Iy a trente ans, Gabriel Aranda avait révélé des scandales qui avaient secoué la République. Depuis, on ne savait pas s’il était mort ou vivant. Aujourd’hui, «l’archange» est accusé d’inceste.

© CHRISTIAN MURAT | Gabriel Aranda en 1972. Alors conseiller d’Albin Chalandon, ministre de l’Equipement, il avait dénoncé des scandales au sein du gouvernement français. Il avait ensuite disparu.

CATHERINE FOCAS | 04.07.2009 | 00:00

On l’avait surnommé l’«archange Gabriel», le «Saint-Just» de la photocopie. Il y a plus de trente ans, Gabriel Aranda, conseiller technique au ministère d’Albin Chalandon sous l’ère Pompidou, avait provoqué un scandale qui porte encore son nom. Il révélait via Le Canard enchaîné des affaires de pots-de-vin au sein du gouvernement et de vente de chasseurs-bombardiers à la Libye, alors en guerre contre Israël.

«Une odeur de pourris», titrait à l’époque le Canard. «Aventurier, justicier, illuminé?», lisait-on en une de Paris Match. Et puis, après avoir secoué la République, l’homme avait disparu.

Il vivait à Genève

Des internautes se demandaient encore récemment si, après son heure de gloire scandaleuse et la publication de son livre – L’Etat piégé – Gabriel Aranda était mort, assassiné peut-être, pour avoir livré trop de secrets d’Etat. Eh bien, non. Depuis trente ans, l’homme qui aime, semble-t-il, s’entourer de mystère vit tranquillement à Genève sous un faux nom.

Analyste financier, il dirigeait une fiduciaire et travaillait pour quelques-unes des plus grandes études d’avocats genevoises, au sein desquelles on connaissait son histoire et on l’appelait «Monsieur Daumier». Un clin d’œil au caricaturiste des Gens de justice.

Accusé de viol par sa fille

Pourquoi reparler de lui aujourd’hui? Parce que le justicier de la Ve République est accusé d’actes très graves, pour lesquels il devrait comparaître devant la Cour d’assises cet automne.

Des actes qui n’ont rien de politique cette fois: viols, fellations et sodomies à répétition sur sa propre fille. L’enfant aurait subi ce calvaire à partir de l’âge de 8 ans et jusqu’à ses 22 ans. Soit entre 1985 et 2000. Elle n’a porté plainte qu’en 2005, à Genève. Gabriel Aranda a fait trois jours de préventive. Il a été inculpé de viol et de contrainte sexuelle. Toutes les audiences ont eu lieu à huis clos. Le dossier est bouclé, mais un acte d’instruction complémentaire a été demandé, il y a une semaine, devant la Chambre d’accusation. Selon l’avocate de la jeune femme, Me Doris Leuenberger, «la défense joue la montre pour arriver à la prescription, qui devrait intervenir prochainement pour certains des faits».

«Totalement innocent»

Il faut dire que, comme à l’époque du scandale, l’homme sait se faire des amis. Et pas n’importe lesquels. Ses avocats, Mes Marc Bonnant et Charles Poncet, qui le connaissent depuis trente ans, sont persuadés de sa totale innocence. Ils le décrivent comme un «incroyable travailleur», quelqu’un d’«infiniment courtois et bien élevé». Une personne «de toute confiance», à qui on pouvait remettre les dossiers les plus délicats, «avec la certitude d’une discrétion absolue».

«Terrorisée» par son père

Charles Poncet insiste: «Je sais que ce n’est pas lui qui a fait tout ça!» L’avocat se scandalise du fait qu’«une procédure secrète» soit ainsi portée à la connaissance de la Tribune: «Je m’apprêtais à demander un huis clos pour le procès en Cour d’assises et je pense que l’aurais obtenu.» Mais ce huis clos, à notre connaissance, ne peut être requis que par la victime. Et telle n’est pas l’intention de cette dernière: «Mon père est un manipulateur et un menteur, dit la jeune femme. Il a souvent utilisé le nom de Daumier pour signer des documents. Parfois, il nous disait qu’il fallait employer ce patronyme, parfois pas. Mais on ne savait jamais exactement quand. C’est vrai que j’ai tardé à porter plainte, mais j’avais très peur de lui. Il me disait qu’il était au-dessus des lois et qu’il s’en tirerait toujours.»

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Gabriel Aranda,Conseiller du Ministre de l’équipement et du logement Albin Chalandon sous le gouvernement Pompidou, fait éclater un scandale Aranda.

Haut fonctionnaire, scandalisé par les compromissions du personnel politique, il révèle au Canard enchaîné qu’il vient trouver avec une valise remplie de photocopies.

L’article du Canard, Une odeur de pourris, de Henri Deligny du 13 septembre 1972 révèle que la France livre massivement et de façon clandestine, des chasseurs-bombardiers à la Lybie, alors en guerre contre Israël.

