Biscottos à la Stallone, mais un coeur de midinette devant les juges. A. D., 20 ans, de Condé-sur-l’Escaut, était au moment des faits un tout jeune consommateur de cannabis. C’est à Bernissart (B), durant l’automne 2008, qu’il a acheté pour la première fois quatre grammes de résine. Pas chanceux, il se fait pincer avec, lors d’un contrôle de police, un mois plus tard, le 20 novembre. Il jure ses grands dieux qu’il n’a plus touché au moindre pétard depuis. « Vous encourrez jusqu’à dix ans de prison », tonne un président Delegove qui, à l’audience, lui fait en même temps comprendre que ça ne sera pas le cas, vu le néant de ses antécédents judiciaires. D’ailleurs, la substitut du procureur ne réclame sur sa tête qu’une amende de 500 E.
Condamné à devoir cette somme aux services fiscaux et si l’on considère pour insignifiant le prix du papier à rouler, A. D. saura désormais que les paradis artificiels ne sont pas donnés… tUne escroquerie, une de plus.- J.-P. B. a bien conscience de son cas. Au président Delegove qui lui fait remarquer que « ce profil d’escroc, il vous suit depuis un certain temps », le prévenu, détenu par ailleurs pour une autre cause, opine : « C’est vrai quelque part, c’est une maladie . » S’ensuit un dialogue sur le même sujet entre les deux. Le juge : « On dirait une sorte de délectation . » L’escroc : « Non, ça ressemble plus à de la manipulation. » Le juge : « Voilà, c’est bien, vous assumez les choses. » L’escroc : « Je me suis défilé assez longtemps comme ça. » Jusqu’au moment où la représentante du parquet vienne le remettre devant les raisons de sa présence à la barre : la falsification, à Arles (13) en avril 2007, d’un chèque de société pour s’acheter une voiture d’occasion. Pour cet « escroc itinérant qui a besoin d’une thérapie », elle demande huit mois d’emprisonnement. La collégiale réduira la peine à cinq, plus 2 000 E de dommages et intérêts à la société lésée.
tLe travail était bien au noir.- À l’époque (été 2007), M. V., sans emploi, fréquentait souvent une certaine licence IV de Roeulx. C’est là qu’il entend parler d’une toiture à refaire chez un particulier. Un corps de ferme à rénover. Son activité d’artisan frigoriste a été liquidée en 2000. Malgré tout, il a gardé quelques vieux feuillets A4 à en-tête. Il rédige illico un devis pour le propriétaire. Et se retrouve donc avec un marché à remplir, mais sans le moindre employé, pas le bout d’un marteau et encore moins de quoi avancer les fonds pour l’achat des matériaux. Le commanditaire, qu’il dit « parfaitement au courant » de la situation, lui avance 5 000 E en liquide. M. V. achète donc lattes et clous, « embauche » son fils et un jeune d’une commune voisine. « Il est clair que c’était du travail au noir, non déclaré », note le président Delegove en direction de M. V., qui opine du bonnet. Sauf que les choses se sont sérieusement envenimées pour lui, avec un client qui refuse de lui verser un centime de plus, fait passer un expert pour malfaçon et finit, par la voix de son avocat, par réclamer 13 500 E qui lui auraient été payés en espèces, les 6 674 E qu’il a dû débourser pour refaire le toit, plus un préjudice moral (3 000 E) et des frais d’avocats (1 500 E ). Sans parler de l’URSSAF venue mettre son nez dans l’affaire, il lui faudrait rajouter 500 E d’amende. « Vous l’avez mauvaise ? ! », semble compatir la présidence devant une prévention d’escroquerie qu’il a toujours niée. C’est d’ailleurs aussi le sentiment du parquet qui ne veut voir qu’une « manoeuvre frauduleuse pour un travail dissimulé ». La collégiale l’entendra de la même oreille : relaxé du délit d’escroquerie, il sera condamné à un mois de prison avec sursis et mise à l’épreuve (du fait de condamnations passées) et à régler les amendes réclamées par l’URSSAF.
