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Isabelle Horlans, le lundi 20 juillet 2009 à 04:00

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Les procès de Marie Besnard, qui passionnèrent la France, donnèrent lieu à une redoutable bataille d’experts qui n’honora pas la science. C’est alors que le dernier d’entre eux apporta une contradiction majeure. Le 29 novembre 1961, M. Batisse se présente aux assises à Bordeaux, où « l’empoisonneuse » est jugée pour la troisième fois. L’agronome a analysé les sables de Loudun : sans contestation possible, ils contiennent de l’arsenic. Utilisés en maçonnerie, notamment au cimetière, ils en ont saturé le sol. Egalement suspects d’avoir « pollué » les cadavres, le sulfatage des fleurs et le zinc des ornements funéraires. Aux Loudunois qui assistent aux débats, il assène sa vérité : « Vous avez enterré vos morts dans une réserve d’arsenic ! Cette femme est innocente. » Stupéfaction générale. L’accusation branle sur son socle bâti de bric et de broc. Les douze années d’instruction acharnée contre Marie Besnard sont réduites à peau de chagrin. Il n’y avait ni preuves ni aveux, et le mobile relevait du subjectif : captation d’héritage, disait le juge, mais la dame de Loudun possédait une fortune et n’avait nul besoin de l’argent des autres. Un temps, le magistrat chargé des réquisitions s’accrocha aux témoins. René Héricotte, reporter à France-Soir, les raille dans son article paru le 16 février 1980, au lendemain du décès de Marie Besnard dont il fut l’ultime confident : « Ce ne sont pas des témoins mais des sots, des envieux, des ragotiers, parlant par ouï-dire, insinuant mais n’apportant rien » (lire ci-contre). Le représentant du ministère public ne réclama finalement aucune peine, s’en remettant à la sagesse des jurés. Mardi 12 décembre 1961, ils choisirent l’acquittement.

Acquittée, jamais indemnisée, éternellement suspecte

Il est coutume d’écrire que le calvaire de Marie Besnard a duré douze ans – de son incarcération en 1949 à son acquittement en 1961. Faux. Jusqu’à sa mort, le 15 février 1980, « la bonne dame de Loudun » demeura, aux yeux du plus grand nombre, une accusée acquittée mais pas fondamentalement innocentée. Du reste, elle ne fut jamais réhabilitée par la justice, pas même indemnisée. Aucune loi ne permettait alors de demander réparation à l’Etat.

Quant à ses dénonciateurs, ils étaient soit décédés, soit insolvables. En ce XXIe siècle, il en est encore qui, à la seule évocation de son nom, commettent cette sempiternelle association d’idées : « Ah oui ! Marie Besnard, l’empoisonneuse… » En dépit des multiples livres et films retraçant le chemin de croix de la dame à la mantille noire et aux épaisses lunettes, le doute est resté profondément ancré dans les esprits français. A la fin des années quatre-vingts, faute d’avoir parfaitement assimilé que Marie Besnard avait été acquittée, je provoquai par mes écrits l’ire de l’un de ses plus farouches défenseurs, Frédéric Pottecher. Mon article était consacré à Simone Weber, « la diabolique de Nancy » accusée d’avoir tué son amant, et peut-être aussi son mari. La saillie de l’un de ses avocats, l’excellent Jacques Vergès, m’était apparue si savoureuse que je la retranscrivais in extenso. Parlant au juge de Simone Weber, il déclarait ceci : « Vous avez créé un hybride avec les couilles de Landru et les ovaires de Marie Besnard ». Sacrilège ! Jacques Vergès fut récusé par sa cliente, choquée, et je fus vertement tancée par mon célèbre confrère. Il prit la peine de m’écrire pour me conseiller, à l’avenir, de nuancer les propos rapportés, fussent-ils a priori teintés d’humour. Dans mon texte, il manquait le rectificatif essentiel : on ne peut fabriquer un hybride de criminelle avec les ovaires d’une innocente…

Affaire de moeurs ou affaire d’Etat ?

Par Marcelle Padovani

Plus de trente ans après l’assassinat du cinéaste de «Salo», son meurtrier revient sur ses aveux, et donne des noms. Notre correspondante à Rome, Marcelle Padovani, l’a rencontré

Il arrive au rendez-vous de son pas dansant de «ragazzo di vita» vaguement démodé. Avec le sourire roublard des jeunes prolos romains. A 51 ans, Pino Pelosi, dit «Pino la Rana», Pino la Grenouille, à cause de son sourire, justement, est apparemment rangé : l’assassin de Pier Paolo Pasolini exerce le métier de jardinier à 820 euros par mois dans une coopérative de la capitale. Et arbore son uniforme de travail, pantalon orange et tee-shirt assorti.

