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Les empoisonneurs (1/5). En 1994, la petite Emilie Tarnay décède en Seine-Maritime

Par PATRICIA TOURANCHEAU

Juste après la fête médiévale dans le bourg de Gruchet-le-Valasse (Seine-Maritime), samedi 11 juin 1994, la petite Emilie Tanay, 9 ans, retourne chez les Tocqueville, parents de son copain de classe, avale à 20 heures une cuillerée de Josacine pour la toux, grimace à cause du «mauvais goût», tombe dans le coma à 20h19 et rend son dernier souffle à 22h30.

La première autopsie n’explique pas les causes de sa mort. Mais le légiste qui pratique la seconde n’a aucun doute : «Sa couleur particulière m’a sauté aux yeux, rouge vermillon égale intoxication au cyanure. Le rose bonbon, c’est les barbituriques.» L’analyse de toxicologie confirme. La fillette a «un sang trop alcalin, un PH à 11 au lieu de 7,4, signe d’une intoxication aiguë et mortelle au cyanure» versé dans son sirop.

«Clic». Qui a empoisonné Emilie Tanay ? Pour quel mobile ? «Notre enfant mise sous scellés puis rendue : elle avait subi deux autopsies. Une poupée de chiffons qu’on a découpée dans tous les sens», dira le père, Denis Tanay. Les parents, suspectés, sont placés en garde à vue sitôt l’enterrement : «On n’a pas été ménagés.» Corinne, la mère, explique que le flacon d’antibiotique est resté dans un buffet de la maison ouverte et inoccupée le matin du 11 juin, mais que personne n’a pu rentrer pour empoisonner la Josacine. Car elle a bien entendu «le clic» du bouchon quand elle l’a préparé plus tard en ajoutant de l’eau à la poudre antibiotique.

Les 35 gendarmes qui enquêtent tous azimuts découvrent alors la liaison entre Sylvie Tocqueville, secrétaire de mairie, qui gardait Emilie ce week-end-là et Jean-Marc Deperrois, élu de la municipalité de Gruchet-le-Valasse. Placé sur écoutes, ce chef d’une entreprise locale reçoit un étrange appel le 22 juin d’un certain «Alain» qui lui demande s’il lui reste «du produit» et s’il n’a pas été «inquiété». Deperrois répond, gêné, qu’il en a utilisé un peu puis a jeté le reste. Le capitaine Martinez contacte le fameux «Alain» qui lui annonce avoir vendu, en mai 1994, un kilo de «cyanure de sodium» à Deperrois, pour «noircir des métaux» dans son entreprise. Le gendarme n’en revient pas : «Attendez, vous pouvez me répéter s’il vous plaît?»

Interrogé, Deperrois traite «Alain» de «menteur», nie «avec aplomb» et finit par craquer. Il a bien acheté ce cyanure pour «étalonner la caméra infrarouge» de sa boîte, mais en vain. Il a «paniqué» en apprenant la mort par empoisonnement de la petite Tanay à 100 mètres de son entreprise, une «coïncidence» qui l’a incité à se débarrasser du reste du cyanure dans la Seine six jours après le crime.

Deperrois ment avec une telle assurance que les gendarmes ont du mal à douter de sa culpabilité. En plus, les soupçons s’accumulent. Le jour où il prétend avoir «paniqué» et jeté le cyanure, nul n’avait encore révélé la présence de ce poison dans le corps de l’enfant. Ce samedi fatal, il a pu entrer dans la maison des Tocqueville attenante à l’Hôtel de Ville. Enfin, il a un mobile : une passion amoureuse pour la secrétaire de mairie, Sylvie.

Poursuivant cette piste, les enquêteurs découvrent que Jean-Marc Deperrois a même demandé à Jean-Michel Tocqueville, son ancien camarade scout de la patrouille des Sangliers, «de quitter Sylvie» à laquelle il tient énormément. «Et crois-moi»,a-t-il ajouté, «ce n’est pas pour le coup de quéquette». Le deuxième adjoint au maire, Deperrois, n’a fait l’amour avec la jolie rousse Sylvie Tocqueville qu’une seule fois, le 7 mars 1994, au bout de quinze mois de tentation.

Adepte des Témoins de Jéhovah, Sylvie Tocqueville ne veut pas de relations sexuelles adultères car c’est un péché. Mais elle entretient depuis novembre 1992 une liaison amoureuse avec Jean-Marc Deperrois, toujours fourré dans son logement de fonction lorsque son mari est au boulot. Malgré «ses sentiments» pour le deuxième adjoint au maire, Mme Tocqueville refuse de se séparer du «père de ses enfants».

Cible. Malgré les incartades de sa femme, Jean-Michel Tocqueville, lui, veut rester avec elle et rembarre Deperrois qui insiste : «Va voir un psychiatre.» Début mai 1994, l’amoureux transi achète donc du cyanure pour un «usage professionnel» douteux. Six semaines plus tard, Deperrois apprend de la bouche de Sylvie que son mari a fait un malaise cardiaque au point de «se voir partir» et de se faire prescrire un traitement. Le lendemain, 11 juin 1994, Deperrois aurait donc versé du cyanure dans le flacon de médicament posé en évidence dans le salon des Tocqueville, le croyant réservé au mari cardiaque et récalcitrant de sa maîtresse. Il ignore que les Tocqueville hébergent ce jour-là une petite fille qui a apporté son sirop de Josacine pour la toux.

Pour le juge du Havre, Christian Balayn, qui instruit l’affaire, Deperrois se trompe de cible, alors «fondé à croire que le médicament non rangé qui se trouvait sur la table de la salle à manger était destiné au mari, ce qui explique l’erreur sur la personne». Le témoignage des Madeleine, des voisins toujours à épier derrière les rideaux qui ont vu l’amant Deperrois rentrer deux fois auparavant chez les Tocqueville en leur absence, les mains protégées par des gants en latex, ont étayé la thèse de la préméditation.

«Loto». A défaut de preuve formelle et d’aveux, la cour d’assises de Seine-Maritime a condamné, le 25 mai 1997, Jean-Marc Deperrois à vingt ans de réclusion criminelle pour ce crime passionnel manqué, sur la foi d’un faisceau de présomptions ainsi exposé au procès par le capitaine Martinez : «Deperrois n’était peut-être pas le seul à avoir du cyanure et n’était pas le seul aux abords de la mairie ce jour-là. Mais tout ensemble, cela fait beaucoup d’éléments. C’est comme au loto : si on a un bon numéro toutes les semaines, on déchire le ticket. Mais le jour où l’on a six bons numéros ensemble, on a le ticket gagnant.» La cour n’a pas prêté l’oreille aux corbeaux indignés qui l’ont inondée de lettres anonymes telles «Deperrois est innocent. Le coupable est une femme.» Comme si le poison restait l’arme du crime typiquement féminine et le fusil de chasse l’apanage des hommes.

L’empoisonneur a été libéré en 2006 au bout de douze ans de détention puis, soutenu par le vitupérant comité de soutien monté par son épouse, a demandé la révision de son procès. Les partisans de l’erreur judiciaire ont soutenu l’hypothèse de «l’accident domestique». Ils n’ont pas hésité à accuser la petite Emilie (ou sa mère) d’avoir versé par mégarde sur la poudre de Josacine, non pas de l’eau, mais un produit à base de cyanure destiné à tuer les taupes laissé sous l’évier. «Un pur délire irrationnel», selon Me Laurent de Caunes, avocat de la famille Tanay.

La révision a été refusée le 9 février 2009 car de nouveaux experts toxicologues ont considéré – comme les premiers – que les impuretés du cyanure (phosphate, potassium, strontium) des deux lots de Prolabo acquis à l’époque par Deperrois se retrouvent «en concentration comparable» dans la Josacine empoisonnée. Une «signature» donc.

LONDRES | Les détails des procès d’un médecin ayant avoué être Jack l’éventreur et d’un homme qui a tenté de tuer la reine Victoria sont consultables sur internet à partir de lundi, avec 1,4 million d’autres qui se sont tenus en Angleterre et au pays de Galles aux 18e et 19e siècles.

Une lettre attribuée à Jack l'éventreur envoyée aux agences d'information de Londres en 1888

© AFP | Une lettre attribuée à Jack l’éventreur envoyée aux agences d’information de Londres en 1888

AFP | 03.08.2009 | 07:41

Le site britannique ancestry.co.uk, spécialisé dans la généalogie, publie ces documents comprenant les détails des crimes jugés, le nom complet des accusés avec leur date de naissance, l’endroit où se sont tenus les procès ainsi que les verdicts.

Le grand public peut notamment consulter le dossier du docteur écossais Thomas Neill Cream, condamné à mort en 1892 pour avoir empoisonné plusieurs personnes, notamment aux Etats-Unis et en Angleterre. Ses dernières paroles avant sa pendaison ont été pour avouer qu’il était Jack l’éventreur, mais il était en prison lors de certains des crimes.

Sont également disponibles les détails du procès de Roderick McLean, qui a tenté d’assassiner au pistolet la reine Victoria dans son château de Windsor, et de celui d’Isaac “Ikey” Solomon, qui aurait inspiré Charles Dickens pour son personnage de Fagin dans “Oliver Twist”.

Les documents mis en ligne couvrent une large période – la fin du 18e siècle et la totalité du siècle suivant -, détaillant près de 900.000 condamnations à des peines de prison –dont écopaient près de deux accusés sur trois–, 97.000 déportations vers l’étranger et 10.300 exécutions. Près de 10% des personnes jugées étaient soit déportées soit condamnées à mort.

Une condamnation à mort était notamment prononcée pour tout vol supérieur à cinq shillings (30 livres d’aujourd’hui, 35 euros), du vol de bétail, du braconnage de lapin de garenne ou de l’abattage d’arbres. Etre attrapé la nuit avec un visage noirci était également sanctionné par la peine capitale, car les autorités considéraient que l’accusé avait commis un cambriolage.

A partir des années 1860, les exécutions –par pendaison– étaient devenues un spectacle prisé par le public, au point que les plus fortunés s’arrachaient à prix d’or la location des balcons les mieux placés.

