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COUR D’ASSISES. La nouvelle session d’assises a repris hier avec le procès d’un jeune homme de 22 ans accusé de viols et agressions sexuelles. Les faits se sont déroulés à Saint-André en 2007. Les victimes : six femmes de tout âge. Le verdict est attendu pour aujourd’hui.

Grand et costaud, les cheveux coiffés en courtes dreadlocks, Mohamed Dhakioine a l’air parfaitement inoffensif derrière la vitre du box des accusés. Son visage, vierge de toute expression, a tout de celui qui ne semble pas bien réaliser ce qui lui arrive. Et pourtant… Le jeune Mahorais de 22 ans comparaît depuis hier à la cour d’assises de Saint-Denis pour viols, agressions sexuelles et violations de domicile. Dans son sillage, au moins six femmes meurtries. Des mères de familles, des grands-mères, des lycéennes qui disent “ne plus dormir correctement” depuis le jour où elles ont croisé son chemin. Prévu sur deux jours, le procès a commencé hier par le rappel des faits et l’audition des victimes.

Des actes très violents

Le 9 mai 2007 à Saint-André, une dame de 58 ans dépose plainte auprès des policiers. Elle explique que la veille, vers 23h, un jeune homme s’est introduit dans son appartement situé au premier étage, en escaladant le balcon. “J’étais profondément endormie lorsque j’ai senti ma couette se soulever. J’ai sursauté et en ouvrant les yeux, j’ai vu qu’un homme me regardait. J’ai crié”. L’agresseur l’empêche alors de hurler en mettant la main sur sa bouche. La quinquagénaire se débat vigoureusement et parvient à lui écorcher l’œil avec son pouce.

Plusieurs autres victimes

Mais l’homme est plus fort et plus lourd qu’elle. Il parvient à la maintenir avec une main et se livre de l’autre à des actes de pénétration qui provoqueront des lésions profondes de plusieurs centimètres. Son forfait accompli, il s’enfuit par là même où il est entré quelques minutes avant, non sans avoir dérobé à sa victime un paquet de cigarettes. Les policiers qui reçoivent sa déposition font un pistage. D’autres faits, similaires par le mode opératoire et commis dans le même secteur, ont été dénoncés par plusieurs victimes. En février 2007, Marguerite*, 82 ans, explique aux policiers avoir été attaquée à son domicile par un individu. Celui-ci a forcé sa porte, traînée dans la chambre avant de la jeter sur le lit. Il lui a mordu les lèvres, caressé les cuisses et volé 200 euros avant de disparaître. L’enquête des policiers se poursuit, les recoupements se précisent, notamment grâce à d’autres témoignages. Un matin d’avril 2007, alors qu’elle attendait le bus pour aller au lycée, une jeune femme est attaquée par un homme. “Il m’a forcée à l’embrasser. J’ai voulu crier mais il m’en a empêché. Un automobiliste qui passait par là a vu la scène et nous a éclairés avec ses phares. Il est parti”, raconte la victime de confession musulmane qui reconnaît ne pas avoir porté plainte immédiatement. Un mois plus tard, en compagnie de son père, elle reconnaît son agresseur dans la rue et va porter plainte. Il sera interpellé quelque temps après. Il s’agit de Dhakioine Mohamed, un Saint-Andréen d’origine mahoraise. Égocentrique, à la personnalité mal structurée selon les experts, c’est un être oisif et renfermé. “Il est très introverti, limite asocial, voire marginal et peu capable de prendre l’autre en considération”, indique l’expert psychologue. “On a l’impression que c’est une coquille vide”, renchérit le procureur Anne-Marie Noël. Une “coquille vide” dont la photo sera présentée à la quinquagénaire victime de la violente pénétration digitale. Si elle ne l’identifie pas formellement, des écorchures situées sous son œil parleront pour elle, malgré les dénégations de l’accusé.

Coupable de viol également

Les témoignages pleuvent et étayent le dossier. En mai 2007, Vanessa* et Natacha*, 18 ans à l’époque, attendent le bus pour aller au lycée. Il ne fait pas encore jour. La première se fait surprendre par un inconnu qui met sa main sous sa jupe et lui touche le sexe avant de tenter de lui arracher ses dessous. Quelques instants plus tard, Natacha subt elle aussi des assauts de même nature. Témoin de la scène, une dame crie et met l’agresseur en fuite. Chaque victime reconnaîtra formellement le mis en cause à partir de planches photographiques, y compris un couple, victime d’une tentative de cambriolage : l’inconnu a escaladé le balcon et pénétré dans leur appartement. C’est en voyant l’homme qu’il s’enfuit par le même chemin. Devant la foule d’éléments, Dhakioine Mohamed est placé en détention provisoire. En 2008, l’affaire prend une autre tournure. Des expertises ADN le désigneront comme le coupable du viol en avril 2007 d’une Saint-Andréenne âgée d’une soixantaine d’années. Si jusque-là il niait tous ces faits mis à part ce viol, Dhakioine Mohamed a finalement reconnu hier, par l’intermédiaire d’une interprète, être l’auteur de toutes ces agressions. D’une voix faible, il a dit s’excuser pour le “mal qu’il a fait à tout le monde” mais a ajouté à la fin de l’audience “qu’on lui a dit qu’il aurait une peine moins lourde s’il avouait”. Les jurés iront-ils dans son sens, compte tenu de la multitude des victimes et des séquelles physiques et psychologiques causées ? Le verdict est attendu pour cet après-midi

M.N.

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