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Georges Antoine Duchemann a imposé des attouchements puis des rapports sexuels à la fille d’une amie pendant plusieurs années. Hier, les jurés l’ont reconnu coupable des faits. Il a écopé de 15 ans de réclusion criminelle.
Lorsqu’elle arrive à la barre, Ophélie (*) est comme bloquée. Elle secoue négativement la tête puis fond en larmes. Le président Jean-Pierre Szysz comprend qu’elle ne parviendra pas à raconter le calvaire qu’elle a vécu jusqu’à l’âge de douze ans. Tout juste, réussit-elle à souffler des “oui” lorsque le président lui demande de confirmer certaines de ses déclarations effectuées devant les policiers. En juin 2007, l’adolescente alors scolarisée en sixième, raconte à sa meilleure amie que depuis ses huit ans, un ami de sa mère lui fait subir le pire. Quelque temps après ses confidences, la jeune victime lui envoie un sms. Elle dit être fatiguée et vouloir en finir avec la vie. Immédiatement, la copine va voir sa mère qui va alerter les autorités. Devant eux, Ophélie livre le récit de ce qui a pratiquement été son quotidien pendant quatre ans. Georges Antoine Duchemann, 47 ans à l’époque, est un ami de la mère, Marie-Andrée (*). Très avenant, possédant une voiture, il l’aide souvent pour les courses et différentes petites choses. Parmi les trois enfants de cette mère célibataire, il développe une affection particulière pour Ophélie, huit ans. Il lui offre des cadeaux. Plusieurs fois par semaine, parfois même le soir, il vient la récupérer pour “aller faire des balades, bouger ou manger des glaces”.
Un casier judiciaire équivoque
Le trouvant “gentil, poli, bien”, et puisqu’il n’a “jamais eu de gestes déplacés” envers elle, Marie-Andrée n’y voit aucun inconvénient et laisse sa fille partir. À la barre, elle explique même avoir “été loin d’imaginer la situation car quand ma fille rentrait, elle était normale, elle me racontait ce qu’elle avait fait, ce qu’elle avait mangé avec lui, etc.” Mais Ophélie lui cache le principal. En fait, Georges Antoine Duchemann la “touche” : des caresses d’abord, puis, à mesure que la jeune fille grandit, ce sont des rapports sexuels complets qu’il lui impose. “C’est une fille bien. Je n’ai jamais voulu lui faire de mal mais je n’avais pas la force de résister. C’est comme si un fénoir té tombe su mwin”, tente-t-il d’expliquer avant d’ajouter qu’avec la petite, il discutait de tout et de rien. “Cela arrivait que nous rentrions sans avoir rien fait”. Georges Duchemann se dit amoureux de la petite. S’il n’a pas réellement le profil-type du pédophile selon l’expert psychologue, il y a néanmoins dérive dans l’orientation sexuelle de l’accusé. Pour la partie civile, celui-ci a simplement deux facettes : “D’un côté, c’est un bon Samaritain qui vient aider des familles modestes, de l’autre, un pervers qui a de mauvaises intentions envers les enfants”, décrit Me Sophie Vidal. Son confrère Me Jean-Jacque Morel rappelle, quant à lui, que le quinquagénaire avait déjà été condamné a deux reprises pour des faits d’agression sexuelles sur mineur de 15 ans : “À chaque fois, il a utilisé le même modus operandi. Il propose aux familles de les aider pour les courses ou les démarches administratives avant d’approcher les enfants”. Représentant le ministère public, François Basset se montre cinglant dans son réquisitoire : “Il a le profil de celui qui aime avoir du sexe avec les enfants. C’est un pédophile.” L’avocat général de requérir à son encontre 15 ans de réclusion criminelle assortis d’un suivi socio-judiciaire de 10 ans après sa sortie de prison. Pour Me Fabrice Saubert, qui a eu la lourde tâche d’assurer la défense de Georges Antoine Duchemann, l’affaire doit être examinée en fonction de son contexte. “Cette histoire c’est celle d’un homme illettré, légèrement en marge de la société, avec une vie sociale pauvre. Il rencontre une petite fille qui recherche l’amour d’un père. Mais les choses dérapent”, résume-t-il au cours de sa plaidoirie. Le conseil de l’accusé termine son propos en pointant le rôle de Marie-Andrée : “C’est une mère démissionnaire”. Reconnu coupable de viol et récidive d’agression sexuelle imposée à un mineur de 15 ans, Georges Antoine Duchemann a écopé de 15 ans de réclusion criminelle. Les jurés auront donc suivi les réquisitions de l’avocat général dont les arguments ont sans doute été plus percutants
M.Nourry
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