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DR
Pino Pelosi

Cela fait maintenant trente-quatre ans que Pino tient en haleine l’intelligentsia italienne avec ses révélations à épisodes. Qui se contredisent sans vraiment s’éliminer. Mais la dernière a tellement mis en émoi les Amis de Pasolini que, le 28 avril, l’avocat Stefano Maccioni a demandé au parquet de Rome la réouverture de l’enquête sur ce meurtre atroce qui remonte au 2 novembre 1975.

A l’époque, le procès s’était achevé avec une condamnation à neuf ans et sept mois de prison pour Pino Pelosi, alors âgé de 17 ans. Le mobile ? Un crime typiquement homo, une bagarre sanglante pour une histoire de prestation sexuelle. Peut-être avec le concours d’inconnus, mais il n’y en avait aucune preuve, et Pelosi revendiquait avec force d’avoir agi seul.

«Pourquoi j’ai changé de version ? explique Pino la Grenouille. Parce que tout le monde est mort, et que maintenant je peux parler.» Ce «tout le monde est mort», on le retrouve en ouverture des confidences du même Pelosi à la metteur en scène Roberta Torre dans «La nuit où Pasolini est mort», qui a été présenté au public le 14 mai. Un film qui a secoué les intellectuels romains. «On l’a exécuté, y affirme Pino. Ils étaient cinq. Ils lui criaient : «Sale pédé, sale communiste !» et ils le tabassaient dur. Moi, ils m’avaient immobilisé. Je ne l’ai même pas touché, Pasolini, j’ai même essayé de le défendre…» Puis Pino continue ses révélations en avouant avoir reconnu parmi les cinq agresseurs «les frères Borsellino, deux Siciliens fascistes et dealers», et en spécifiant qu’à son avis «ils exécutaient une commande. Ils voulaient lui donner une leçon et ils se sont laissés aller. C’est que Pasolini cassait les pieds à quelqu’un»...

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© Ginies/Sipa
Né en 1922 à Bologne, Pier Paolo Pasolini a été assassiné en 1975 sur la plage d’Ostie. Ecrivain, poète et cinéaste, il avait réalisé notamment «l’Evangile selon saint Matthieu», «Théorème», «Médée» et «Salo ou les 120 journées de Sodome», son dernier film.

Dès le lendemain de la projection, la presse s’est fait l’écho des nouvelles accusations de Pelosi. Il les confirme au cours de notre entretien. Qui sont tous ces gens qui l’empêchaient de parler tant qu’ils étaient en vie ? Il énumère : «Les frères Borsellino d’abord, morts du sida en prison. Mes parents ensuite, qui étaient menacés par eux au cas où j’ouvrirais la bouche. Mon avocat enfin, Rocco Mangia, un drôle de bonhomme lié aux fascistes et aux services secrets.»

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© Rudling/Sipa
Pier Paolo Pasolini

Sa nouvelle version de l’homicide est apparemment corroborée par un livre, «Profondo nero», sorti en février (1). Ses auteurs soutiennent qu’un fil conducteur relie trois grands attentats de l’après-guerre : celui qui coûta la vie à Enrico Mattei en 1962 et fut camouflé en accident d’avion; celui qui vit disparaître en 1970 le journaliste Mauro De Mauro, qui enquêtait sur l’attentat Mattei; et l’assassinat de Pier Paolo Pasolini. Le «pétrole» serait à l’origine de ces trois «cadavres exquis». «Pétrole», c’est le titre du roman posthume de Pasolini (1), où il voulait dénoncer les ressorts occultes de la Première République italienne, lorsque des financiers, des politiques, des industriels recouraient à la violence et au crime pour éliminer des adversaires ou s’accaparer une tranche de pouvoir.

Pasolini, soutiennent les auteurs de «Profondo nero», voulait raconter «la toile d’araignée des sociétés et des affaires louches qui tournaient autour d’un nom célèbre, celui d’Eugenio Cefis, qui prendra d’ailleurs la succession de Mattei à la tête de l’ENI, le fameux Ente Nazionale Idrocarburi».

Dans un édito du «Corriere della sera» daté du 14 novembre 1974, soit un an avant sa mort, Pasolini avertissait en effet : «Je sais les noms des responsables du «golpe», de ceux qui ont manoeuvré les néofascistes et des prétendus inconnus responsables des massacres les plus récents…» Et ce qu’il savait, il voulait l’écrire, le dénoncer dans son «Pétrole», qui a pu tromper les lecteurs avec ses pages érotico-obsessionnelles mais qui avait un tout autre but. Cela expliquerait la disparition d’une partie importante du manuscrit. Et, surtout, l’acharnement des assassins sur le corps du cinéaste cette nuit-là, à Ostie. Le crime Pasolini deviendrait alors un crime politique, presque un crime d’Etat. Car on ne rappellera jamais assez ce que les carabiniers découvrirent à 6 heures du matin le 2 novembre 1975 : un cadavre enfoui dans le sable, le front lacéré, les mâchoires fracturées, les oreilles à moitié décollées, le sternum et dix côtes cassées. Son coeur avait éclaté car une voiture était passée à plusieurs reprises sur son corps.