Les affaires criminelles d’autrefois

Selles-Saint-Denis, novembre 1866. Une adolescente tue une marchande
de chiffons à coups de serpe pour une modeste affaire de pantalon.

D’ordinaire les accusés qui sont assis dans le box des accusés sont, pour la plupart du temps, des malfaiteurs endurcis. Cette fois-ci, c’est une gamine de seize ans et demi qui comparaît devant la cour d’assises du Loir-et-Cher, le 7 février 1867. Et pourtant les charges retenues contre elle n’ont rien à envier aux plus grands criminels. En effet, Célestine Mulot est accusée d’avoir assassiné une marchande de chiffons de cinquante-cinq ans, à Selles-Saint-Denis. Malgré son jeune âge, elle est grande, forte et douée d’une dose d’énergie peu commune. Elle était, paraît-il, redoutée des bergères et même des pâtres des environs, à cause de sa violence et de sa méchanceté ! À la voir aujourd’hui, avec son bonnet sur la tête, l’air penaud, on a peine à croire qu’elle ait pu se rendre coupable du crime horrible dont on l’accuse. Arrêtée douze jours après la découverte du cadavre, elle nie d’abord tout en bloc, puis elle finit par avouer. Déclarée par un médecin comme ne jouissant pas d’une « grande somme d’intelligence », elle raconte cependant, avec une grande lucidité, comment se sont déroulés les faits. Le 1er décembre 1866, une jeune bergère découvre le cadavre d’une femme dans une sapinière. La tête de la victime, horriblement mutilée, ne présente plus que l’aspect d’un crâne ensanglanté. Malgré tout, on réussit à l’identifier. Il s’agit de Madeleine Defins, de Châtres-sur-Cher, qui n’a plus donné signe de vie depuis plusieurs jours. On apprend également que le 24 novembre, elle se trouvait chez un certain Mulot à Selles-Saint-Denis. Cette piste conduira à l’arrestation de Célestine. La jeune fille fait le récit de la journée du drame. Dans la matinée, à la maison paternelle, la marchande entre pour lui réclamer trente-six sous, le prix d’un pantalon acheté quelques jours plus tôt. « Je vous ai payé ce pantalon le jour même », proteste la jeune fille. S’en suit une discussion à n’en plus finir. La sœur de Célestine y coupe court en donnant à la femme Defins une pièce de 2 francs. Pour lui rendre la monnaie, la commerçante ouvre son porte-monnaie dans lequel se trouvent quelques pièces d’or et d’argent. C’est sans doute la vue de cet or qui a donné à Célestine l’idée de s’en emparer. Au moment de partir, la jeune fille propose d’accompagner la marchande pour lui indiquer un chemin plus court. Profitant d’un moment propice à l’abri d’une sapinière, elle frappe avec une énergie féroce la malheureuse femme avec une serpe. Atteinte de deux coups derrière la tête, elle s’écroule. Son crime accompli, elle fouille dans les poches de la marchande et s’empare du fameux porte-monnaie tant convoité. Rentrée chez son père, elle se débarrasse du porte-monnaie qui contenait 20 francs… !
Pendant six jours, le cadavre de la pauvre femme reste à l’endroit où elle est tombée. Les oiseaux de proie et les bêtes errantes ont rongé une partie des chairs de la face, rendant la figure atrocement mutilée. Au bout d’une demi-heure, le jury la déclare coupable. Célestine Mulot, bien qu’elle ne jouisse pas d’une « grande somme d’intelligence », est condamnée à quinze ans de travaux forcés.

Pascal Nourrisson

Isabelle Horlans, le lundi 3 août 2009 à 04:00

Yvonne Chevallier était une femme passionnément amoureuse que son mari bafouait. Dimanche 12 août 1951, à Orléans, l’épouse méprisée s’est saisie de son arme et a tiré trois fois.

Deux balles ont perforé la poitrine de Pierre Chevallier, le député-maire de la ville, nommé la veille secrétaire d’Etat à l’Enseignement technique, avec rang de ministre. Le troisième projectile a ricoché. Calmement, Yvonne Chevallier a emmené son fils chez la concierge, priant la dame affolée de garder le petit. Elle est remontée à l’appartement et a donné le coup de grâce, faisant feu à deux reprises. De ce crime, elle fut acquittée par la cour d’assises de la Marne, jeudi 6 novembre 1952, après quarante minutes de délibéré. Dans les rues de Reims, « 2 à 3.000 personnes stationnaient pour attendre la décision », rapporta Jean Laborde, envoyé spécial de France-Soir. Elles applaudirent à tout rompre le verdict de clémence. Même le fourgon cellulaire menant la meurtrière absoute vers la liberté fut ovationné. Un an auparavant, au pied de l’immeuble orléanais, une foule aussi compacte réclamait la mort de Mme Chevallier, âgée de 39 ans. Récit d’une tragédie à l’issue inattendue.

Ce dimanche 12, lorsque la concierge alertée par les tirs trouve enfin le courage de frapper à la porte des Chevallier, Yvonne lui ouvre et, sans une larme, avoue : « J’ai tué mon mari. » Dans la chambre tendue de velours vert, Pierre Chevallier, 42 ans, gît dans une mare de sang. Le commissaire Gazano vient en personne. C’est que le défunt est « quelqu’un » : il s’est conduit en héros sous l’Occupation, c’est un remarquable médecin, il gère la cité, siège à l’Assemblée nationale et, le 11, il est entré au gouvernement. Ce notable est « l’ami de tous », selon la presse orléanaise qui vient de consacrer sa promotion. Qu’est-il arrivé au couple pour qu’un tel malheur se produise ? Neuf heures durant, Yvonne Chevallier explique. Mercredi, elle a acheté un revolver pour se suicider. Elle n’en peut plus de la vie solitaire que lui impose son mari, elle ne supporte plus l’autre « la femme plus belle que moi, plus jeune que moi » qui a conquis le cœur de Pierre Chevallier. « Face à ma rivale triomphante et sereine, je devenais de jour en jour plus triste et plus laide, » confiera-t-elle à France-Dimanche. Au policier, Yvonne raconte que son époux est rentré de Paris, pressé, qu’il se changeait pour déjà repartir. Un mot, un autre, des insultes : « Tu ne vois pas que tu es un boulet que je traîne ? », a-t-il dit. Et soudain, l’humiliation de trop qui fait tout chavirer : « Va-t-en ! Tu sens mauvais, tu empestes mon atmosphère ! » Voici pourquoi elle a utilisé contre lui l’arme qui devait la tuer…

Une jalousie maladive

Au terme de l’interrogatoire qui s’est déroulé à son domicile, Yvonne Chevallier est évacuée de sa résidence bourgeoise de la rue Jeanne-d’Arc. « A mort ! » crie la foule qui s’est formée tout au long de la journée. L’accusée est invisible sous son manteau à chevrons marron, « recroquevillée sur elle-même », écrit Jacques Chapus dans France-Soir. Le 13 août, tandis que la criminelle passe sa première journée en prison, ministres, députés et académiciens viennent s’incliner devant la dépouille mortelle. Leurs enfants sont séparés : Thugal, 8 ans, part en pension en Savoie, Mathieu, 4 ans, chez ses grands-parents maternels. Le cadet croit que « maman est en Amérique ». Ils ne se remettront jamais de la tragédie qui les a fauchés net en pleine enfance.

L’instruction démontre que Mme Chevallier a agi sous l’effet d’une irrépressible pulsion exacerbée par sa jalousie maladive. « Sa responsabilité est atténuée », concluent les psychiatres. Séduisant, brillant, rempli d’esprit, se distinguant en tous domaines, le parlementaire est tombé amoureux fou d’une jeune femme, Jeanne Perreau. Le 13 juin, Yvonne Chevallier a trouvé un poulet de sa rivale ; le doute qui la rongeait s’est mué en certitude. Elle lui reproche son infidélité, Pierre la rabroue : « Prends un amant, tu me dégoûtes ! » Par écrit, la malheureuse le suppliera de la pardonner : « Mon petit Pierre chéri, je me rends compte que je n’ai pas volé ce qui m’arrive […] J’ai de la déférence pour ta supériorité. » Pierre Chevallier répond par un « divorçons ! » Lors de la dispute du 12 août, il lui apprend que, libéré, il épousera Jeanne.
« Si tu m’abandonnes, je me tue !
– Tue-toi donc, c’est ce que tu auras fait de mieux dans ta vie ! »
Le revolver est à portée de main, le basculement inévitable.

Le procès

Cette existence sans bonheur, pire, pleine de souffrances, est dévoilée aux jurés et à l’opinion publique les 5 et 6 novembre 1952, à la cour d’assises de Reims – la justice a « dépaysé » le procès. Le président Jadin résume parfaitement l’état d’Yvonne Chevallier avant le meurtre : « Plus la plaie de votre cœur s’élargissait, plus vous abusiez des excitants. Vous mangiez une côtelette par semaine, vous buviez un kilo de café, vous fumiez sans cesse, vous preniez des somnifères pour dormir, du Maxiton pour vous réveiller. Vous étiez intoxiquée (…) Comme Phèdre affolée par l’amour d’Hippolyte et d’Aricie, vous ne pouviez supporter les jours clairs et sereins qui se levaient pour votre mari et Jeanne Perreau. Vous touchiez au délire. » Le président déclame, l’accusée s’effondre : « Il a dit que j’étais une ignoble salope. » Et, dans un cri, elle jure n’avoir jamais souhaité sa mort : « Je l’aimais tant… Je l’adorais ! »

C’est dans cette atmosphère étouffante de désespoir qu’intervient le témoignage de Jeanne Perreau. Elle entre en scène, devrait-on écrire, tel un mannequin s’apprêtant à parader. La jeune femme sera chassée par la cour, sous les huées d’une assistance désormais acquise à Yvonne Chevallier. Les jurés, pères de famille, fléchissent eux aussi. Ils sont agriculteurs, entrepreneurs, représentants, et ne comprennent pas comment une mère peut être ainsi outragée. Aux trois questions, ils répondent « non ». Elle n’est même pas coupable « d’avoir donné des coups ayant entraîné la mort sans intention de la donner », « un défi au bon sens », selon les commentateurs, cependant satisfaits. Yvonne Chevallier est libérée dans la nuit, rendue à ses fils. Elle retrouvera son métier « d’avant Pierre », sage-femme, et se consacrera durant plusieurs années aux lépreux, en Guyane

AFP
03/08/2009 |
Les Etats-Unis projetaient de capturer et de transférer l’ex-chef khmer rouge Pol Pot hors du Cambodge en vue d’un procès et avaient sollicité plusieurs pays, dont la Suède, rapporte aujourd’hui la radio publique suédoise.Selon la radio suédoise, il avait été secrètement envisagé soit d’organiser un procès en Suède, soit de maintenir Pol Pot en détention avant qu’un procès puisse avoir lieu dans un autre pays.

