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Lemonde.fr avec AFP et Reuters | 30.09.09 | 20h09  •  Mis à jour le 30.09.09 | 20h09
L'ancien président péruvien Alberto Fujimori vient d'être condamné à six ans de prison pour corruption et écoutes illégales. Il s'agit de sa quatrième condamnation depuis 2007.

AP/Martin Mejia
L’ancien président péruvien Alberto Fujimori vient d’être condamné à six ans de prison pour corruption et écoutes illégales. Il s’agit de sa quatrième condamnation depuis 2007.
L’ancien président du Pérou Alberto Fujimori a été condamné mercredi à six ans de prison pour corruption et écoutes illégales, lors de ses mandats entre 1990 et 2000.

M. Fujimori, 71 ans, a été reconnu coupable d’avoir acheté des députés d’opposition pour s’assurer une majorité, des médias pour avoir une couverture favorable, et d’avoir porté atteinte aux libertés par la mise sur écoute téléphonique d’opposants, journalistes, hommes d’affaires, sans oublier son épouse d’alors, et de personnalités comme le célèbre écrivain Mario Vargas Llosa, l’ancien secrétaire général de l’ONU Javier Perez de Cuellar.
L’ancien chef de l’Etat a été condamné à dédommager l’Etat et les victimes.

Fujimori a aussitôt fait appel de la sentence à l’issue du court procès de trois jours, le quatrième et dernier sur ses années de présidence. Depuis son extradition du Chili, en 2007, après s’être réfugié pendant sept ans au Japon, l’ancien président a été déjà reconnu coupable à l’issue de trois procès et condamné à vingt-cinq ans de prison pour avoir ordonné deux massacres de militants gauchistes présumés. Cette nouvelle condamnation est donc sans effet pour Fujimori, les peines ne s’additionnant pas au Pérou. Le condamné purge ainsi la peine la plus longue à laquelle il a été condamné.

Lundi, au premier jour d’audience, il avait admis sa culpabilité afin d’écourter le procès, dont la mauvaise publicité aurait pu embarrasser sa fille, Keiko Fujimori, une députée conservatrice qui envisage de se présenter à la présidentielle de 2011.

(CP) – 

VICTORIAVILLE — Le procès de Robert Godbout, accusé du meurtre de la directrice générale de la municipalité de Saint-Rémi-de-Ringwick, Renée Vaudreuil, en janvier 2008, s’amorcera le 23 novembre, au palais de justice de Victoriaville, dans le Centre-du-Québec.

Le tout se déroulera devant juge et jury. L’audience de lundi matin s’est faite par vidéoconférence, le juge Claude C. Gagnon de la Cour supérieure, se trouvant à Trois-Rivières.

L’accusé a changé d’avocat pour une quatrième fois. Il est maintenant représenté par Me Marcel Guérin de Sorel-Tracy.

Robert Godbout, âgé de 51 ans, a été arrêté à son domicile le 15 janvier 2008, au lendemain de la découverte de la victime âgée de 42 ans, retrouvée assassinée dans le bureau municipal. Son corps avait été découvert à la suite de l’incendie qui a ravagé le bureau.

Les gestes commis par l’accusé seraient l’aboutissement d’un long conflit relativement à la création et l’exploitation d’un zoo à l’école du village, ce que la municipalité refusait pour une question de zonage.

(CP) –

MONTREAL — Vincent Lacroix a demandé au tribunal, jeudi après-midi, de décréter un arrêt des procédures dans le procès criminel qu’il doit subir en septembre à Montréal.

C’est la deuxième requête que dépose son avocate, Marie-Josée Giroux, afin d’éviter à son client un procès criminel.

Me Giroux se base sur l’article 11 de la Charte canadienne des droits et libertés, précisant que l’ex-dirigeant de Norbourg ne bénéficie plus de la présomption d’innoncence.

Elle estime qu’avec le premier procès, combiné à toute la couverture médiatique des dernières années, ainsi que les propos des députés libéraux de la fin de semaine dernière à propos des “fraudeurs en cravate”, M. Lacroix ne bénéficie plus de la présomption d’innocence et ne pourrait pas obtenir un procès équitable.

Le tribunal doit déjà analyser une requête réclamant un arrêt des procédures. Elle estime que son client ne peut être jugé deux fois pour le même crime, lui qui a dû subir des sanctions et une peine de prison à la suite du procès intenté par l’Autorité des marchés financiers.

