E n octobre 2008, les prévenus avaient roué de coups et séquestré un jeune carcassonnais, lui dérobant sa carte bleue, des billets. Jugés hier, ils ont écopé deux à trois ans de prison
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C’est une affaire digne d’une scène d’Orange mécanique qui a été jugée, hier matin, par le tribunal correctionnel. A la barre, quatre jeunes gens, tous âgés de la vingtaine, et avec un casier judiciaire portant jusqu’à treize condamnations. Un cinquième comparse, mineur, sera jugé dans les prochains mois par le tribunal pour enfant.
Jérémy (*), la victime, lui aussi âgée de la vingtaine, n’est pas présent. Son état de santé, – il souffre de schizophrénie -, et surtout le souvenir de « la nuit d’horreur » qu’il a vécue, termes aussi

bien employés par l’avocat de la partie civile que par la défense, ne lui permet pas d’affronter ses agresseurs.
Les faits se sont déroulés pendant la nuit du 9 au 10 octobre 2008. Ce soir-là, les agresseurs s’invitent dans l’appartement de Jérémy vers minuit. L’un des visiteurs le connaît : ils vivent dans le même immeuble et se sont croisés lors d’un séjour à l’ASM de Limoux. Débute alors une longue nuit de martyre pour l’hôte. Rapidement, il commence à essuyer des gifles. Puis des coups de poings. Ses visiteurs le forcent à faire le ménage. Il est enfermé dans un placard. Son voisin d’immeuble lui urine dessus.
Un des agresseurs le frappe à la tête avec une bouteille. Il est piqué avec une fourchette et des couteaux. Pendant son lourd calvaire, Jérémy reçoit également des coups de chaîne dans le dos… Entre temps, les agresseurs se sont partagé les économies de la victime : plus de 300 €. Un est parti avec sa carte bleue pour retirer de l’argent et acheter trois bouteilles de whisky dans une station.
Le lendemain, après qu’une voisine a donné l’alerte, les secours découvrent un appartement saccagé, avec des taches de sang partout. La victime est retrouvée dans un état inquiétant : quatre jours d’interruption de travail sont retenus.
A la barre, les prévenus ne livrent aucun mot de regret ou de compassion. Et les quatre heures de débat dirigé par le président Desfontaines n’ont pu réellement éclaircir la chronologie de cette nuit et la responsabilité de chacun. Aurélien Pla, le voisin, reconnaît lui entièrement les faits. « On a commencé à boire ensemble. On a fumé du shit et pris des cachetons… L’alcool m’a ren du violent et je me suis mis à le frapper ». Interrogé sur le rôle de ses comparses, ce prévenu avoue : « Tous l’ont frappé… Enfin, un peu ». Yoanne Viltard avoue lui aussi des coups car la victime « ne voulait plus lui acheter sa télévision et j’ai pété les plombs ».
Faozi Azzouzi et Khalia Touzani sont, quant à eux, arrivés que vers 3 h. Ils voulaient terminer leur soirée chez Aurélien Pla et l’ont rejoint chez Jérémy. Ils ne reconnaissent aucune agression. Azzouzi avoue avoir pris sa carte bancaire. « Quand je suis revenu, la victime était dans le placard, j’ai vu que ça tournait mal. Je suis parti avec une bouteille de whisky ».
Le cinquième compère, le mineur, seulement entendu comme témoin hier, s’est révélé peu loquace. Interrogé au sujet des coups de couteau et de laisse dont il serait l’auteur, il a seulement déclaré « peut-être… Je ne me rappelle pas ».
« C’est une nuit d’épouvante. On se demande comment la victime a pu en réchapper. Ce dossier était à deux doigts de se déplacer en cours d’assises », a estimé M e Sarda pour la partie civile. « Nous sommes dans la pure méchanceté voire le sadisme. On est chez les débiles dans le quart-monde carcassonnais », a renchéri M e Domenech, défenseur de Faozi Azzouzi. L’avocat avait au préalable rejeté la seule responsabilité des coups à Aurélien Pla et au prévenu mineur.
« Cette nuit d’horreur ne peut pas rester sans réponse pénale », a estimé M e Piquet, pour le parquet, avant de requérir trois à quatre ans d’emprisonnement avec des périodes de sursis pour chacun. Sanctions légèrement atténuées par le tribunal. Aurélien Pla et Faozi Azzouzi écopent de trois ans d’emprisonnement ferme ; Yoanne Viltard et Khalia Touzani, de deux ans.

(*) Prénom d’emprunt

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