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Publié le 19 janvier 2010

La journaliste Pascale Bonnefoy Miralles a gagné le procès pour “calomnie” et “injure” que lui intentait un ancien militaire aux ordres du général Pinochet. La journaliste, qui a dû passer en jugement le 14 janvier 2010, a été relaxée des charges.

Edwin Dimter Bianchi, lieutenant à l’époque, était présent dans l’enceinte du stade du Chili au moment du coup d’État du 11 septembre. La journaliste indépendante a relaté son histoire dans un article intitulé “Edwin Dimter, el sádico Príncipe del Estadio Chile” (“Edwin Dimter, le ‘prince sadique’ du stade du Chili”), publié le 26 mai 2006. L’ex-militaire avait déposé une plainte contre l’auteur en considérant que les propos nuisaient à son honneur et à sa dignité. Le juge a conclu que la journaliste ”n’avait pas l’intention d’injurier”.

Ce jugement est capital pour le droit à l’information des Chiliens sur la période de la dictature. Nous espérons qu’il inspirera d’autres juridictions confrontées à des cas semblables.


14.01.2010 – Une journaliste, poursuivie en justice par un ancien militaire de la dictature, risque la prison pour “injure”

Dans le cadre de sa collaboration avec Americagora.com, site d’informations dédié à l’Amérique latine, Reporters sans frontières publie une chronique sur l’accès à l’information relative à l’époque des dictatures du Plan Condor en Argentine et au Chili.

Lire la chronique sur Americagora : http://www.americagora.com/cadences…

En Argentine, la présidente Cristina Kirchner vient d’ordonner par décret, le 6 janvier 2010, la déclassification d’archives militaires sur certaines opérations répressives menées entre 1976 et 1983. Au Chili, l’accès à ce passé douloureux ne va pas au même rythme. A la veille d’un second tour d’élection présidentielle qui devrait amener la droite conservatrice à La Moneda, la journaliste indépendante Pascale Bonnefoy doit passer en jugement, ce 14 janvier, après une plainte pour “calomnie” et “injure” d’un ancien militaire aux ordres du général Pinochet. Elle encourt une peine allant de trois à dix ans de prison, qui pourrait se traduire par un contrôle judiciaire sinon une incarcération effective. Mais au-delà de la peine encourue, ce procès est lourd de symbole.

“Le Chili a rendu – tardivement – hommage à ses victimes, mais ne veut toujours rien dire de ses bourreaux. Une condamnation de Pascale Bonnefoy pourrait rendre définitivement intenable une mémoire amputée, qui viole le droit des Chiliens à connaître leur histoire”, estime Reporters sans frontières.

(Photo : AFP)

AFP 11.01.10 | 22h38

Un ex-informaticien, accusé d’avoir planifié un attentat contre la bourse de Toronto – et soupçonné d’avoir voulu gagner de l’argent à cette occasion – a plaidé non coupable d’accusations de terrorisme lundi devant un tribunal canadien, ont rapporté les médias du pays.

Shareef Abdelhaleem, 34 ans, était membre, voire l’un des animateurs, du groupe dit “des 18 de Toronto”, accusé d’avoir voulu attaquer à l’explosif, outre le bâtiment de la bourse, le siège des services de renseignement et une base militaire en Ontario, pour forcer le Canada à retirer ses troupes d’Afghanistan.

Son profil diffère de la majorité des autres accusés, jeunes radicaux islamistes. Plus âgé qu’eux, il gagnait plus de 100.000 dollars par an et possédait une voiture de luxe.

Les “18 de Toronto” ont été arrêtés en 2006 grâce à l’introduction d’un informateur de la police dans le groupe, qui cherchait à acquérir trois tonnes de produits chimiques pour fabriquer ses bombes.

Selon des documents judiciaires cités lundi par le quotidien de référence Globe and Mail, Shareef Abdelhaleem comptait jouer en bourse en anticipant la chute des cours après l’attentat et gagner ainsi beaucoup d’argent pour financer d’autres opérations terroristes à l’étranger.