Le juge Richard Wagner doit rendre sa décision le 9 septembre sur ce premier élément.

Rappelons que Lacroix doit subir à partir du 14 septembre un procès sous 198 accusations de fraude, fabrication de faux et blanchiment d’argent, et deux de complot.

Me Giroux souligne que la preuve est la même que celle déposée lors du procès intenté par l’AMF.

Le 11 décembre 2007, le juge Claude Leblond avait déclaré Lacroix coupable des 51 chefs d’accusation pour avoir escroqué plus de 9000 investisseurs pour un montant total s’élevant à quelque 130 millions $. Il s’agissait d’un procès pénal intenté par l’AMF.

Sa peine d’emprisonnement a été réduite cinq ans moins un jour à la suite d’une décision de la Cour d’appel du Québec rendue vendredi dernier.

(AFP) –

BUENOS AIRES — La justice argentine a condamné à 20 ans de prison le propriétaire de la discothèque Cromagnon, ravagée par un incendie ayant coûté la vie à 194 personnes le 30 décembre 2004, le drame d’origine humaine le plus meurtrier de l’histoire de l’Argentine.

Omar Chaban, 57 ans, impresario de groupes de rock, est considéré comme le principal responsable de ce drame, qui avait également fait 1.400 blessés.

Le sinistre s’était déclenché au cours d’un concert du groupe Callejeros, quand des spectateurs avaient tiré des feux d’artifices, provoquant la combustion des matériaux de revêtement du plafond et des émanations toxiques.

Les membres du groupe ont tous été relaxés, bien que le parquet ait requis 15 ans de prison à leur encontre.

Le soir du drame, quelque 4.000 jeunes étaient entassés dans le local dont la capacité n’était que de 1.200 personnes. Nombre d’entre eux sont morts d’asphyxie, car la principale issue de secours était verrouillée par les organisateurs pour éviter que des jeunes ne pénètrent sans avoir payé leur billet.

“Cette nuit-là (Omar Chaban) a demandé (à la foule) qu’on cesse de tirer des feux d’artifice et il s’est fait injurier”, a déclaré son avocat, Pedro D’Attoli, avant le verdict.

Dès l’annonce du jugement, des parents des victimes ont éclaté en pleurs, tandis que d’autres criaient leur colère en apprenant que les membres du groupe Callejeros étaient tous relaxés.

Des affrontements ont alors éclaté entre les fans du groupe, qui célébraient la nouvelle, et des proches des victimes qui en étaient scandalisées. Des centaines de manifestants ont également tenté d’entrer par la force dans le palais de justice, devant lequel une foule était massée depuis la veille.

Plusieurs policiers ont été blessés, selon la police.

La justice a également condamné à 18 ans de prison un ancien manager du groupe, pour complicité, et un ancien commissaire de police, reconnu coupable de corruption et de ne pas avoir fait appliquer les normes de sécurité.

Deux autres fonctionnaires municipaux ont écopé de deux ans de prison. Le maire de l’époque, Anibal Ibarra (centre-gauche), avait été démis de ses fonctions en 2006 à la suite de ce drame.

Tous les condamnés restent en liberté dans l’attente du verdict de l’éventuel procès en appel.

Copyright © 2009 AFP. Tous droits réservés

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Emeute à Buenos Aires après le verdict sur un incendie qui a fait 193 morts lors d’un concert

TRAGÉDIE | Le gérant de la salle où s’est déroulé le drame a écopé de vingt ans de prison. Mais les musiciens ont été relaxés. L’affaire a coûté son poste au maire de la capitale argentine.

© EPA | Omar Chaban, gérant de la boîte de nuit Cromañon et célèbre promoteur local de rock.

Gustavo Kuhn | 21.08.2009 | 00:00

Les proches des victimes n’ont pas pu contenir leur colère mercredi soir après la relaxe des membres du groupe de rock argentin Callejeros. Aux cris de «On va tous les tuer!», ils ont chargé contre les policiers qui assuraient la sécurité du Tribunal de Buenos Aires et des musiciens. Les affrontements se sont soldés par 17 blessés.