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© AZP/Sipa
Le cadavre de Pasolini

«Nous avons toujours soutenu que Pelosi ne pouvait avoir accompli ce désastre tout seul», dit Nino Marazzita, avocat de la famille Pasolini. Et s’il refuse de se prononcer sur la théorie du complot au nom du «dieu pétrole», il salue ces nouvelles révélations en demandant quelque chose de «très simple, très terre à terre» : «Quand l’écrivain a été assassiné, la police n’utilisait pas encore les techniques de recherche liées à l’ADN Aujourd’hui, il suffirait de prélever au Musée du Crime de Rome la chemise, le pull et le pantalon de Pier Paolo et de les examiner. La vérité est dans ces traces biologiques que les ans n’ont pas effacées.»

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Et l’on en revient à Pino la Rana : a-t-il dit toute la vérité ? Pourquoi n’est-il pas convaincu par l’hypothèse d’un meurtre commandité par Eugenio Cefis ? Aurait-il d’autres informations, qu’il ne veut ou ne peut livrer ? Car les menaces qui pesaient sur sa famille et la peur de représailles ne suffisent pas à expliquer qu’un adolescent accepte de passer neuf ans en prison (même si, dit-il, «c’est bien, la taule, ça conserve, je le dis, moi qui y ai fait pas mal d’allers-retours pour vols, hold-up ou deal de stupéfiants… Vingt-six ans en tout» !). Ni qu’il ait attendu plus de trente ans pour se rappeler certains détails du crime. Au terme de la conversation, il est donc difficile de savoir si Pino continue de jouer un rôle, s’il se vante ou s’il ment. Avant de s’éloigner, il lance : «Tu verras, on est destinés à se revoir… Lorsque je ferai mes prochaines révélations.»

M.P.

(1)Editions Chiarelettere.

Toutes les critiques de l’Obs

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Source: “le Nouvel Observateur” du 16 juillet 2009.

(Document Archives départementales).
L’acte d’accusation extrait du dossier de procédure.

Cet été, Olivier Goudeau, ouvre à nouveau les archives judiciaires du département. Aujourd’hui, deux infanticides qui se soldent par deux acquittements.

Vingt-neuf décembre 1879. A Clessé, près de Parthenay, Joséphine Croizé marche à vive allure sur un petit chemin de campagne, un paquet à la main. Légèrement courbée, la jeune femme de 20 ans longe les murs en tournant la tête de temps à autres. Elle pénètre dans le jardin privé des religieuses, suit le sentier et s’approche d’un puits où elle lance son paquet avant de s’enfuir.
Trois semaines plus tard, le 17 janvier, Clessé est sous le choc. Le cadavre d’un nourrisson vient d’être découvert dans le puits du jardin des sœurs. Le lendemain, à 14 h 45, une cohorte de gendarmes pénètre dans le petit village deux-sévrien, avec à leur tête Frédéric Bordier, juge d’instruction. Tous se dirigent vers la mairie où la dépouille de la petite victime a été placée. Avant même d’ouvrir l’instruction, le magistrat s’est fait sa petite idée. Depuis son arrivée dans le village, la rumeur publique s’est chargée de lui faciliter la tâche.
A Clessé, beaucoup connaissaient la grossesse de Joséphine Croizé, à commencer par sa mère. Le médecin chargé de l’autopsie constate que l’enfant est né à terme et vivant. Il note dans son rapport. « L’enfant a succombé à une asphyxie par strangulation. »

Deux acquittements en deux jours

Face au juge, l’accusée reconnaît rapidement les faits. Elle a bien accouché seule chez elle, le dimanche 28 décembre, pendant que ses parents étaient à la messe. « J’ai eu le malheur de prendre mon mouchoir, de le rouler et de serrer le cou de mon enfant jusqu’à ce qu’il cessa de crier. Puis je l’ai monté dans ma chambre. C’est le lendemain, lundi seulement que j’étais toute seule que j’ai porté l’enfant dans le puits des bonnes sœurs. » Le 9 juin 1880, Joséphine répond de son crime devant la cour d’assises. Touchés par le destin tragique de la jeune femme, les jurés la déclarent non coupable.
Terrible coïncidence, le lendemain c’est au tour de Virginie Husseau, de s’asseoir sur le banc des accusés. Comme Joséphine, la jeune femme de 23 ans est soupçonnée d’avoir assassiné son bébé, à son domicile, du côté de Sainte-Radegonde. Le médecin chargé de l’autopsie explique que la victime a eu le crâne brisé, probablement par plusieurs coups de sabots. L’accusée nie en bloc : « L’enfant a pu se faire mal en tombant, se défend-elle. Je ne lui ai point fait mal exprès. » Il faut croire que les jurés ont été convaincus par ses arguments. Elle est déclarée non coupable. Comme Joséphine, Viriginie ressort libre du tribunal.

