La famille de Domanick Murugan se serre les coudes autour du petit Enzo, qui vit mal la détention de son père. PH. SAMI BELLOUMI
| L’AFFAIRE |
Domanick Murugan sera jugé le 27 août en Turquie pour trafic d’antiquités. Hier, comme tous les vendredis, ce Chocquois détenu depuis le 2 mai à la prison d’Antalya a pu passer un coup de fil à sa famille. Plusieurs de ses proches assisteront au procès, accrochés à l’idée que l’Elysée les soutient.
PAR ISABELLE MASTIN
bethune@info-artois.fr Sur le papier, Domanick Murugan est convoqué au tribunal le jeudi 27 août, « à 10 h 35 ». Ce matin-là, il sera extrait de sa prison d’Antalya, où il est détenu depuis le 2 mai, pour répondre de trafic d’antiquités. Son épouse n’assistera pas à l’audience : « L’ambassade me l’a déconseillé parce que j’étais avec lui quand il a acheté la pierre.
» Mais Ruby, la soeur de Domanick, et son époux, y seront. On parle aussi de deux représentants de l’ambassade de France. « Et cette fois, j’espère bien revenir avec lui ! », martèle sa soeur qui, le 3 juillet, est rentrée déçue : le procès avait été reporté.
Martine Murugan attend depuis plusieurs jours les résultats de la nouvelle expertise de la pierre mise en cause, une supposée antiquité selon un premier avis, achetée dans la vieille ville d’Antalya. « On nous a assuré que le rapport serait là pour l’audience, même si on ne nous a pas communiqué de résultats », explique Ruby. Ce qui en soi signifie que le procès ne sera plus reporté. Le jugement doit être rendu dans la foulée. Ruby poursuit : « Je suis en train de chercher des vols pour le ramener… Directs surtout, pas d’escale !
» Hier matin, comme tous les vendredis depuis le 9 juillet, Martine Murugan et sa garde rapprochée ont attendu que le téléphone sonne. Dix minutes partagées avec les médias. Au bout du fil, la voix est ferme. « Ça va », assure Domanick Murugan. Il reparle de ses conditions de détention. « 10 m² pour 3 personnes. » Des vols parfois, des bagarres. Il évoque « un caïd » qu’il aurait assommé et sa femme pâlit, elle qui avouait un peu plus tôt fumer dès le matin et trois fois plus que d’ordinaire dans la journée. Depuis le dernier appel, il a revu son avocat turc, qui lui transmet les nouvelles du pays. Une l’a frappé : l’Élysée a fini par appeler Martine, samedi, et Christian Frémont, directeur de cabinet du président, a fait circuler une lettre assurant la famille de l’attention portée par Nicolas Sarkozy au cas de ce citoyen mauricien – qui a décidé de demander la naturalisation à son retour.
« Je te félicite, je suis impressionné, je ne sais pas comment tu as fait… Ça me donne confiance. » Il félicite sa cousine qui s’est mariée samedi et réaffirme sa position : « Je suis une victime, j’ai été abusé par des vendeurs peu scrupuleux. » Le jour de la transaction, Martine insiste que « tout ce que le guide a dit, c’est de marchander. » Les marchands « nous ont abordés. On a aussi acheté trois pièces mais seule la pierre intéressait les douaniers. » Ils ne se sont pas méfiés ? Domanick Murugan, qui passait ses premières vacances en famille à l’étranger, soutient que non. Alors pour lui, à l’audience, « ils sont obligés d’être justes. Le 3 juillet, j’étais jugé avant d’y aller. » Il pense à cet Espagnol qui a partagé sa détention pour des faits similaires. Ils « se soutenaient l’un l’autre… » L’Espagnol est sorti et Enzo, le fils cadet des Murugan, compte « les dodos » qui le séparent du 27 août… et réclame une petite soeur que son père lui promet. D’ici jeudi, le couple aura peut-être le temps de s’écrire : un autre indice de l’état de forme de son mari pour Martine. « Je vois à son écriture quand ça va ou pas : elle change. Il me dit que parfois, il arrête d’écrire, relit mes lettres et recommence quand ça va mieux. » Et s’il était condamné, jeudi ? « Je continuerai. Je retournerai la Terre s’il le faut. »
samedi 22.08.2009, 04:44 – La Voix du Nord
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