La Cour venait de rendre un des verdicts les plus émotionnels et les plus attendus de ces dernières années: celui du procès de l’incendie de la boîte de nuit Cromañon, au cours duquel sont mortes 193 personnes, dont une dizaine d’enfants âgés de 10 mois à 10 ans, en décembre 2004. Quelque 1400 spectateurs avaient également été blessés au cours de la tragédie.

Le gérant de la boîte de nuit, le célèbre promoteur local de rock Omar Chaban, a été tenu pour principal responsable de ce drame qui a secoué le pays comme aucun autre depuis des décennies. Il a écopé de vingt ans de prison. Le manager du groupe a quant à lui été condamné à dix-huit ans de réclusion, tout comme un sous-commissaire de police accusé d’avoir fermé les yeux sur les flagrantes violations des règles de sécurité en échange de quelques billets. Deux fonctionnaires municipales ont, elles, été condamnées à deux ans de prison.

L’incendie de Cromañon avait en effet été le résultat d’une suite de violations de principes basiques de sécurité, sur fond d’irresponsabilité collective, d’avidité et de corruption. Le local, prévu pour accueillir 1030 personnes était ainsi rempli ce soir-là de 4500 spectateurs. Le toit du hangar avait par ailleurs été couvert de tissu et de matériel inflammable alors que tout le monde savait que les fans de Callejeros allumaient toujours des artifices pyrotechniques lors des concerts, qu’ils se déroulent à l’extérieur ou à l’intérieur.

Mais comble d’irresponsabilité, les sorties de secours avaient été cadenassées pour empêcher les jeunes de resquiller.

Des têtes ont alors été réclamées. Jugé comme le principal responsable politique, le maire de Buenos Aires de l’époque, Anibal Ibarra, a été destitué par le parlement. Mais pour nombre de proches des victimes, les membres du groupe de rock sont eux aussi responsables du drame, en tant que coorganisateurs du fatidique concert. Et leur relaxe les a indignés au plus haut point. Le procureur de Buenos Aires a lui aussi rejeté le verdict, annonçant immédiatement qu’il ferait appel.

Source:metropolehaiti.com
Radio Metropole

Lundi, 27 juillet 2009 11:22
Dajabon / Ouanaminthe

La situation reste toujours tendue au point de passage Dajabon / Ouanaminthe (Nord) suite à un mouvement de protestation d’un groupe de résidents de la communauté La Vigia (Dajabón).

Ces derniers exigent l’extradition en république dominicaine du dénommé Wilson Destiné qui serait soupçonné comme auteur de l’assassinat d’un ressortissant dominicain du nom de Carlos Jimenez Espinal.

Le fonctionnement du marché frontalier Dajabón /Ouanaminthe habituellement tenu les lundis et vendredis a été une nouvelle fois perturbé apprends t-on auprès d’une organisation de défense des droits humains (Solidarité Frontalière) basée à Ouanaminthe.

Des manifestants dominicains avaient agressé vendredi dernier des commerçants haïtiens dans le marché binational de la Vigia à Dajabon, les forçant à plier bagages.

D’après les journaux dominicains, le présumé assassin aurait tiré sur Carlos Espinal pour lui voler sa motocyclette.

Le meurtre est survenu le 17 juillet écoulé.

Par la suite, la police dominicaine a présenté Wilson Destiné comme responsable du fait. Il serait actuellement détenu dans la commune de Ferrier (Nord-Est d’Haïti).

Une rencontre le week-end dernier entre les autorités des deux pays n’ont pas permis de calmer la situation.

RD

(CP) – 

MONTREAL — Le procès d’une Montréalaise détenue en Colombie pour avoir commandité l’assassinat de son mari doit reprendre ce jeudi.

Felipe Rojas Gnecco a été tué sur la voie publique, en décembre 2006, en Colombie. Son épouse, Judith Brassard, se trouvait alors au Québec avec leurs deux enfants; elle était en instance de divorce.

Mme Brassard est toutefois retournée en Colombie l’été dernier; les autorités l’ont aussitôt arrêtée et emprisonnée.

On la soupçonne d’avoir engagé des gens pour faire assassiner son mari, un membre d’une famille colombienne influente, dit-on. Les tueurs ont été arrêtés et condamnés à l’emprisonnement.