Son plan visait à “frapper l’économie, à lui faire perdre cinq cents milliards de dollars”, a précisé le journal.

L’informateur de la police, qui s’était fait passer pour un fournisseur potentiel de composants de la bombe, portait sur lui un micro caché et a enregistré des propos d’Abdelhaleem portant sur la grande explosion qu’il voulait provoquer pour détruire le siège de la bourse et les bâtiments voisins.

Pour son avocat, William Naylor, l’informaticien avait été “piégé” par la police.

9 janvier 2010

Martin Redrado regagne la banque centrale d’Argentine.

Reuters / Sebastian Garcia
Par RFI

La justice a décidé de rétablir Martin Rebrado dans ses fonctions de chef de la Banque centrale. Il avait été limogé jeudi 7 janvier 2010 par la présidente, Cristina Fernandez de Kirchner, qui lui reprochait de tarder à mettre à disposition de l’exécutif 6 milliards et demi de dollars pour payer la dette en 2010.Cette décision est un dur revers pour la présidente de l’Argentine.

Avec notre correspondant à Buenos Aires, Jean-Louis Buchet

L’intervention de la justice était attendue mais on ne l’imaginait pas aussi tranchante. En deux décisions successives, la juge Maria José Sarmiento a asséné de très durs coups à la présidente Cristina Fernández de Kirchner.

La première suspend le transfert au Trésor de 6,5 milliards de dollars de réserve de la Banque centrale en attendant que la Cour suprême se prononce sur la constitutionnalité de l’opération. La seconde rétablit dans ses fonctions le président de la Banque centrale Martin Retrado qui refusait le transfert en question et avait été destitué par un décret présidentiel qui ne respectait pas les procédures légales.

L’exécutif minimise la portée de ces décisions qui pourront être annulées en appel.
Mais le mal est fait : l’objectif recherché par le gouvernement, en utilisant les réserves comme garantie du paiement de la dette extérieure en 2010, était de rassurer les marchés, c’est tout le contraire qui se produit.

Pour beaucoup, la précipitation avec laquelle le pouvoir veut mettre la main sur les réserves s’expliquerait par des besoins financiers impérieux. De plus, le pays s’est installé dans une crise institutionnelle avec un gouvernement affaibli qui sera de plus en plus contesté par la justice s’il continue de prendre des décisions aussi mal préparées d’un point de vue constitutionnel.

AP | 07.01.2010 | 07:41

Le Parquet général du Honduras a demandé mercredi à la Cour suprême d’émettre des mandats d’arrêt pour “abus de pouvoir” contre les chefs de l’état-major militaire qui ont exilé le président Manuel Zelaya lors du coup d’Etat qui l’a destitué le 28 juin dernier.

La Cour dispose de trois jours pour décider d’accéder à la demande du procureur Luis Alberto Rubi, ce qui constituerait la première action légale contre l’armée depuis le coup d’Etat pendant lequel les soldats ont délogé Zelaya de chez lui, sous la menace d’armes pour le mettre dans un avion à destination du Costa Rica.

Mais cette décision pourrait n’avoir que peu de conséquences, car la Cour suprême s’est toujours prononcée contre le retour de Zelaya à la tête du Honduras. Il est en effet sous le coup d’accusations de trahison et d’abus de pouvoir pour avoir passé outre le rejet par cette même cour de l’organisation d’un référendum sur le changement de la Constitution.

De plus, le nouveau président Porfirio Lobo, qui a remporté les élections le 29 novembre dernier, s’est déclaré favorable à l’amnistie de Zelaya et des responsables du coup d’Etat.

Si la Cour suprême accepte de poursuivre les officiers, leur cas sera étudié par un des 15 magistrats. Or figurent parmi eux, le chef des forces armées, le général Romeo Vasquez, et cinq autres officiers de haut rang dont le chef de l’armée de l’air le général Javier Prince et le commandant de la marine, le général Juan Pablo Rodriguez. Ils risquent trois à quatre ans de prison.

