Articles

LE MONDE | 21.07.09 | 21h10

omment peut-on parler de justice quand il y a 82 000 peines non exécutées parce qu’il n’y a pas de places dans les prisons ? ” Le chiffre avait été annoncé par Nicolas Sarkozy, devant le Congrès de Versailles, le 22 juin. Il est tiré d’un rapport de l’inspection générale des services judiciaires du mois de mars, que la ministre de la justice et des libertés, Michèle Alliot-Marie devait diffuser aux magistrats, mardi 21 juillet.

Ce chiffre spectaculaire, souligne le rapport, “excède largement les capacités actuelles d’absorption de l’administration pénitentiaire”. Au 1er juillet, 68 158 personnes étaient sous écrou, dont 63 189 en prison, pour 53 000 places disponibles.

Une bonne partie de ces 82 000 personnes condamnées n’iront pas en prison. Elles ont été condamnées à une courte peine, sans mandat de dépôt, une sanction susceptible d’être aménagée. Sur les 82 153 condamnations à des peines de prison ferme en attente d’exécution, 90 % sont inférieures ou égales à un an de prison. Dans ces cas, la procédure impose que la personne soit convoquée devant un juge d’application des peines (JAP). Le JAP examine si le condamné peut bénéficier d’un aménagement, sous la forme d’un placement sous surveillance électronique, d’une semi-liberté, d’un travail d’intérêt général, etc.

Cette disposition vise à désengorger les prisons et à éviter leur effet désocialisant sur des personnes insérées. Mais si l’aménagement des courtes peines progresse, l’emprisonnement aussi. 34,7 % de la population carcérale purge une peine inférieure à un an.

Dans le stock évalué par l’inspection, 31 725 condamnations sont d’ores et déjà soumises à un JAP. Une partie, non évaluée, n’est pas encore entrée “dans le circuit de l’aménagement” : 13 500 sont encore aux greffes et près de 40 000 entre les mains du parquet. Les JAP, avant de rendre leur décision, doivent aussi attendre la réponse des services pénitentiaires d’insertion et de probation.

En 2008, les JAP ont reçu 60 000 saisines sur la base de l’article 723-15 du code de procédure sur l’aménagement des courtes peines. Ils ont renvoyé 19 000 personnes au parquet, car elles ne répondaient pas aux critères d’aménagement (absence de travail ou de domicile). La loi pénitentiaire, qui devrait être examinée à l’Assemblée nationale à la rentrée, prévoit d’étendre l’aménagement des peines aux sanctions inférieures ou égales à deux ans.

Le rapport n’évoque pas les délais d’exécution, régulièrement dénoncés par les députés. Dans un rapport de décembre 2007, le député (UMP) Etienne Blanc, estimait à 7 mois, le délai d’exécution d’une peine d’emprisonnement et indiquait qu’une peine de prison sur cinq n’était pas exécutée, trois ans après une condamnation.

L’inspection brosse à nouveau le portrait apocalyptique des défauts d’informations entre les services du ministère de la justice : faible concertation entre JAP et parquet, entre juridictions et administration pénitentiaire et difficultés de suivi des condamnés d’une juridiction à une autre. L’état dramatique de l’informatique est une fois plus dénoncé. Mme Alliot-Marie, en recevant les chefs de cour, lundi 20 juillet, a indiqué qu’elle adresserait “une circulaire recensant les bonnes pratiques qui peuvent être mises en oeuvre sans délai”.

Alain Salles
Article paru dans l’édition du 22.07.09
NOUVELOBS.COM |

“82.000 peines d’emprisonnement ferme restent en attente d’exécution. Ce n’est pas acceptable”, a déclaré la Garde des Sceaux. Elle appelle les tribunaux à “veiller” à la bonne exécution des peines prononcées.

Michèle Alliot-Marie (Sipa)

Michèle Alliot-Marie (Sipa)

La ministre de la Justice Michèle Alliot-Marie a demandé, lundi 20 juillet, aux responsables de tribunaux de “veiller personnellement” à la bonne exécution des peines prononcées, estimant qu’il n’est “pas acceptable” que tant d’entre elles restent en attente d’exécution.
Un rapport de l’Inspection générale des services judiciaires “a mis en lumière le fait que 82.000 peines d’emprisonnement ferme restent en attente d’exécution. Cette situation n’est pas acceptable”, a déclaré la ministre devant les chefs de cour réunis à la Chancellerie.

