Par Pelletier Éric, Guyonvarch Marion, publié le 06/07/2009 14:02:25
Dan Voinea, le général à l’origine de la réouverture du dossier Calderon, est une célébrité en Roumanie. C’est lui qui fut chargé de requérir contre le dictateur Nicolae Ceausescu et son épouse Elena lors de leur « procès » expéditif de 1989. Le 25 décembre de cette année-là, le major Voinea, 39 ans, du bureau des procureurs militaires de Bucarest, reçoit l’ordre de se rendre d’urgence à Targoviste, où le couple doit être traduit devant un tribunal improvisé. « Les magistrats les plus âgés ne voulaient pas y aller, raconte-t-il à L’Express. Etant donné les charges retenues, les Ceausescu encouraient la peine capitale. »
Le procureur, qui craint encore un retournement de situation au profit du régime, se retrouve ainsi face à celui qui se faisait alors appeler le Génie des Carpates. « Je savais que l’un de nous allait mourir, poursuit-il. Lui ou moi ? Je l’ignorais. » L’audience sera brève (moins d’une heure) et à sens unique. Très vite, le verdict tombe : la mort. Cinq soldats s’emparent des condamnés, incrédules. Réalisant qu’elle va mourir, Elena s’évanouit.
« Les militaires du peloton d’exécution ont tiré presque aussitôt, en se reculant pour ne pas apparaître dans le champ de la caméra », précise Voinea. Une parodie de justice, il en convient : « Les avocats se sont conduits en procureurs. Ce procès a été mutilé d’un point de vue procédural. Mais la justice ne s’applique qu’à des situations de normalité… » Retraité depuis peu, ce Fouquier-Tinville roumain, aux airs de paisible grand-père, a, dit-il, la conscience tranquille. M. G. et E. P.
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