La semaine prochaine : l’affaire Jean Poupard à Viennay en 1886

Source

AFP 11.07.09 | 16h19

L’Etat a introduit une action en revendication d’un fragment du jubé du XIIIème siècle de la cathédrale de Chartres, actuellement détenu par un antiquaire, devant le Tribunal de Grande Instance de Paris, a confirmé samedi le ministère de la Culture.

Un jubé est une tribune transversale en forme de galerie, élevée entre le choeur et la nef dans certaines églises. Il en reste très peu en France.

Le ministère était interrogé par l’AFP à la suite d’articles de presse samedi à ce sujet, l’un paru dans Libération et l’autre mis en ligne sur le site de la Tribune de l’Art.

En 2002, l’antiquaire parisien Philippe Carlier, qui possède la galerie parisienne Brimo de Laroussilhe, achète sur le marché de l’art français un fragment de pierre sculptée. Après des recherches, il découvre qu’il s’agit d’un élément du jubé du XIIIème siècle de la cathédrale de Chartres, démantelé par le clergé en 1763.

Le marchand d’art propose alors à l’Etat de lui vendre pour 2,3 millions d’euros. La direction des musées du ministère lui fait une offre à 1 million d’euros, ce que refuse l’antiquaire. Des experts sont désignés, qui estiment que le fragment vaut entre 3 et 7 millions d’euros, selon la presse.

Début 2007, la direction de l’architecture et du patrimoine décide de demander à la galerie la restitution du fragment de jubé. Elle se base sur un décret du 2 novembre 1789 de l’Assemblée Constituante qui prévoyait que les biens de l’église étaient mis à la disposition de la Nation, relate la Tribune de l’Art.

Samedi, le ministère de la Culture n’a pas voulu donner de détail sur le litige, une procédure judiciaire étant en cours.

Il a rappelé que l’Etat exerçait des actions en revendication ou en restitution sur le fondement de la domanialité publique dans certains cas. “Pendant la Révolution, les biens immobiliers et mobiliers ont connu chacun une destinée particulière et il ne peut être question de revendiquer tout ce qui a été distrait ou aliéné pendant cette période. L’histoire de l’édifice et des biens qui lui sont attachés doit être analysée précisément avant de prendre une décision”, souligne le ministère.

L’Etat n’agit pas en revendication s’il n’est pas certain de pouvoir affirmer d’une part l’appartenance au domaine public d’un bien “redécouvert” et d’autre part que ce bien n’a jamais pu en être déclassé de manière légale à un moment ou à un autre, explique-t-il.

Par Pelletier Éric, Guyonvarch Marion, publié le 06/07/2009 14:02:25

Dan Voinea, le général à l’origine de la réouverture du dossier Calderon, est une célébrité en Roumanie. C’est lui qui fut chargé de requérir contre le dictateur Nicolae Ceausescu et son épouse Elena lors de leur « procès » expéditif de 1989. Le 25 décembre de cette année-là, le major Voinea, 39 ans, du bureau des procureurs militaires de Bucarest, reçoit l’ordre de se rendre d’urgence à Targoviste, où le couple doit être traduit devant un tribunal improvisé. « Les magistrats les plus âgés ne voulaient pas y aller, raconte-t-il à L’Express. Etant donné les charges retenues, les Ceausescu encouraient la peine capitale. »

Le procureur, qui craint encore un retournement de situation au profit du régime, se retrouve ainsi face à celui qui se faisait alors appeler le Génie des Carpates. « Je savais que l’un de nous allait mourir, poursuit-il. Lui ou moi ? Je l’ignorais. » L’audience sera brève (moins d’une heure) et à sens unique. Très vite, le verdict tombe : la mort. Cinq soldats s’emparent des condamnés, incrédules. Réalisant qu’elle va mourir, Elena s’évanouit.

« Les militaires du peloton d’exécution ont tiré presque aussitôt, en se reculant pour ne pas apparaître dans le champ de la caméra », précise Voinea. Une parodie de justice, il en convient : « Les avocats se sont conduits en procureurs. Ce procès a été mutilé d’un point de vue procédural. Mais la justice ne s’applique qu’à des situations de normalité… » Retraité depuis peu, ce Fouquier-Tinville roumain, aux airs de paisible grand-père, a, dit-il, la conscience tranquille. M. G. et E. P.

