Ils avaient été chacun condamnés à 500 €d’amende au terme d’un procès express devant une salle vide. Pour le « procès 2 », hier devant la cour d’appel de Bastia (Haute- Corse), l’ambiance était moins électrique. Les sept hommes — dont Jean-Guy Talamoni, un des leaders du mouvement « Corsica Libara »— et les trois femmes, qui faisaient partie de ceux qui ont investi les jardins de la villa de l’acteur à Porto-Vecchio le 20 août, se sont sagement assis au premier rang. On a pu croire un instant que cette deuxième audience allait donc se dérouler normalement. Un instant seulement.
Des réponses en corse
Premier à devoir s’exprimer, Paul-Felix Benedetti se lève et désigne une coprévenue comme « porte-parole ». Marie-Claude Branca sera donc la seule « habilitée » à répondre aux questions. Ou plutôt la seule à lire en langue corse une déclaration. Embarras du président Brunet, à qui on transmet une traduction en français du texte mais qui rappelle courtoisement que la « justice de la République » ne peut tolérer cela. Conciliabules dans les rangs. Nouvelle sortie du président : « Soit c’est en français, soit vous vous taisez. » Las, il tente d’interroger les prévenus. L’un d’eux se lève et répond en corse. Fin de la séquence burlesque.
Seul, le président revient donc sur les faits. En quelques minutes tant ce dossier est vite résumé. La manifestation à Porto-Vecchio, le déplacement du cortège au lotissement de Punta-d’Oro, les militants qui se trompent d’abord de villa avant d’atterrir par la plage dans les jardins de l’acteur, absent à cet instant. La suite est connue. Deux jours après l’occupation, Dominique Rossi, responsable de la sécurité en Corse, est limogé, une enquête est ouverte et la vague corse de l’affaire Clavier vient se briser jusqu’à l’Elysée, où Nicolas Sarkozy est accusé par certains d’avoir défendu son « ami » acteur bien au-delà de ce que l’affaire méritait. « C’est ce qui fait de cette affaire et de ce procès quelque chose d’obscène quand on sait ce qui se passe par ailleurs sur cette île, a tonné Me Mondoloni, avocat de deux des militants. L’Etat a voulu en faire une affaire personnelle. C’est bien triste. »
Dans ses réquisitions, l’avocat général a tenté de tordre le cou à la polémique en attaquant d’emblée : « Cette cour n’est pas un parlement. Le débat d’aujourd’hui est juridique, pas politique. »Mais après quelques instants à tenter de démontrer la « violation de domicile », il a lui aussi fini par céder critiquant d’abord les « débordements médiatiques » avant de s’attaquer au mouvement nationaliste « qui est constamment sur une ligne de provocation ». Pour faire « cesser cette surenchère », il a requis 1 500 € d’amende pour chacun des militants. Mille euros de plus qu’en première instance. Le jugement a été mis en délibéré.