La Suède a décliné la proposition quelques jours avant la mort du dictateur cambodgien, selon une note diplomatique déclassifiée, publiée sur le site Internet de Sveriges Radio (SR), qui ne précise pas quels autres pays avaient été sollicités par les Etats-Unis. Dans ce document, daté du 31 mars 1998, soit une quinzaine de jours avant la mort de Pol Pot, le ministère suédois de la Justice estime que le transfert et la détention du chef khmer rouge en Suède seraient illégaux et qu’ils nuiraient à l’image du pays scandinave.

Pol Pot, qui a gouverné le Cambodge de 1975 à 1979 à la tête d’un régime ultra-communiste, est décédé le 15 avril 1998, à l’âge de 69 ans. Selon les historiens, près de deux millions de personnes sont mortes exécutées, torturées, affamées ou épuisées au cours des trois ans et huit mois du règne brutal des Khmers rouges.

Le gardien du gymnase a découvert le jeune militaire, Laurent Bureau, mort.       Heaulme et Gentil se retrouvent sur le banc des accusés en 1997. (p. lavergne et afp)
Le gardien du gymnase a découvert le jeune militaire, Laurent Bureau, mort. Heaulme et Gentil se retrouvent sur le banc des accusés en 1997. (p. lavergne et afp)
ENTRETIEN. Me Pierre Gonzalès de Gaspard, avocat de Francis Heaulme


Difficile d’imaginer un bâtiment aussi peu isolé. Pris dans l’angle droit formé par deux boulevards très passants, le gymnase du lycée Bertran-de-Born à Périgueux fait pratiquement face au groupement de gendarmerie de la Dordogne. Il est aussi situé à quelques dizaines de mètres de la caserne des pompiers et d’une aire ombragée réservée aux boulistes. Le soir du 8 mai 1986, le concours de l’Armistice réunissait plusieurs dizaines d’amateurs. Pourtant, personne n’a rien remarqué, à l’exception d’un couple ayant aperçu des inconnus s’agiter sur le trottoir, peu avant 23 heures.

Calvaire

C’est à ce moment-là qu’a dû débuter le calvaire de Laurent Bureau. Originaire de Compreignac en Haute-Vienne, le jeune homme de 19 ans avait été mis au train par son père à Limoges, vers 22 heures. Direction Périgueux où il effectuait son service militaire au 5e chasseurs. Il ne franchira jamais les portes de la caserne.

À la sortie de la gare, il s’était dirigé vers cette salle de sports, pensant assister à une compétition de sports de combat. Le 9 mai au matin, son cadavre dévêtu est découvert entre deux tapis, entourés d’une mare de sang et dressés sommairement dans un renfoncement. Il a été sauvagement frappé à la tête et son torse porte des traces de flagellation. Les cordelettes d’un caleçon entravent ses mains, une corde torsadée entoure son cou.

L’enquête confiée aux policiers du SRPJ de Bordeaux ne démarre pas sous les meilleurs auspices. On apprendra bien plus tard qu’une empreinte de pas n’a pas été relevée dans la salle laissée sans périmètre de protection. Quelques semaines plus tard, deux SDF ayant quitté Périgueux après le crime sont jetés en prison. Alain Demortier, une figure de la cloche périgourdine, accuse Jean-Louis Gouagout, un routard alcoolique au dernier degré, d’avoir frappé sous ses yeux Laurent Bureau a coups de barre de fer, avant de traîner son corps dans le gymnase.

Coup de théâtre

Même si aucune trace de frottements n’a été mise en évidence sur les habits de l’appelé, les enquêteurs sont alors persuadés de tenir les coupables. Hôte régulier des hôpitaux psychiatriques, Alain Demortier n’est pas à proprement parler le témoin idéal. Mais il a livré aux policiers une anecdote troublante. Ayant croisé ce soir-là le jeune appelé à proximité du gymnase, il lui a demandé s’il pouvait ramasser le mégot de la cigarette qu’il venait de jeter. Alain Demortier se rappelait qu’il s’agissait d’une Malboro. Or, c’est bien la marque qu’affectionnait la victime. Détail en apparence accablant, deux taches de sang relevées sur le pantalon de Jean Louis-Gouagout sont du même groupe, B +, que celui de la victime.

Pourtant, dix-sept mois plus tard, la chambre d’accusation de la cour d’appel de Bordeaux remet Jean-Louis Gouagout en liberté. Entre-temps, Alain Demortier s’est rétracté, le médecin légiste a mis en doute la réalité des coups portés à l’aide d’une barre de fer et Jean-Louis Gouagout, sevré par la force des choses derrière les barreaux, clame son innocence avec conviction. Subsistent bien sûr les deux taches de sang. Mais est-ce une preuve irréfutable alors que le groupe B + est celui de 10 % de la population française ?

Mensonge

Encalminée, l’enquête rebondit lors de l’été 1988, à La Motte-du-Caire, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Un marginal, Didier Gentil, a avoué le meurtre de la petite Céline, une fillette de 7 ans retrouvée violée sous un amas de branchages. Stupéfaction en Dordogne où les policiers s’aperçoivent alors qu’il effectuait son service militaire à Périgueux au même moment que Laurent Bureau. Le lendemain du crime, il avait même été contrôlé par une patrouille de gardiens de la paix alors qu’il était dissimulé derrière un buisson, à proximité du gymnase.

À l’époque, les enquêteurs s’étaient contentés d’adresser un questionnaire aux appelés du 5e chasseurs, en leur demandant de détailler leur emploi du temps. Didier Gentil avait répondu qu’il était parti en permission. C’était un mensonge. D’astreinte à la caserne, il avait quartier libre à partir de 18 heures. De nombreuses similitudes rapprochaient les assassinats de Périgueux et La Motte-du-Caire : utilisation de cordelettes, enfoncement de la boîte crânienne, corps dénudés… Mais ils n’étaient pas suffisants pour mettre en examen Didier Gentil, qui se dira toujours étranger au martyre de Laurent Bureau.

Heaulme démasqué

La police judiciaire désaissie au profit de la section recherches de la gendarmerie de Bordeaux, rien ne se passe jusqu’au 9 janvier 1992. Ce jour-là, Jean François Abgrall, un gendarme breton, interpelle Francis Heaulme en Alsace. Depuis trois ans, le sous-officier traquait avec une rare ténacité le meurtrier d’une aide-soignante poignardée sur une plage brestoise. Entre le militaire et le routard, alors âgé de 33 ans, se noue une étonnante complicité qui, des années plus tard, fera l’objet d’un téléfilm à succès.

Méthodique, Jean-François Ab-grall reconstitue l’itinéraire du routard entre 1984 et 1992. En croisant ce périple chaotique avec les données relatives aux affaires non élucidées stockées dans l’ordinateur central de la gendarmerie à Rosny-sous Bois, une dizaine de crimes apparaissent en filigrane. Dont celui du gymnase. À cette époque-là, Francis Heaulme avait posé son baluchon dans la préfecture périgourdine. La trace de son passage est retrouvée au foyer des jeunes travailleurs ?

Doté d’une mémoire phénoménale, le sérial killer se souvient du billet de 100 francs dérobé dans le portefeuille de Laurent Bureau, billet que son père confirmera lui avoir donné avant son départ. Il se souvient aussi des surnoms des SDF qui squattent le petit parc jouxtant le gymnase : « “le Barbu”, “l’Allemand”, “le Turc”, “la Femme au chien”… » Sur photo, il reconnaît « L’Arabe » et Didier Gentil et les désigne comme les tueurs.

« Le Barbu » confirme

Plus tard, Francis Heaulme se décrira comme le simple spectateur d’un drame qu’il a tenté d’empêcher. Mais la première fois où il raconte cette soirée sanglante, il avoue avoir aidé les deux hommes à entraîner Laurent Bureau dans le gymnase dont la porte fermait mal. L’Arabe lui aurait lié les mains avant que Didier Gentil ne l’achève d’un coup d’extincteur.

Les gendarmes mettront plusieurs mois avant de localiser ces marginaux. Certains, comme l’Arabe, sont morts ; d’autres, à la santé très dégradée, ne sont plus en état d’ être entendus.

En revanche, les facultés de Pierre Nancy, alias le Barbu, ne sont pas altérées. Repéré en avril 1993 dans une prison de l’est de la France, ce vagabond a gardé en mémoire l’accrochage entre « Didier Gentil et un jeune homme aux cheveux courts ». À qui il a donné un coup de tête. Après avoir tenté de s’interposer, il dit avoir quitté le parc avec une partie de la bande, laissant Laurent Bureau seul en compagnie de Didier Gentil, l’Arabe et Francis Heaulme.

« Deux tueurs psychopathes devant leurs juges », titre « Le Parisien » le 1er avril 1997, au moment où s’ouvre le procès de Didier Gentil et Francis Heaulme devant les assises de la Dordogne. L’issue ne semble faire aucun doute. Cinq jours plus tard, les deux accusés sont pourtant acquittés sous les lazzis du public.