“La crédibilité et de l’efficacité de notre justice”

Ce rapport sera rendu public “dans les prochains jours”, a annoncé Michèle Alliot-Marie. “Très prochainement, je vous adresserai une circulaire recensant les bonnes pratiques qui peuvent être mises en œuvre sans délai (…) Je vous demande d’y veiller personnellement”, a-t-elle ajouté à l’adresse des responsables de tribunaux, estimant que “l’exécution des peines dans un délai raisonnable est l’une des conditions de la crédibilité et de l’efficacité de notre justice”.
La garde des Sceaux a prévu de faire un point sur ce sujet lors d’une réunion “à l’automne avec les présidents des chambres de l’application des peines”.

Suppression du juge d’instruction

Par ailleurs, la ministre de la Justice a affirmé que le rapport du comité Léger, chargé de faire des recommandations pour réformer le Code pénal, “sera remis au président de la République le 3 septembre“.
Ce rapport constitue l’un des chantiers principaux lancés par l’ancienne ministre Rachida Dati, et dont Michèle Alliot-Marie entend faire une de ses “priorités”. On sait déjà que le rapport Léger préconise la suppression du juge d’instruction et l’introduction du plaider coupable en cour d’assises.
La réforme pénale aura pour objectif “une simplification des cadres procéduraux, mais aussi du renforcement du contradictoire et des droits de la défense, et l’adoption du nouveau code de justice pénale des mineurs. Garde à vue et détention provisoire devront être mieux encadrées, par des critères clarifiés en matière de privation de liberté et de délais. Il faut évoluer vers le modèle de l’Habeas Corpus, mais aussi vers une meilleure garantie des droits de la défense”, a insisté la ministre.

(nouvelobs.com avec AFP)

Sur Internet
Dans les débats

Alliot-Marie promet des crédit aux juridictions paralysées

La ministre de la Justice, Michèle Alliot-Marie, promet aux magistrats français les crédits nécessaires pour débloquer le fonctionnement des juridictions, en partie paralysées faute d’argent.

“Sachez qu’en 2009, vous disposerez en temps et en heure des moyens nécessaires pour que les juridictions ne soient pas confrontées à des problèmes de trésorerie en ce qui concerne leur fonctionnement et les frais de justice”, a dit la ministre dans un discours aux présidents de cours d’appel et procureurs généraux réunis à Paris.

La situation devient critique dans plusieurs cours d’appel importantes, selon les syndicats de magistrats. Des sessions de cours d’assises de la rentrée prochaine ont été reportées de plusieurs mois à Caen, dit l’Union syndicale des magistrats.

Les expertises ne peuvent plus être ordonnées dans certaines enquêtes criminelles, ce qui les paralyse, puisqu’elles sont souvent obligatoires. Les procédures civiles sont affectées.

Le 15 juin dernier, la présidente de la Conférence des premiers présidents de cours d’appel, Catherine Husson-Trochain, a adressé un courrier en forme d’appel au secours au ministère.

“A défaut d’un abondement très significatif dans les plus brefs délais, il est à craindre que très rapidement (…) des cours d’appel vont se trouver en état de cessation de paiement”, écrit-elle dans ce courrier dont Reuters a eu copie.

L’affaire met en lumière les difficultés financières du système judiciaire français. Le budget de la justice en 2009 est de 6,6 milliards d’euros (2,5% du total de l’Etat), pour 1.100 juridictions, 194 prisons et d’autres services.

Le Conseil de l’Europe classe la France au 35e rang sur 43 pour son effort en faveur de la justice en pourcentage de la richesse nationale.

Thierry Lévêque, édité par Yves Clarisse

Carte judiciaire, suprématie nancéenne, sécurisation des tribunaux… Des sujets évoqués, hier, par le procureur général de Colmar.

Depuis quelque temps, sous l’ordre de la Chancellerie, les chefs de cours d’appel se doivent de tenir une conférence de presse trimestrielle. Le procureur général colmarien Jacques Beaume s’est prêté à l’exercice hier, évoquant principalement les suites immobilières de la carte judiciaire. « On a bouclé nos choix et nos budgets. On nous a accordé à peu près tout ce que nous avons demandé ». Avec la refonte de la carte judiciaire, le nombre de bâtiments passe « de 88 à moins de quarante ».