Xavier Beneroso

C’est l’histoire sans fin d’une « longue peine ». Abdelhamid Hakkar, 53 ans, écroué depuis le 2 septembre 1984 pour un vol à main armée et le meurtre d’un policier, collectionne un triste record. Il a passé un quart de siècle entre quatre murs. Embastillé actuellement à Ensisheim, près de Mulhouse, il n’aperçoit toujours pas le moindre signe de libération conditionnelle. Ce détenu, célibataire sans enfants, semble condamné à vie. Un cas rarissime, même pour les « perpétuités » qui finissent toujours par voir s’ouvrir, un jour, les portes de la prison. Aujourd’hui, Hakkar livre son ultime combat judiciaire. Le détenu est sceptique. Comme il l’écrit, le 11 mai dernier, dans une lettre à son avocate, Me Marie-Alix Canu-Bernard : « Je m’épuise à la longue tel le mustang qui tourne perpétuellement en rond dans son enclos et qu’on prive de toute perspective de liberté. » « Qu’est-ce qu’on lui fait payer ? » s’énerve son conseil. Et de préciser le déroulé de son marathon carcéral.

En vingt-cinq années d’emprisonnement, Hakkar a connu près de 45 transferts entre les différents établissements français. Il a été placé au total douze ans à l’isolement – ce qui a valu à la pénitentiaire d’être condamnée par le tribunal administratif. Sans oublier le « mitard », les quartiers disciplinaires, qu’il a fréquentés durant quinze mois. Le paradoxe réside surtout dans le fait que, théoriquement, Abdelhamid Hakkar peut prétendre à la libération conditionnelle depuis maintenant près de neuf ans. Le terme de sa période de sûreté, fixée à seize ans de détention, est écoulé. De manière logique, Hakkar pouvait espérer… Mais le parcours vers la liberté de cette « longue peine » se heurte à un mur.

« La guillotine ? Chiche ! »

Le 31 janvier 2006, Hakkar avait écrit à Pascal Clément, le garde des Sceaux de l’époque. Une missive au vitriol. « Vos centrales sont devenues des annexes des hôpitaux psychiatriques (…) au point de nous amener à vivre au quotidien un remake de Vol au-dessus d’un nid de coucou. On voudrait faire perdre la raison à ceux d’entre nous qui ne l’auraient pas encore perdue qu’on ne n’y prendrait pas autrement. » En guise de conclusion, Hakkar lançait un défi désespéré à l’adresse du ministre. « A choisir la mort lente  que vous m’avez programmée, c’est moi qui vous prends au mot. Chiche : revenez ici avec la guillotine, moi je m’y présenterai. Je ne me résigne pas à mon sort d’enterré vif. » Changement de tête Place Vendôme. Le 9 décembre 2008, Rachida Dati répond à Jack Lang qui s’est mobilisé pour le détenu. La ministre de la Justice botte en touche : « M. Adbelhamid Hakkar n’a fait l’objet d’aucun acharnement judiciaire. » Voire…

Une justice autiste

Cela fait près de quinze ans que le divorce entre la magistrature et le détenu vindicatif a débuté. Le 15 décembre 1995, le Conseil des ministres du Conseil de L’Europe a condamné l’Etat français, considérant que M. Hakkar n’avait pas été jugé dans un délai raisonnable et que surtout, n’ayant pas bénéficié de l’assistance d’un avocat, son procès était inéquitable. Une gifle pour les institutions françaises. La justice a dû à nouveau juger le tueur de policier qui n’a jamais reconnu son crime. Cette victoire, Hakkar la doit d’abord à lui-même. « Qu’est-ce qu’on cherche à lui faire payer, le fait qu’il soit devenu en prison un éminent juriste ? » s’agace une nouvelle fois Me Marie-Alix Canu-Bernard. L’interrogation est justifiée. Car, après avoir infligé un camouflet à la justice française, Hakkar le procédurier a perdu systématiquement son combat pour sa liberté devant les juridictions. A Tarbes en 2006, à Pau en janvier 2007, à Bordeaux en juillet 2008 ; et cette semaine à Toulouse l’avocate a bataillé sans relâche. Une affaire de principe.

« Depuis dix ans, je n’ai pas pris d’honoraires sur ce dossier », glisse-t-elle. Hakkar, lui, cherche à convaincre qu’il possède désormais le profil idéal pour une prochaine réinsertion. Il n’est plus considéré comme un détenu particulièrement signalé depuis 1999. Il rencontre régulièrement un psychologue, possède une attestation d’hébergement, une attestation d’embauche précisant qu’il est détenteur d’un CAP de sollier-moquettiste, un métier du bâtiment. Au bout de plus de deux décennies, la justice va-t-elle entendre Hakkar ? Lui continue d’y croire. Un peu. Juste un peu. Et de citer Alphonse Allais : « Un homme qui sait se rendre heureux avec une simple illusion est infiniment plus malin que celui qui se désespère avec la réalité. »


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Par Ciel & Espace

http://www.cieletespaceradio.fr/images/logos_billets/logo_566_left.jpgavec Michel-Pierre Lerner,
directeur de recherche au CNRS, historien de la cosmologie ancienne et moderne à l’Observatoire de Paris
Durée : 23’01