La semaine dernière, le père de Mme Brassard a affirmé que le mari de sa fille fréquentait la femme d’un narco-trafiquant et que c’est ce dernier qui aurait payé pour faire tuer M. Gnecco. Il a réclamé la libération de sa fille, une victime de grave erreur judiciaire, à son avis.


Début du procès de Judith Brassard

30 juillet 2009

Judith Brassard
Judith Brassard

Le procès de Judith Brassard, une Canadienne accusée d’avoir ordonné l’assassinat de son mari, Phelipe Rojas Gnecco, s’ouvre jeudi à Santa Marta, en Colombie.

Phelipe Rojas Gnecco a été assassiné en pleine rue devant son cabinet de dentiste, en décembre 2006. À l’époque, Mme Brassard était au Canada, en instance de divorce, avec ses deux enfants.

Lorsqu’elle est retournée en Colombie l’été dernier, les autorités l’ont arrêtée et emprisonnée. Les tueurs ont été condamnés à des peines de prison de 20 ans dans cette affaire.

Le procureur accuse Mme Brassard d’avoir engagé des tueurs à gages pour faire assassiner son mari, membre d’une famille colombienne influente. Il soutient qu’elle a agi pour des motifs financiers, notamment pour toucher l’argent des assurances.

La défense soutient pour sa part qu’il n’y a eu aucune communication entre Mme Brassard et les tueurs.

La famille de Mme Brassard crie à l’injustice et demande sa libération le plus rapidement possible. Elle soutient que Phelipe Rojas Gnecco fréquentait la femme d’un narco-trafiquant et que c’est lui qui aurait payé pour le faire tuer.

« Ma fille a été arrêtée et incarcérée sans procès, juste sur des doutes », a déploré le père de Mme Brassard la semaine dernière.

Une famille canadienne crie à l’injustice

Mise à jour le jeudi 23 juillet 2009 à 8 h 17

La mère de Judith Brassard
La mère de Judith Brassard

La famille d’une Canadienne emprisonnée en Colombie crie à l’injustice et demande sa libération le plus rapidement possible.

Judith Brassard est accusée du meurtre de son mari, Phelipe Rojas Gnecco. Ce dernier a été assassiné en pleine rue, en Colombie, en décembre 2006. À l’époque, Mme Brassard était au Canada, en instance de divorce, avec ses deux enfants.

Lorsqu’elle est retournée en Colombie l’été dernier, les autorités l’ont arrêtée et emprisonnée. Le procureur l’accuse d’avoir engagé un tueur à gages pour faire assassiner son mari, membre d’une famille colombienne influente.

La famille de Mme Brassard soutient pour sa part que son mari fréquentait la femme d’un narco-trafiquant et que c’est lui qui aurait payé pour le faire tuer. « Ma fille a été arrêtée et incarcérée sans procès juste sur des doutes et, depuis ce temps-là, elle est toujours en Colombie et elle croupit dans les prisons de Colombie », déplore son père.

Le procès de Judith Brassard se poursuivra la semaine prochaine.