Carte judiciaire

Beaucoup de choses ont déjà été annoncées ( L’Alsace du 20 décembre 2008). Un des changements les plus notables concerne l’aménagement d’un silo pour les archives. C’était prévu à Saverne, cela se fera finalement à Habsheim : 18 km de rayonnages dans un bâtiment industriel de quelque 1500 m². Les travaux auront lieu du 15 juillet au 15 octobre.
À Saverne, en plus de la location d’un plateau, il est prévu 1,2 M € pour réaménager le bâtiment du tribunal de grande instance (TG) et du tribunal d’instance (TI). À Colmar, en plus des travaux au TI et dans la villa de la rue Schlumberger, qui accueillera le personnel pendant le chantier ( L’Alsace du 26 mars), une réfection technique de quelque 900 000 € aura lieu à la cour d’appel.
L’opération mulhousienne a échoué, du coup, il a été décidé de profiter de la restructuration du TI pour « densifier » l’espace et accueillir les tribunaux de Huningue et d’Altkirch dans ces locaux.
Enfin, en ce qui concerne le personnel, la carte judiciaire va impliquer une soixantaine de déplacements sur un effectif global d’environ 700 personnes.
La carte judiciaire ayant été imaginée pour faire des économies, des coupes dans l’effectif sont-elles prévues ? « Pour l’instant non, mais au niveau national à l’échéance 2011, il est prévu une perte de 1000 à 1200 fonctionnaires. On ne sait pas quelle sera notre contribution. On va faire valoir notre ratio (nombre de dossiers par greffier par exemple) qui est plutôt supérieur à la moyenne ».

La suprématie nancéenne

Depuis l’installation de la juridiction interrégionale spécialisée à Nancy, la cité Lorraine ne cesse de gagner tous les arbitrages entre elle et Strasbourg. Nouvel exemple avec l’installation, là-bas, du futur pôle interrégional de l’Est. Ce centre est censé ne s’occuper que de gestion (marchés publics, factures, informatique…), mais Jacques Beaume reste « interrogatif. Le risque est que l’on passe de la gestion à la décision pour aboutir un jour à supprimer les cours d’appel ». Quant à la domination de Nancy, « c’est un choix purement politique que je regrette ».
Prison.- « La discussion ne porte plus sur le “faut-il”, mais sur le “comment”. Le projet se fera à Issenheim, on ne sait pas encore sur quel terrain, l’agence pour l’immobilier judiciaire travaille sur le sujet ».
La sécurité.- Le procureur général a indiqué qu’un expert interrégional de la sûreté a été nommé récemment pour l’Est de la France à… Nancy. Celui-ci a pour mission de diagnostiquer les risques physiques encourus par les fonctionnaires et magistrats et de conseiller les magistrats sur les structures ou dispositifs à mettre en place. On se souvient que l’ancienne Garde des sceaux avait imposé l’installation de portiques à l’entrée de chaque tribunal. « Ces sociétés de gardiennage représentent un tiers de notre budget de fonctionnement », indique le procureur général. Pour le ressort de la cour d’appel de Colmar, il a été recensé sept incidents en 2009 et cinq en 2008.

A.W.

Jean-Marie Bockel, le maire de Mulhouse, reste au gouvernement mais change de ministère. Archives Jean-François Frey Jean-Marie Bockel, le maire de Mulhouse, reste au gouvernement mais change de ministère. Archives Jean-François Frey

Jean-Marie Bockel, le maire de Mulhouse, reste au gouvernement mais change de ministère. Archives Jean-François Frey

Jean-Marie Bockel, le maire de Mulhouse, reste au gouvernement mais change de ministère. Archives Jean-François Frey

« Je suis très content. C’est une mission qui m’intéresse beaucoup », a relevé, hier soir, le maire de Mulhouse, Jean-Marie Bockel, peu après l’annonce de sa nomination comme secrétaire d’État auprès de la garde des Sceaux. En plus d’une mission généraliste au côté de Michèle Alliot-Marie, il aura à s’occuper plus spécifiquement des prisons, dont l’état est « une honte pour la République », a déclaré Nicolas Sarkozy devant le Congrès.
Au cours des dernières semaines, Jean-Marie Bockel – qui a été avocat dans sa jeunesse et dont l’épouse, Marie-Odile Mayer, plaide toujours – avait marqué son intérêt pour les questions de justice. Mais, dans le cadre d’un remaniement qui fait la part belle aux personnalités issues de l’UMP, le président de la toute jeune Gauche moderne, très actif pourtant durant la campagne européenne, n’a pas fait le poids. « La configuration ne le permettait pas », a-t-il simplement constaté.
Entré au gouvernement, comme ministre d’ouverture, en juin 2007, l’ancien sénateur socialiste n’aura passé que quelques mois à la Coopération. Ses critiques envers la « Françafrique » avaient déplu à Omar Bongo et aux autres potentats africains.
Nommé en mars 2008 secrétaire d’État à la Défense, Jean-Marie Bockel, colonel de réserve, s’est montré à l’aise avec les militaires, y compris sur les théâtres d’opérations, comme avec les anciens combattants. Il a réglé, en Alsace-Moselle, la délicate question de l’indemnisation des « Malgré-elles ». À 59 ans, un nouveau champ d’action s’ouvre devant lui. Dans son nouveau poste, au sein d’un ministère régalien, il sera cependant plus exposé qu’avant.

