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Antonio Ferrara

Antonio Ferrara

Vendredi après midi, après 5 h 30 de délibéré la cour d’assises des Alpes-Maritimes présidée par Anne Segond a condamné Georges Menaï, 38 ans, à une peine de 12 années de réclusion criminelle. Laurent Bianco, 33 ans, a écopé de 10 années de réclusion criminelle pour la même série d’attaques de bureaux de poste et de banques commis avec arme et séquestration. L’avocat général, Thierry Bonifay avait requis respectivement 18 et 14 ans contre les deux hommes, poursuivis pour cette série de six braquages commis en 2005 dans l’ouest du département et dans l’est varois.

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On leur reprochait également deux attaques de banques commises en 2006 en Suisse. Le butin, qui s’est évaporé, avait été conséquent : plus de 110 000 euros en France et presque 400 000 euros en Suisse.

Un seul acquittement

La cour d’assises a acquitté les deux hommes pour une tentative de braquage. C’est d’ailleurs ce dernier événement qui leur avait été fatal : il avait été à l’origine de leur interpellation en Suisse et avait mis fin à l’équipée qui avait fait 17 victimes. Toutes avaient été menacées, ligotées et enlevées pour l’une d’entre elles. D’ailleurs, à la clôture des débats, Laurent Bianco avait pensé à toutes les personnes agressées : « Je ne m’attendais pas à ce qu’il y ait autant de conséquences à cause de mes actes, pour les victimes, pour ma famille… Je suis désolé ! »

Pour sa part, Georges Menaï, présenté par l’avocat général comme « dangereux socialement », avait adopté une posture curieuse, à la fois à bonne distance des faits – « Je suis incarcéré depuis trois ans » – et soudain proche en bredouillant quelques mots de compassion pour les victimes. Le calvaire de ces employés de banque, Me Bernard Sivan (à la défense de Georges Menaï) ne l’avait pas du tout écarté, en se plongeant dans le volet suisse du dossier. Comme l’avait fait la veille Me Franck De Vita, côté français, le défenseur a repris, point par point, les deux braquages suisses pour plaider également l’acquittement. Me Sivan a égrené tous les éléments qui laissaient planer le doute.

A audience exceptionnelle, déploiement exceptionnel. Hier en effet étaient convoqués devant le tribunal correctionnel de Dole deux des auteurs présumés du hold-up perpétré en juillet 2002 sur l’aire d’autoroute de Dole-Romange. Ce matin là, un peu avant 5 heures, trois hommes avaient pénétré dans la station-service. Après avoir fait le plein de leur voiture, bu un peu d’eau minérale et payé leurs achats, ils avaient menacé d’une arme le caissier de la station et son collègue qui prenait alors la relève de même que deux clients. Ils avaient fait main basse sur le contenu de la caisse, des cartes téléphoniques et un bijou. Soit un butin d’environ 2 500 euros. S’ils sont deux aujourd’hui à la barre, les braqueurs présumés étaient trois au moins lors des faits. Leur complice, un dénommé Sopi est décédé depuis, tué aux Pays-Bas par la police lors d’une audience au cours de laquelle le procureur avait été pris en otage. Ce qui explique les mesures de protection particulières appliquées ce jour à Dole.

Ndriqim Zyberi et Behar Ramadani respectivement ressortissants albanais et kosovar sont déjà détenus pour d’autres causes parmi lesquelles divers braquages. Le premier est libérable en 2015. Le second en 2022. L’un comme l’autre nient en bloc. Ils ne sont pas les auteurs de ce hold-up pas plus que des 27 autres commis selon le même mode opératoire dans tout l’Est de la France cet été-là. Ils ne se connaissent pas d’ailleurs. Behar Ramadani ignore pour quelles raisons les témoins l’ont formellement reconnu. Pas plus qu’il ne sait pourquoi ses empreintes ont été retrouvées dans la station-service sur une bouteille d’eau minérale. Quant à Ndriqim Zyberi, il se souvient être passé par cette station alors qu’il revenait d’Italie et se rendait en Allemagne. D’où peut-être ses empreintes sur la bouteille d’eau.

« Imaginez ce que l’on peut éprouver lorsque l’on est menacé d’une arme » tonne le procureur en faisant référence au témoignage du pompiste qui avait 21 ans à l’époque et qui connait depuis « un état d’anxiété permanent ». « Les faits sont particulièrement graves pour des butins presque dérisoires » souligne encore Christian Molé. « Un début de reconnaissance aurait pu être un gage de réinsertion futur » estime-t-il. Or « Il n’en est rien ». Il rappelle les éléments « objectifs » dont dispose le tribunal. La reconnaissance de Ramadani par les victimes. Les « 12 points concordants des empreintes digitales », la voiture volée retrouvée en Allemagne avec ses fausses plaques dans le coffre, le témoignage d’une prostituée et puis « des déclarations à géométrie variable ».