En l’absence d’élément matériel et de preuve irréfutable, le dossier reposait sur les déclarations de Francis Heaulme. Mais à l’inverse du gendarme Abgrall, les jurés ne disposaient pas du décodeur pour les comprendre. Le tueur en série a fourni un luxe de détails attestant sa présence ce soir-là. Mais que d’incohérences et d’erreurs dans les propos de cet être fruste et déroutant. Pouvait-on condamner Didier Gentil sur le récit d’un homme qui affirme avoir « donné des coups de poing involontaires » à la victime et lui avoir « lié les mains pour éviter qu’on ne s’acharne sur elle » ?

« Ce serial killer est un sacré cinglé ! » s’exclamera Me Henri Juramy, l’avocat de Didier Gentil. Un jugement que fera finalement sien le jury, sachant que les deux hommes, déjà condamnés à perpétuité pour d’autres crimes, ne recouvreraient pas la liberté. La cour d’assises de la Dordogne, que présidait Irène Carbonnier, est la seule à avoir acquitté le tueur en série. Vingt-trois ans après le crime, on ne sait donc toujours pas qui a tué Laurent Bureau.

Le 8 mai 1986, un jeune militaire était sauvagement assassiné dans un gymnase du centre-ville de Périgueux. Accusés de ce crime, le tueur en série Francis Heaulme et Didier Gentil ont été acquittés

« Sud Ouest Dimanche ».

Quel souvenir gardez-vous de ce procès ?

Me Pierre Gonzalès de Gaspard. Ce fut le procès d’une affaire lamentable. Laurent Bureau a perdu la vie parce qu’il a refusé une cigarette ou un peu d’argent à l’un des marginaux qui se trouvait dans le parc proche du gymnase.

Ensuite, cela a dégénéré. Laurent Bureau s’était dirigé vers le gymnase, croyant qu’il y avait une compétition de sports de combat. Or celle-ci avait été annulée.

Au risque de choquer, je dirais que le premier coupable c’est le destin qui a mis en présence ces quatre personnes dans des circonstances navrantes.

L’acquittement de Francis Heaulme était-il pleinement justifié ?

Totalement. J’ai défendu Francis Heaulme lors de tous ses procès. Il est atteint du syndrome de Klinefelter, une anomalie génétique à l’origine de la petite taille de ses testicules. Ceux qui en souffrent développent des pulsions agressives souvent incontrôlables.

En pleine crise, Francis Heaulme tue à l’aide d’un couteau dont le bout est le plus souvent cassé. Le mode opératoire utilisé à Périgueux n’était pas le sien.

Laurent Bureau a été frappé avec un extincteur. Ce n’est pas la signature de Francis Heaulme. Il était normal qu’il soit acquitté.

Et Didier Gentil ?

Si j’avais été juré, je ne l’aurais pas condamné. Ce dossier était un méli-mélo incroyable.

À l’extérieur du gymnase, on savait ce qui s’était passé, on savait qu’il y avait eu un accrochage.

À l’intérieur, c’était le brouillard. Didier Gentil nie, le second SDF est mort. Restent les déclarations de Francis Heaulme. Il accuse Gentil, mais honnêtement, il faut reconnaître qu’il n’y avait pas dans le dossier de preuves contre Gentil.

Manifestement, il y avait place pour le doute. La présidente Irène Carbonnier et les jurés ont considéré qu’il devait jouer au bénéfice des accusés. C’est tout à leur honneur.

Immédiatement après l’acquittement, on a senti comme une certaine gêne sur les bancs de la défense ?

Je plaide l’acquittement, on me le donne. Je ne l’attendais pas forcément. Et pour être tout à fait franc, l’un de mes collaborateurs n’a pu masquer un certain étonnement. Mais je n’avais aucune gêne.

Je ne regrette rien. La décision est logique et, si elle est logique, elle est juste.

Recueilli par D. R.

Il est un peu plus de minuit, le délibéré s’est prolongé pendant cinq heures. Les jurés arrivent un par un. Le premier a du mal à maîtriser ses nerfs. Il s’assoit et enfonce violemment un vêtement dans le sac en plastique posé à ses pieds. Les visages sont d’une rare pâleur. Une rangée de CRS refoule le public qui n’a pas trouvé place sur les gradins. Dans un silence de cathédrale, la présidente Irène Carbonnier annonce qu’il a été répondu non aux questions relatives à la culpabilité. Francis Heaulme, qui a pourtant reconnu avoir porté des coups à Laurent Bureau et lui avoir attaché les mains, n’a pas été considéré comme un coauteur du crime.

Le moment de stupeur passé, la salle explose. « Vous avez des enfants et vous allez bien dormir », hurle une femme à l’attention des jurés. Le père de Laurent Bureau reste figé, le regard lourdement fixé sur Didier Gentil. Dans l’un des couloirs qui longe la salle, l’atmosphère est délétère entre les jurés. Plusieurs d’entre eux attendent de pied ferme certains de leurs collègues qui se sont prononcés en faveur de l’acquittement. Apeurés, ces derniers quittent le palais sous protection policière.

Neuf jurés et trois magistrats ont pris part au vote. Huit voix sont nécessaires pour retenir la culpabilité d’un accusé. Cinq des membres du jury au minimum se sont donc opposés à la condamnation. Le secret du délibéré s’impose à tous. Mais certains en ont vraiment trop gros sur le coeur. « On a été manipulés », fulmine l’un d’entre eux en balançant un coup de poing dans une cabine téléphonique. Quelques jours plus tard, deux jurés déposeront une gerbe de fleurs sur la tombe de Laurent Bureau en Haute-Vienne.

Au sein de la cour d’appel de Bordeaux, l’acquittement suscite le malaise. Fait rarissime, les parents du jeune militaire seront même reçus par le procureur général Henri Desclaux et le président Vigneron.

Poussés par la population de leur village, les époux Bureau lancent une pétition. Un an plus tard, ils seront auditionnés à l’Assemblée nationale par la commisison des lois. Ils n’obtiendront pas la réouverture du dossier. Mais, ajouté à d’autres, leur témoignage entraînera une révision de la loi. Il est désormais possible de faire appel des verdicts des cours d’assise. Les accusés ont obtenu ce droit en 2000, le parquet en 2002. D. R.

La nuit où le tueur en série a été acquitté

En 1962, se tient un procès retentissant à LIEGE. Toute une famille et un médecin se sont ligués pour tuer un nourrisson né mal formé. Sa mère a pris de la thalidomide, un tranquillisant prescrit lors de la grossesse, responsable de milliers de naissances de bébés sans bras. Le verdict soulève la question toujours pas tranchée à ce jour, peut-on juger et condamner des parents désemparés devant le handicap ? Existe-t-il un devoir moral d’assumer coute que coute son enfant ? Le jury de LIEGE, composé exclusivement d’hommes a tranché.

La thalidomide est un tranquillisant mis en vente sur le marché par les laboratoires pharmaceutiques entre 1958 et 1961, dans de nombreux pays. Ce médicament, en apparence anodin, a causé des drames épouvantables. En effet, la thalidomide, prescrit à des femmes enceintes, a abouti à la naissance de « monstres phocomèles », c’est-à-dire d’enfants privés de bras et de jambes.

Ce n’est qu’environ quatre ans et demi après la naissance, le 25 décembre 1957, du premier bébé affligé de dommages aux oreilles dus à la thalidomide, qu’un gynécologue australien, le Dr McBride de Sydney, soupçonnera la thalidomide d’être la cause de malformations aux membres et aux organes chez trois enfants examinés au Crown Street Women’s Hospital.

Le 10 novembre 1958, une petite fille sans bras et sans jambe naît en Angleterre. Ses pieds et ses mains sont directement rattachés aux épaules et au pelvis. Rapidement, cette naissance est suivie d’autres cas similaires en Angleterre, en Allemagne, au Canada, aux Etats-Unis, en Suède, en Belgique, en Suède, au Brésil, au Japon…

Les anomalies sont variables : absence du pouce ou d’un doigt mais le plus souvent, il y a une absence totale de formation des os longs des membres. Certains enfants pourront avoir une vie à peu près indépendante. La grande majorité, complètement impotents, seront toute leur vie dépendants pour les actes courants de la vie. Des anomalies supplémentaires sont observées : poumons déficients, absence de vésicule biliaire ou de l’appendice, becs-de-lièvre, malformation des yeux …

Ce type de malformation est rare. Une telle augmentation étonne les médecins qui en viennent rapidement à supposer que les mères ont pris un médicament pendant leur grossesse.

Ce médicament est un sédatif prescrit aux femmes enceintes pour lutter contre les nausées et les vomissements. Le médicament est commercialisé, selon les pays, sous des noms divers, tels Distaval, Tensival, Asmaval ou Softénon.

La thalidomide a causé des difformités sur environ la moitié des cas où une femme en a fait usage entre la quatrième et la sixième semaine de sa grossesse. Environ 3 000 enfants ont été touchés en Allemagne, et 800 en Angleterre. On retrouve la même proportion dans les autres pays industrialisés où la thalidomide a été prescrite.

C’est le 13 novembre 1961 qu’un pédiatre de Hambourg met en accusation la thalidomide. Six jours plus tard, tous les médicaments contenant de la thalidomide sont retirés du marché en Allemagne. Dans les mois qui suivent, les mêmes mesures sont prises dans les autres pays.

La thalidomide est à l’origine de nombreux procès. Ce désastre a ainsi fournit l’occasion de soulever de multiples problèmes juridiques ou éthiques qui n’avaient jamais été abordés : euthanasie, interruption volontaire de grossesse, responsabilité médicale et pharmaceutique, indemnisation en matière d’accidents thérapeutiques. En voici une illustration, l’affaire de Liège, affaire qui eût un retentissement médiatique énorme en Belgique.

Le procès s’ouvre le 5 novembre 1962 devant la Cour d’Assises de LIEGE où sont jugés Suzanne VANDEPUT, son mari Jean VANDEPUT, sa mère, Fernande ERNA, sa sœur, et le Docteur CASTERS, pour le meurtre de l’enfant de Suzanne VANDEPUT, Corinne.

