Berlusconi, ont accusé les juges d’avoir voulu interférer avec la campagne politique.

Berlusconi lui-même a estimé que le juge qui instruit l’affaire, Nicoletta Gandus, était son “ennemi politique”, un “militant très actif d’extrême gauche” qui a, naguère, participé à des manifestations contre lui. Ces déclarations écrites ont été rendues publiques mercredi par des collaborateurs du président du Conseil.

Les sondages créditent le Peuple de la liberté d’une large avance sur le Parti démocrate pour les européennes, avec respectivement 41% et 26% d’intentions de vote.

Philip Pullella, version française Gregory Schwartz et Eric Faye

Le parquet de Paris a fait appel de cette décision, a-t-on indiqué de mêmes sources. Une telle annulation pour “délai particulièrement anormal” de la procédure est rarissime.

Quatre personnes -un armateur, deux membres d’équipage et un expert- ont été mises en examen en 1993 dans ce dossier remontant aux années 1990 et 1991. L’armateur est soupçonné d’avoir détruit son navire au large des côtes italiennes afin de toucher une prime d’assurance, l’expert étant soupçonné d’avoir surestimé le prix du navire à 13 millions de FF.

La 12e chambre du tribunal correctionnel de Paris a donc annulé jeudi ce dossier d’escroquerie présumée à l’assurance sans même en examiner le fond qui devait faire l’objet de deux journées d’audience. “Le principe d’un délai raisonnable est une des bases de la notion de procès équitable”, souligne le tribunal dans son jugement en précisant que sa violation est une “atteinte généralisée à l’ensemble des principes de fonctionnement de la justice pénale”.

“Il appartient au juge, gardien des libertés, de s’assurer de l’effectivité des règles fondamentales du procès. Il ne peut donc, après avoir constaté que la procédure qui lui est soumise viole la norme d’un délai raisonnable, participer lui-même à cette violation en la laissant se poursuivre sous peine de transformer les valeurs qu’il est censé protéger en simples symboles décoratifs”, souligne le tribunal présidé par Serge Portelli.

En quinze ans d’instruction, “il s’est écoulé près de huit années de procédure sans qu’aucun acte n’intervienne et ce, sans aucune raison valable”, indique le jugement. Les juges d’instruction “ont procédé à un minimum d’actes” dans une affaire d’une “durée particulièrement longue” dépassant “de beaucoup la durée des instructions judiciaires en France, même en matière financière”, relève le tribunal. L’affaire avait été renvoyée devant le tribunal en septembre 2007.

Pour justifier cette annulation, les magistrats rappellent que l’article 6.1 de la CEDH et l’article préliminaire du Code de procédure pénale prévoient que toute personne a droit à ce que sa cause soit entendue dans un délai raisonnable et qu’il soit statué de la même façon sur l’accusation dont elle fait l’objet.

Un délai qui s’apprécie bien évidemment au regard de la complexité de l’affaire, aux difficultés de rapporter la preuve, au nombre de prévenus… Or, relève le tribunal, ce dossier “ne présentait pas de complexité particulière” en dépit de faits supposés commis en Italie.

“Les seules investigations présentant un tant soit peu de difficultés tenaient aux vérifications à accomplir en Tunisie. Il a fallu quatre ans pour cela”, note le tribunal qui relève que les mis en examen n’ont fait preuve “d’aucune attitude dilatoire ou abusive”. Deux d’entre eux, aujourd’hui âgés de 82 et 73 ans, étaient absents de l’audience pour raisons médicales. La justice italienne, également saisie, a jugé en 2008 que les faits reprochés au principal prévenu étaient prescrits.

“Le tribunal est allé jusqu’au bout de la logique pour protéger les droits de la défense et les fondements même de l’organisation judiciaire”, s’est félicité l’avocat de l’armateur, Me Christian Saint-Palais.

 

Article de Benjamin Brame

PAU. Pour la première fois hier, le tribunal correctionnel a annulé une procédure au motif que l’ordonnance du juge d’instruction est un « copié collé » du réquisitoire définitif du parquet

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La décision du tribunal correctionnel crée une jurisprudence nouvelle à Pau. (Photo guillaume bonnaud)

Ils étaient 12 jeunes gens à être jugés hier par le tribunal correctionnel de Pau, pour s’être livré à un trafic présumé de stupéfiants entre le Béarn et Paris, en 2006.

Mais le tribunal n’a même pas eu le temps d’aborder le vif du sujet. Deux avocats ont soulevé « in limine litis » (en début d’audience) une exception de nullité. Laquelle a fait partir l’affaire de stups en fumée.

Mes Christophe Cariou-Martin (cabinet Ducos-Ader, Bordeaux) et Nicolas Benouaiche (cabinet Kaminski, Paris) ont relevé que l’ordonnance de renvoi du juge d’instruction (le document qui « convoque » leurs clients devant la justice au terme de l’enquête) n’était qu’un « copié collé » du réquisitoire définitif du parquet (la synthèse du dossier vu par l’accusation).

« À charge et à décharge »

Ce mimétisme n’a rien d’exceptionnel. C’est même une pratique courante. Toutefois, objectent les deux avocats, soutenus en cela par leurs confrères palois présents dans ce dossier, cette coutume bafoue une loi récente : celle du 5 mars 2007, dont l’objet est « de renforcer l’équilibre de la procédure pénale ».

