Un samedi soir anodin en apparence. Le 7 mars dernier, David (*) gare son véhicule à la lisière du Vieux-Lille et de l’Esplanade. Le jeune homme voit arriver un groupe de garçons. L’un d’eux l’interpelle : « T’es homo ? » « Oui. » Et là…

« Une agression ouvertement homophobe », un « caractère prémédité », une « bande de jeunes »… Les propos peuvent paraître stéréotypés. Émanant de la bouche de la procureure Françoise Guillemin, ils évoquent ce qui ressemble à un acte strictement gratuit. Un samedi soir de mars, vers 1 h du matin, David, la trentaine, s’apprête à rejoindre des amis dans le Vieux-Lille. Face à l’Esplanade, un groupe de jeunes gens fond sur lui. « L’un d’eux m’apostrophe : “T’es homo ?, relate David. Je réponds : “Oui.” Et ils me tombent dessus. »

Tabassage en règle

À la police, la victime rapportera plus tard une séance de tabassage en règle. Celle-ci ne cessera qu’après l’intervention d’un passant. Une fois alertés, les policiers se mettront en chasse dans les environs. Ils remonteront trois personnes dans leurs filets. D’ailleurs, hier, Catherine Vannelle, l’avocate de David, ne décolérait pas. Seuls deux hommes ont finalement été poursuivis. « Pour le troisième, nous allons étudier la possibilité d’une citation directe », s’emporte Me Vannelle. Et le duo convoqué à l’audience ne pourra même pas transmettre le message.

Ni Jérémy M., ni Johann L., 20 ans chacun, ne se sont déplacés et aucun avocat ne les représente.

« J’étais pourtant venu leur faire face, souffle David, dépité. Même si je me suis déjà expliqué avec eux en confrontation. » La victime parle ouvertement d’« embuscade ». Elle dénonce les agressions homophobes méconnues car non suivies par des dépôts de plainte. Surtout, David ne cache pas sa peur. Il ne veut pas courir le risque d’être reconnu, y compris par sa famille. Il ne faut citer ni son nom ni son métier. Dans la salle des pas perdus, un ami venu le soutenir lâche : « Moi, je passe au tribunal dans quelques semaines. J’ai été agressé pratiquement au même endroit et pour ainsi dire dans les mêmes circonstances. » Jérémy M. et Johann L. ont chacun été condamnés à six mois de prison ferme. •

L. B.

V(*) Le prénom a été changé à la demande de la victime.

vendredi 21.08.2009, 04:43 La Voix du Nord

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