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Le nouveau procureur général de Paris, François Falletti, au  palais de justice de Paris, le 23 mars 2010.

AFP/BERTRAND GUAY

Le nouveau procureur général de Paris, François Falletti, au palais de justice de Paris, le 23 mars 2010.

l a été la surprise du jeu de chaises musicales judiciaires de la rentrée. François Falletti, 60 ans, a été installé, en présence de la garde des sceaux, Michèle Alliot-Marie, mais aussi du sénateur socialiste, Robert Badinter, mardi 23 mars, comme procureur général de la cour d’appel de Paris, la plus grande et la plus sensible. Une cour en surchauffe : les greffiers commençaient une grève ce jour-là contre la “détérioration des conditions de travail”.

Dans son discours, le haut magistrat a pris la défense du ministère public, en charge de “l’intérêt général” face aux “présentations caricaturales” d’un “parquet aux ordres”, occupé à “étouffer les affaires dont il a la charge afin de réaliser d’obscurs et mesquins projets de carrière”. Le projet de réforme de la procédure pénale qui veut confier l’ensemble des enquêtes au parquet, soumis hiérarchiquement à la chancellerie, sans changer son statut, suscite de vives critiques.

“Ce n’est pas un sujet”

François Falletti prononce son discours de mémoire, tenant à la main son texte. Au milieu de son allocution, il lève le bras pour désigner à l’assistance les plafonds de la première chambre de la cour d’appel. Tout le monde lève la tête pour contempler les allégories de la justice, qu’il ne voit pas. M. Falletti est malvoyant. Mais il n’aime pas aborder la question. “Ce n’est pas un sujet”, tranche-t-il quand son interlocuteur aborde la question. “Il y en a d’autres qui sont caractériels”, remarque-t-il.

Sa carrière dans la magistrature a été guidée par son attachement à la qualité de magistrat des membres du parquet et par de fortes convictions européennes. A la tête de la direction des affaires criminelles et des grâces à la chancellerie, quand Pierre Méhaignerie était garde des sceaux (1993-1995), il a été procureur général à Lyon et tout récemment à Aix-en-Provence ou encore représentant français à Eurojust à La Haye (Pays-Bas).

Ancien membre de l’association professionnelle des magistrats très ancrée à droite. M. Falletti y a côtoyé Patrick Ouart, l’ancien conseiller pour la justice de Nicolas Sarkozy, qui est pour beaucoup dans sa nomination à la tête du parquet général de Paris, qui n’était pas prévue. M. Falletti doit indirectement sa promotion à son ancien secrétaire général à Lyon, Philippe Courroye. Aujourd’hui procureur de Nanterre, il était promis au poste de Paris à la place de Jean-Claude Marin qui devait devenir procureur général de Paris. Les ambitions et les maladresses de M. Courroye ont conduit l’Elysée à revoir sa copie.

Alain Salles
Article paru dans l’édition du 25.03.10
24.03.10 | 14h18  •  Mis à jour le 24.03.10 | 14h18
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