samedi 07.02.2009, 04:49 – La Voix du Nord

Un Audomarois de 47 ans est jugé depuis hier par la cour d’assises pour viol sur sa concubine en 1999. Un procès délicat puisque le couple, qui a vécu vingt ans maritalement et qui a donné naissance à quatre enfants, avait des « moeurs libérés ». L’accusé encourt quinze ans de réclusion criminelle. Le procès se termine lundi.

À chaque suspension d’audience, les quatre enfants, tous adultes, viennent entourer le père, devant le box des accusés depuis lequel il comparaît pour viol, comme pour le réconforter. Sous contrôle judiciaire depuis 2005, ce menu quadragénaire au casier judiciaire vierge n’a jamais été détenu pour les faits qui lui sont reprochés. Au premier rang de la salle, son ex-concubine et mère des quatre enfants, reste seule à trembloter.

«  Mon père était incapable de faire ça à la mère de ses enfants », résume la seule fille de la fratrie, à la barre. La plainte déposée pour viol par la maman en 2004, juste après qu’elle a décidé de refaire sa vie avec un autre homme, a donc surpris la famille. D’autant que les faits reprochés remontent à 1999.

Ce soir-là, l’accusé et sa concubine rentrent chez eux avec un ami après avoir passé un moment dans un café. Installé sur le canapé à côté de son ami, l’accusé aurait alors attrapé sa concubine par le bras pour qu’elle les rejoigne. Il aurait commencé à avoir des relations sexuelles avec elle et aurait encouragé son copain à les rejoindre. «  Je me suis dit pourquoi pas, explique ce dernier à la barre, je savais que monsieur et madame formaient un couple libre. » Selon de nombreux témoignages le couple avait l’habitude de se livrer à des relations sexuelles à plusieurs, De plus ce témoin raconte avoir eu un rapport sexuel consenti avec la concubine de son ami, en l’absence de ce dernier, environ trois semaines avant les faits reprochés.

« Quand vous êtes vous rendu compte que madame n’était pas d’accord ce soir-là pour avoir une relation à trois ?, interroge l’avocat général Hydulphe. «  Quand monsieur lui a baissé son pantalon », répond le témoin. Mais, confronté à ses déclarations aussi nombreuses que contradictoires, ce quadragénaire s’empêtre dans la description de la scène. Non il n’a jamais baissé son pantalon, puis finalement si.

A-t-il fait remarquer à l’accusé que la victime n’était pas consentante ? Non, mais oui quand même. Le témoin finit par perdre complètement les pédales quand il répond «  d’accord » à la question de l’avocat général : «  Madame a-t-elle demandé à monsieur d’arrêter ? ». Il conclut : «  Elle ne se débattait pas, elle ne criait pas “non non !” » « Si ça c’était passé comme ça vous seriez sans doute vous aussi dans le box des accusés », fait remarquer la présidente Clabaux.

Un temps mis en examen pour complicité de viol, le témoin a en effet bénéficié d’un non lieu.

«  N’avez-vous pas le sentiment de minimiser les choses ? », s’agace Me Croenen pour la partie civile, en direction du témoin. «  Ça n’a duré que deux minutes et c’était il y a longtemps… », rétorque-t-il.

Dix ans, effectivement. L’homme avec lequel la victime a refait sa vie donne un élément de réponse : « Elle n’a pas porté plainte avant car elle avait peur de perdre ses enfants ». A la fin de l’audience, c’est en effet vers le père qu’ils retournent tous. •

DAVID MONNERY

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Lundi, les auditions de la victime et de l’accusé seront indispensables pour cerner les faits. Le verdict est attendu ce même jour.

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