Entrepreneur inquiété par un scandale de corruption et fils du président du Sénat, José Sarney, Fernando Sarney a abandonné, le 17 décembre 2009, les poursuites qu’il avait engagées contre le quotidien O Estado de São Paulo. Ces poursuites avaient donné lieu, le 31 juillet dernier, à une mesure de censure préventive plusieurs fois confirmée en justice, interdisant au quotidien de mentionner les procédures judiciaires dont Fernando Sarney faisait l’objet. C’est en invoquant la liberté de la presse que l’entrepreneur a décidé de retirer sa plainte.“Nous espérons que l’abandon de la plainte de Fernando Sarney mettra un terme à la censure qui frappe injustement O Estado de São Paulo. La mesure était d’autant plus infondée que l’entrepreneur avait poursuivi le journal pour des motifs qui n’étaient pas directement liés au scandale de corruption pour lequel la justice le poursuit par ailleurs”, a déclaré Reporters sans frontières.


Le Tribunal suprême fédéral maintient une interdiction de publier infligée au quotidien O Estado de São Paulo Rejetant le recours des avocats du quotidien O Estado de São Paulo, les magistrats du Tribunal suprême fédéral (STF, la plus haute juridiction du pays), ont maintenu, le 10 décembre 2009, la mesure de censure préventive infligée au média depuis 133 jours. Désormais sans possibilité de recours, le quotidien a donc toujours interdiction de parler des poursuites dont fait l’objet l’homme d’affaires Fernando Sarney, fils de l’ancien président de la République et actuel président du Sénat José Sarney.

“La décision du STF est à la fois incompréhensible et dangereuse. Incompréhensible, car la même haute juridiction a révoqué intégralement, en avril dernier, la loi sur la presse de 1967, héritée du régme militaire. Il y a là une flagrante contradiction de principe. Dangereuse ensuite, car cette confirmation d’une mesure de censure préventive crée un précédent dangereux dont pourront se servir à tout moment des personnalités importantes en délicatesse avec la justice, contre le droit des citoyens brésiliens à être informés. Il s’agit d’un grave revers pour une liberté constitutionnelle fondamentale”, a déclaré Reporters sans frontières.

La contradiction posée par cette décision avec l’abrogation de la loi de 1967 a justement été soulevée lors de la délibération du STF, le 10 décembre. Quand les partisans de l’interdiction de publication imposée à O Estado de São Paulo ont invoqué la “violation de l’honneur et de l’intimité” de Fernando Sarney, ses opposants ont dénoncé la permanence de “visées autoritaires” contre la presse au sein de la classe politique. Le magistrat Carlos Ayres Britto a pointé qu’aucune base légale n’autorisait la censure sinon la loi de 1967, désormais caduque.

Fernando Sarney avait engagé des poursuites contre le quotidien après la divulgation par ce dernier d’écoutes téléphoniques effectuées par la police fédérale. Fernando Sarney discutait notamment avec son père des moyens de placer son gendre au Sénat.

Publié le 21 décembre 2009

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