Le 22 mai 1962, Suzanne VANDEPUT, employée comme son mari dans l’administration communale, accouche à la clinique ROCOURT de LIEGE d’une petite fille. L’enfant n’a pas de bras, seulement des embryons de mains collés aux épaules. La religieuse avait également dit aux parents que le bébé n’avait pas d’anus. Devant une enfant affligée d’un double handicap, les parents avaient tout de suite demandé d’euthanasier l’enfant sans recevoir d’aide. Refus net du Docteur WEERTS qui a accouché l’enfant. La presse avait déjà alerté l’opinion sur la naissance de ces bébés malformés. Les chances de survie étaient de 1 sur 10.

Ils se tournèrent alors vers le Docteur CASTERS, un médecin de quartier chez qui, le 23 mai, Monique DE LA MARK, la sœur de la jeune maman, va sonner tôt le matin. Il accepte de rédiger l’ordonnance mortelle. La mère donna la mort à son enfant le 29 mai, en mélangeant des barbituriques au biberon, seule avec le bébé. Le lendemain, les parents appelèrent le médecin de famille, le docteur HERPIN, pour constater le décès. Celui-ci remarque bien évidemment que la mort n’est pas naturelle. Jean VANDEPIT avoue immédiatement que sa femme avait tué l’enfant. Il revenait alors à ce médecin de rédiger le certificat de décès et de mentionner la mort violente déclenchant l’enquête. Il réfléchit une semaine sur ce cas de conscience. Au procès, le docteur HERPIN dira que sans l’aveu de Jean VANDEPUT, s’il avait eu la certitude d’être seul au courant, il aurait délivrer le permis d’inhumer. De toute façon, les parents étaient dans le collimateur du personnel de la clinique où la mère avait accouché, et le Docteur WEERTS alerta le parquet, qui envoya un policier chez les VANDEPUT.

Le parquet ne put donc que constater le décès de l’enfant. Son premier réflexe est d’imposer le silence aux informateurs judiciaires. Les chefs d’information des journaux sont convoqués avec pour consigne de taire l’affaire. L’indiscrétion d’un hebdo ruina tout. Le parquet voulait ainsi certainement classer l’affaire sans remous, mais la médiatisation l’obligea à engager des poursuites et à ouvrir une instruction. Instruction qui mit en lumière un jeune ménage modèle qui avait tout prévu pour accueillir l’enfant. Instruction également qui déchaîna l’opinion qui ne pouvait admettre de voire juger les VANDEPUT avant même que le procès de la THALIDOMIDE n’ait eu lieu. Suzanne VANDEPUT a en effet pris de la thalidomide au mois de juillet précédent.

Suzanne, sa mère, sa sœur, et le Docteur CASTERS sont incarcérés durant l’instruction menée par un magistrat sans expérience et dépassé par les événements. Ainsi fait-il une reconstitution du dernier biberon et explorer les canalisations de la maison des VANDEPUT pour voir si du poison n’est pas retrouvé.

Au procès, le temps fort sera la lecture d’une lettre du professeur HELLER de la SORBONNE, dont la fille était née infirme : « Je ne discute pas des arguments juridiques, sociaux ou religieux qui vous seront avancés et qui sont eux-mêmes d’une grande valeur. Je veux seulement porter témoignage des souffrances d’une enfant, et par elles, vous faire sentir qu’à côté d’une débat théorique, il existe une autre vérité beaucoup plus simple qui n’est pas faite d’idées ou de principes, si justes soient-ils, mas de gémissements, de cris pendant des nuits entières et de regards effarés qui supplient dans l’inconscience. Débats de conscience ? il est vite clos. Les règles de la loi, les principes de la morale publique ou de la religion peuvent nous convaincre de nous infliger à nous-mêmes les plus douloureuses épreuves, ils ne peuvent nous obliger à les infliger aux autres, surtout à des enfants. Si tant de parents et de médecins laissent le tragique destin s’accomplir, ce n’est pas dans une pleine conscience qui en feraient des criminels. C’est d’abord parce qu’ils gardent au début l’espoir insensé d’un miracle, et qu’ensuite il est trop tard. C’est aussi parce qu’il faut un courage singulier pour décider de la mort d’un enfant. »

Le professeur HOET fait quant à lui un exposé sur les ravages de la thalidomide et des malformations congénitales très impressionnant.

Le jury acquitta les cinq accusés en 1 heure 48. Massivement en faveur des accusés, la foule accueillit par des hurlements de joie le verdict. Il y eut cependant, comme de nos jours encore, des voies pour critiquer la perversité de l’acquittement, qui niait purement et simplement un geste homicide pourtant avéré. Les journaux recevèrent un courrier innombrable pour dénoncer un assassinat qui pourrait de généraliser sur chaque enfant handicapé. L’épiscopat de Belgique publia un texte appelant à la charité chrétienne et à la désapprobation de l’euthanasie.

Les protagonistes sont eux retournés à l’anonymat. Les deux ménages VANDEPUT et DE LA MARK ont divorcé. Le Docteur CASTERS décédera peu de temps après d’un cancer.

Isabelle Horlans, le mercredi 22 juillet 2009 à 04:00

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Mardi 25 juin 1996, le ciel est clair sur Bourg-en-Bresse, dans l’Ain. Devant les portes du palais de justice, il y a foule. Le procureur a fait aménager une salle de retransmission vidéo pour permettre au plus grand nombre d’assister au procès du faux médecin qui a supprimé sa famille ; dispositif exceptionnel à l’époque. L’accusé entre dans le box de la cour d’assises et tombe la veste, passée sur son polo noir. Ses épaules sont carrées, ses traits plutôt doux, comme le timbre de sa voix. La présidente Yvette Vilvert l’invite à décliner son identité.
– « Je m’appelle Jean-Claude Romand, j’ai 42 ans.
– Avez-vous une profession ?
– Je n’en ai plus. »

Ce matin-là, l’accusé aurait dû répondre « je n’en ai jamais eu », mais c’eût été, sans doute, trop douloureux à admettre en ce premier jour d’audience. Déjà, il y a des larmes dans ses yeux, mais l’on ne sait encore s’il pleure les cinq cadavres des êtres qu’il aimait le plus au monde ou si c’est la honte qui suscite le chagrin. Jean-Claude Romand, qui n’a jamais eu de métier et qui n’a jamais été chômeur, s’est créé un double pendant vingt ans. Il s’est d’abord fait passer pour un brillant étudiant en médecine, reçu cinquième à l’internat de Paris, puis pour un médecin chercheur de l’OMS, en poste à Genève. Pour offrir une belle vie à sa ravissante épouse et à leurs enfants, il a escroqué parents, belle-famille, amis. Il a détourné plus de 45 millions de francs pour subvenir aux besoins des siens – qu’il a fini par abattre parce qu’il était acculé, prisonnier de ses mensonges, et qu’il préférait la mort à l’infamie.

Une vie « comme si… »

Vendredi 8 janvier 1993, en milieu d’après-midi, Jean-Claude Romand regagne sa villa à Prévessin-Moëns, au cœur du verdoyant pays de Gex, en bordure de la Suisse. Les Romand s’y sont installés en 1984. Florence, une pharmacienne de 37 ans, effectue des remplacements à l’officine locale, enseigne le catéchisme et s’investit parmi les parents d’élèves à l’institution Saint-Vincent-de-Paul que fréquentent Caroline et Antoine, ses enfants de 7 et 5 ans. A Prévessin-Moëns, où résident plusieurs fonctionnaires internationaux, les Romand sont respectés, invités. Avec ses confrères, le toubib parle molécules, participe aux colloques de l’Association médicale du pays de Gex. On loue sa modestie. A ceux qui veulent professionnellement s’enrichir, il rapporte des études de l’OMS, où il travaille chaque jour sauf quand il est missionné à l’étranger.

Ce vendredi, il vient donc de franchir la frontière franco-suisse. Il gare sa BMW devant la ferme que Florence a rénovée. Le couple s’en va chercher les petits à l’école. Dans la cour, Jean-Claude bavarde avec des parents : ses interlocuteurs se souviendront d’un homme « épanoui, heureux  ». Faux. Romand est au bout du rouleau. Il n’en peut plus, de sa vie « comme si… ». Comme si tout était normal, comme s’il pouvait continuer à tromper les autres et à se leurrer soi-même. Vingt ans de mensonges et désormais plus un sou, que des dettes, le compte bancaire dans le rouge, vide à ne même plus pouvoir honorer la traite de la BMW, et la banque qui menace, les proches qui ne prêtent plus, faute de rapports, pire, qui posent des questions. Pendant des années, il leur a proposé d’investir dans des placements fructueux en Suisse. Il rembourse les uns avec le bas de laine des autres, escroquerie désignée sous le terme de « cavalerie » à donner des sueurs froides, à n’en plus dormir. Cette fois, c’est fini. Dans dix jours, un mois, le pot aux roses sera découvert. Jean-Claude Romand est foutu.

Une vingtaine d’heures auprès des corps

Vendredi soir, il est rentré armé. Dans la nuit, sur Caroline et Antoine, il vide le chargeur de sa carabine 22 Long Rifle. Il fracasse le crâne de Florence avec un rouleau à pâtisserie. Samedi 9, il parcourt 75 kilomètres en direction du Jura. A Clairvaux-les-Lacs, il s’arrête chez ses parents. Aimé, ancien garde-forestier, et Anne-Marie, septuagénaires, sont fiers de leur fils médecin. A une voisine, ils ont justement annoncé la veille que l’Amérique réclame le « Dr Romand » ; il y sera bientôt muté. Jean-Claude mange des haricots et se rend au premier étage pour réparer une prétendue fuite d’eau. Son père le suit. Il est abattu d’un coup de fusil. Sa mère crie : « Jean-Claude, qu’est-ce qui t’arrive ? » Nouveau tir, mortel. Troisième cartouche pour le chien. Romand les installe sous des couvertures et s’enfuit. A Paris, il a rendez-vous avec Chantal, qui fut sa maîtresse. Elle lui a prêté 900.000 francs. Ce samedi, il lui a fait deux promesses : l’emmener dîner chez son « ami » Bernard Kouchner et lui rendre ses économies qui fructifiaient en Suisse. Mais, en forêt de Fontainebleau, il braque sur elle le canon de son arme. Chantal supplie. Il lui laisse finalement la vie sauve.

