Un médecin niçois, Dominique Cosme, a commencé à comparaître lundi devant la cour d’assises des Alpes-Maritimes pour l’assassinat par injection de sédatif de son associé Pascal Vito, en 1996.

Un médecin niçois, Dominique Cosme, a commencé à comparaître lundi devant la cour d'assises des Alpes-Maritimes pour l'assassinat par injection de sédatif de son associé Pascal Vito, en 1996.Laboratoire d’analyses médicales,

AFP/Archives/Frederick Florin

Un médecin niçois, Dominique Cosme, a commencé à comparaître lundi devant la cour d’assises des Alpes-Maritimes pour l’assassinat par injection de sédatif de son associé Pascal Vito, en 1996.

Dominique Cosme, 63 ans, a toujours nié avoir voulu tuer Pascal Vito, patron et financier du laboratoire d’analyses médicales de Nice dans lequel il avait des parts.

Lorsque Vito est découvert mort, le 28 février 1996 dans une annexe du laboratoire, l’hypothèse du suicide avait été retenue. Pascal Vito, 48 ans, était dépressif, cyclothymique et instable.

La révélation que le Dr Cosme, le jour du décès, avait pratiqué sur son associé une piqûre d’Equanil, un puissant tranquillisant, par intraveineuse, allait changer la donne. L’Equanil ne s’administre en effet que par voie intramusculaire profonde, sous peine de mettre la vie du patient en danger.

Convaincu qu’il s’agit d’un crime, le parquet de Nice requiert en 1997 une mise en examen pour homicide volontaire. Moins convaincu, le juge d’instruction poursuit le médecin pour homicide involontaire puis refuse de continuer d’informer. Un nouveau juge est désigné en 1998. Trois ans plus tard, c’est toujours pour homicide involontaire que Dominique Cosme est renvoyé en correctionnelle.

Fin 2002, le tribunal correctionnel de Nice refuse de le juger, estimant qu’il s’agit d’un crime. C’est cette thèse qu’a finalement validé, en avril 2008, la chambre de l’intruction d’Aix-en-Provence, renvoyant le médecin devant les assises pour assassinat.

Avocats des parties civiles, Mes Olivier le Maux et Frédéric de Baets, comptent lancer, parallèlement au démarrage du procès, une action en responsabilité de l’Etat pour fonctionnement défectueux de la justice.

Par AFP

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A l’audience, Dominique Cosme a décrit des relations de complémentarité et d’entraide entre lui et son associé, qui avaient l’un et l’autre échoué dans leur vie privée et se retrouvaient autour d’un verre pour parler de philosophie.

“On était les +sans famille+ du Pont Neuf. C’est terrible de se retrouver à cinquante ans comme deux couillons. On avait notre monde à nous. On oubliait notre situation de naufragés”, a expliqué Dominique Cosme.

Pascal Vito était dépressif, cyclothymique, instable, “déconnecté”, dit Cosme.

Le 27 février 1996, il vient trouver Dominique Cosme, selon les dires de ce dernier, et lui demande de lui faire une injection d’Equanil pour le soulager.

“Il allait mal, très mal. Il ne supportait plus son enveloppe charnelle”, dit Cosme.

Le médecin lui fait alors une injection d’Equanil correspondant, toujours selon sa version, à un cinquième de l’ampoule. Mais il procède par intraveineuse alors que ce médicament doit être injecté par voie intramusculaire profonde sous peine de mettre en danger la vie du patient.

Interrogé par le procureur Eric de Montgolfier sur les raisons de ce choix, par intraveineuse au lieu de l’intramusculaire, Dominique Cosme répond : “le médecin est libre de sa prescription. Le (dictionnaire médical) Vidal n’est pas une référence”, dit-il, précisant qu’à faible dose l’Equanil peut être injecté par intraveineuse.

Dans le corps de Vito, les experts ont trouvé une dose supérieure à cinq fois celle que Cosme affirme avoir injectée.

Selon des témoins, Vito manipulait Cosme et le traitait de façon ouvertement cavalière, allant même jusqu’à se servir occasionnellement de lui comme chauffeur. “J’aimais rendre service”, a expliqué l’accusé.

Autre motif de tension: Vito, flambeur invétéré, ponctionnait lourdement les caisses du laboratoire pour assurer son train de vie. Après sa mort, Dominique Cosme aurait dit, selon un témoin, que “les pratiques de mafieux, c’était terminé” et que les chèques dorénavant c’était lui qui les prenait.

A l’audience, il s’est dépeint comme un scientifique, un homme dégagé de l’intendance : pour tout ça, “je faisais confiance à Pascal”, a-t-il dit.

Le procès devrait durer toute la semaine. Dominique Cosme risque la réclusion criminelle à perpétuité.

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