Jac Forton a vécu treize ans au Chili, dont cinq en dictature. Militant d’Amnesty international, il est le référent pour la France sur le respect des Droits de l’homme au Chili ainsi qu’au Guatemala. Ce livre complète une trilogie dont il est l’auteur sur le Chili, après ses deux ouvrages “Vingt ans de lutte” et “La Justice impossible”.
Les victimes françaises de la dictature
L’enquête qu’il nous présente ici n’est pas un réquisitoire mais un rappel de faits, le fruit d’une décennie de recherches sur les victimes françaises de la dictature de Pinochet.
Parmi les 3 000 morts et disparus plusieurs Français, dont Alphonse Chanfreau, Etienne Pesle, Georges Klein, Jean-Yves Claudet (de gauche à droite sur la couverture). Ces quatre militants de la liberté ont disparu durant les premiers mois de la dictature. Nul ne les a jamais revus.
Après de trop nombreuses années d’impunité, la France s’apprête à juger les responsables de leur disparition. Pinochet est mort en 2006. Les accusés, ses complices, seront absents. Mais pour Amnesty International, ce procès n’en est pas moins essentiel à la lutte contre l’impunité des régimes violant les droits humains.
L’élection de Salvador Allende, le coup d’Etat de Pinochet, sa chute et les tentatives de renvoi devant la Justice : après un rappel du contexte chilien, Jac Forton nous présente une enquête exceptionnelle, pleine de sensibilité et de pudeur, sur les derniers jours de l’étudiant en philosophie, du conseiller agricole, du pédiatre et de l’ingénieur.
Paradoxalement, l’épisode de la dictature soulève aujourd’hui plus de passions en France et dans les pays occidentaux que dans ce pays d’Amérique du Sud. Les chiliens ont toutes les raisons de vouloir “effacer” ce passé de leur mémoire. Si le pays est resté partagé par de nombreuses lignes de fractures, il s’est peu à peu reconstruit, grâce à une jeunesse qui n’a pas connu les années de dictature.
Plus de 30 000 personnes ont été officiellement reconnues par une commission indépendante comme victimes de tortures. Mais il est aujourd’hui impossible de quantifier les douleurs morales et les fractures induites dans les familles. Au Chili, durant les “années de plomb”, des milliers de personnes ont été empêchées de travailler, exclues des administrations et des entreprises pour raisons politiques. Ces “exonerados” tout comme les exilés (politiques et économiques) ont été remplacés par des personnes qui ont elles aussi tout intérêt à se taire.
Oublier, c’est ce dont rêvent la plupart des chiliens, les victimes comme les bourreaux ou ceux qui se sont tout simplement “arrangés” de la situation. Un million de personnes (près de 10% de la population !) ont été exilées, certains pour des raisons politiques, la plupart du fait de la catastrophe économique du début des années 80 (le coup d’Etat a eu lieu en 1973). Paradoxalement, ce sont bien souvent ces familles, par leurs envois d’argent au pays, qui ont permis à leurs familles de survivre. Et au dictateur, grâce à l’appui des médias, de faire croire à un “miracle économique”.
Comme le rappelle Jac Forton, Pinochet est mort en 2006, abandonné par son propre camp et “humilié” par des poursuites pour enrichissement personnel. L’auteur raconte aussi la duplicité des banques européennes et américaines (off-shore aux Antilles), “complices dans le circuit de blanchiment d’argent occulte versé à titre de commissions lors de ventes d’armes au chili et en Europe”.
Jac Forton a enquêté sur les raisons qui ont maintes fois retardé le procès en France. Et il en conclue que la justice française n’a pas subi de pressions. Elle se veut simplement exemplaire dans ce procès. Un procès qui peut -et doit- se dérouler à Paris dans les prochains mois.

L’un des principaux commandants des FARC, Jorge Briceño, alias El Mono Jojoy, mentionne sur cette vidéo “l’aide en dollars” que sa guérilla aurait apportée à la campagne présidentielle de 2006 de l’actuel président de l’Equateur, Rafael Correa.

BOGOTA, samedi 18 juillet 2009 (LatinReporters.com) – Vidéo explosive diffusée depuis le 17 juillet en Colombie par les télévisions et les sites Internet des médias. On y voit Jorge Briceño, alias El Mono Jojoy, chef de l’aile militaire des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie), affirmer que cette guérilla marxiste a contribué en 2006 au financement de la campagne présidentielle de Rafael Correa, actuel président de l’Equateur.

A Quito, le gouvernement équatorien parle de montage et nie à nouveau l’existence de ce financement. L’information en soi n’est pas neuve, mais qu’elle sorte cette fois de la bouche de Jorge Briceño la crédibilise fortement.

Pour le président Correa, socialiste radical allié du Vénézuélien Hugo Chavez, le danger est évident. Si la justice équatorienne qu’il s’efforce de contrôler parvenait néanmoins à ouvrir sérieusement le dossier, il risquerait en effet peut-être la destitution pour financement électoral illégal. Destitution que l’ex-président équatorien Lucio Gutierrez réclamait déjà vendredi soir.

En outre, le crédit international de Rafael Correa ne peut que pâtir de présumées relations privilégiées avec une guérilla financée par le trafic de cocaïne, les enlèvements pour rançon et le racket. De fait, les FARC sont considérées officiellement comme terroristes tant par la Colombie que par les Etats-Unis et les 27 pays de l’Union européenne. Dans ces circonstances, cela pourrait faire désordre lorsque le président Correa en appelle à la justice internationale et aux droits de l’homme pour réclamer, comme la plupart des chefs d’Etat de la planète, le retour à la présidence du Honduras de Manuel Zelaya, déposé le 28 juin dernier à la fois par l’armée, la justice et le Parlement honduriens.