______________________________________________
« Un remake terrible de ce qui l’avait conduit aux assises »
27.06.2009, 04:49 – La Voix du Nord
Alexandre Maryssael, 19 ans, a été condamné à deux ans de prison par le tribunal correctionnel de Douai. Il était prévenu d’atteintes sexuelles sur quatre enfants de Monchecourt.
Un mois et demi seulement qu’Alexandre Maryssael était sorti de prison. Le 9 janvier, ce jeune déficient intellectuel avait été condamné par la cour d’assises du Nord à vingt-six mois de prison et huit ans de suivi socio-judicaire pour le viol et les agressions sexuelles de quatre Anichois de dix ans.
Ayant déjà purgé une bonne partie de sa peine en détention provisoire, il avait été libéré le 30 avril.
La cour lui avait interdit de retourner vivre à Aniche. Sa famille avait donc déménagé à Monchecourt. C’est là que dès le 6 juin, Alexandre Maryssael aurait eu un comportement des plus ambigus, si l’on en croit les témoignages de ses futures victimes (âgées de 7 à 14 ans). Ce jour-là, il aurait suivi les enfants, pris la main de force du plus petit (7 ans). « Si j’ai pas le droit de vous suivre, je pars avec le petit et là ça ira loin », aurait-il menacé.
Les faits pour lequel il comparaissait vendredi auraient eu lieu le 13 juin. Toujours selon les témoignages des enfants, le jeune homme aurait commencé par caresser l’un d’eux, âgé de 10 ans, sur la tête, le dos et les épaules. Il l’aurait ensuite pris sur ses genoux, sous prétexte de lui faire écouter la musique de son baladeur et se serait livré à des attouchements, au-dessus du pantalon de l’enfant, tout en lui ordonnant de ne pas en parler, sous peine de s’en prendre au plus jeune d’entre eux. Puis il aurait fait de même avec un autre enfant du groupe, âgé de 9 ans. Celui-ci serait parvenu à s’échapper en pinçant son agresseur.
Surpris par un voisin, témoin de ces scènes inquiétantes, Alexandre Maryssael aurait pris la fuite.
« Sa place n’est pas en prison »
Les petites victimes, effrayées par les menaces à l’encontre du plus petit, ont gardé le silence jusqu’à ce que leurs mères, averties dès lundi, aillent déposer plainte. Dans la salle des pas perdus, l’une des mères culpabilise : « J’avais surpris mon fils de 10 ans avec un couteau dans la poche, je ne savais pas ce qui se passait et je l’ai puni. Il avait fait ça parce qu’Alexandre le suivait quand il allait à l’école. C’était pour se défendre. » « C’est un remake terrible de ce qui l’avait mené en cour d’assises », constate en soupirant Marie-Hélène Carlier, avocate de l’une des mères d’enfant victime.
À la barre, le prévenu – dont les experts ont évalué le quotient intellectuel à 64 – reste muet lorsque le président lui demande d’expliquer ses gestes. Il répond toutefois à quelques questions simples. « Il parle quand ça l’arrange », critique le vice-procureur Étienne Thieffry.
Malgré tout, le cas du jeune homme n’est pas simple : battu en prison, dangereux au contact des enfants (le prévenu explique lui-même aux experts son attirance pour les petits garçons), la question de sa place au sein de la société est épineuse : « Il a été libéré le 30 avril sans projet de sortie, note Étienne Thieffry. J’étais quasi certain de le retrouver ici. On est revenus à la case départ. » Il requiert trente mois de prison.
« Sa place n’est pas en prison, mais dans une structure adaptée », attaque Pierre-Jean Gribouva, conseil d’Alexandre Maryssael. « Trente mois de prison c’est n’importe quoi, ça ne sert à rien ! Rendez-vous dans trente mois, il va recommencer. » Pris d’un malaise au moment de la suspension d’audience, le prévenu n’a pas assisté au prononcé de sa peine : deux ans de prison. •