CLICANOO.COM |Jean-Marie B. avait contraint sa femme à plusieurs rapports sexuels. Il a été condamné à dix ans de réclusion. Même si la victime avait retiré sa plainte et assure lui avoir pardonné.

« Je demande pardon à ma femme, mes enfants, à messieurs et mesdames du jury, à la cour. Donnez-moi une dernière chance ». Ces dernières paroles, prononcées juste avant que la cour ne parte délibérer, sonnent dans la bouche de Jean-Marie B. comme un cri de désespoir. Mais rien n’y fera. Une heure et quinze minutes plus tard, son sort est scellé. À bientôt 50 ans, le Saint-Louisien est condamné à dix ans de réclusion criminelle assortis d’un suivi sociojudiciaire de dix ans. Il a été reconnu coupable de viol aggravé. A l’annonce du verdict, deux femmes fondent en larmes : sa fille Sabrina* et la victime qui n’est autre que sa femme Rose-May. Elles courent l’embrasser une dernière fois, car le chef de famille, qui a comparu libre, va être emmené en prison pour y passer sa première nuit. L’affaire, traitée hier par la cour d’assises de Saint-Denis est non seulement sordide mais aussi peu banale du point de vue judiciaire. Un matin d’avril 2008, Rose-May va déposer une plainte à la gendarmerie de Saint-Louis à l’encontre de son mari qu’elle accuse de l’avoir violée et frappée. Les différentes auditions et examens médico-légaux accréditent les déclarations de la victime. « Elle présentait de nombreuses lésions sur le visage, des douleurs aux cervicales, aux lombaires mais aussi au niveau des hanches et du bassin. J’ai aussi noté une lésion de 2,5 cm au niveau des parties génitales. Ce qui lui a valu une incapacité de travail de quinze jours », rapporte le médecin expert. Dès lors, la machine judiciaire s’enclenche. Jean-Marie est mis en examen puis placé en détention provisoire à la maison d’arrêt de Saint-Pierre où il restera près de onze mois.

Régulièrement forcée

Les faits sont dramatiquement simples. Après une soirée à Sainte-Rose où on boit beaucoup d’alcool, Jean-Marie B. passe la nuit dans le canapé. Au petit matin, il va rejoindre son épouse dans le lit conjugal. Les choses dégénèrent rapidement. Encore enivré, l’homme demande à Rose-May d’avoir un rapport sexuel avec lui. Celle-ci refuse. Lui ne l’entend pas de cette oreille. Les insultes et les coups pleuvent. A trois reprises, il la viole avec sauvagerie. Quand elle évoque les faits à la barre, la malheureuse ne peut contenir ses larmes. « Lorsqu’il s’est arrêté, j’ai prétexté que ma fille aînée nous attendait à l’extérieur. Il m’a dit d’aller la voir. Alors, sans trop réfléchir, j’ai enfilé des vêtements qui traînaient dans le salon et je me suis enfuie en voiture. J’ai roulé sans savoir où aller et puis j’ai aperçu la gendarmerie. J’ai porté plainte ». Des épisodes d’une telle violence de la part de son mari, Rose-May y est habituée. Décrite par les experts comme « un sujet vulnérable dont les moyens de défense ont été altérés par un passé difficile », elle a été régulièrement été ainsi forcée par son mari. La victime se souvient entre autres de cet été 2005 où Jean-Marie, sous l’influence d’un groupe de prière, se défoule sur elle parce qu’il la croyait possédée. « J’avais déjà essayé de partir mais mes enfants allaient mal, ils me demandaient de revenir. C’est ce que j’ai fait ». Les marmailles, trois filles et un garçon, sont partagés entre l’amour porté à leur père et celui voué à leur mère.

Elle harcèle l’avocat de la défense

Le fils, un adolescent de 13 ans, déstabilisé par l’incarcération provisoire du chef de famille, fait plusieurs tentatives de suicide, se met à boire et à fumer du zamal. Désemparée, Rose-May ne voit d’autre possibilité que de retirer sa plainte. S’agissant d’un crime, l’action publique ne s’arrête pas pour autant. Dans sa plaidoirie, Me Mickaël Nativel explique avoir été harcelé au téléphone : « Elle voulait que j’intervienne auprès du juge d’instruction afin qu’il ordonne la remise en liberté de l’accusé ». Ce qui sera chose faite en mars de cette année. Devant la cour, la victime ne tarit pas d’éloges sur l’homme qui est dans le box. « C’est un homme nouveau, il ne boit plus. Il discute beaucoup avec ses enfants. Il me dit qu’il m’aime et qu’en moi, il a retrouvé une mère ». Au sujet du mal qu’il lui a fait, cette femme de 42 ans est catégorique :« Je lui pardonne tout. Il faut qu’il revienne à la maison. » Pour le ministère public représenté par Michel Baud, « ce dossier est emblématique des violences faites aux femmes. La victime a retiré sa plainte et se fait la première avocate de son bourreau. Malgré cela, la justice est là pour la protéger et l’accusé devra payer le prix de son crime », indique-t-il avant de requérir une peine allant de 5 à 7 ans de prison. En le condamnant à dix années de réclusion criminelle, les jurés ont sans doute estimé que ses regrets n’étaient pas sincères et qu’il représentait toujours une menace pour les siens. Son casier judiciaire assez fourni n’a pas non plus dû jouer en sa faveur

M. N.

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