S’adressant en mars 2008 à une multitude de guérilleros armés des FARC qui l’écoutent assis dans la jungle, le commandant Jorge Briceño dit textuellement sur l’extrait de la vidéo que nous reproduisons: “Aide en dollars à la campagne de Correa et conversations postérieures avec ses émissaires, y compris quelques accords, selon des documents dont nous disposons tous, lesquels résultent très compromettants dans nos relations avec les amis”.

Lus par Jorge Briceño sur l’écran d’un ordinateur portable, ces mots se réfèrent à l’inquiétude de Manuel Marulanda (chef suprême des FARC jusqu’à sa mort, le 26 mars 2008) après la découverte des “secrets des FARC” contenus dans “les ordinateurs du camarade Raul”.

Le 1er mars 2008, l’armée colombienne avait bombardé au nord de l’Equateur un camp des FARC, tuant 25 personnes dont le numéro deux de la guérilla, Raul Reyes. Cette attaque est à l’origine de la rupture, toujours actuelle, des relations diplomatiques de Quito avec Bogota. Trois ordinateurs portables de Raul Reyes, deux disques durs externes et trois clés USB étaient alors saisis et remis pour expertise à Interpol, dont l’analyse assure que la Colombie n’aurait pas manipulé ces ordinateurs ni leurs accessoires. L’Equateur prétend le contraire.

Déjà révélés l’an dernier, des courriers électroniques entre commandants des FARC contenus dans les ordinateurs de Raul Reyes chiffraient à 100.000 dollars l’apport de la guérilla à la campagne présidentielle de 2006 de Rafael Correa. Ces courriers ont abouti à la mise en cause de plusieurs personnalités équatoriennes, dont un ancien ministre de l’Intérieur de Rafael Correa, Gustavo Larrea, accusé par Bogota d’avoir été en contact avec la guérilla. L’un de ses ex-vice-ministres, Jose Chauvin, a admis s’être réuni à plusieurs reprises avec Raul Reyes pour oeuvrer en faveur de la libération d’otages de la guérilla colombienne, dont à l’époque Ingrid Betancourt.

Expliquant l’origine de la vidéo contenant les déclarations explosives de Jorge Briceño, un porte-parole du parquet général colombien a affirmé à l’Agence France Presse que “le 29 mai, une perquisition a été menée dans un appartement de Bogota au cours de laquelle a été capturée Adela Perez Aguirre, alias “Camila”, appartenant au front Antonio Narino des FARC”.

“Des ordinateurs ont été découverts et dans ces ordinateurs des fragments de vidéo qui durent une heure. Sur les images on voit le “Mono Jojoy” [le commandant rebelle Jorge Briceño; ndlr] qui évoque la mort de Manuel Marulanda et dit que celui-ci, quatre jours avant sa mort, avait fait part de son inquiétude, car les secrets des FARC étaient à découvert”, a poursuivi le même porte-parole.

Source

LE MONDE | 17.07.09 | 15h10  •  Mis à jour le 17.07.09 | 15h13
Bogota Correspondante

ce jour, les combattants démobilisés ont avoué 27 382 crimes, dont 22 130 homicides, 1 867 disparitions forcées, 719 enlèvements…” Le procureur Luis Gonzalez égrène les chiffres d’une voix fatiguée. Depuis quatre ans, il dirige, au sein du parquet colombien, l’unité “Justice et paix” chargée de recueillir les aveux des paramilitaires démobilisés et de faire la lumière sur leurs crimes passés.

“Jamais nous n’aurions pu imaginer ce déferlement de confessions. Et nous n’en sommes qu’au début”, soupire M. Gonzalez. Les chiffres cités seraient “la pointe de l’iceberg”. Ainsi, “un paramilitaire, Sergio Manuel Cordoba, a expliqué avoir tué “en moyenne” dix personnes par jour pendant plusieurs années, pour un total de 15 000 victimes”. Le parquet a recensé 250 000 crimes (massacres, assassinats, viols, enlèvements, tortures) susceptibles d’être attribués aux milices d’extrême droite.