Pour la défense de Zyberi, Me Uzan rappelle au tribunal les doutes concernant l’identité de son client qui dispose comme son comparse de plusieurs alias.

Quant à Me Chancenot, elle insiste sur les incertitudes du tribunal quant à l’âge de son client au moment des faits. Le tribunal se déclare néanmoins compétant pour juger l’affaire Il condamne Ramadani à 4 ans de prison et Zyberi à 3 ans.

K.J.

AFP
Six personnes issues du milieu corse vont être renvoyées devant la cour d’assises des Bouches-du-Rhône pour un hold-up hors normes commis en Suisse, le vol de 666 kg d’or au siège de Metalor à Marin (canton de Neuchâtel) en 2004, a-t-on appris aujourd’hui de source judiciaire.

Cinq vont comparaître libres, notamment celui qui est considéré comme le cerveau du gang, Ange-Philippe Dominici, et des comparses dont Thomas Giuly, cousin du joueur de football Ludovic Giuly, et Porphyre Dominici, interpellé en novembre 2007 dans la région de Bastia.

Le sixième, Anthony Gaillot, est toujours détenu au Brésil sous écrou extraditionnel après avoir été interpellé en 2006 à Rio de Janeiro où il avait pris la fuite, sur commission rogatoire internationale du juge Claude Choquet, magistrat de la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs).

Le juge a clos ainsi une longue instruction marquée par de multiples rebondissements “et qui a demandé dans la plus parfaite discrétion de gros investissements à la police judiciaire”, a précisé la même source.
Six personnes ont déjà été condamnées en Suisse en mars 2006 à des peines de deux à huit ans de réclusion par la cour d’assises de Neuchâtel pour ce hold-up d’un montant de 7,5 millions d’euros.

Parmi elles figuraient deux membres de la société de transport de fonds Protectas qui amenait l’or à Metalor, spécialisée dans le traitement industriel des métaux précieux.

Les enquêteurs helvétiques avaient cependant rapidement acquis la conviction que des membres du milieu corse avaient utilisé des comparses suisses pour ce casse commis en janvier 2004.

Les 666 kilos d’or volés n’ont jamais été récupérés. La trace de deux monospaces ayant servi au braquage a été retrouvée en Corse et les analyses ont mis en évidence la présence de particules d’or dans les véhicules.

Certains n’avaient même pas 20 ans au moment des faits. Ce qui fait dire à l’un des avocats des parties civiles que c’était encore une « équipe en devenir ». Sept personnes comparaîtront à partir de cet après-midi devant la cour d’assises de Douai pour une série de braquages. Originaires de Roubaix, ils auraient oeuvré dans toute la région entre 2002 et 2004, s’en prenant aux agences bancaires. « Ils étaient un peu foufous… Ils ont très vite grimpé dans l’escalade de violence », raconte Stéphane Bulteau. L’avocat sait de quoi il parle. Son client a été arrêté à l’issue d’un échange de coups de feu avec la police belge. Et c’est pour cela qu’il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

Ses prétendus comparses ne sont pas tous logés à la même enseigne. Certains reconnaissent les faits, d’autres une partie seulement. Quant aux derniers, ils nient carrément. Comme Ali Boulahfa, bien connu de la justice (lire encadré). «Sur l’ensemble des faits, il n’y a qu’un seul témoignage qui le met en cause, plaide Hubert Delarue, son avocat. Il y a très peu d’éléments matériels… » Mais des dossiers qui se croisent. Des noms qui ressurgissent. « Et toujours le même noyau », accuse Emmanuel Riglaire, avocat d’une cinquantaine de parties civiles. Organisée en équipes à tiroirs, la bande, qui est présentée comme une association de malfaiteurs, n’était pas hiérarchisée. Mais armée et déterminée. Pour y voir clair, trois semaines de procès ont été bloquées. « Cela ne sera pas de trop pour définir les responsabilités des uns et des autres dans les différents braquages », pense Emmanuel Riglaire. « En espérant que l’on ne fasse pas d’amalgame », poursuit Hubert Delarue. Premiers éléments de réponse en fin de semaine avec le décryptage des faits. W