Le professeur a été applaudi par une centaine de partisans à sa sortie du tribunal.
Le professeur a été applaudi par une centaine de partisans à sa sortie du tribunal. Crédits photo : AP

B.F. (lefigaro.fr)

Le chercheur Hwang Woo-suk, mis au ban de la communauté scientifique pour avoir menti en annonçant avoir créé des cellules souches humaines par clonage, écope lundi de deux ans de prison avec sursis.

Ses découvertes avaient donné aux malades d’Alzheimer ou de Parkinson des espoirs de guérison, l’élevant au rang de héros national en Corée du Sud. Cinq ans plus tard, elles n’alimentent plus que les chroniques judiciaires. Ce lundi, le professeur Hwang Woo-Suk, pionnier du clonage thérapeutique humain, a été condamné par un tribunal de Séoul à deux ans de prison avec sursis. Inculpé pour fraude, détournement de fonds et violation des lois sur la bioéthique, ce chercheur de 56 ans risquait une peine d’emprisonnement de cinq ans.

Pour Hwang Woo-Suk, la déchéance est totale. L’affaire remonte aux années 2004 et 2005, lorsque le scientifique publie deux articles au retentissement mondial dans la prestigieuse revue Science. Il y affirme avoir réussi à extraire une lignée de cellules souches d’un embryon humain obtenu par clonage. Puis avoir répété cette opération avec onze donneurs d’ADN différents. L’avancée, selon son auteur, doit ouvrir le chemin à des traitements de maladies incurables et à des greffes d’organes sans risque de rejet. Dans le même temps, le professeur annonce la naissance du premier chien cloné.

Ces découvertes, largement saluées partout dans le monde, prennent pourtant rapidement une tournure judiciaire. En novembre 2005, le professeur Hwang Woo-Suk se voit d’abord accusé de violations de l’éthique, pour avoir payé des collaboratrices en échange de leurs ovules, ce qui est interdit. La revue Science fait ensuite état d’«erreurs» dans ses articles. A l’université de Séoul, une commission d’enquête indépendante conclut le mois suivant que ses résultats ont été «sciemment falsifiés». Déchu de tous ses titres universitaires et scientifiques, puis interdit de recherches, le professeur demande «sincèrement pardon».

Détournement de fonds

Au cours de son procès, le parquet n’a pas eu de mots assez durs pour définir les travaux de Hwang Woo-Suk. «Hwang avait demandé à son équipe de falsifier des données, dont les photos, le nombre de cellules souches et les résultats des analyses ADN apparues dans les articles publiés en 2004 et 2005 dans le journal américain Science». Faisant profil bas, le chercheur s’est tout de même défendu en affirmant qu’il avait été dupé par un de ses collaborateurs, qui aurait fait passer des cellules souches ordinaires pour des cellules souches obtenues par clonage.

Ce lundi, le juge a observé que Hwang Woo-suk avait fait part de ses regrets et ne l’a donc condamné qu’à deux ans de prison avec sursis, alors que le procureur en avait requis quatre. Il a confirmé que le chercheur était au courant de ces manipulations, sans prouver qu’il en était le commanditaire. Le tribunal l’a condamné pour avoir détourné une part des 10 millions d’euros de fonds publics et privés obtenus sur la foi de ces fausses avancées, et pour l’achat d’ovules humains pour ses recherches. Pour le reste, il a estimé que c’était à la communauté scientifique de le juger, et pas à la justice.

» Chronologie : du triomphe à la disgrâce

» Clonage d’embryons humains aux États-Unis

0 réponses

Laisser un commentaire

Participez-vous à la discussion?
N'hésitez pas à contribuer!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.