Plus encore que les chiffres, les récits disent l’ampleur du drame. “Des paramilitaires ont avoué avoir décapité leurs victimes ou dépecé les cadavres à la tronçonneuse, d’autres ont joué au foot avec les têtes. Dans les départements de Santander et de Cordoba, nous avons trouvé des fours crématoires. Des centaines de cadavres, peut-être des milliers, ont disparu dans les eaux des grands fleuves”, raconte M. Gonzalez. Plusieurs juges d’instruction ont été mis en arrêt maladie, incapables d’écouter plus avant ces témoignages.

Réunis dans les années 1990 au sein des Autodéfenses unies de Colombie (AUC), les paramilitaires proclament leur volonté d’en finir par tous les moyens avec les guérillas d’extrême gauche. La lutte pour le contrôle de la drogue attise une guerre que la population civile paye cher. En 2002, les chefs paramilitaires acceptent de négocier avec le gouvernement du président Alvaro Uribe le désarmement de leurs hommes. Ainsi, 32 000 “paras” vont déposer les armes et, pour la plupart, retrouver immédiatement la liberté.

Adoptée en 2005, la loi dite “Justice et paix”, contestée par les défenseurs des droits de l’homme, plafonne à huit ans les peines de prison applicables à ceux qui accepteraient d’avouer leurs exactions et de rendre les biens acquis par la violence. Quelque 3 800 paramilitaires ont accepté de s’y soumettre, mais seuls 600 sont passés aux aveux.

“Des centaines de mères de famille ont enfin pu récupérer les restes de leur fils disparu, des milliers de victimes ont enfin écouté la vérité. Et c’est fondamental”, souligne M. Gonzalez. Au total, 1 997 fosses ont été retrouvées sur la base des témoignages des paramilitaires et 2 439 corps exhumés. Mais sur ce macabre total, seuls 631 corps ont été identifiés. Des centaines de témoignages n’ont débouché sur aucune instruction. Après trois ans, seule une condamnation a été prononcée. “La loi Justice et paix a montré ses limites”, affirme Gerson Arias, analyste de la fondation Idées pour la paix.

“Il est permis de se demander si les paramilitaires n’ont pas fait de l’avalanche d’aveux une stratégie pour asphyxier la justice”, s’interroge M. Arias. “Nous disposons de moyens humains et budgétaires importants”, note M. Gonzalez. Plus d’un millier de personnes travaillent sous ses ordres. Mais la tâche est titanesque.

“Les chiffres restent très en deçà de la réalité, estime Ivan Cepeda, président de la Commission nationale des victimes. Plus grave, le noyau dur du paramilitarisme n’a pas été démantelé. La lumière reste à faire sur les complicités politiques et militaires et sur les soutiens économiques dont ont bénéficié et continuent de bénéficier les autodéfenses d’extrême droite.”

Les aveux des paramilitaires ont pourtant conduit la justice ordinaire à poursuivre leurs complices. Plus de 200 personnalités politiques – 28 sénateurs, 16 députés, 17 gouverneurs, 120 maires et 18 conseillers municipaux – font l’objet d’une enquête. Cent quarante militaires sont aussi sur la sellette. “Là aussi, il ne s’agit probablement que d’un début”, admet M. Gonzalez.

L’extradition, en mai 2008, de 13 chefs paramilitaires, demandés par la justice des Etats-Unis pour trafic de drogue, complique la tâche du parquet. Le gouvernement a pris la décision d’extrader ces détenus au motif qu’ils continuaient de leur cellule à diriger leurs réseaux mafieux. “Mais c’est la vérité qui a été extradée”, assure un jeune juge d’instruction. Et de rappeler : “Ce sont ces chefs qui négociaient avec les élites locales et avec les militaires”. Les “confessions à distance” par téléconférence sont difficiles et coûteuses à organiser. Faute de bénéfices judiciaires, les chefs paramilitaires n’ont plus aucune raison d’avouer.

Seules les organisations de défense des droits des victimes s’en inquiétent. “L’apathie de la société colombienne est inimaginable, remarque M. Gonzalez. La presse, ou du moins une partie, tente de faire son travail, mais l’horreur s’est banalisée et l’opinion publique ne réagit plus. La guerre menée par les paramilitaires a duré plus de vingt ans, c’est très long”. Le procureur soupire une nouvelle fois en concluant : “Et dire qu’il manque encore les aveux de toute la guérilla…”

Marie Delcas

25 ans de terreur
Années 1980 Les premières milices antiguérilla apparaissent, au service des narcotrafiquants et de grands propriétaires terriens.