Yolande Baldeweck

25/06/2009

Ministère de la Justice : des achats en ordre de marcheFrançois Rochet a occupé divers postes aux achats chez France Télécom.

Comme Jacques Barrailler (ex-Alcan), qui dirige depuis le début de l’année le service des achats de l’État (SAE), François Rochet (ex-France Télécom) a rejoint le secteur public : il occupe depuis janvier les fonctions de responsable ministériel des achats (RMA) du ministère de la Justice. Agé de 49 ans, ce titulaire d’un diplôme supérieur d’études comptables occupait précédemment divers postes achats chez France Télécom, avec un double profil de manager d’une équipe d’acheteurs et d’acheteur national leader sur certains segments.

« L’opportunité de ce poste constitue pour moi une expérience inédite, mais cohérente, explique-t-il. Un double challenge me motive : d’une part, intégrer un secteur public en pleine mutation et, d’autre part, mettre mon expérience d’acheteur du secteur privé au service de la modernisation des achats publics. »
1,5 milliard d’euros d’achats
Le montant des achats du ministère de la Justice s’élève à 1,5 milliards d’euros d’achats. L’effectif acheteur représente environ 50 personnes, mais se caractérise par une forte déconcentration sur les trois directions (administration pénitentiaire, services judiciaires et protection judiciaire de la jeunesse). « Il y a également un pôle achats informatique et télécoms pour les besoins nationaux et un pôle achats traitant les besoins de l’administration centrale », explique François Rochet. Les achats courants représentent environ la moitié des dépenses du ministère, l’autre moitié des achats dits “métiers” regroupant principalement les dépenses liées à la gestion publique et la gestion déléguée des centres pénitentiaires ainsi que les frais de justice.

« Mon objectif prioritaire est de définir et de mettre en place une politique achats en cohérence avec celle de l’État, définie par le SAE, précise-t-il. L’approche doit rester pragmatique : mettre en œuvre en premier lieu des marchés interministériels sur les segments “achats courants” et, pour les autres segments, choisir le bon niveau, national ou régional, de mutualisation des achats. » L’autre objectif sera de « valoriser les bonnes pratiques déjà expérimentées au sein du ministère » et de repérer les potentiels d’économies rapides et faciles à mettre en œuvre. « L’enjeu majeur est de diffuser la culture achats dans toutes les entités du ministère et ainsi faire comprendre notre valeur ajoutée dans toute décision d’achat », conclut-il.

Liens:
[1] http://www.rue89.com/tag/carte-judiciaire
[2] http://www.rue89.com/2009/03/20/methode-sarkozy-un-fait-divers-une-loi
[3] http://www.rue89.com/derriere-le-barreau/2009/01/08/suppression-du-juge-dinstruction-la-fin-de-l-independance
[4] http://www.rue89.com/matouk/2009/06/03/sarkozy-repasse-le-plat-de-la-securite-et-bafoue-la-democratie
[5] http://www.liberation.fr/societe/0101573756-dati-s-en-va-sarkozy-reste
[6] http://www.rue89.com/tag/carte-judiciaire
[7] http://www.rue89.com/2009/03/20/methode-sarkozy-un-fait-divers-une-loi
[8] http://www.rue89.com/derriere-le-barreau/2009/01/08/suppression-du-juge-dinstruction-la-fin-de-l-independance
[9] http://www.rue89.com/matouk/2009/06/03/sarkozy-repasse-le-plat-de-la-securite-et-bafoue-la-democratie
[10] http://www.liberation.fr/societe/0101573756-dati-s-en-va-sarkozy-reste

Symbole de la détresse financière du système judiciaire français, le cour d’appel de Versailles, une des plus importantes juridictions du pays, a écrit à ses magistrats pour les informer qu’elle n’avait plus d’argent.