Après avoir passé quelques heures dans un hôtel, il rentre à Prévessin, où gisent Florence, Caroline, Antoine. Romand tourne en rond dans sa maison, il passe une vingtaine d’heures prostré près du sapin de Noël et des cadavres des siens. Dans la nuit de dimanche à lundi, Jean-Claude Romand avale des barbituriques, arrose les corps d’essence et incendie la ferme. Il s’en va rejoindre les siens.

« Je suis un monstre »

A 4 heures du matin, les pompiers découvrent trois morts. Puis un homme dans le coma. Il respire ! Sans doute le malheureux dont la femme et les enfants ont péri… Quelle tragédie, murmurent les voisins. Bientôt ils apprendront la vérité, effrayante, irréaliste, incroyable. Romand s’est raté. Le voici désormais dans un caisson pour brûlés à l’hôpital de Genève. « Etat critique. » Pendant qu’il lutte pour vivre – ou mourir –, les gendarmes découvrent que Marie-France, Aimé, Florence, Caroline et Antoine Romand ont été supprimés à la carabine. L’époux modèle, le fils parfait, le père aimant devient le suspect numéro un.

Transféré à Lyon, en médecine pénitentiaire, il se réveille, se rétablit. Vendredi 22 janvier 1993, à 10 h 15, cinq hommes venus de Bourg-en-Bresse s’installent à son chevet : le juge, le procureur, son substitut, un greffier et l’avocat de l’assassin présumé. Jusqu’à 16 h 30, il s’affirme médecin à l’OMS et innocent des crimes dont on le soupçonne. Et soudain il craque : « Je suis un monstre. J’ai raté mon suicide, qui aurait mis un point final à cette histoire, et c’est la pire sanction qui puisse m’être infligée. Je regrette que la peine de mort ait été abolie. Moi, je suis condamné à vivre… »

Mardi 2 juillet 1996, la cour d’assises de l’Ain a infligé la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une peine de sûreté de vingt-deux ans, au faux médecin de l’OMS.  Il est aujourd’hui bibliothécaire en prison, libérable en 2015.


Isabelle Horlans, le mardi 21 juillet 2009 à 04:00

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Il n’y a qu’à relire les chroniques judiciaires de Renaud Vincent parues dans France-Soir pour comprendre que la cour d’assises qui la jugea fut confrontée à un spécimen rare. C’était en 1991 : les débats s’ouvrirent jeudi 17 janvier, huit heures après le déclenchement de l’opération « Tempête du désert », et s’achevèrent jeudi 28 février, jour de la libération du Koweït. L’accusée exprima sa fierté d’être associée à l’histoire : « C’est à faire rire un caillou. » L’audience, marquée par les larmes des filles de Bernard Hettier, tronçonné à la meuleuse, et les bons mots de Simone qui déclenchaient l’hilarité générale, se solda par une condamnation et un acquittement. Voici quelques séquences du procès, mais auparavant revisitons les faits.

Avec Marie Besnard, Simone Weber partage ce côté maîtresse femme : ce sont deux blocs que rien n’aurait jamais pu ébranler, pas même la meuleuse à béton dont la seconde se servit pour expédier ad patres son amant en pièces détachées. Elles ont également un penchant immodéré pour l’argent, la mise soignée et les bigoudis. La comparaison s’arrête là, puisque la « bonne dame de Loudun » fut acquittée et la « diabolique de Nancy », condamnée. Ainsi baptisa-t-on, dans les années 1980, la tragédienne Weber dont Balzac aurait fait une truculente héroïne. A mémé Simone on aurait donné le bon Dieu sans confession s’il n’y avait eu un jour, sur son chemin de vie, un costaud à la barbe broussailleuse : le juge Gilbert Thiel, alors à Nancy, aujourd’hui à l’antiterrorisme. Son opiniâtreté a envoyé la combinarde Weber en prison.

La mystérieuse disparition de Bernard Hettier

L’affaire débute le 7 juillet 1985. L’Est républicain publie un avis de recherche : Bernard Hettier, 55 ans, a disparu depuis deux semaines. Contremaître dans une usine, divorcé, il est père de deux filles rongées d’inquiétude. La police se rend à son domicile. Par les voisins, elle apprend que Bernard est harcelé par une ex-maîtresse, Simone Weber. Elle ne cesse de le suivre, de l’épier. La dernière fois que l’on a vu Bernard, c’était le 22 juin. Ce samedi-là, le voisinage se souvient de Mme Weber postée devant sa maison, fusil en main, et de ses menaces : « Je te tuerai ! » Bernard n’a jamais reparu. Les enquêteurs s’intéressent donc à la dame Weber. Au 158 de la rue de Strasbourg, à Nancy, une quinquagénaire pimpante apparaît. Sous la blondeur indéfrisable, deux yeux bleus qui roulent exagérément dans leurs orbites. Un regard qui cloue sur place. Un rictus lui élargit le menton. Sinon, calme apparent. Elle reçoit les policiers, qui ne la lâcheront plus pendant cinq ans…

Une veuve bien sous tous rapports

Simone Weber a éjecté son premier mari alcoolique, elle est veuve du second. Il ne lui reste que trois enfants, les deux autres sont décédés dans des circonstances tragiques. Ses revenus proviennent de l’héritage du défunt époux et de la revente de voitures dont elle répare les moteurs. Bernard Hettier ? Plus de nouvelles. La Renault 9 du disparu garée au pied de son immeuble le 22 juin, comme l’indique un homme qui ce jour-là cherchait Bernard ? Foutaises ! Les inspecteurs sont bredouilles. A son patron, Hettier a adressé un arrêt maladie. Problème : ce n’est ni son écriture ni sa signature. Le document a été délivré près de Paris. La police va voir le médecin avec une photo d’Hettier : inconnu au bataillon ! En fait, le « malade » est Pascal Lamoureux, un gendre de Simone. Le juge Thiel entre en scène. Premier objectif avant d’arrêter la suspecte : retrouver la R9 de Bernard.

Les sacs-poubelle et Bernadette

Au 158, rue de Strasbourg, les limiers de la PJ rencontrent le couple Haag, deux octogénaires bon pied, bon œil. Le 23 juin, ils s’en souviennent, leur voisine a fait un boucan du diable. Bernard Hettier est alors invisible depuis vingt-quatre heures. Dans la nuit, racontent les Haag, Simone Weber a « comme passé l’aspirateur », sauf que l’appareil était immobile au-dessus de leur tête. Ils ont regardé par l’œilleton, ont vu Simone Weber descendre des sacs-poubelle : quinze bleus et deux noirs. Les écoutes téléphoniques révèlent qu’elle parle en code à sa sœur Madeleine, qui réside à Cannes : « Il faut changer Bernadette d’école. » L’« enfant » est la R9 d’Hettier, planquée d’un parking à l’autre. Le 8 novembre, les sœurs Weber sont arrêtées. Madeleine ne sera poursuivie que pour recel et destruction de preuves. Quant à Simone, c’est une autre affaire. Le juge Thiel l’embastille et met au jour ses secrets.

Le bon vieux « mari » Marcel Fixard

Premier secret : la location d’une meuleuse à béton, 6.000 tours/minute, la veille de la disparition de Bernard. Elle en a déclaré le vol, mais voici qu’on la retrouve dans sa voiture ! Les experts dénicheront un bout de chair humaine sur un disque. Aux assises, elle sera reconnue coupable d’avoir utilisé l’outil au découpage de l’ingrat qui l’avait abandonnée. Le tronc de l’amant sera repêché dans la Marne, enfermé dans une valise lestée d’un parpaing, près du domicile d’une fille de Simone Weber. Autre secret : chez elle, les policiers trouvent une quarantaine de tampons encreurs aidant à falsifier des documents et à rédiger des ordonnances. Puis le testament de Marcel Fixard, défunt mari de Simone. Le juge Thiel décide d’enquêter sur cette union. Foin de mariage ! Fixard, ancien de la coloniale âgé de 76 ans, n’a jamais épousé Simone, rencontrée par annonce – elle se fait alors appeler Monique et se prétend prof de philo.

Un figurant a tenu le rôle de Marcel à la mairie de Strasbourg, Simone a « arrangé » l’acte. La voici dans les meubles du militaire, rue de l’Abattoir à Rosières-aux-Salines. Coquette maison et jardin potager, dont elle hérite trois semaines après la « noce ». Marcel vient en effet de succomber à un arrêt cardiaque ! Neuf jours auparavant, Simone a acheté, sur ordonnance, 80 pilules de digitaline, médicament pour le cœur très dangereux à haute dose. Gilbert Thiel l’inculpera du meurtre de Marcel Fixard ; la cour d’assises l’en acquittera. Grâce aux 15.000 pages du dossier, le juge, qu’elle surnommait « mon poussin » ou « Touvier » selon l’humeur, a obtenu vingt ans de réclusion pour le crime de Bernard Hettier. Mme Weber a été libérée le 17 novembre 1999. Elle clame toujours son innocence et ne désespère pas, à bientôt 80 ans, d’obtenir la révision de son procès.