Le 22 juin 1633, au couvent dominicain de Santa Maria, Galilée, âgé de 70 ans, est condamné par le tribunal du Saint-Office.
Il abjure alors les idées présentées dans son ouvrage « Dialogue sur les deux grands systèmes du monde ». « (…) pour avoir professé et cru que le Soleil est le centre du monde, et est sans mouvement, et que la terre n’est pas le centre, et se meut (…) ».
Comment en est-on arrivé là ?
Comment Galilée, philosophe respecté, ami du pape Urbain VIII et protégé par le grand duc de Toscane, Ferdinand II de Médicis, se trouva menacé de la torture et de la mort ?
Pour le comprendre, et savoir pourquoi le système copernicien s’oppose au dogme des Saintes écritures, il faut remonter le fil du temps et de l’Histoire.

Un récit dans lequel Michel-Pierre Lerner nous entraîne avec passion.

Michel-Pierre Lerner est l’auteur, entre autres, de :

  • Le Monde des Sphères” (2 volumes – Ed. Les Belles Lettres – 2008)
  • Galilée en procès, Galilée réhabilité ?” (co-écrit avec Francesco Beretta , Luca Bianchi et Annibale Fantoli – Ed. Saint-Augustin – 2005)

Iy a trente ans, Gabriel Aranda avait révélé des scandales qui avaient secoué la République. Depuis, on ne savait pas s’il était mort ou vivant. Aujourd’hui, «l’archange» est accusé d’inceste.

© CHRISTIAN MURAT | Gabriel Aranda en 1972. Alors conseiller d’Albin Chalandon, ministre de l’Equipement, il avait dénoncé des scandales au sein du gouvernement français. Il avait ensuite disparu.

CATHERINE FOCAS | 04.07.2009 | 00:00

On l’avait surnommé l’«archange Gabriel», le «Saint-Just» de la photocopie. Il y a plus de trente ans, Gabriel Aranda, conseiller technique au ministère d’Albin Chalandon sous l’ère Pompidou, avait provoqué un scandale qui porte encore son nom. Il révélait via Le Canard enchaîné des affaires de pots-de-vin au sein du gouvernement et de vente de chasseurs-bombardiers à la Libye, alors en guerre contre Israël.

«Une odeur de pourris», titrait à l’époque le Canard. «Aventurier, justicier, illuminé?», lisait-on en une de Paris Match. Et puis, après avoir secoué la République, l’homme avait disparu.

Il vivait à Genève

Des internautes se demandaient encore récemment si, après son heure de gloire scandaleuse et la publication de son livre – L’Etat piégé – Gabriel Aranda était mort, assassiné peut-être, pour avoir livré trop de secrets d’Etat. Eh bien, non. Depuis trente ans, l’homme qui aime, semble-t-il, s’entourer de mystère vit tranquillement à Genève sous un faux nom.

Analyste financier, il dirigeait une fiduciaire et travaillait pour quelques-unes des plus grandes études d’avocats genevoises, au sein desquelles on connaissait son histoire et on l’appelait «Monsieur Daumier». Un clin d’œil au caricaturiste des Gens de justice.

Accusé de viol par sa fille

Pourquoi reparler de lui aujourd’hui? Parce que le justicier de la Ve République est accusé d’actes très graves, pour lesquels il devrait comparaître devant la Cour d’assises cet automne.

Des actes qui n’ont rien de politique cette fois: viols, fellations et sodomies à répétition sur sa propre fille. L’enfant aurait subi ce calvaire à partir de l’âge de 8 ans et jusqu’à ses 22 ans. Soit entre 1985 et 2000. Elle n’a porté plainte qu’en 2005, à Genève. Gabriel Aranda a fait trois jours de préventive. Il a été inculpé de viol et de contrainte sexuelle. Toutes les audiences ont eu lieu à huis clos. Le dossier est bouclé, mais un acte d’instruction complémentaire a été demandé, il y a une semaine, devant la Chambre d’accusation. Selon l’avocate de la jeune femme, Me Doris Leuenberger, «la défense joue la montre pour arriver à la prescription, qui devrait intervenir prochainement pour certains des faits».

«Totalement innocent»

Il faut dire que, comme à l’époque du scandale, l’homme sait se faire des amis. Et pas n’importe lesquels. Ses avocats, Mes Marc Bonnant et Charles Poncet, qui le connaissent depuis trente ans, sont persuadés de sa totale innocence. Ils le décrivent comme un «incroyable travailleur», quelqu’un d’«infiniment courtois et bien élevé». Une personne «de toute confiance», à qui on pouvait remettre les dossiers les plus délicats, «avec la certitude d’une discrétion absolue».