Un courrier interne officiel daté du 28 mai, dont Reuters a obtenu copie, dresse une ligne de conduite envers les créanciers quelques jours avant le départ pour le Parlement européen de Rachida Dati, ministre de la Justice.

“Nous avons l’honneur de porter à votre connaissance que le ressort de la cour d’appel de Versailles ne dispose plus, à ce jour, des crédits suffisants pour assurer le paiement des mémoires de frais de justice”, écrivent le procureur général et le premier président de cette cour dans leur courrier.

Ils précisent que l’enveloppe fixée a été épuisée pour 2009. Les frais de justice concernent notamment les expertises civiles ou pénales, l’organisation de mesures d’enquête telles que des reconstitutions ou encore les indemnités versées aux jurés et aux témoins pour venir aux procès.

Le ministère a été saisi, mais dans l’intervalle la cour d’appel conseille aux magistrats de dire aux personnes mécontentes qu’on s’efforce de faire le nécessaire.

“Face aux réactions de mécontentement des créanciers impayés que cette situation alarmante ne manquera pas de provoquer, nous vous remercions de bien vouloir les informer de la situation et leur indiquer que nous avons sollicité de la chancellerie l’allocation de crédits complémentaires”, dit la lettre.

LES MAGISTRATS IRONISENT

La cour d’appel de Versailles a dans son ressort le tribunal de Nanterre, un des plus importants de France, qui a sous sa juridiction des zones urbaines pauvres à grande délinquance mais aussi le quartier d’affaires de la Défense.

L’affaire met en lumière les difficultés financières du système judiciaire français. Le budget de la justice en 2009 est de 6,6 milliards d’euros (2,5% du total de l’Etat), pour 1.100 juridictions, 194 prisons et d’autres services.

Le Conseil de l’Europe classe la France au 35e rang sur 43 pour son effort en faveur de la justice, derrière des pays comme la Moldavie et la Roumanie.

Les syndicats de magistrats affirment que cette situation de Versailles n’est pas une exception. Ils mettent en rapport ces problèmes et un luxueux fascicule de 102 pages édité aux frais du ministère de la Justice et qui défend le bilan personnel de Rachida Dati.

Cette dernière a été élue le 7 juin pour siéger à Strasbourg et sera remplacée lors d’un remaniement gouvernemental qui devrait avoir lieu la semaine prochaine.

“Mme Dati a bien raison de se satisfaire de son si excellent bilan et de dépenser en inutile communication un argent qui serait bien mieux utilisé en faveur des justiciables dans les juridictions”, ironise dans un communiqué l’Union syndicale des magistrats.

Le cabinet de Rachida Dati a confirmé la demande de Versailles et précisé que d’autres cours avaient fait des demandes similaires. Le problème d’argent sera réglé “à très bref délai”, a dit le porte-parole de Rachida Dati.

Thierry Lévêque, édité par Yves Clarisse

police commissariat garde a vue

Agrandir l'image

Crédit Photo : TF1/LCI

Souriez, vous allez être filmés !

  • L’enregistrement obligatoire des gardes à vue et auditions chez les juges d’instruction dans les affaires criminelles est entré en vigueur le 1er juin.

  • Les professionnels s’estiment insuffisamment préparés.

Thibault MALANDRIN et Laure DEBREUIL – le 13/06/2009 – 11h16
Mis à jour le 16/06/2008 – 11h26

Attention, souriez, vous allez être filmés ! Cette injonction va peut-être fleurir dans les couloirs des juges d’instruction. Depuis le premier juin, gardes à vue et auditions en matière criminelles vont être enregistrées, images et sons.

Deux millions d’euros investis

C’est la loi du 5 mars 2007 qui entre en application. Le ministère de la justice indique que 75% des cabinets ont reçu l’équipement nécessaire et que les juges s’adapteront et se partageront les outils existants. “Pas vraiment pratique“, répliquent les intéressés qui de toute façon ont toujours traîné des pieds pour la mettre en œuvre.

Deux millions d’euros ont été investis cette année pour équiper les juridictions“, indique le porte-parole du ministère de la justice Guillaume Didier qui souligne par ailleurs le gros travail accompli pour que la mesure soit opérationnelle.