L’ouvrage de Gabriel Aranda : L’Etat piégé.

http://www.images-chapitre.com/ima2/big1/563/6938563.jpg

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Video – Pompidou et Gabriel Aranda

Pompidou fait le procès d’une certaine presse qui s’est servi de l’affaire Aranda, il se remémore le personnage impliqué dans une affaire d’espionnage tournant autour de secrets russes à l’origine de l’assassinat de Kennedy (telle que se l’imaginait à l’époque de Khroutchev le journaliste Aranda sollicitant un port d’armes pour se défendre), Pompidou en vient aux faits reprochés à l’ex journaliste et fonctionnaire, la divulgation d’informations volées dans un ministère, une des affaires de son septennat avec la Garantie foncière et termine par une diatribe contre les renifleurs de “boules puantes” et de “bouches d’égoûts”

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L’affaire Gabriel Aranda

On l’a appelé « l’Archange » ! Et pas seulement parce qu’il se prénommait Gabriel ! Non, il y avait chez cet homme quelque chose de messianique. Cette volonté d’aller jusqu’au bout des choses, quitte à y perdre son honneur et peut-être même la vie !… Et aussi ce sens de la Justice, si étonnant, si aigu… Et en même temps un peu fou en ces années où la vertu, surtout dans les milieux politique, était largement émoussée… Car les scandales ne cessaient de se succéder… Il y avait d’abord eu ces escroqueries en chaîne, Garantie foncière, affaire des Abattoirs de la Villette, inculpation d’un inspecteur des impôts, publicité clandestine à la télévision, inculpation de policiers et de parlementaires lyonnais pour proxénétisme. Et puis cette mise en cause du Premier ministre Chaban-Delmas qui utilisait les ficelles du code des impôts pour s’abstenir d’être lui-même contribuable… Certes Chaban n’avait rien commis de répréhensible. Mais son cas était choquant… D’ailleurs, dans la presse, on commençait à parler de gaullisme immobilier. Et c’est dans ce climat détestable que surgit un petit homme chauve et discret, l’Archange Gabriel. Autrement dit Gabriel Aranda, un conseiller influent dans le cabinet d’Albin Chalandon, alors ministre de l’Equipement et du Logement… Et dans sa besace, il y avait de quoi faire sauter la République !

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http://www.chapitre.com/CHAPITRE/fr/PRESS//paris-match-n-1221-du-30-09-1972,6938563.aspx

5 réponses
  1. duranton
    duranton dit :

    dans un pays moderne,de tels agissements ne peuvent passer inaperçus.
    ne serait-ce qu’à l’école,de nombreuses personnes ,en 14 ans,auraient pu déceler le problème,voire,être au courant :enseignants ,médecins,psychologues scolaires,ou mieux ,camarades de classe.
    SXXXXXX AXXXXXX avait tout de même un vie sociale …

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  2. Christophe
    Christophe dit :

    Je me permets de réagir au message de Monsieur Duranton et vous informe de ce qui suit:
    D’une part, je trouve choquant qu’une personne externe au dossier se permette de tels commentaires,
    et d’autre part je vous demande de retirer ce message car, sitant le nom de la victime, le prénomé Duranton enfrint la loi Suisse sur la protection des victimes.
    Le fait de publier le prénom et nom de la plaignante sur votre site, est passible d’une plainte penale, et ainsi je vous demande respectueusement, de retirer ce commentaire afin de protéger la vie privée de la plaignante, l’affaire n’ettant pas encore jugée.
    Meilleures salutations.
    Christophe

    Répondre
  3. duranton
    duranton dit :

    faites donc plaisir à mr Christophe :il a certainement raison…d’ailleurs je ne cite pas le nom de la victime sur mon blog…puisqu’avec internet,n’importe qui peut le connaître ..hé oui …il aurait fallu ne pas citer le nom de l’accusé !
    mais bon,la loi,c’est la loi !

    ps : le nommé et nom prénomé
    citant
    n’étant
    Quant aux commentaires,rien ne m’interdit de les faire

    Répondre
  4. Christophe
    Christophe dit :

    M. Aranda Gabriel a été reconnu coupable, en date du 11.12.2009, de viol et de contrainte sexuelle sur sa fille suite à un procès qui aura duré 5 jours. Les accusations de complots par la mère, faites par la défense depuis l’instruction, a été démentie et pour finir retirée officiellement par la défense et cela suite au témoignage de la mère. La défense, elle même, a informé la cour que leurs accusation ne tenaient pas et que la mère était incapable d’une telle machination.
    Nombre de témoins à charge ou à décharge sont passé devant la cour afin de donner leurs témoignages. Suite à une longue semaine de procès, Monsieur Aranda Gabriel a été reconnu coupable de viol ainsi que de contrainte sexuelle sur sa fille. Il est condamné à 3 ans de prison avec sursis ainsi que de six mois de prison ferme en semi-liberté. La victime ne demandait aucune peine mais la reconnaissance des actes subis durant sa vie et imposés par son père.

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  5. duranton
    duranton dit :

    évidemment ,je reconnais que mon commentaire relevait de la simple réaction épidermique . La suite des évènements m’a fait réfléchir.

    Pour la critique de l’orthographe , c’est un tic :j’étais prof de français

    Répondre

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