«Terrorisée» par son père

Charles Poncet insiste: «Je sais que ce n’est pas lui qui a fait tout ça!» L’avocat se scandalise du fait qu’«une procédure secrète» soit ainsi portée à la connaissance de la Tribune: «Je m’apprêtais à demander un huis clos pour le procès en Cour d’assises et je pense que l’aurais obtenu.» Mais ce huis clos, à notre connaissance, ne peut être requis que par la victime. Et telle n’est pas l’intention de cette dernière: «Mon père est un manipulateur et un menteur, dit la jeune femme. Il a souvent utilisé le nom de Daumier pour signer des documents. Parfois, il nous disait qu’il fallait employer ce patronyme, parfois pas. Mais on ne savait jamais exactement quand. C’est vrai que j’ai tardé à porter plainte, mais j’avais très peur de lui. Il me disait qu’il était au-dessus des lois et qu’il s’en tirerait toujours.»

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Gabriel Aranda,Conseiller du Ministre de l’équipement et du logement Albin Chalandon sous le gouvernement Pompidou, fait éclater un scandale Aranda.

Haut fonctionnaire, scandalisé par les compromissions du personnel politique, il révèle au Canard enchaîné qu’il vient trouver avec une valise remplie de photocopies.

L’article du Canard, Une odeur de pourris, de Henri Deligny du 13 septembre 1972 révèle que la France livre massivement et de façon clandestine, des chasseurs-bombardiers à la Lybie, alors en guerre contre Israël.

L’ouvrage de Gabriel Aranda : L’Etat piégé.

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Video – Pompidou et Gabriel Aranda

Pompidou fait le procès d’une certaine presse qui s’est servi de l’affaire Aranda, il se remémore le personnage impliqué dans une affaire d’espionnage tournant autour de secrets russes à l’origine de l’assassinat de Kennedy (telle que se l’imaginait à l’époque de Khroutchev le journaliste Aranda sollicitant un port d’armes pour se défendre), Pompidou en vient aux faits reprochés à l’ex journaliste et fonctionnaire, la divulgation d’informations volées dans un ministère, une des affaires de son septennat avec la Garantie foncière et termine par une diatribe contre les renifleurs de “boules puantes” et de “bouches d’égoûts”

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L’affaire Gabriel Aranda

On l’a appelé « l’Archange » ! Et pas seulement parce qu’il se prénommait Gabriel ! Non, il y avait chez cet homme quelque chose de messianique. Cette volonté d’aller jusqu’au bout des choses, quitte à y perdre son honneur et peut-être même la vie !… Et aussi ce sens de la Justice, si étonnant, si aigu… Et en même temps un peu fou en ces années où la vertu, surtout dans les milieux politique, était largement émoussée… Car les scandales ne cessaient de se succéder… Il y avait d’abord eu ces escroqueries en chaîne, Garantie foncière, affaire des Abattoirs de la Villette, inculpation d’un inspecteur des impôts, publicité clandestine à la télévision, inculpation de policiers et de parlementaires lyonnais pour proxénétisme. Et puis cette mise en cause du Premier ministre Chaban-Delmas qui utilisait les ficelles du code des impôts pour s’abstenir d’être lui-même contribuable… Certes Chaban n’avait rien commis de répréhensible. Mais son cas était choquant… D’ailleurs, dans la presse, on commençait à parler de gaullisme immobilier. Et c’est dans ce climat détestable que surgit un petit homme chauve et discret, l’Archange Gabriel. Autrement dit Gabriel Aranda, un conseiller influent dans le cabinet d’Albin Chalandon, alors ministre de l’Equipement et du Logement… Et dans sa besace, il y avait de quoi faire sauter la République !

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Portrait

Florence Rey. Condamnée il y a onze ans pour l’équipée folle qui avait fait quatre morts en 1994, la jeune femme a été discrètement libérée début mai. Elle a 34 ans.

Par PATRICIA TOURANCHEAU

Florence Rey en 1998.

Florence Rey en 1998.

Héroïne malgré elle, Florence Rey a été libérée le 2 mai, en fin de peine. Elle a passé quinze ans en détention, à Fleury-Mérogis puis à Rennes, et ressort à 34 ans. Elle avait 19 ans quand elle s’est embringuée avec son amoureux, Audry Maupin, dans une équipée folle, les armes à la main entre la place de la Nation à Paris et Vincennes, laissant quatre hommes sur le macadam. A l’issue d’une course-poursuite la nuit du 4 au 5 octobre 1994, son compagnon jusqu’au-boutiste, qui a tué un chauffeur de taxi puis trois gardiens de la paix, a été stoppé à son tour par les balles policières.

