C’est la troisième fois que le sexagénaire comparaissait devant la justice pour avoir abusé de mineurs. La cour d’assises l’a condamné, hier, à 12 ans de prison.

Reste-t-on pédophile toute sa vie ? Guérit-on de cette déviance criminelle ? « J’ai conscience que je ne peux pas dire que je ne recommencerai jamais », concède l’homme d’une voix grave et claire.Alain Duchateau, 60 ans, ne se dissimule pas derrière la moustache broussailleuse qui barre son teint pâlot pour balayer sa crainte de « replonger ». Front légèrement bombé, calvitie rampante, l’ex-militaire qui s’exprime avec un vocabulaire choisi sait de quoi il parle.

En 25 ans, c’est la troisième fois que cet habitant de Duneau comparaît devant la justice pour avoir abusé de mineurs ; 1984, 2006 et maintenant 2009. À chaque fois, et malgré les avertissements judiciaires, il a cédé à ses démons.

Attirés chez lui par des cadeaux

Les douze ans de prison auxquels la cour d’assises l’a condamné, hier, pour avoir abusé de quatre voisins âgés de 9 à 14 ans attirés chez lui par de l’argent, des cadeaux et autres jeux vidéos, l’empêcheront-ils d’abîmer de nouveau l’existence d’autres enfants ?

« L’un des enjeux de ce procès est de savoir s’il va, ou non, récidiver », confirme Me Cornille, l’avocat de l’accusé qui assure que la thérapie récemment imposée par la justice, « m’a permis de comprendre que j’ai fait du mal. Je cherche maintenant à savoir pourquoi ? » C’est aussi ce que la cour d’assises a tenté de faire pendant deux jours.

Des garçons et des filles

Alain Duchateau court après sa jeunesse depuis qu’il a débarqué dans la vie sur les rives du Mékong. Né le 16 mars 1949 à Saïgon (aujourd’hui Ho-Chi-Minh-Ville), d’un père militaire ancien SAS pour de Gaule et d’une mère au prestigieux passé de résistante, il décrit une enfance asiatique heureuse.

Une vie rythmée dès l’âge de 12 ans par des « relations sexuelles aussi bien avec des garçons que des filles », se souvient Alain Duchateau. Et puis il y a son premier amour avec cette Vietnamienne restée gravée dans son coeur.

« C’est sûr. J’ai dû sublimer cette relation que j’ai toujours voulu retrouver à travers les femmes avec qui j’ai vécues. Si je savais où elle habitait, j’essaierai de la chercher », raconte l’homme qui a regagné la métropole à l’âge de 16 ans.

Un enfant parmi les enfants

Ce mythe d’un âge d’or où la sexualité se vit sans tabou ni interdit suffit-il à tout expliquer ? Sûrement pas. « La pédophilie est un ensemble. Le pédophile a d’abord une mauvaise perception de la réalité », estime l’expert-psychologue Jadeck. « À l’époque des faits, confirme Alain Duchateau, je me voyais comme un enfant parmi les enfants. »

L’accusé serait-il alors ce petit garçon à la sexualité ambiguë qui n’est pas parvenu à grandir ? Cet enfant écrasé par des figures parentales trop fortes qu’il n’a pas réussi à « tuer », au sens psychanalytique du terme. Les experts sont partagés. Mais tous sont d’accord pour pointer « le potentiel de récidive qui est de 30 à 35 % des cas quand il s’agit d’un homme qui abuse de petits garçons », indique le psychiatre Cozic.

Des cadavres dans le placard

D’ailleurs, avant de requérir 7 ans de prison contre l’accusé, l’avocat général s’inquiète : « Entre 1984 et 2006, y a-t-il eu d’autres victimes ? Dans les années à venir, va-t-on trouver d’autres cadavres dans le placard ? », lui demande Sébastien Colombet. « Je ne pense pas », répond Alain Duchateau. « Votre réponse m’inquiète », rétorque le magistrat qui l’interpelle : « Vous n’êtes qu’au début de votre travail. Allez beaucoup plus loin sinon il y aura d’autres victimes. Vous donnez des gages par la parole. Restent les actes ! »

Igor BONNET.
Ouest-France
3 réponses
  1. Bonneau Marc
    Bonneau Marc dit :

    Entre 1984 et 2006, y a-t-il eu d’autres victimes ? Dans les années à venir, va-t-on trouver d’autres cadavres dans le placard ? », lui demande Sébastien Colombet. « Je ne pense pas »,

    oui moi et 2 autres jeunes

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