“Nous n’avons pas encore reçu de notification légale, mais nous sommes prêts à nous défendre devant la cour”, a réagi le général Rodriguez contacté par l’AP. AP

Equateur/Pétrole –
Article publié le : samedi 02 janvier 2010 – Dernière modification le : samedi 02 janvier 2010

Bien que les résultats de nombreux tests montrent toujours la présence de contaminants, Chevron Texaco affirme que le responsable est Petroecuador. Selon Chevron Texaco, cette contamination date d’après 1990.

Photo: Eric Samson / RFI

Le procès fleuve de la compagnie pétrolière est sur le point de se terminer : le Front de défense de l’Amazonie et ses milliers de plaignants ont amené l’entreprise au tribunal. En cause : sa manière d’exploiter des gisements de pétrole dans la forêt équatorienne. Reportage en images.

Pour les écologistes, c´est le procès du siècle. Le Front de défense de l´Amazonie et ses milliers de plaignants accusent l’entreprise Chevron Texaco d´avoir massivement contaminé la forêt équatorienne, essentiellement ses cours d’eau, en y rejetant des produits toxiques et des déchets liés à l’extraction du pétrole. Les habitants de cette zone estiment que cette exploitation sans précaution des hydrocarbures a pollué le milieu et joué un rôle dans l’augmentation des maladies des habitants de la région, notamment les cas de cancers.
La compagnie nationale Petroecuador, qui était associée à la compagnie américaine dans le consortium autorisé à extraire ces pétrole dans des centaines de puits en Amazonie, est également partie prenante de ce procès.
Chevron pour sa part pourrait être condamnée à payer près de 20 milliards d´euros de dommages et intérêts. Après 16 ans de rebondissements, le procès fleuve approche de son terme.

Le procès Chevron Texaco / diaporama

(AFP) –

LIMA — La Cour suprême du Pérou a confirmé en appel la condamnation à 25 ans de prison de l’ancien chef de l’Etat Alberto Fujimori pour violations des droits de l’Homme pendant sa présidence, de 1990 à 2000, a-t-elle annoncé dimanche.

La Cour suprême, qui avait examiné l’appel de Fujimori en novembre dernier, s’est prononcée à l’unanimité.

L’ancien président, âgé de 71 ans, avait été condamné en avril, à l’issue d’un procès de 16 mois, pour son rôle dans des massacres de civils en 1991-92 par des “escadrons de la mort”, lors de la répression de l’Etat contre les guérillas d’extrême-gauche, dont le Sentier lumineux.

Fujimori avait été condamné au même procès pour les séquestrations avec circonstances aggravantes, par ses services secrets, d’un journaliste et d’un entrepreneur. La défense avait demandé la requalification de ces crimes en séquestrations “simples”, une demande rejetée par la Cour suprême.

Lors de procès distincts en 2007 et 2009, Fujimori a aussi été condamné à des peines de 6 à 9 ans pour corruption et abus de pouvoir à la tête de l’Etat.

Les peines ne s’additionnant pas au Pérou, Fujimori, qui est emprisonné depuis son extradition du Chili en 2007, doit purger la plus longue, 25 ans.

Fujimori, avait indiqué son avocat en novembre, ne croyait guère aux chances de l’appel. Comme il l’a clamé à son procès, il est convaincu d’être la cible d’une justice “politique” visant à détruire le fujimorisme, et à travers lui sa fille Keïko, une députée et postulante sérieuse à la présidentielle de 2011.

Copyright © 2010 AFP. Tous droits réservés

NOUVELOBS.COM | 30.12.2009 | 16:33

L’ancien archevêque de Santa Fe a été condamné à 8 ans de prison pour avoir abusé sexuellement un jeune séminariste.