Seule en garde à vue au 36 quai des Orfèvres, elle reste mutique et butée, selon la brigade criminelle qui la compare à la terroriste d’Action directe Nathalie Ménigon. En réalité, l’étudiante en rupture de ban qui voulait «changer la société, foutre en l’air le monde» avec Audry s’avère incapable d’articuler, prostrée, terrorisée. La France entière découvre alors, atterrée, la photographie de cette très jeune fille aux cheveux châtains taillés à la sauvageonne, aux yeux hagards qui regardent droit vers l’objectif avec une égratignure sous l’œil droit. Il lui faudra plus de trois mois pour sortir du silence et expliquer au juge Stéphan cette nuit où tout leur a échappé.

«Braquages». Fille d’une institutrice rigide de la dalle d’Argenteuil (Val d’Oise) et d’un père victime d’hallucinations auditives, Florence Rey, brillante élève, étouffait dans ce foyer familial où le bruit était interdit pour ne pas réveiller les voix dans la tête du père. En juin 1993, elle révise le bac chez sa copine de classe Lysiane Maupin et tombe amoureuse de son frère Audry, de trois ans son aîné, ce beau révolutionnaire qui cause philosophie, anarchisme et escalade. Elle le suit en montagne dans les voies les plus abruptes et se surpasse pour tenter d’être à la hauteur. Ils emménagent dans une chambre en cité U. Elle passe de fac de médecine à lettres. Début 1994, ils suivent tous deux le mouvement anti-Cip, le Smic jeunes d’Edouard Balladur, et se heurtent à la police de Charles Pasqua dans les manifs.

Fils d’anciens soixante-huitards ouvriers de la banlieue rouge, Audry Maupin rêve à la vraie révolution, mieux que Mai 68, et supporte mal l’échec. Il plaque la philo à la fac de Nanterre et prend une année sabbatique «pour réfléchir». Tous deux squattent une maison du vieux Nanterre, montent un groupuscule, discutent avec des «autonomes», des anars et anti-Le Pen. A l’automne 94, le couple encaisse mal de vivre sans eau et sans électricité, «comme des clochards» selon les mots de Florence Rey, et décide de se lancer dans des vols à main armée. «Pour avoir des armes pour faire des braquages», a-t-elle toujours dit, Audry eut l’idée saugrenue d’aller piquer celles de deux gardiens de la paix de la préfourrière de Pantin. Le 4 mai 1994, rien ne s’y passe comme prévu. Les deux policiers n’ont pas de menottes, Audry Maupin et Florence Rey ne peuvent pas les attacher au radiateur. C’est le grain de sable. Les deux paniquent, délestent les policiers de leurs revolvers, puis filent à toutes jambes. Croyant les victimes à leurs trousses, ils montent dans un taxi occupé au lieu de reprendre le métro. Ils menacent le chauffeur africain qui, arrivé place de la Nation, fonce dans un véhicule de police. Audry Maupin se met à tirer sur les gardiens de la paix puis… sur le chauffeur de taxi. Florence Rey tente d’épauler son coéquipier, ne touche personne, le suit jusqu’au bout de la même façon qu’elle atteignait des sommets encordée à lui.

«Cendrillon». Le 17 septembre 1998, elle se retrouve seule devant la cour d’assises de Paris, jugée comme coauteure des quatre homicides. La gamine en blouson de jean et queue de cheval perd pied face aux veuves et collègues des policiers. Bredouille des regrets, puis répète à ses avocats Henri Leclerc et Olivia Cligman : «Ils me regardent comme une bête curieuse, c’est trop dur. Qu’ils me mettent ce qu’ils veulent, je veux mourir.» A la barre, Lysiane Maupin supplie les jurés : «Il ne faut pas que Florence prenne la punition à la place de mon frère.» Puis Me Leclerc essaye de démonter «l’engrenage» qui a conduit là «cette jeune fille très adolescente» et de casser son image d’égérie rebelle sacralisée dans les banlieues : «Florence se bat depuis le début pour ne pas être une héroïne. Elle ne veut pas être un exemple.»

Florence Rey attend le verdict, le soir du 30 septembre 1998, dans un silence de plomb, troublé par les aiguilles de la grosse horloge qui égrène les minutes avant minuit et chuchote alors à son avocate : «Je me sens comme Cendrillon». Elle a été reconnue coupable de complicité des quatre meurtres et condamnée à la lourde peine de vingt ans de réclusion. A minuit, comme Cendrillon, elle est retournée seule dans la nuit à sa triste condition.

Elle n’a jamais protesté en prison. Elle n’a cessé d’étudier la philo, l’histoire, la géographie, a lu des centaines de livres. Elle a aussi travaillé au service général du centre de détention des femmes de Rennes qui compte 210 condamnées. Elle a distribué les repas à ses codétenues et a toujours été solidaire de ces femmes qui sont passées de l’autre côté, comme elle. Elle a cessé de voir la famille et les amies d’Audry Maupin en 2001 pour tourner la page. Elle a enfin enterré Audry et repart de zéro, libre.