1997 Carlos Castaño fédère les milices au sein des Autodéfenses unies de Colombie (AUC) et les dote d’un discours politique.

2002 Le président Alvaro Uribe promet de vaincre la guérilla. Les paramilitaires décrètent une trêve.

2003-2005 32 000 paramilitaires déposent les armes.

2006 Le gouvernement envoie en prison 59 chefs paramilitaires.

2007 Six parlementaires sont mis en examen et emprisonnés sur la base des aveux des paramilitaires. C’est le début du scandale de la “parapolitique”.

2008 Treize chefs paramilitaires sont extradés vers les Etats-Unis.

2009 Diego Murillo, alias “Don Berna”, est condamné à 31 ans de prison à New York.

Article paru dans l’édition du 18.07.09

Agence France-Presse
Lima

Pérou: un nouveau procès pour Fujimori et un nouveau gouvernement

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L’ancien président du Pérou, Alberto Fujimori.

Photo: Reuters

Le Pérou, qui vient de changer de Premier ministre face à la grogne sociale, juge pour corruption à partir de lundi son ancien président Alberto Fujimori, deux moments décisifs pour le proche avenir politique d’un pays qui a subitement perdu de sa superbe.

La nomination samedi de Javier Velasquez, 49 ans, président du Parlement et homme d’appareil du parti du président (centre-droit) Alan Garcia, marque une quête de nouveau souffle et de reprise en main par le chef de l’Etat, qui à 67% d’impopularité, traverse la pire passe de son mandat.

En deux mois, le Pérou, cité ces dernières années en modèle économique et de stabilité retrouvée, a vu un conflit socio-économique avec sa minorité indienne d’Amazonie déraper les 5 et 6 juin avec 34 morts dont 24 policiers, les pires violences depuis 17 ans.

La crise économique mondiale, qui avait paru tarder à l’affecter, l’a frappé de plein fouet avec en avril (-2,1% du PIB) sa première croissance négative en huit ans, un recul de l’emploi, et une inquiétante multiplication de conflits sociaux.

Troisième gouvernement en trois ans, le sort du cabinet Velasquez, auquel Garcia a donné pour priorité «la lutte contre la pauvreté» (36,2%), est crucial en vue de la présidentiele 2011.

Garcia ne pourra s’y présenter -la Constitution interdit deux mandats consécutifs. Mais son rival anti-libéral de 2006 Ollanta Humala, dépeint comme le «Chavez péruvien», y sera. Or le parti social-démocrate du président, l’APRA, n’a aucun poulain en vue.

Egalement décisif pour 2011 est le procès qui s’ouvre lundi à Lima de l’ancien président Alberto Fujimori pour faits de corruption dans les derniers mois de sa présidence (1990-2000). Son issue, son écho surtout, sont cruciaux pour un courant politique fujimoriste qui pèse encore.

Fujimori, 70 ans, est jugé pour détournement de fonds publics et dissimulation, via le versement de 15 millions de dollars à son éminence grise d’alors, l’ex-chef des services secrets Vladimiro Montesinos.

En avril, la justice a déjà condamné Fujimori à 25 ans de prison pour violations de droits de l’homme, pour son rôle dans des massacres de civils perpétrés par des «escadrons de la mort», dans le cadre de la guerre d’alors contre les guérillas d’extrême-gauche, dont le Sentier lumineux. Le jugement a été salué par la communauté internationale des droits de l’homme.

Les peines étant cumulables au Pérou, les huit ans encourus dans le procès pour corruption sont immatériels.

Mais Fujimori plaidera «non coupable», car il a rendu cet argent à l’Etat, a assuré son avocat Cezar Nakazaki.

Le fujimorisme n’a qu’une poignée de députés, mais un très fort ancrage dans les couches pauvres de la société, et une étoile en laquelle il croit: Keïko, 34 ans, la fille de Fujimori, régulièrement en tête des sondages (19 à 22%) pour l’élection de 2011.

Comme une bonne partie des Péruviens, ambivalents sur l’héritage populiste et sécuritaire de Fujimori, Keïko a dénoncé des procès «politiques» contre son père. Elle a indiqué qu’elle le grâcierait si elle est élue.

bur-pbl/mfo