Une église en Argentine (AFP)

Une église en Argentine (AFP)

Un ancien archevêque de Santa Fe, dans le nord-est de l’Argentine, Monseigneur Edgardo Storni, 73 ans, a été condamné à huit ans de prison pour avoir abusé sexuellement d’un séminariste alors qu’il était en fonctions, a-t-on appris mercredi 30 décembre de source judiciaire.
Monseigneur Storni, qui avait été nommé archevêque de Santa Fe en 1984, a été condamné pour avoir abusé sexuellement en 1992 du séminariste Ruben Descalzo. Des faits “aggravés”, selon la juge, par sa condition de supérieur hiérarchique de la victime, a souligné cette source judiciaire.

A résidence

En raison de l’âge de l’archevêque qui avait été inculpé en février 2003, la juge, Maria Amalia Mascheroni, a décidé qu’il effectuerait sa peine assigné à résidence.
“Il m’a fait entrer dans ses appartements, à la lumière d’une seule lampe”, a déclaré à la justice le séminariste. “Nous avons beaucoup parlé et il m’a convaincu de rester. Nous passions la porte lorsqu’il m’a pris dans ses bras”, a-t-il dit. “L’étreinte s’est prolongée, il m’a serré contre lui et il m’a embrassé sur le cou”.

En appel

L’avocat d’Edgardo Storni, Eduardo Jauchen, qui a immédiatement fait appel, a affirmé qu'”on ne pouvait condamner quelqu’un sur la base de soupçons, de rumeurs ou d’accusations”, assurant qu’il n’y avait aucune preuve contre son client.
Monseigneur Storni avait démissionné de son poste en 2002 et envoyé une lettre au pape de l’époque, Jean Paul II, dans laquelle il rejetait toute “culpabilité”.
L’ancien archevêque, qui s’était également déclaré innocent peu après devant la justice, avait pris sa retraite dans une ferme de La Falda, dans la province de Cordoba (nord-ouest), appartenant à l’archevêché de Santa Fe.

15 ans de prison

En juin, un autre religieux argentin, le prêtre Julio César Grassi, avait été condamné à 15 ans de prison par un tribunal de la banlieue de Buenos Aires pour avoir abusé d’un mineur dont il était responsable au sein d’une fondation.

(Nouvelobs.com avec AFP)

Entrepreneur inquiété par un scandale de corruption et fils du président du Sénat, José Sarney, Fernando Sarney a abandonné, le 17 décembre 2009, les poursuites qu’il avait engagées contre le quotidien O Estado de São Paulo. Ces poursuites avaient donné lieu, le 31 juillet dernier, à une mesure de censure préventive plusieurs fois confirmée en justice, interdisant au quotidien de mentionner les procédures judiciaires dont Fernando Sarney faisait l’objet. C’est en invoquant la liberté de la presse que l’entrepreneur a décidé de retirer sa plainte.“Nous espérons que l’abandon de la plainte de Fernando Sarney mettra un terme à la censure qui frappe injustement O Estado de São Paulo. La mesure était d’autant plus infondée que l’entrepreneur avait poursuivi le journal pour des motifs qui n’étaient pas directement liés au scandale de corruption pour lequel la justice le poursuit par ailleurs”, a déclaré Reporters sans frontières.


Le Tribunal suprême fédéral maintient une interdiction de publier infligée au quotidien O Estado de São Paulo Rejetant le recours des avocats du quotidien O Estado de São Paulo, les magistrats du Tribunal suprême fédéral (STF, la plus haute juridiction du pays), ont maintenu, le 10 décembre 2009, la mesure de censure préventive infligée au média depuis 133 jours. Désormais sans possibilité de recours, le quotidien a donc toujours interdiction de parler des poursuites dont fait l’objet l’homme d’affaires Fernando Sarney, fils de l’ancien président de la République et actuel président du Sénat José Sarney.

“La décision du STF est à la fois incompréhensible et dangereuse. Incompréhensible, car la même haute juridiction a révoqué intégralement, en avril dernier, la loi sur la presse de 1967, héritée du régme militaire. Il y a là une flagrante contradiction de principe. Dangereuse ensuite, car cette confirmation d’une mesure de censure préventive crée un précédent dangereux dont pourront se servir à tout moment des personnalités importantes en délicatesse avec la justice, contre le droit des citoyens brésiliens à être informés. Il s’agit d’un grave revers pour une liberté constitutionnelle fondamentale”, a déclaré Reporters sans frontières.