Conséquences d’Outreau

Cette disposition est l’une des suites du fiasco d’Outreau. Les enregistrements permettront en cas de doute de litige portant sur des procès verbaux de se référer en quelque sorte à la déposition telle que la personne l’a faite et non telle qu’elle est transcrite dans les procès verbaux. Les enregistrements seront placés sous scellés.

L’émoi des magistrats porte bien sur l’impréparation et le manque de formation des magistrats. Mais sur le fond la contestation met en cause le principe de la faire de tels enregistrements. Le magistrat instructeur travaille en binôme avec un greffier, le prévenu est interrogé en présence de son avocat. Des éléments qui sont de nature à rassurer sur le plan des libertés individuelles.

Les aveux de Fourniret enregistrés

J’ajouterais que le débat s’est enrichi à l’occasion de l’affaire Fourniret. Les enquêteurs et le juge d’instruction belges ont enregistré les confessions de Monique Olivier et de Michel Fourniret. Ces enregistrements ont été projetés à la Cour d’assises. Cela a été un moment d’une force extraordinaire. Sans avoir la culture de l’aveux, il est indiscutable que la réalité des faits, en quelque sorte brute, sans le filtre du papier, sort de ce type d’interrogatoires alors que le procès a lieu des mois , voire des années après.

Video

Irène Chevet
Juge d’instruction au TGI de Nanterre

Jean-Marc Leclerc  09/06/2009
Le quartier des Batignolles, au nord-est de la capitale, accueillera le tribunal de grande instance et la police judicairesur plus de 80 000 m2.

Plus de 80 000 m² de bureaux et de salles d’audience, un budget estimé à 800 millions d’euros, pour un imposant navire amiral rehaussé d’une tour de plus de 150 mètres de haut ! Après avoir révélé l’implantation du futur tribunal de grande instance de Paris aux Batignolles (XVIIe arrondissement), Le Figaro dévoile le plan de l’édifice appelé à accueillir des milliers de magistrats, de greffiers, d’avocats, mais aussi les hommes de la police judicaire du mythique Quai des Orfèvres.

Il s’agit, pour l’heure, d’un dessin de l’atelier d’urbanisme de François Grether qui s’est vu confier l’aménagement de la ZAC Clichy-Batignolles. Sur cette vue, on distingue parfaitement l’architecture du futur TGI, au fond, le long du périphérique, avec sa double tour, à droite, «comme le glaive de la justice dans le ciel de la capitale», s’enthousiasme l’un des acteurs du projet.

Seul le tribunal de grande instance serait invité à y déménager, la cour d’appel et la Cour de cassation restant dans l’enceinte historique du Palais de justice de l’île de la Cité, au centre de Paris.
Une infrastructure hypersécurisée

La tour des Batignolles accueillerait donc les bureaux des juges, «parquetiers», fonctionnaires et experts de justice, sans oublier les locaux dédiés à l’accueil des membres du barreau. Les salles d’audience se trouveraient en bas. À gauche, sur 30 000 m², dans les bâtiments reliant trois petites tours d’une quarantaine de mètres de haut chacune, se répartiraient les limiers des grandes brigades de la PJ, criminelle, antigang, brigade de répression du banditisme. Plus d’un millier de policiers de haut vol, avec leurs accès, leurs salles de garde à vue, le tout bénéficiant d’une infrastructure hypersécurisée. Pour lancer l’ère du «nouveau 36 Quai des Orfèvres». «Mais l’endroit n’a pas le même cachet», regrette un briscard du «36».

Brigitte Kuster, la maire UMP du XVIIe, très investie dans ce dossier, rappelle que Nicolas Sarkozy l’a érigé au rang de «chantier présidentiel», le 29 avril, dans son discours sur le Grand Paris. Ce projet définira, dit-elle, «un nouvel axe de développement autour des métiers du droit et de la justice». Le maire de Paris, Bertrand Delanoë, a manifesté son intérêt pour ce site, même s’il reste sourcilleux sur le financement du projet.

Si tout se passe comme prévu, les premiers coups de pioche devraient être donnés début 2010 pour une inauguration des bâtiments en 2015. Reste à savoir si le ministère de la Justice sera en mesure de financer un tel projet. «Près d’un milliard d’euros d’investissement, si l’on intègre les inévitables surcoûts des grands aménagements publics, cela nécessite une certaine gymnastique budgétaire», assure un magistrat de la Chancellerie. La somme représente 15 % du budget annuel du ministère de la Justice. L’arrivée attendue des descendants de Maigret dans ces locaux flambant neufs signifie que l’Intérieur aussi sera mis à contribution.