Michel de l’Hospital
Conseiller au Parlement de Paris
Chancelier
1er avril 1560 – 13 mars 1573
Jean de Morvilliers
Evêque d’Orléans
Garde des Sceaux
24 mai 1568 – avril 1571
René de Birague
Cardinal et évêque de Soissons
Garde des Sceaux
17 mars 1573 – septembre 1578
Philippe Hurault
Comte de Cheverny,
Garde des Sceaux
Septembre 1578 – 26 novembre 1583
Chancelier et Garde des Sceaux
26 novembre 1583 – 31 août 1588
François de Montholon
(2ème du nom)
Seigneur d’Aubervilliers,
Avocat au Parlement de Paris
Garde des Sceaux
6 septembre 1588 – 1er août 1589
Charles de Bourbon
Cardinal de Vendôme,
Garde des Sceaux
2 août – 10 décembre 1589
Philippe Hurault
Chancelier
1er août 1590 – 29 juillet 1599
Nicolas Bruslart
Seigneur de Sillery
Premier président du Parlement de Paris
Chancelier,
3 janvier 1605 – octobre 1606
10 septembre 1607 – mai 1616
Guillaume du Vair
Evêque et Comte de Lisieux,
Premier président du Parlement
de Provence,
Chancelier
mai – 24 novembre 1616
25 avril 1617 – 2 août 1621
Charles d’Albert
Duc de Luynes,
Connétable de France,
Chancelier
3 août – 15 décembre 1621
Louis Le fèvre de Caumartin
Seigneur de Caumartin et de Boissy-le- Châtel
Président du parlement de Paris
Garde des Sceaux
23 septembre 1622 – 21 janvier 1623
Nicolas Bruslart
Chancelier,
23 janvier 1623 – 2 octobre 1624
Garde des Sceaux,
23 janvier 1623 – 2 janvier 1624
Etienne d’Aligre
Conseiller d’Etat,
Ancien président au Parlement
de Bretagne
Chancelier,
3 octobre 1624 – 18 décembre 1635
Garde des Sceaux,
6 janvier 1624 – 31 mai 1626
Michel de Marillac
Conseiller d’Etat,
Garde des Sceaux
1er juin 1626 – 12 novembre 1630
Pierre Seguier
Président au Parlement de Paris
Garde des Sceaux,
28 février 1633 – 29 décembre 1635
Chancelier et Garde des Sceaux
19 décembre 1635 – 1er mars 1650
Mathieu Mole
Premier président du Parlement
de Paris
Garde des Sceaux,
5 avril – 14 avril 1651
Pierre Seguier
Chancelier et Garde des Sceaux,
15 avril – 6 septembre 1651
Mathieu Mole
Garde des Sceaux,
7 septembre 1651 – 3 janvier 1656
Pierre Seguier
Chancelier et Garde des Sceaux,
11 janvier 1656 – 28 janvier 1672
Etienne d’Aligre
(2ème du nom)
Doyen du Conseil d’Etat,
Garde des Sceaux,
24 avril 1672 – 7 janvier 1674
Chancelier et Garde des Sceaux,
8 janvier 1674 – 28 octobre 1677
Michel Le Tellier
Marquis de Barbezieux,
Conseiller et ministre d’Etat,
Chancelier et Garde des Sceaux,
29 octobre 1677 – 30 octobre 1685
Louis Phelippaux
Comte de Pontchartrain
Conseiller au Parlement de Paris
Chancelier et Garde des Sceaux
5 septembre 1699 – 1er juillet 1714
Henri-François d’Aguesseau
Seigneur de Freiné,
Procureur général au Parlement
de Paris,
Chancelier et garde des Sceaux,
2 février 1717 – 27 janvier 1718
Marc de Voyer de Paulmy
Marquis d’Argenson

Conseiller d’Etat,
Garde des Sceaux
28 janvier 1718 – 6 juin 1720
Henri-François d’Aguesseau
Chancelier et garde des Sceaux,
7 juin 1720 – 28 février 1722
Joseph Jean-Baptiste Fleuriau
Seigneur d’Armenonville
Conseiller d’Etat,
Garde des Sceaux,
1er mars 1722 – 24 octobre 1722
Chancelier et Garde des Sceaux,
25 octobre 1722 – 15 août 1727
Chancelier,
15 août 1727 – 19 février 1737
Chancelier et Garde des Sceaux,
20 février 1737 – 27 novembre 1750
Guillaume de Lamoignon
de Blancmesnil
Seigneur de Malesherbes,
Président au Parlement
de Paris,
Chancelier,
9 décembre 1750 – 14 septembre 1768
Jean-Baptiste de Machault
d’Arnouville
Conseiller au Parlement de Paris,
Garde des Sceaux,
29 novembre 1750 – 1er février 1757
René-Charles de Maupeou
Premier Président au Parlement
de Paris,
Premier président du parlement
de Paris
Vice-Chancelier et Garde des Sceaux
4 octobre 1763 – 14 septembre 1768

René-Nicolas de Maupeou
Premier président du parlement
de Paris
Chancelier,
15 septembre 1768 – 24 août 1774

Armand-Thomas Hue
de Miromesnil
Premier président du Parlement
de Rouen,
Garde des Sceaux,
24 août 1774 – 11 mars 1787
Jérôme Champion de Cice
Archevêque d’Aix,
Garde des Sceaux,
3 août 1789 – 20 novembre 1790
Jean-Marie Roland
de la Platière
Ministre de la Justice
23 mars – 12 avril 1792
Ministre de la Justice Ministre de la Justice
Georges-Jacques Danton
Avocat aux Conseils,
Substitut du procureur –
syndic de la Commune
Ministre de la Justice
10 août – 6 octobre 1792
Dominique-Joseph Garat
Avocat,
Ministre de la Justice,
9 octobre 1792 – 19 mars 1793
Ministre de la Justice Ministre de la Justice
Louis Gohier
Avocat,
Ministre de la Justice
20 mars 1793 – 23 avril 1794
Philippe Merlin
dit Merlin de Douai
Procureur général de
la Cour de cassation (1801),
Conseiller d’Etat à vie,
Ministre de la Justice
4 novembre 1795 – 2 janvier 1796
10 février – 3 septembre 1797
Ministre de la Justice Ministre de la Justice
Jean Cambacérès
Conseiller à la Cour des comptes,
Ministre de la Justice
14 juin – 9 novembre 1799
Comte André Abrial
Avocat,
Ministre de la Justice
9 novembre 1799 – 13 septembre 1802
Ministre de la Justice Ministre de la Justice
Claude-Ambroise Régnier
Duc de Massa,
Avocat, Grand Juge,
Ministre de la Justice,
14 septembre 1802 – 18 novembre 1813
Louis Molé
Conseiller d’Etat,
Archichancelier,
Ministre de la Justice
19 novembre 1813 – 11 avril 1814
Ministre de la Justice Ministre de la Justice
Jean Cambacérès
Duc de Parme
Archichancelier,
Ministre de la Justice
20 mars – 22 juin 1815
Etienne Pasquier
Conseiller d’Etat,
Ministre de la Justice
9 juillet – 27 septembre 1815
Ministre de la Justice Ministre de la Justice
François de Barbé-Marbois
Conseiller d’Etat,
Premier président de la Cour des Comptes,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
28 septembre 1815 – 10 mai 1816
Etienne Pasquier
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice
19 janvier 1817 – 27 décembre 1818
Ministre de la Justice Ministre de la Justice
Pierre de Serre
Premier président
de Cour d’appel,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
28 décembre 1818 – 13 décembre 1821
Charles de Peyronnet
Procureur général,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
14 décembre 1821 – 4 janvier 1828
Ministre de la Justice Ministre de la Justice
Joseph Portalis
Conseiller d’Etat,
Premier président de la Cour
de cassation,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
5 janvier 1828 – 13 mars 1829
Jean Sauzet
Avocat,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
22 février – 5 septembre 1836
Ministre de la Justice Ministre de la Justice
Etienne Pasquier
Président de la chambre des Pairs
Dernier Chancelier de France,
27 mai 1837 – 23 février 1848
Alexandre Vivien
Président du Conseil d’Etat,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
1er mars – 28 octobre 1840
Ministre de la Justice Ministre de la Justice
Isaac Crémieux
Avocat,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
24 février – 6 juin 1848
Alexandre Marie de Saint-Georges
Avocat,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
15 juillet – 19 décembre 1848
Ministre de la Justice Ministre de la Justice
Odilon Barrot
Président du Conseil d’Etat
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
20 décembre 1848 – 30 octobre 1849
Eugène Rouher
Président du Conseil d’Etat
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
31 octobre 1849 – 23 janvier 1851
10 avril – 26 octobre 1851
3 décembre 1851 – 21 janvier 1852
Ministre de la Justice Ministre de la Justice
Jacques Abbatucci
Conseiller à la Cour de cassation
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
22 janvier – 15 novembre 1857
Emile Ollivier
Avocat,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
2 janvier – 8 août 1870

Ministre de la Justice

Ministre de la Justice

Isaac Crémieux
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
4 septembre 1870 – 18 février 1871
Jules Dufaure
Avocat,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
19 février 1871 – 24 mai 1873

Ministre de la Justice

Ministre de la Justice

Octave Depeyre
Avocat,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
26 novembre 1873 – 21 mai 1874
Jules Dufaure
Garde des Sceaux, Ministre de la Justice,
10 mars 1875 – 12 décembre 1876

Ministre de la Justice

Ministre de la Justice

Louis Martel
Avocat,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
13 décembre 1876 – 16 mai 1877
Albert de Broglie
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
17 mai – 22 novembre 1877

Ministre de la Justice

Ministre de la Justice

Jules Dufaure
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
12 décembre 1877 – 3 février 1879
Gustave Humbert
Premier président de la Cour
des Comptes,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
30 janvier – 6 août 1882

Ministre de la Justice

Ministre de la Justice

Eugène-Henri Brisson
Avocat,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
30 mars 1885 – 6 janvier 1886
Charles Demole
Avocat,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
7 janvier – 10 décembre 1886

Ministre de la Justice

Ministre de la Justice

Jean Sarrien
Avocat,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
11 décembre 1886 – 29 mai 1887
Armand Fallières
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
12 décembre 1887 – 2 avril 1888
17 mars 1890 – 27 février 1892

Ministre de la Justice

Ministre de la Justice

Léon Bourgeois
Directeur au ministère de l’Intérieur
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
6 décembre 1892 – 3 avril 1893
Antonin Dubost
Conseiller d’Etat,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
3 décembre 1893 – 29 mai 1894

Ministre de la Justice

Ministre de la Justice

Jean Sarrien
Avocat,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
28 juin – 30 octobre 1898
Ernest Monis
Avocat,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
22 juin 1899 – 6 juin 1902