Cette loi prévoit, via l’article 184 du Code de procédure pénale, que le juge d’instruction doit désormais « prendre ses réquisitions au regard des réquisitions du ministère public et des observations des parties, en précisant les éléments à charge et à décharge. Ce qui lui interdit, dorénavant, de se référer au réquisitoire définitif », estime la défense.

« Auparavant, on pouvait se contenter de mettre ”vu le réquisitoire en date du…” et cela suffisait, plaide Me Benouaiche. Aujourd’hui, on exige que les ordonnances de renvoi soient motivées. » Et mentionnent les notes aux fins de non-lieu transmises par la défense. « Quitte à faire du copié collé, autant le faire aussi avec nos observations », lance Me Benouaiche.

Me Cariou-Martin a rassuré le tribunal : la manoeuvre de la défense n’a « rien de dilatoire ». Ni d’un procès d’intention fait à la justice. « Le juge n’a pas voulu violer l’article 184. Il a été dans la nécessité de le faire par manque de moyens matériels ».

L’avocat note toutefois que « même les fautes de frappe sont reprises ! » Et le plaideur d’appeler « la justice à prendre le temps de rendre la justice ».

La cour d’appel de Paris, rappelle-t-il, a rendu en janvier un arrêt dans ce sens. Une décision « désormais affichée à l’instruction à Paris », indique l’avocat. Et le tribunal correctionnel de Bordeaux vient également de prononcer un jugement hostile copié collé.

Soulevé pour la première fois à Pau hier, l’argument a également fait mouche. Le tribunal, présidé par Yves Poumeau de Lafforest, a annulé l’ordonnance du juge, et renvoyé le parquet « à mieux se pourvoir ». Fin de l’audience.

Avant cela, le procureur Etchegoinberry avait bien expliqué que « le rôle du ministère public est d’être le garant des libertés individuelles ». Et que, par conséquent, « son travail n’est pas seulement de chercher des éléments à charge : il requiert également des non-lieux ». Quant au copié collé, le procureur « ne voit pas l’intérêt de changer systématiquement de formulation : quand une personne déclare ”je reconnais avoir transporté 300 grammes de cocaïne”, je ne vois pas comment le dire autrement ».

Vain plaidoyer de l’accusation pour les mérites du presse-papiers informatique. Le tribunal de Pau est venu s’ajouter au nombre des juridictions qui bannissent le « copié collé » entre le parquet et l’instruction.

Auteur : Gwenaël Badets
g.badets@sudouest.com

NOUVELOBS.COM

Les propos prêtés à la ministre de la Justice par Entreprendre marquent le “mépris” relève le principal syndicat des magistrats. Si la garde des Sceaux dément, la direction du mensuel “confirme”.

Rachida Dati aurait qualifié les avocats et les magistrats de "très sournois" à propos de la contestation de la carte judiciaire 2007 en (Sipa)

Rachida Dati aurait qualifié les avocats et les magistrats de “très sournois” à propos de la contestation de la carte judiciaire 2007 en (Sipa)

L‘Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire) a dénoncé jeudi 14 mai le “mépris” de la ministre de la Justice Rachida Dati, qui aurait qualifié dans Entreprendre les magistrats et avocats de “très sournois”. De propos toutefois démentis par la garde des Sceaux, mais maintenus par le mensuel. L’USM a indiqué relever dans les propos de Rachida Dati “une nouvelle fois une marque de mépris”.

“C’est complètement déloyal”

La ministre de la Justice avait été invitée par le mensuel Entreprendre d’avril avec d’autres personnalités comme l’ancien ministre socialiste des Affaires étrangères Roland Dumas, avocat de formation qui a déclaré à propos de la contestation de la nouvelle carte judiciaire fin 2007 que les magistrats et avocats étaient des “corps très réactifs”.
“Et très sournois“, a ajouté Rachida Dati. “J’ai fait de nombreux déplacements sans aucune difficulté, mais la charge est arrivée par derrière. Je trouve que c’est complètement déloyal”, a-t-elle ajouté à propos du tollé suscité dans les professions judiciaires par son projet de redécoupage des juridictions.

Scandalisée par ces propos”

L’USM s’est déclaré être “scandalisée par ces propos” et a “exigé des explications sur ce qui ne peut pas être un simple dérapage verbal”. Le premier syndicat de magistrats s’est inquiété aussi “de la participation active de la garde des Sceaux à l’entreprise de dénigrement de l’image des magistrats auprès de l’opinion publique”. L’USM a indiqué qu’elle “envisageait une action en justice pour répondre à cette attaque gratuite”.
Le ministère de la Justice a affirmé jeudi soir à l’AFP que Rachida Dati “dément” avoir tenu ces propos et “n’a pas vu la transcription écrite du déjeuner” auquel elle a participé. Interrogé par l’AFP, Robert Lafont, président du groupe qui édite Entreprendre, et qui a assisté au déjeuner-entretien en présence “d’une quinzaine de personnes”, a pour sa part “confirmé les propos tenus” par la ministre de la Justice.
(Nouvelobs.com avec AFP)

L’USM ne croit pas au démenti de Rachida Dati

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