La contradiction posée par cette décision avec l’abrogation de la loi de 1967 a justement été soulevée lors de la délibération du STF, le 10 décembre. Quand les partisans de l’interdiction de publication imposée à O Estado de São Paulo ont invoqué la “violation de l’honneur et de l’intimité” de Fernando Sarney, ses opposants ont dénoncé la permanence de “visées autoritaires” contre la presse au sein de la classe politique. Le magistrat Carlos Ayres Britto a pointé qu’aucune base légale n’autorisait la censure sinon la loi de 1967, désormais caduque.

Fernando Sarney avait engagé des poursuites contre le quotidien après la divulgation par ce dernier d’écoutes téléphoniques effectuées par la police fédérale. Fernando Sarney discutait notamment avec son père des moyens de placer son gendre au Sénat.

Publié le 21 décembre 2009

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NOUVELOBS.COM | 11.12.2009 | 10:34

L’ancien espion Alfredo Astiz comparaît pour avoir torturé et tué six personnes, dont deux religieuses françaises, sous la dictature, entre 1976 et 1983.

Alfredo Astiz en 1998 (Sipa)

Alfredo Astiz en 1998 (Sipa)

Un ancien capitaine de corvette, espion à l’époque de la sale guerre en Argentine, est jugé à partir de ce vendredi 11 décembre pour la mort sous la torture de deux religieuses françaises, d’un journaliste et de trois militants des droits de l’Homme.
Alfredo Astiz, plus connu sous le surnom d'”ange blond de la mort“, pour sa cruauté sous des allures d’enfant de choeur, avait infiltré le groupe. Sous la dictature, entre 1976 et 1983, il est présumé avoir joué un rôle important dans la chasse aux opposants de gauche et leurs supposés sympathisants.

Méga-procès longtemps attendu

Pour pénétrer le groupe de défenseurs des droits humains, il s’était présenté comme le frère d’un des milliers de disparus, probablement enlevés et tués par les forces de sécurité dans des centres de torture clandestins.
Astiz est jugé avec 19 autres anciens de la Marine. Ce méga-procès longtemps attendu, doit faire la lumière sur des enlèvements, des actes de tortures et des meurtres perpétrés dans les sous-sols de l’école de mécanique de la Marine, de sinistre réputation. D’après les militants des droits de l’Homme, quelque 5.000 prisonniers sont passés par ces antichambres de la mort. Moins de la moitié ont survécu.

Deux religieuses françaises

“Seule une partie des personnes responsables sont jugées ici” confie Luis Alem, le sous-secrétaire d’Etat aux Droits de l’Homme du gouvernement. “Nous espérons que ce sera un point de départ et qu’ils seront condamnés à la prison à vie”. Astiz a 58 ans.
L’ancien espion aurait participé activement à l’enlèvement et à la disparition des religieuses françaises, Alice Domon et Léonie Duquet, du journaliste d’investigation Rodolfo Walsh, et de plusieurs fondateurs du mouvement de la Plaza de Mayo (la place de mai). Ces mères de disparus se rassemblaient en 1967 peu après le coup d’Etat militaire devant le palais présidentiel pour demander des nouvelles de leurs enfants.
Le groupe, animé par Duquet, Domon et une troisième nonne qui a fui le pays, se réunissait aussi dans une église du voisinage pour échanger les informations recueillies sur les disparus. Un jeune homme se présentant comme Gustavo Nino, frère d’un disparu, venait régulièrement aux réunions.
Nino était en fait Astiz, et en décembre 1977 il a identifié pour les forces de sécurité les deux religieuses et une dizaine d’autres militants qui allaient être kidnappés. D’après des témoins, Léonie Duquet aurait été emprisonnée à l’école de Mécanique jusqu’à ce que son corps soit jeté depuis un avion dans l’Océan Atlantique, lors d’un “vol de la mort” destiné à se débarrasser définitivement des cadavres des prisonniers.