Ministre de la Justice

Ministre de la Justice

Ernest Vallé
Avocat,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
7 juin 1902 – 20 janvier 1905
Joseph Chaumié
Avocat,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
21 janvier 1905 – 13 mars 1906

Ministre de la Justice

Ministre de la Justice

Jean Sarrien
Avocat,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
14 mars – 24 octobre 1906
Aristide Briand
Avocat,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
24 janvier 1908 – 23 juillet 1909

Ministre de la Justice

Ministre de la Justice

Louis Barthou
Avocat,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
24 juillet 1909 – 2 novembre 1910
Antoine Perrier
Avoué,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
2 mars – 23 juin 1911

Ministre de la Justice

Ministre de la Justice

Jean Cruppi
Avocat général près
la Cour de cassation,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
24 juin 1911 – 13 janvier 1912
Aristide Briand
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
14 janvier 1912 – 20 janvier 1913

Ministre de la Justice

Ministre de la Justice

Louis Barthou
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
21 janvier – 21 mars 1913
Antony Ratier
Avoué,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
22 mars – 8 décembre 1913

Ministre de la Justice

Ministre de la Justice

Jean-Baptiste Bienvenu-Martin
Maître des requêtes au Conseil d’Etat
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
9 décembre 1913 – 8 juin 1914
Alexandre Ribot
Conseiller d’Etat
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
9 – 12 juin 1914

Ministre de la Justice

Ministre de la Justice

Jean-Baptiste Bienvenu-Martin
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
13 juin – 25 août 1914
Aristide Briand
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
26 août 1914 – 28 octobre 1915

Ministre de la Justice

Ministre de la Justice

René Viviani
Avocat,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
29 octobre 1915 – 11 septembre 1917
Raoul Péret
Avocat,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
12 septembre – 15 novembre 1917

Ministre de la Justice

Ministre de la Justice

Louis Nail
Avocat,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
16 novembre 1917 – 19 janvier 1920
Gustave l’Hopiteau
Avoué,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
20 janvier 1920 – 15 janvier 1921

Ministre de la Justice

Ministre de la Justice

Laurent Bonnevay
Avocat,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
16 janvier 1921 – 20 janvier 1922
Louis Barthou
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
21 janvier – 4 octobre 1922

Ministre de la Justice

Ministre de la Justice

Maurice Colrat
Avocat,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
5 octobre 1922 – 28 mars 1924
Edmond Lefébvre du Prey
Avocat,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
29 mars – 13 juin 1924

Ministre de la Justice

Ministre de la Justice

René Renoult
Avocat,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
14 juin 1924 – 16 avril 1925
Théodore Steeg
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
17 avril – 10 octobre 1925

Ministre de la Justice

Ministre de la Justice

Anatole de Monzie
Avocat,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
11 octobre – 28 octobre 1925
Camille Chautemps
Avocat,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
29 octobre – 27 novembre 1925

Ministre de la Justice

Ministre de la Justice

René Renoult
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
28 novembre 1925 – 8 mars 1926
Pierre Laval
Avocat,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
9 mars – 18 juillet 1926

Ministre de la Justice

Ministre de la Justice

Maurice Colrat
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
19 – 22 juillet 1926
Louis Barthou
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
23 juillet 1926 – 2 novembre 1929

Ministre de la Justice

Ministre de la Justice

Lucien Hubert
Avocat,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
3 novembre 1929 – 20 février 1930
Théodore Steeg
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
21 février – 1er mars 1930

Ministre de la Justice

Ministre de la Justice

Raoul Péret
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
2 mars – 16 novembre 1930
Henri Chéron
Avocat,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice
17 novembre 1930 – 26 janvier 1931

Ministre de la Justice

Ministre de la Justice

Léon Bérard
Avocat,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
27 janvier 1931 – 19 février 1932
Paul Reynaud
Avocat,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
20 février – 2 juin 1932

Ministre de la Justice

Ministre de la Justice

René Renoult
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
3 juin – 17 décembre 1932
Abel Gardey
Avocat,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
18 décembre 1932 – 30 janvier 1933

Ministre de la Justice

Ministre de la Justice

Albert Dalimier
Avocat,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
26 octobre – 25 novembre 1933
Eugène Raynaldy
Avocat,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
26 novembre 1933 – 29 janvier 1934

Ministre de la Justice

Ministre de la Justice

Henri Chéron
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
10 février – 14 octobre 1934
Henri Lemery
Avocat,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
15 octobre – 7 novembre 1934

Ministre de la Justice

Ministre de la Justice

Georges Pernot
Avocat,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
8 novembre 1934 – 6 juin 1935
Léon Bérard
Avocat,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
7 juin 1935 – 24 janvier 1936

Ministre de la Justice

Ministre de la Justice

Yvon Delbos
Avocat,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
25 janvier – 3 juin 1936
Marc Rucart
Avocat,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
4 juin 1936 – 21 juin 1937

Ministre de la Justice

Ministre de la Justice

Vincent Auriol
Avocat,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
22 juin 1937 – 17 janvier 1938
César Campinchi
Avocat,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
18 janvier – 12 mars 1938

Ministre de la Justice

Ministre de la Justice

Marc Rucart
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
13 mars – 9 avril 1938
Paul Reynaud
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
10 avril – 31 octobre 1938

Ministre de la Justice

Ministre de la Justice

Paul Marchandeau
Avocat,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
1er novembre 1938 – 11 septembre 1939
Georges Bonnet
Avocat,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice
12 septembre 1939 – 20 mars 1940
Ministre de la Justice
Albert Serol
Avocat,
Garde des Sceaux
Ministre de la Justice,
21 mars – 15 juin 1940

Ministre de la justice

Ministre de la justice

Paul Ramadier
Avocat,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
16 décembre 1946 – 21 janvier 1947
André Marie
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice
22 janvier 1947 – 25 juillet 1948

Ministre de la justice

Ministre de la justice

Robert Lecourt
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
26 juillet – 10 septembre 1948
André Marie
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice
11septembre 1948 – 12 février 1949

Ministre de la justice

Ministre de la justice

Robert Lecourt
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
13 février – 27 octobre 1949
René Mayer
Maître des requêtes
au Conseil d’Etat
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
28 octobre 1949 – 10 août 1951

MInistre de la justice

Ministre de la justice

Edgar Faure
Avocat,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
11 août 1951 – 19 janvier 1952
Léon Martinaud-Déplat
Avocat,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
20 janvier 1952 – 27 juin 1953

Ministre de la justice

Ministre de la justice

Paul Ribeyre
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
28 juin 1953 – 18 juin 1954
Emile Hugues
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
19 juin – 2 septembre 1954
Ministre de la justice Ministre de la justice
Emmanuel Temple
Avocat,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
20 janvier – 22 février 1955
Robert Schuman
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
23 février 1955 – 31 janvier 1956
Ministre de la justice Ministre de la justice
François Mitterrand
Avocat,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
1er février 1956 – 12 juin 1957
Edouard Corniglion-Molinier
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
13 juin – 5 novembre 1957

Ministre de la justice

Ministre de la justice

Michel Debré
Maître des requêtes au
Conseil d’Etat,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
1er juin 1958 – 7 janvier 1959
Edmond Michelet
Courtier assermenté,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
8 janvier 1959 – 23 août 1961

Ministre de la justice

Ministre de la justice

Bernard Chenot
Conseiller d’Etat,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
24 août 1961 – 14 avril 1962
Jean Foyer
Universitaire,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
15 avril 1962 – 6 avril 1967

Ministre de la justice

Ministre de la justice

Louis Joxe
Ambassadeur de France,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
7 avril 1967 – 30 mai 1968
René Capitant
Universitaire,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
31 mai 1968 – 27 avril 1969

Ministre de la justice

Ministre de la justice

Jean-Marcel Jeanneney
Universitaire,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
28 avril 1969 – 21 juin 1969(intérimaire)
René Pléven
Directeur de société,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
22 juin 1969 – 4 avril 1973

Ministre de la justice

Ministre de la justice

Jean Taittinger
Négociant,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
5 avril 1973 – 27 mai 1974
Jean Lecanuet
Maître des requêtes
au Conseil d’Etat,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
28 mai 1974 – 26 août 1976

Ministre de la justice

Ministre de la justice

Olivier Guichard
Homme politique,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
27 août 1976 – 29 mars 1977
Alain Peyrefitte
Diplomate,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
30 mars 1977 – 21 mai 1981

Ministre de la justice

Ministre de la justice

Maurice Faure
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
22 mai – 22 juin 1981
Robert Badinter
Avocat,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
23 juin 1981 – 18 février 1986

Ministre de la justice

Ministre de la justice

Michel Crépeau
Avocat,
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
19 février 1986 – 19 mars 1986
Albin Chalandon
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
20 mars 1986 – 11 mai 1988

Ministre de la justice

Ministre de la justice

Pierre Arpaillange
Procureur général près la Cour
de cassation
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
10 mai 1988 – 1er octobre 1990
Henri Nallet
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
2 octobre 1990 – 1er avril 1992

Ministre de la justice

Ministre de la justice

Michel Vauzelle
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
2 avril 1992 – 29 mars 1993
Pierre Méhaignerie
Ministre d’Etat,
Garde des Sceaux,
Ministre de la justice,
30 mars 1993 – 11 mai 1995
Jacques Toubon Elisabeth Guigou
Jacques Toubon
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
18 mai 1995 – 2 juin 1997
Elisabeth GUIGOU
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
juin 1997 – octobre 2000
Ministre de la justice MInistre de la justice
Marylise Lebranchu
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
octobre 2000 –   mai 2002
Dominique Perben
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice,
mai 2002 –   juin 2005
Pascal Clément, crédits photo Caroline Montagné Rachida Dati, garde des Sceaux, ministre de la Justice de mai 2007 à juin 2009
Pascal Clément
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice
juin 2005 – mai 2007
Rachida Dati
Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice
mai 2007 – juin 2009