Accusée d’exhibition sexuelle par un maton, une avocate nancéienne monte au créneau devant la cour d’appel.

NANCY.- Procès hors norme que celui qui s’est déroulé hier, pendant tout l’après-midi, devant la cour d’appel de Nancy. Il s’agissait de juger une avocate, relaxée en première instance, poursuivie pour « exhibition sexuelle » sur la foi des déclarations d’un surveillant du centre de détention d’Écrouves.
L’affaire remonte au 8 octobre 2007. Ce jour-là, le maton, alerté, selon ses dires, par un silence prolongé, prétend avoir été témoin d’un acte sexuel, entre une avocate et un détenu, lors d’un parloir. Il alerte ses supérieurs, accusant l’avocate d’avoir prodigué une fellation à son client. Pas banal, évidemment. Mais pas si simple. Car l’accusateur varie et rien ne vient corroborer ses déclarations.
Fort logiquement, le 28 octobre 2008, l’avocate est donc innocentée par le tribunal correctionnel d’Épinal. Pourquoi, dans ces conditions, le Ministère Public s’est-il entêté, au point de porter le dossier devant la cour d’appel ? Au vu du procès qui s’est déroulé hier à Nancy, on peut se poser la question…

Un placard à balais

Passons sur la présence grotesque de deux obscures parties civiles : l’association de défense des citoyens et l’association de promotion de la sécurité nationale. Le président de cette dernière participait au procès par visioconférence, depuis la prison de Poissy où il purge une lourde peine, alors même qu’il est totalement étranger à l’affaire !
Les débats ont commencé à devenir intéressants lorsque l’avocate mise en cause a expliqué pourquoi, selon elle, on lui fait ce mauvais procès. « Je suis la seule avocate à me déplacer régulièrement au centre de détention d’Écrouves où les conditions de parloir sont indignes et contraires à la loi », a-t-elle accusé. « Il est évident qu’ils étaient décidés à faire ce qu’il fallait pour que je ne revienne pas ».
Et de décrire une « ambiance insoutenable pour les détenus » et des conditions de détention « inadmissibles ».
Le parloir où l’avocate était cantonnée pour y recevoir ses clients, parfois pendant des heures, est un placard à balais d’un mètre trente-cinq sur un mètre dix-sept. Mesures confirmées par la présidente de la cour d’appel.
L’avocate accusée peut s’enorgueillir d’un passé professionnel honorable et sans tache, comme l’a confirmé le bâtonnier de l’Ordre des avocats en exercice en 2007. Mais, visiblement, c’est une « grande gueule », membre de l’Observatoire international des prisons.

Militante notoire


Aurait-on voulu faire taire cette militante du droit des détenus ? C’est ce que pense sa consœur Dominique Boh-Petit, citée comme témoin. Les avocats de la défense, Maîtres Saint-Pierre, Bouthier, Versini-Campinchi et Begel ont demandé la confirmation de la relaxe.
L’un d’eux a souligné à quel point sa cliente « fait l’objet de la vindicte de mouvements extrémistes, en raison de son activité militante notoire en faveur des droits des prisonniers ».
Quant à l’avocat général, il s’en est tenu à la ligne décidée par le Ministère Public.
Il a accordé foi aux déclarations du maton, contre l’avocate, réclamant 1.000 euros d’amende.
La décision sera rendue à une date ultérieure.

lbassand@estrepublicain.fr

Ludovic BASSAND
16/04/09

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3 réponses
  1. Earm
    Earm dit :

    Et après on veut supprimer le juge d’instruction?
    C’est n’importe quoi….
    C’est à ceux qui tentent les condamnations politiques cachées derrières des prétextes et des arguments salaces qu’il faut donner des peines lourdes.

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  2. Defresnes
    Defresnes dit :

    Accusation sans preuve, accusateur qui varie, ministère public qui s’entête pour faire taire la gêneuse: Turquie, Russie, Chine, Iran, Colombie, Soudan?
    Non, France, triste France.
    Il n’y a pas de bananes à Nancy (des succulentes mirabelles, en revanche), ça n’empêche pas les moeurs de république bananière.

    Répondre

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