Déjà jugé… et amnistié

Mais le corps de la religieuse devait être renvoyé vers les côtes argentines, et enterré dans une sépulture sans nom. En 2005, des experts en anthropologie ont pu l’identifier, avec celui d’une autre “folle” de la place de mai, Azucea Villaflor de Vicenti.
Astiz nie avoir eu connaissance de ces vols, et affirme n’avoir fait qu’exécuter des ordres, en tant que membre des forces armées, pour protéger la nation de violences des extrémistes. Il a été condamné par contumace en 1990 en France, pour le meurtre des nonnes et en Italie, pour la disparition de trois de ses citoyens.
En Argentine, il a été jugé une première fois en 1985, puis amnistié, avant la réouverture des procès en 2005. D’après le centre d’études légales et sociales, il y aurait 385 autres Argentins attendant d’être jugés pour les crimes de la “sale guerre”.

(Nouvelobs.com avec AP)

10.12.09 | 00h15
L‘ex-capitaine de la marine argentine, Alfredo Astiz, soupçonné d’être impliqué dans la disparition de deux religieuses françaises pendant la dictature (1976-1983), a été admis mercredi à l’hôpital à deux jours de son procès, a-t-on appris auprès de son avocat.

“Il a seulement subi des examens de routine. Il n’y a pas eu hospitalisation”, a déclaré à l’AFP Juan Aberg Cobo, avocat de cet ancien officier de 58 ans qui est détenu à la prison de Marcos Paz (40 km au sud-ouest de Buenos Aires).

Son admission mercredi à l’Hôpital naval de Buenos Aires pose la question de sa présence vendredi à l’ouverture d’un procès déjà reporté à deux reprises. Alfredo Astiz a été opéré d’une tumeur au foie en 2004.

Surnommé l'”ange blond de la mort”, il est soupçonné d’être impliqué dans la disparition de Léonie Duquet et Alice Domon, deux religieuses françaises, ainsi que de la fondatrice du mouvement des Mères de la Place de Mai, Azucena Villaflor.

Pour l’enlèvement et la torture de Léonie Duquet et Alice Domon, il a été condamné par contumace par la justice française en mars 1990 à la réclusion criminelle à perpétuité.

Astiz est également accusé d’être impliqué dans la disparition de l’Argentino-Suédoise Dagmar Hagelin en 1977.

Interrogé pour savoir si son client avait quitté mercredi soir l’Hôpital naval de Buenos Aires après y avoir été admis dans la journée, M. Aberg Cobo a répondu qu’il l’ignorait.

“Je ne peux pas vous dire s’il a déjà quitté l’hôpital, mais j’insiste : il s’agit d’un simple contrôle médical”, a-t-il dit.

A la prison de Marcos Paz, une source a déclaré que l’institution pénitentiaire “ne donnait pas d’informations sur les mouvements des détenus”. L’hôpital naval s’est également refusé à tout commentaire.

Le procès d’Astiz doit commencer le 11 décembre, au lendemain du 26e anniversaire du retour de la démocratie en Argentine et de la journée internationale des droits de l’Homme.

Les audiences devaient débuter le 6 octobre mais avaient été reportées une première fois au 19 novembre en raison des retards pris dans le procès d’autres militaires. Elles ont ensuite été repoussées une nouvelle fois en raison d’un changement dans la composition du tribunal.

Près de 5.000 personnes ont été torturées puis exécutées à l’Ecole de Mécanique de l’Armée (ESMA), symbole de la répression sous la dictature, souvent jetées vivantes depuis des avions survolant le Rio de la Plata.

La dictature argentine a fait 30.000 disparus, selon les organisations de défense de droits de l’Homme.

Depuis l’accession au pouvoir de Nestor Kirchner (2003-2007), l’annulation des lois d’amnistie et la réouverture des procès, les autorités argentines souhaitent que les tortionnaires soient rapidement condamnés.